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L’analyse des méthodes de gestion alternatives démontre que ces méthodes présentent, pour un aspect ou pour l’autre, des aspects positifs et des lacunes. Elle permet de percevoir qu’il est nécessaire de bien connaître les matières résiduelles et dans quel contexte la méthode sera gérée. Il peut s’agir de la gestion de matières résiduelles d’origine résidentielle ou de l’établissement d’un PGMR pour l’ensemble des matières résiduelles organiques à l’échelle municipale. Il faut donc considérer plusieurs aspects pour ainsi sélectionner la méthode de gestion la plus appropriée. Non seulement l’aspect technique d’une méthode de gestion incluant l’origine et les propriétés des matières résiduelles doit avoir été analysé, mais d’autres facteurs contextuels sont à vérifier tel que le budget disponible, les besoins de soutien financier ou la dépendance envers d’autres partenaires. Ainsi une méthode convient très bien pour une situation donnée, alors qu’elle est inappropriée pour une autre.

Un fait ressort évidemment de la comparaison des méthodes. Elles visent toutes à réduire les matières résiduelles dirigées vers l’enfouissement. Cette constatation, quoiqu’évidente révèle que l’objectif de la nouvelle Politique québécoise de gestion des matières résiduelles est en voie d’être réalisé. Sans pouvoir prédire si les échéanciers de 2013, pour la fin de l’enfouissement des papiers et cartons, et de 2020, pour la fin de l’enfouissement des matières putrescibles, seront respectés, force est de constater que les actions mises en place depuis plusieurs décennies poursuivent l’atteinte de l’objectif fondamental qui est de diminuer l’enfouissement. Sur ce point, le message est compris et appuyé.

L’analyse permet de mettre en évidence que le choix d’une méthode de gestion est fonction du groupe de matières résiduelles à mettre en valeur. Ainsi, les méthodes d’herbicyclage et de compostage domestique ne visent qu’un type de matières résiduelles. D’autres méthodes comme le compostage industriel et l’incinération avec reprise d’énergie ciblent presque toutes les matières résiduelles constituées de matières organiques et requièrent peu de triage à la source.

A l’exception des deux méthodes précédemment énumérées, les centres de tri jouent un rôle déterminant. Il en ressort que le tri à la source favorise l’application de ces méthodes.

On peut en déduire que si une de ces méthodes est considérée, l’évaluation de l’efficacité du centre de tri devrait être comprise dans les éléments de réflexion.

Les méthodes demandant un effort de la part des consommateurs relèvent un défi supplémentaire par rapport aux autres. Elles imposent qu’un plan de sensibilisation soit communiqué à l’ensemble d’une population. Bien que les méthodes présentent de multiples aspects positifs, si les consommateurs n’y adhèrent pas, ces méthodes sont destinées à de faibles taux de succès.

Parmi les méthodes étudiées, il est possible de trier celles qui produisent de nouvelles matières résiduelles de celles dont le bilan dans ce domaine est nul. C’est une des distinctions entre valorisation et réduction à la source. L’incinération avec reprise énergétique et le recyclage des papiers et cartons exercent une mise en valeur des matières résiduelles qui autrement auraient été dirigées vers l’enfouissement. Mais une fois que ces matières ont été mises en valeur, le procédé génère de nouvelles matières résiduelles et des produits gazeux ou solides qui sont rejetés dans l’environnement. À ce chapitre, ces méthodes atteignent l’objectif de diminuer la quantité totale de matières résiduelles enfouies. Mais choisir ces méthodes implique l’émission de nouveaux rejets dans l’environnement. Des méthodes de mitigation seront alors mises en place pour réduire les impacts sur l’environnement qui sont susceptibles de se produire par la présence de ces rejets.

Il ressort aussi de l’analyse comparative qu’à l’exception de l’incinération avec reprise énergétique et de la biométhanisation, la mise en valeur des matières résiduelles entraîne une amélioration de la qualité des sols. En retournant leurs propriétés avantageuses dans les sols, les matières organiques résiduelles mises en valeur apportent aux sols québécois une aide à leur productivité par opposition à l’enfouissement qui présente un potentiel de contamination des sols. À ce point de vue, le recyclage peut être inclus dans les méthodes apportant une amélioration aux sols. Cette nuance est apportée dans le cas où les biosolides produits par le procédé de recyclage des papiers et cartons sont mis en valeur par la méthode d’épandage des résidus organiques.

Dans sa forme actuelle, l’incinération avec reprise énergétique est une méthode de gestion demandant peu d’effort de la part des citoyens, mais qui rejette des émissions

atmosphériques présentant des risques pour la santé. De plus, c’est la seule méthode étudiée qui entre directement en contradiction avec les principes des 3RV si le gestionnaire de cet équipement favorise la productivité coûte que coûte. Plus l’incinérateur est alimenté en matières résiduelles, plus il fournit d’énergie. Plus il fournit d’énergie, plus il est productif et rentable. De plus, il peut s’afficher comme un producteur d’énergie qui remplace l’utilisation d’autres combustibles. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’à la base, le combustible pour l’incinérateur est constitué de matières résiduelles organiques. Les matières organiques ainsi valorisées, ne seront ni réutilisées à la source, ni réemployées et ni recyclées.

« En gestion des matières résiduelles, les solutions les plus coûteuses sont rarement les meilleures. Elles impliquent presque toujours un accroissement des quantités des matières résiduelles à être traitées afin de les rentabiliser. Aussi, loin d'être sans faille, elles nous rendent dépendants de technologies qui abordent le problème en aval alors qu'il devrait être géré en amont. Si l'argent prévu pour la construction de ces usines de traitement thermique des déchets était investi dans l'éducation, la sensibilisation, dans des programmes de recyclage, de réutilisation et de compostage efficaces, peut-être ne penserions-nous même plus à ce qui nous est aujourd'hui proposé. Mieux, il nous resterait de l'argent. » (Ménard, 2008)

La réduction des émissions de GES associées au transport et à l’élimination revient comme aspect positif relié à plusieurs méthodes de gestion étudiées. Les méthodes gagnantes, par leur absence de transport de matières résiduelles impliqué dans leur réalisation, sont l’herbicyclage et le compostage domestique. Dans cette observation, il est intéressant de noter que ces deux méthodes sont celles nécessitant le plus d’effort de la part des citoyens.

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RECOMMANDATIONS

L’analyse comparative des méthodes de gestion permet de formuler des recommandations à l’attention des principaux intervenants dans la gestion des matières résiduelles organiques. Ces recommandations présentent la possibilité d’accompagner ces acteurs dans la mise en place de plans d’action et de plans de gestion.