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Croyances : l'uniformité en tant que mythe

Dans le document MAI 2009 (Page 123-126)

5.4 Discussion sur les résultats des entrevues avec Ginette Grenier

6.2.4 Croyances : l'uniformité en tant que mythe

Tel que précisé antérieurement dans le présent mémoire, les mythes familiaux constituent essentiellement l'image que le système familial tend à exposer aux systèmes environnants en plus de favoriser la régulation des comportements et attentes des membres du système entre eux.

De la même façon que nous avons procédé pour les entrevues avec Mmes Hébert et Grenier, l'ensemble des mythes familiaux observés à l'intérieur des deux entrevues avec M.

Lévesque sont regroupés et catégorisés ainsi : chaque séquence relationnelle reflétant un mythe fut notée puis catégorisée selon une méthode inductive.

Lors des entrevues réalisées, nous remarquons la présence de mythes à l'intérieur des séquences relationnelles issues des deux systèmes familiaux. En fait, douze séquences sont répertoriées au sein de la famille d'origine ; huit dans la ressource de type familial. La répartition des mythes observés est présentée au tableau 12 (page suivante). Encore ici, les thèmes identifiés ne le sont qu'à titre indicatif et visent essentiellement à observer une tendance quant aux croyances véhiculées par les systèmes familiaux.

Tableau 12

Types de mythes et nombre de séquences observées (Mathieu)

Thèmes spécifiques Séquences en famille d'origine Séquences en ressource de type

(n=20) (n=12) familial (n8)

Attribut individuel 3 1

Attribut familial 1 3

Présupposition 4 0

Uniformité 23 3 4

Expertise des systèmes environnants I O

23 Par le mythe de l'uniformité, nous entendons un élément dont les caractéristiques (personnelles, comportementales, descriptives, etc.) demeurent les mêmes peu importe le contexte. Il s'agit d'un « nivelage»

des différences.

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Nous observons que les mythes issus de la famille d'origine concernent principalement les caractéristiques individuelles, des présuppositions ainsi que l'uniformité.

L'ensemble des caractéristiques individuelles soulevées par les mythes familiaux ont trait au fonctionnement quotidien de Mathieu. Ainsi, lorsque nous questionnons la mère en regard des qualités de son fils, elle nous entraîne directement sur son fonctionnement:

GL

.•

Je vais te direfranchement, j'ai de la misère à . . . parce que . . . il n 'est pas parlant.

SL . Oui, c'est ça.

GL .• Et puis, ilfait sa petite routine. Il se lève le matin, il s'en vient déjeuner, il faut être prêt parce que lui est prêt. Il faut mettre une heure et demie.

CH.- Ilfaut le limiter dans le temps.

Ces séquences relationnelles où des caractéristiques individuelles sont nommées sont toujours initiées par Geneviève, la mère de Mathieu et de Sandra. En aucun temps les enfants de Mme Lévesque se positionnent clairement face au mythe soulevé : Mathieu se contente de sourire (se soumettant à ce que la mère lui attribue en tant que caractéristique individuelle) et sa soeur répète les déclarations de la mère. Les mêmes attitudes et comportements sont observés quant aux présupposés.

Le mythe entourant les présuppositions se présente sous forme d'attentes verbalisées (ici par la mère) sans qu'il n'y ait de vérifications préalables auprès des membres du système concernés par ces présuppositions exprimées. Ces présuppositions marquent clairement les attentes maternelles à ce qui est bon ou adéquat pour l'ensemble du système familial d'origine. En fait, la mère parle pour Mathieu et Sandra, favorisant ainsi leur maintien dans des rôles et positions rigides

GL . Oui, oui. C 'est ça. C'est parce qu'ils veulent aller à la pêche eux autres aussi.

[Mme Lévesque met une intonation insistante sur les mots « . . . veulent aller à la pêche »]

SL

.•

Oui.

GL

.•

Ils veulent faire du ski-doo eux autres aussi.

[même remarque que la précédente]

CH: OK.

GL . Ilsfont beaucoup d'activités avec le Club, hein ? CH: Oui, oui, oui.

SL . Ah maudit! Oui!

