CHAPITRE I.2 : Cytosquelette des cellules immunitaires et toxines de
4. Le cytosquelette d’actine, comme cible émergente des toxines : exemple de
A la vue des éléments décrits précédemment, il n’est pas étonnant de comprendre que
le cytosquelette d’actine est une cible principale des agents pathogènes bactériens ou viraux,
et des toxines des bactéries. Les études d’interaction entre les agents pathogènes, leurs
facteurs de virulence et le cytosquelette d’actine se sont considérablement multipliées ces
dernières années et de nombreuses revues permettent régulièrement de faire une synthèse des
dernières avancées dans ce vaste domaine qu’est l’interaction hôte-agents pathogènes. Cette
partie n’a pas pour vocation de reprendre ces éléments. Certains aspects généraux sont donnés
ci-dessous pour introduire l’intérêt de l’étude du cytosquelette d’actine dans les interactions
partie par la revue que nous avons écrite pour mettre en évidence le cytosquelette comme
cible émergente des toxines de Bacillus anthracis.
Le cytosquelette d’actine est hautement concerné dans les infections microbiennes :
ainsi, le réseau d’actine cortical représente une barrière physique à l’invasion des pathogènes
et peut être détourné par les pathogènes pour pénétrer les cellules ; certains pathogènes
utilisent le cytosquelette d’actine pour se déplacer, croître et se diviser à l’intérieur de la
cellule ou encore pour contourner les réponses immunes déclenchées par les cellules hôtes
[141, 186]. D’autres pathogènes sécrètent des facteurs de virulence ou ont développé des
mécanismes permettant d’utiliser la machinerie de polymérisation/dépolymérisation de
l’actine pour créer un environnement propice à leur développement. Certaines toxines
bactériennes modifient directement les molécules d’actine et sont réparties en 3 groupes : les
toxines conduisant à une ADP-ribosylation des molécules d’actine sur l’arginine 177,
provoquant une dépolymérisation des filaments d’actine ou une absence de polymérisation,
les toxines induisant une polymérisation de l’actine ou encore les toxines favorisant la
réticulation des filaments d’actine (revue référence [187]).
Les ABP sont aussi des cibles privilégiées des pathogènes. Les virus et les bactéries
peuvent interagir et moduler l’activité de la cofiline pour faciliter leur entrée, leur réplication,
leur mobilité à l’intérieur de la cellule et l’évasion du système immunitaire (revue référence
[141]). Les facteurs de virulence sécrétés par les bactéries et les toxines peuvent également
exploiter les GTPases de la famille Rho pour faciliter l’invasion cellulaire et la prolifération à
l’intérieur de la cellule hôte (revue référence [188-190]. Ces toxines peuvent modifier
l’activité des GTPases par des séries de glucosylation, d’adénylation ou de protéolyse par
exemple, ou par des modulations des effecteurs GAP et GEF des GTPases.
Le cytosquelette comme une cible émergente des toxines de Bacillus anthracis
Yannick Trescos, Jean-Nicolas Tournier.
Toxins, 2012
60
Toxins2012, 4, 83-97; doi:10.3390/toxins4020083
toxins
ISSN 2072-6651
www.mdpi.com/journal/toxins
Review
Cytoskeleton as an Emerging Target of Anthrax Toxins
Yannick Trescos
1,2and Jean-Nicolas Tournier
1,2,*
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Unité Interactions Hôte-Agents pathogènes, Institut de Recherche Biomédicale des Armées, Centre
de Recherche du Service de Santé des Armées, BP 87, 24 avenue des Maquis du Grésivaudan
38702 La Tronche Cedex, France; E-Mail: yannick.trescos@yahoo.fr
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