• Aucun résultat trouvé

Cycle de vie environnemental /social

Chapitre 3. Le fonctionnement du cycle de vie social

C. Cycle de vie environnemental /social

Il existe de grandes différences entre le cycle de vie environnemental et le cycle de vie social. Le cycle de vie environnemental est composé par l’organigramme (ou arbre) de tous les processus élémentaires qui échangent des flux de matière ou d’énergie concourant à la fabrication, l’usage et le recyclage de la montre suisse. On ne se préoccupe nullement des organisations dans les-quelles ces procédés sont inclus. C’est tout à fait logique, car nous savons que le fonctionnement de chacun de ces procédés a un effet sur l’environnement : il consomme des métaux, émet des poussières et des gaz, salit de l’eau. Si bien que ces flux sont une bonne base de calcul pour pro-nostiquer de potentiels dommages sur l’environnement.

Dans le cas de l’ACV sociale, le cycle de vie est composé des organisations sensibles au produit étudié. La plupart des organisations qui contribuent à l’existence du produit, et dans lesquelles circule le produit ou ses antécédents (argent, énergie, matière première), ne sont absolument pas dépendantes du produit. Elles lui sont insensibles. C’est le cas de la plupart des firmes multi-produits, des supermarchés, des centres de recyclage, des banques, des administrations publiques, des fournisseurs d’énergie. Pour les organisations insensibles, tout se passe comme si fabriquer le produit et ses antécédents n’avait aucun effet social notable, parce que cette activité-là est noyée dans la masse des activités de l’organisation (c’est un filet financier pour la banque, un flux d’énergie infinitésimal pour le fournisseur d’électricité, une minuscule activité pour la multinationale). Il serait illogique d’inclure ces organisations dans le périmètre, même si ce choix peut paraître choquant. Par exemple, une entreprise indienne où travaillent des enfants peut très bien être insensible aux produits fabriqués. Le phénomène du travail des enfants est lié à la pauvreté ambiante de la société, et non pas à la ligne de produit. Qu’il s’agisse de tex-tile, d’agriculture ou de fabrication de jouets, l’entreprise fera travailler des enfants. Détecter et dénoncer l’existence du travail des enfants est le rôle que s’est donné la Responsabilité Sociale de l’Entreprise (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2007), qui est une approche tout à fait différente. L’ACV sociale pour sa part construit le périmètre de l’étude du produit X uniquement avec les organisations sensibles au produit X, quels que soient dans l’absolu les comportements des organisations de la chaîne de valeur de X.

Figure 7. Cycle de vie social et environnemental de la montre suisse

Organisations du cycle de vie social Flux du cycle de vie environnemental École horlogère Banques Usine horlogère concurrente Atelier horloger Détaillants Usagers Recyclage Fournisseurs du maroquinier Maroquinier Fournisseur des pièces Fournisseur du métal (...) État (...) Magasin propre Lien de compétition

II. Définir le fonctionnement du

cycle de vie social

L’histoire de la fabrication d’un produit industriel commence par des projets, des plans, des bud-gets prévisionnels. Elle se poursuit souvent par l’implantation d’une usine, d’une chaîne de pro-duction supplémentaire, d’une installation technique (barrage, carrière). La chaîne fonctionne quelques mois, voire quelques années ou dizaines d’années. Elle connaît des modifications, des incidents mineurs (pannes, grèves) et subit parfois des accidents (incendies, éboulements). Les produits sortant de la chaîne voyagent dans des camions ou des bateaux, vers des hangars de grossistes et de détaillants. L’histoire s’achève avec l’arrêt définitif de la chaîne, voire de l’usine ou de l’installation, et parfois leur démantèlement.

Au sens large, le fonctionnement du cycle de vie social pourrait rendre compte de toute cette histoire. En pratique, nous distinguons trois types de fonctionnement :

− les phases de construction (ou implantation) et de déconstruction ; − les fonctionnements exceptionnels ;

− les fonctionnements en routine.

Est-il pertinent d’évaluer tous ces phénomènes par la même méthode ?

Pour estimer des effets sociaux par ACV sociale, il faut prévoir un scénario moyen. Dans ce cas, le fonctionnement exclura les fonctionnements exceptionnels. Ceux-ci peuvent être anticipés et analysés par des méthodes d’analyse de risque, mais ce n’est pas l’objet de l’ACV.

y a-t-il intérêt à estimer dans une même étude les effets sociaux des phases de construction/ déconstruction et de fonctionnement en routine ? La question vaut la peine d’être posée, car l’ACV environnementale offre cette possibilité. En effet, dans le domaine environnemental, les flux causés par l’installation (et par le démantèlement) sont de même nature (matière et énergie) que ceux causés par le fonctionnement. On peut donc additionner les flux causés par le fonction-nement annuel avec la fraction imputable annuellement (et déterminée par le choix de la durée d’amortissement des installations) des flux causés par les installations. Mais ce n’est pas le cas des effets sociaux. Les effets sociaux de la création d’un site s’apparentent aux impacts d’un projet (Vanclay, 2002). Ils sont la plupart du temps différents des effets sociaux liés au fonctionnement du site, et affectent d’autres personnes que celles impliquées dans le fonctionnement en routine. De plus, ils n’interviennent pas à la même période.

L’ACV sociale est capable de traiter des effets sociaux du fonctionnement en routine, mais il n’y a pas d’intérêt en général à traiter des fonctionnements exceptionnels ni des phases de construc-tion et déconstruction. Le fonctionnement en routine sera décrit par un scénario précis, corres-pondant à l’état moyen du système. L’ACV sociale ne traite donc que des fonctionnements en routine.

III. Définir les périmètres spatiaux, temporels

et les acteurs affectés

Dès le début d’une étude par ACV sociale, nous devons expliquer le problème à résoudre. Il en découlera directement la définition du périmètre spatial (section A) et du périmètre temporel (section B) de l’étude. On devra également préciser comment vont être définis les acteurs

affec-tés (section C), c’est-à-dire les groupes de personnes qui seront potentiellement affecaffec-tés par les effets ou impacts sociaux estimés dans l’étude.

Documents relatifs