GL . Une chance qu'ils ont ça.

CI-I: Oui.

GL .• Ils s'amusent ... c'est à tous les jours.

(Geneviève regarde

Mathieu et Sandra).

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GL .• On n'est pas ici en ville, on est au chalet . . . il n 'y a pas de problème là.

Quant au mythe de l'uniformité présent au sein de la famille d'origine (3 séquences), nos observations révèlent l'existence d'une propension dans le système familial à projeter l'image que Mathieu est un individu pour qui tout va bien en tout temps; bref, qu'il n'y a jamais de problèmes. Le mythe de l'uniformité est également étroitement lié au rôle du

« bon gars » : le système familial d'origine a construit et maintient l'image d'une personne sans vraiment de hauts ni de bas, un individu stable.

À l'intérieur de la ressource de type familial, nos observations mettent en relief que la moitié des séquences relationnelles répétitives se construisent autour du mythe de l'uniformité ( 4 séquences sur 8). Exactement de la même manière qu'au sein de la famille d'origine, ce mythe laisse émerger l'image que Mathieu est un individu stable en regard de l'humeur et du comportement. En fait Mathieu amène les gens à l'isomorphisme (la reproduction). En ne les dérangeant pas par son caractère conformiste et conciliant, Mathieu entraîne les individus gravitant autour de lui en ressource de type familial à le traiter de la même façon qu'il l'a probablement toujours été au sein de sa famille d'origine:

CH: Mathieu... y a-t-il des moments où tu te sens plus triste?

ML: Non.

CH: Ça n 'arrivejamais, jamais? Tu es toujours, toujours de bonne humeur?

ML: Ah! Oui!

CH: Ah! Oui!. C'est quelque chose que tu constates?

(CH vérifie auprès de SONIA)

ST:

Ah! Oui! (SONIA

hoche la tête pour acquiescer).

ST . Oui. Hein Mathieu, y 'a pas rien qui change avec toi?

ML .• Non.

ST : C'est toujours pareil, hein?

ML: Oui.

SL . Oui. (rires)

ST: Même si tu vieillis. II est toujours pareil, de bonne humeur. Je dirais que c 'est avec lui que c'est le plus stable depuis, . . . y 'a rien qui a changé.

(MATHIEU et NANCY regardent par terre. SANDRA regarde

brièvement SONIA).

117 De plus et de façon plus évidente dans la ressource de type familial que dans la famille d'origine, ce mythe semble s'étendre à l'ensemble du système en amenuisant les caractéristiques individuelles au profit de l'ensemble (la totalité des membres du système), créant un homogénéité où l'individuation est évacuée:

CH: Mathieu, dans la famille d'accueil, avec qui tu passes plus de temps? Y a-t-il quelqu 'un avec qui tu es toujours ou presque toujours avec?

ML: Euh . . . non. On est presque tout le temps ensemble.

CH.- Vous êtes toujours ensemble, tout le monde?

(SONIA hoche la tête pour acquiescer).

ML .• Oui.

ST: C'est égal, hein?

CH: Avec qui Mathieu tu t 'entends le mieux? Avec qui tu... tu dis ...

ah! Cette personne-là... est-ce avec Sonia? ce avec ta soeur? Est-ce avec Nancy?

ML: Je m'entends bien avec tout le monde.

(SONIA hoche la tête pour acquiescer).

CH: Avec tout le monde. Il n 'y en a pas une que c 'est un petit peu plus...

(SONIA fait signe que « non »).

ML: Non.

CH: Y en a-t-il une avec qui c'est un petit peu moins... Y en a-t-il une personne avec laquelle tu t'entends un peu moins bien?

ML: Non.

CH.- C'est tout le temps pareil, égal.

ML .• Oui, oui.

Nous percevons un déplacement à partir de la sphère individuelle vers la sphère familiale en ce qui concerne le développement et le maintien des mythes observés. Ce déplacement conduit fort probablement à noter davantage de mythes caractérisant la famille en tant qu'entité (3 séquences) que des mythes qualifiant les individus composant le système familial de la ressource de type familial (une seule séquence).

Dans le document MAI 2009 (Page 123-126)