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CHAPITRE 1 REVUE DE LITTÉRATURE

1.2 Portrait du vélo utilitaire au Québec et diagnostic

1.2.2 Cyclistes et cyclistes utilitaires

Tous les cyclistes québécois n’utilisent pas le vélo à des fins de transport. Selon la politique sur le vélo du Gouvernement du Québec (2008, p. 15), en 2005, 17 % des déplacements à vélo avaient un motif utilitaire. Selon l’État du vélo au Québec en 2015 de Jolicoeur et Vélo Québec (2016, p. 10), la proportion moyenne des cyclistes québécois qui disent utiliser le vélo pour se déplacer au moins une fois entre mai et septembre est d’environ 40 %, soit environ 1,9 M de personnes, dont 1 200 000 adultes et 660 000 enfants. Selon cette même source, dans les centres urbains de Montréal, Québec, Sherbrooke et Longueuil, cette proportion serait de 55

%. Pour ces cyclistes utilitaires, le vélo est un moyen de transport principal ou occasionnel de (Poirier, 2016).

Groupes d’âge

Les distributions de la part modale du vélo par groupes d’âges dans les différentes régions du Québec permettent d’observer que le vélo utilitaire est principalement utilisé par de jeunes adultes, particulièrement de jeunes hommes (Morency et al., 2015). Les enfants et les personnes plus âgées ne sont pas des groupes chez lesquels le vélo est populaire.

Par ailleurs, selon le sondage réalisé dans le cadre de l’État du vélo au Québec en 2011 (Écho Sondage, 2011, pp. 54-55), une majorité d’enfants québécois n’utilisent pas le vélo pour se déplacer. Le sondage réalisé en 2015 dans le cadre de l’élaboration de l’État du vélo au Québec en 2015 révèle des résultats plutôt comparables à ceux de 2010 (Poirier, 2016).

Genre

Selon Jolicoeur et Vélo Québec (2016, p. 12), 45 % des cyclistes québécois sont des femmes, et 55 % sont des hommes. Or, cette proportion n’est pas toujours reflétée dans les données de part modale. Selon Statistique Canada (2016) et les données de l’analyse de Morency et al.

(2015), les femmes correspondaient à 45 % et plus des cyclistes utilitaires uniquement dans la région de Québec en 2006 (47 %), à Sherbrooke en 2003 (56 %), à Trois-Rivières en 2000 (48

%) et en 2011 (50 %), comme montré à la Figure 1.5.

Figure 1.5 Proportion de cyclistes hommes et femmes dans la province de Québec et selon les enquêtes O-D des différentes régions urbaines québécoises

(données compilée de Morency et al. (2015))

Par ailleurs, Écho Sondage (2011) propose que le profil sociodémographique type du cycliste utilitaire est surdéveloppé chez les jeunes hommes vivant en milieu urbain, et sous-développé chez les femmes dans la cinquantaine résidant en périphérie des centres urbains,

Typologie des cyclistes utilitaires

Une étude montréalaise réalisée par Damant-Sirois, Grimsrud, et El-Geneidy (2014) à partir des résultats des réponses à un sondage en ligne de 2004 cyclistes, dont 40 % de femmes et 59

% d’hommes, révèle que les cyclistes actuels montréalais se distinguent par leur usage du vélo, leur perception du vélo, comme usager de la route et des infrastructures cyclables, et leur fréquence d’utilisation du vélo à des fins utilitaires. L’étude catégorise les cyclistes selon quatre profils sociaux ayant les caractéristiques rassemblées au Tableau 1.4 (notre traduction).

