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Les cultures annuelles sèches : dominance de la céréaliculture

Chapitre 2 :LE DELTA AGRICOLE : EVOLUTIONDE SON OCCUPATION-UTILISATION DU

1- Les cultures annuelles sèches : dominance de la céréaliculture

Jusqu’aux années 1950, la céréaliculture est demeurée l’activité agricole la plus importante dans le delta de Mejerda. Elle s’étendait surprès de 93000 ha et occupait le plus grand nombre de travailleurs. « …du bassin de Mjez-El Bab jusqu’à la plaine d’Utique, la progression de la colonisation avait consacré la victoire de la céréaliculture et la domination de l’openfield céréalier… » (CHERIF A., 1998).

La colonisation des grandes plaines céréalières du Tell (Nord), le développement de lamécanisation agricole dans les grandes fermes coloniales, ont abouti à l’extension des surfaces et à l’accroissementde la production. A titre d’exemple, pendant la période quinquennale (1950-1954), la politique céréalière française a visé à encourager la culture du blé dur grâce à une prime de 15 %. Cette dernière a connu depuis 1928 une réussite technique certaine et le blé de force "Florence Aurore" fournit les quatre cinquièmes de la production tunisienne de blé tendre (VIBERT J., 1960).

Au lendemain de l’indépendance, les différents aménagements hydrauliques entrepris ont constitué une rupture dans le système de production agricole. En effet, ils ont abouti à l’essor des cultures irriguées. C’est ainsi que la surface des cultures annuelles sèches notamment les céréales ont connu une sérieuse régression en faveur de l’arboriculture et l’irrigué (ill. n°66).

Les approches visuelles et numériques à partir des données d’images SPOT ont été complémentaires dans l’étude de la classe thématique "cultures annuelles sèches" pour les années 1988 et 1999. La combinaison de l’ACP1 + ACP2 + XS1, offre les meilleurs pourcentages de pixels "bien classés". Cependant, les matrices (tableaux n°4 et n°5, 3ème chapitre, 1ère partie), mettent en évidence des confusions majeures entre la classe "cultures annuelles en sec" et la classe "arboriculture en sec" dans la classification supervisée de l’image 1988. En plus, des confusions entre la classe thématique "cultures annuelles en sec" et la classe "sols humides" sont apparues lors de la classification de l’image satellitale de 1999.

Ainsi, la comparaison des informations recueillies du projet INFOTEL (1999), avec celles issues de la classification numérique (basée sur les réponses spectrales) (ill. n°82), nous a permis de compter près de 51000 ha qui ont été réservés aux cultures annuelles

sèches en 1999. Malgré les confusions thématiques qui démarquent la classification supervisée de l’image Spot 1988, on arrive à compter près de 69000 ha de la culture en question (5)6.

Couvrant près de 41000 ha en 2007 (soit 47 % de la superficie totale du delta), le domaine de céréaliculture occupe les terres intérieures du delta, les fonds de dépressions et les terrasses entre les pentes reboisées et les périmètres irrigables. Un zonage peut être effectué selon la dominance et la densité :

- Aire céréale à dominance forte dans le domaine d’Utique, les environs de Garaât El Mabtouha, les versants de Jebel Menzel Ghoul, Jebel Douimis, Jebel Kchabta, les environs de Chaouât et les environs nord de Tebourba (ill. n°67).

- Aire céréale à dominance moyenne autour Garaât Ben Ammar, Garaât Raoued, les versants de Jebel Aïn El Krima et de Jebel El Gassâa.

- Aire céréalière à dominance faible voire de subsistance pour les environs de Raoued, de Sidi Thabet et sur les parties inférieures des versants nord de Jebel Ennahli et de Jebel Ammar.

ill. n°66 : Evolution de la superficie des cultures annuelles sèches en fonction de celles des cultures irriguées et des arbres fruitiers entre 1950 et 2007 (cartes topographiques, photographies aériennes de 1974, la BD ortho photo 2000, extraits Google Earth 2007 et enquête personnelle 2007).

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: La classe "culture annuelle en sec" indique tous terrains labourés ou "Bour " (friche périodique).

0 20000 40000 60000 80000 100000

1950 1974 2007

Surface (ha)

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La culture du blé et de l’orge représente plus de 91 % de la production de céréales dans le delta de Mejerda (MARH, 2008). On note que la culture du blé tendre est très inférieure à celle du blé dur, puisqu’elle exige des terres fertiles. L’orge couvre environ la moitié (19000 ha) de la superficie céréalière totale, notamment les dépressions drainées (photo n°13). Ceci s’explique par sa tolérance à la salinité, aussi sa sobriété et sa résistance à la sécheresse et aux irrégularités temporelles des précipitations. De plus l’orge constitue un pâturage riche en verdure pour les bovins et les ovins (photo n°14).

Durant juin-juillet 2007, le rendement moyen du delta en blé dur a atteint 18.2 quintaux par hectare (enquête 2007), 18 pour le "Nord et 11.4 pour le "Centre+Sud", (ill. n°68).

ill. n°67 : Répartition des cultures annuelles sèches dans le delta de Mejerda en 2007 (Extraits d’images Google Earth ©).

Photo n°13 : Lasemence d’orge au début du mois de décembre dans les environs Est de garaât El Mabtouha.

Concernant le blé tendre, le delta produit en moyenne 13.6 quintaux par hectare, contre 16.7 quintaux par hectare au Nord et 11.8 quintaux par hectare au Centre et au Sud. Un hectare d’orge donne en moyenne 16.5 quintaux dans le delta alors que le rendement de cette culture ne dépasse pas 15.2 quintaux par hectare pour le Nord et 7.8 quintaux par hectare pour le Centre et le Sud (enquête personnelle 2007 & MARH, 2008).

La régression remarquable de la superficie réservée aux cultures annuelles sèches depuis les années 1950 ne traduit en rien l’importance accordée à ce secteur. Les rendements des spéculations céréalières du delta restent parmi ceux les plus élevés du pays (ill. n°68). Cela au moyen de nombreuses mesures prises et visant le soutien du secteur céréalier avec des aides aux agriculteurs (intrants disponibles aux moments opportuns, désherbages, traitements, encouragements importants etc.….).

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Photo n°14 : L’orge constitue un pâturage riche pour les bovins : le cas d’Utique Ejdida.

ill. n°68 : Rendement moyen de quelques spéculations dans le delta de Mejerda, le Nord, le Centre et le Sud de la Tunisie (Enquête personnelle 2007 et MARH, 2008).

0 5 10 15 20 Delta de la Mejerda Nord Centre et Sud Qx/ha Orge Blé tendre Blé dur

L’importance de ce secteur se ressenti aussi par la place prépondérante qu’il occupe dans la balance agroalimentaire. En effet, suite à une récolte moyenne pour la compagne écoulée (juin et juillet 2008), les importations des produits agroalimentaires ont représenté 7.7%. La part des importations céréalières par rapport aux importations agroalimentairesdu pays a été de l’ordre de 55% avec un coût total de 622.9 MD (MARH, 2008).