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La revue critique, ci-après, des définitions proposées par la littérature confirme nous semble-t-il, la pertinence de notre propre définition

Tableau 3.1 : Définitions du conflit

Source Définition Appréciation critique

March & Simon

(1958 , p. 112) “Une défaillance des mécanismes standard de prises de décision” -valeur : défaillance Définition comportant un jugement de

prise de décision Boulding (1962,

p.4) « La compétition dans son sens le plus large existe quand les positions potentielles de deux unités de comportement sont mutuellement incompatibles. (…) alors que tous les cas de conflit impliquent de la compétition, telle qu’elle est définie plus haut, tous les cas de compétition n’impliquent pas de conflit. Le conflit peut être défini comme une situation de compétition dans laquelle les parties sont conscientes de l’incompatibilité de leurs futures positions potentielles et dans laquelle chaque partie veut occuper une position qui est incompatible avec les souhaits de l’autre. »

- Définition ne permettant pas de distinguer le conflit de la compétition

- Définition rationaliste (suppose une analyse des positions et de leur incompatibilité) et « objectivante » du conflit, comme s’il y avait une nécessité objective au conflit.

Pondy (1967, p.

298-9). « UNE DEFINTION DU CONFLIT OPERATIONNELLE –

Le terme conflit a été utilisé à diverses reprises dans la littérature pour décrire : (1) les

conditions précédant le comportement conflictuel (par exemple, rareté des

ressources, différences de politique), (2) les états affectifs des individus impliqués (par ex., le stress, la tension, l’hostilité, l’anxiété, etc.), (3) les états cognitifs des individus, c’est-à-dire leur perception ou conscience des situations conflictuelles, et (4) le comportement conflictuel, qui va de la résistance passive à l’agression déclarée. Les tentatives pour décider laquelle de ces catégories –conditions, attitudes, cognitions ou comportements – constitue réellement le conflit est une controverse qui risque de n’aboutir à rien. Le problème n’est pas de choisir entre ces définitions conceptuelles alternatives, puisque chacune d’elle peut être une étape pertinente dans le développement d’un épisode

conflictuel, mais de tenter d’élucider leurs relations.

Le conflit peut être plus facilement compris si on le considère comme un processus

dynamique »

- Pondy botte en touche en ne proposant aucune définition précise. Il est certain qu’un conflit est un phénomène complexe et évolutif, qu’il est difficile de réduire à ses causes (conditions) ou à ses

manifestations (états affectifs, cognitions, comportement). Néanmoins, la vision sophistiquée de Pondy ne nous permet pas de répondre (simplement) à la question (simple) : qu’est-ce qu’un conflit ?

- Définition excessivement large, qui vont des causes aux états affectifs et cognitifs, aux comportements conflictuels.

Deutsch (1973)

(p. 10) Il y a conflit « chaque fois que des activités incompatibles se produisent » -parties sont contradictoires mais ne rend Décrit les situations où les intérêts des pas compte des conflits dans les situations de coopération

- Définition fataliste (« chaque fois ») Touzard (1977,

p. 51). «Nous pouvons définir le conflit comme une situation où des acteurs soit poursuivent des buts différents, défendent des valeurs contradictoires, ont des intérêts opposés ou différents, soit poursuivent le même but » (p. 51).

- Définition vague, juxtaposition de situations disparates sans lien les unes avec les autres

- La différence est bien une condition de possibilité du conflit

Gruère et Jabes

(1982, p.113) « Un conflit tend à apparaître en effet lorsque les intérêts des individus impliqués dans certaines situations relationnelles s’avèrent être incompatibles et exclusifs les uns des autres »

- Les intérêts ne sont pas les seules sources de conflit (les valeurs aussi)

- L’expression « s’avèrent incompatibles et exclusifs … » est trop floue. Elle n’explique pas pourquoi un conflit se

déclenche et pourquoi il ne se déclenche pas alors que les intérêts des parties en présence sont bien incompatibles et exclusifs les uns des autres (par ex., « être le numéro un » dans une situation de compétition ou de concurrence) Morgan (1989, p.

174) « Le conflit survient chaque fois que des intérêts entrent en collision » -la notion de conflit : dans les compétitions Ne rend pas compte de la spécificité de sportives, des intérêts entrent en collision (cf. matches de foot…) et pourtant on ne peut pas parler de conflit

- Ne rend pas compte de la globalité de la notion de conflit : par ex. les conflits de religion, dans lesquels avant tout ce sont les croyances qui « entrent en collision » (même s’il y a des implications

économiques sous-jacentes) Wall & Callister

(1995, p. 517) Après une revue de la littérature, ils concluent que le « conflit est un processus dans lequel une partie perçoit ses intérêts comme étant opposés ou négativement affectés par une autre partie »

- Fait intervenir de manière tout à fait pertinente la notion de perception

- Ne permet pas de distinguer conflit et compétition

Schellenberg

(1996, p. 8) « En première instance, nous pouvons définir le conflit social comme l’opposition entre individus et groupes sur la base d’intérêts concurrents, d’identités différentes, et/ou différentes attitudes. (…). Il faut noter que le conflit social n’est pas dans cette conception limité aux formes d’opposition les plus violentes ou les plus agressives »