33%

2016 2008 2013 2006 2011 2003 2012 2000 2011 2005 2011 Province

Tableau 1.4 Typologie des cyclistes montréalais développée par Damant-Sirois et al. (2014)

Utilisent le vélo pour leurs déplacements;

Apprécient rouler à vélo et s’identifient comme des cyclistes;

Apprécient le vélo pour la vitesse, la flexibilité du temps de départ, du trajet et du nombre d’arrêts, et la prévisibilité du temps de parcours;

Ne sont pas dissuadés par les conditions météorologiques;

Montrent une préférence pour ne pas utiliser les infrastructures cyclables réservées;

Sont positivement encouragés par les exhortations provenant d’employeurs, d’institutions et des pairs;

N’étaient pas encouragés à pratiquer le vélo dans leur enfance;

Cyclistes préférant

Utilisent le vélo pour leurs déplacements;

Apprécient rouler à vélo et s’identifient comme cyclistes;

Apprécient le vélo pour le plaisir et parce que c’est pratique;

Peuvent être découragés par les conditions météorologiques;

Montrent une claire préférence à emprunter des infrastructures cyclables réservées et physiquement séparées des véhicules motorisés en mouvement ou stationnés;

Ont fortement été encouragés à faire du vélo pendant leur enfance;

Cyclistes

Utilisent occasionnellement le vélo à des fins utilitaires;

Ne s’identifient pas nécessairement comme des cyclistes;

Utilisent un autre mode de transport si les conditions météorologiques sont mauvaises ou si un autre mode est plus pratique;

Sont encouragés par les pairs

Préfèrent emprunter des voies cyclables réservées et séparées;

Cyclistes récréatifs (leisure cyclists) (17

%);

Femme : 31 % Homme : 68 %

Utilisent rarement le vélo à des fins utilitaires;

S’identifient comme des cyclistes;

Apprécient le vélo d’abord pour le plaisir;

Préfèrent les infrastructures cyclables séparées des véhicules motorisés;

N’utilisent pas le vélo lorsque les conditions météorologiques sont mauvaises

Enfin, selon cette étude, toutes les catégories de cyclistes s’identifiant comme des cyclistes utilisent régulièrement le vélo à des fins utilitaires, sauf les cyclistes récréatifs.

Une seconde étude montréalaise réalisée par Larsen et El-Geneidy (2011), également par sondage en ligne auprès de 2917 cyclistes et dont les réponses ont été analysées grâce à un système d'informations géographiques, confirme les préférences des différentes catégories de Damant-Sirois et al. (2014) selon leur utilisation du vélo à des fins de déplacements et en matière d’infrastructures, et donne certaines informations supplémentaires sur le choix des trajets des cyclistes montréalais:

- Les cyclistes qui utilisent occasionnellement ou rarement le vélo à des fins utilitaires font des détours pour atteindre des infrastructures séparées;

- Les cyclistes ne font pas de détour pour atteindre une piste cyclable sur rue s’ils ont accès à une bande cyclable;

- Avoir accès à des infrastructures cyclables dans un rayon de 400 m et moins de chez soi ou de son lieu de travail est lié à l’utilisation de ces infrastructures;

Enfin, Écho Sondage (2011) propose des profils sociodémographiques types de cycliste selon leur perception des facteurs encourageant ou dissuadant le vélo à des fins de déplacements.

Selon ces profils, les cyclistes utilisant le vélo comme moyen de transport sont encouragés par la présence d’axes aménagés pour les cyclistes et la présence de vélos en libre-service, alors que les cyclistes qui n’utilisent pas le vélo à des fins de déplacement sont plutôt insensibles à ces mesures. Par ailleurs, selon ce même sondage, les conditions météorologiques, et les obligations liées aux déplacements quotidiens découragent tous les groupes sociaux à utiliser le vélo pour se déplacer, et le risque d’accident et les distances à parcourir dissuadent en particulier les femmes.

Enfin, selon les données d’un sondage recueillies par Miranda-Moreno, Nosal, et Kho (2013) sur les facteurs influençant l’utilisation du vélo en hiver chez les cyclistes montréalais, la présence de glace et de neige sur les voies cyclables serait les principaux dissuasifs à l’utilisation du vélo en hiver.