- Définition valise et non opérationnelle

Robbins (1997,

p. 169). Le conflit est « un processus dans lequel un effort est volontairement effectué par A pour contrarier les efforts de B, en les bloquant d’une manière ou d’une autre, de sorte que B ne puisse atteindre ses objectifs ou faire avancer ses intérêts »

- Définition qui décrit bien certains aspects possibles de la phase de confrontation mais qui en omet d’autres (par exemple, les affrontements verbaux)

- La notion d’effort nous paraît inappropriée car elle suppose un acte prémédité et réfléchi alors que dans un conflit les individus tendent à réagir (plus qu’à agir) sous l’impulsion d’une émotion forte, que par ailleurs ils ne maîtrisent pas. Monroy &

Fournier (1997) « Notre définition du conflit sera restrictive. Elle supposera la durée, et exclura donc les situations ponctuelles, altercations et rixes. Elle traitera de partenaires également impliqués, et éliminera les agressions unilatérales. Elle supposera une détermination à déstabiliser, affecter, réduire, voire éliminer, l’adversaire et exclura donc les jeux, joutes, concurrences, débats démocratiques et situations où

l’adversaire n’est pas investi négativement (…) En bref, nous retiendrons pour notre propos des situations conflictuelles développées dans le temps à moyen ou long terme, supposant des partenaires également actifs, investissant une forte charge affective, visant à

déstabiliser, réduire, faire capituler

l’adversaire, voire l’éliminer du champ. Ces

- Définition restrictive, comme l’expliquent les auteurs

- Définition s’appliquant de façon

prioritaire aux conflits entre individus dans une relation structurée socialement (famille, couple, organisation) qui s’inscrivent dans la durée

situations impliquent l’allégation de dommages, de griefs, de fautes imputés à l’adversaire. Elles entraînent un coût

important, affectivement, financièrement ou socialement, et donc un fort investissement à tous niveaux. Les développements de ces types de conflit ne sont pas toujours

maîtrisables, l’issue en est d’emblée incertaine. Ces conflits se déroulent dans un cadre implicitement défini comportant certaines règles et limites, même si celles-ci sont floues. Enfin ils mobilisent un certain nombre

d’acteurs avec des rôles repérables. La légitimité de leur cause, comme celle des réactions et des sentiments, et toujours revendiquée par chacun des adversaires » (pp. 12-13).

Etherington &

Tjosvold (1998) “Le conflit consiste dans des activités incompatibles qui se produisent quand deux personnes sont en désaccord, s’opposent, ou d’une manière ou de quelque manière que ce soit interfèrent l’une avec l’autre”

- Définition qui manque de précision : des interférences de quelque manière que ce soit.

- Définition réductrice : conflit limité aux activités incompatibles

Bréard. & Pastor

(2000, p. 11) Le conflit “signifie la rencontre de sentiments ou d’intérêts contraires qui s’opposent. Les conflits d’intérêts, les querelles, les désaccords, la domination, d’une personne sur une autre, la lutte de pouvoir expriment ces intérêts contraires. Si cette opposition d’intérêts n’est pas traitée, elle peut entraîner un conflit ouvert, avec son cortège de dommages et de réparations coûteuses. Les conflits d’intérêts, contrairement aux conflits d’idées, sont rarement pacifiques. » etc.

- Mêmes critiques que précédemment : définition à la fois trop large (la spécificité du conflit par rapport à la compétition n’est pas cernée) et pas assez (omission des divergences d’opinion comme source de conflit)

- La lecture de cette définition et de son commentaire montre à l’évidence que la notion de conflit n’a pas fait l’objet d’une élaboration très structurée !

Rahim (2002, p.

207) Le conflit « est un processus d’interaction se manifestant par des incompatibilités, des désaccords, de la dissonance avec ou entre entités sociales ».

- Définition vague à faible pouvoir discriminant

1.1.2.Confusion entre débat et conflit

La confusion est extrêmement fréquente entre débat, désaccord et conflit, à l’instar

d’Eisenhardt et al. (1997) qui affirment : « Les équipes de dirigeants sont typiquement

confrontées à des situations présentant un degré élevé d’ambiguïté, des enjeux majeurs et

une incertitude extrême. Les discordes, les disputes, les désaccords – en bref le conflit –

sont naturels dans ce type de situations » (p. 43). Simons et al. (1999) s’efforcent de clarifier

les concepts et définissent le débat comme un « processus dans lequel les membres de

l’équipe s’opposent et se remettent en question les uns les autres sur des problèmes de

tâches » (p. 663). La notion de débat est pour eux équivalente au concept de controverse

mais est différente de celle de conflit de tâche qui comporte selon eux toujours une

« tonalité affective négative », sans préciser la cause de cette négativité.

Dans un conflit, nous défendons l’idée que cette tonalité affective négative provient

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