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Critères, profils et méthodes d’évaluation de la résilience

2-Adaptation des enfants au divorce parental

3- Critères, profils et méthodes d’évaluation de la résilience

3.1 Critère du processus résilient :

Rutter (1985; 1996) a distingué trois caractéristiques principales chez les personnes qui développent un comportement de résilience face à des conditions psychosociales défavorables. Il considère que ces personnes, face à des situations d‟impuissance et d‟absence d‟aide qui accompagnent habituellement des situations de stress et d‟adversité, mettent en place d‟autres formes de comportements qui font appel à des mécanismes d‟élaboration de la pensée. Selon Rutter, la personne résiliente concilie trois caractéristiques :

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3.1.1 La conscience de son auto-estime et du sentiment de soi :

L‟estime de soi et la conscience de soi, l‟estime de soi est déterminée par la croyance que nous avons dans notre capacité de maîtriser les choses et de changer les situations(Anaut. M, 2003, p 51). Cet aspect renvoie à l‟estime de soi, c'est-à-dire aux caractéristiques par lesquelles le sujet peut se définir et avoir le sentiment de sa propre valeur. Rutter considère comme nécessaire l‟existence d‟un bon développement de l‟estime de soi chez les individus résilients. Selon André & Lelord(1999) l‟estime de soi comporte trois dimensions : l‟amour de soi, la vision de soi et la confiance en soi. Cette appréciation de l‟estime de soi pourrait être affectée par les événements de la vie et les expériences individuelles. Elle est donc sujette à variations chez un sujet au cours de son développement. Mais l‟amour de soi aiderait l‟individu à se reconstruire après un échec.

3.1.2 La conscience de son efficacité ou sentiment d’auto-efficacité :

Cette caractéristique correspond chez un sujet, à la croyance et à la confiance dans sa capacité à faire la différence entre une action réussie et les étapes nécessaires pour y parvenir. L‟individu résilient aurait donc tendance à voir surtout les aspects positifs des épreuves qu‟il rencontre dans sa vie et à avoir confiance dans ses capacités à résoudre la majorité des problèmes de son existence. Le sentiment d‟auto-efficacité permet l‟anticipation et les projets. Il renvoie à la conviction que possède l‟individu d‟avoir les capacités requises pour réussir une tâche déterminée. Ce sentiment rejoint en partie la confiance en soi.

3.1.3 Un répertoire d’approche de résolution de problèmes sociaux :

Ce denier point se réfère à l‟expérience et à la capacité pour l‟individu résilient de s‟appuyer sur des expériences personnelles, familiales ou extra-familiales (dans l‟entourage proche et de l‟individu) suffisamment positives, ou reconnues comme telles socialement.

Ces trois caractéristiques, qui font référence à la description d‟un processus psychique et comportemental, apparaissent intimement liées dans le fonctionnement du sujet résilient. Rutter souligne le rôle fondamental des ressources internes de l‟individu face à des conditions extérieures défavorables et sa capacité à tirer profit des potentiels environnementaux extra-familiaux, lorsque la famille est défaillante. Dans cette perspective certains auteurs considèrent que la résilience réside plus dans l‟appartenance d‟une personne à un contexte social et relationnel sur lequel elle prend appui, plutôt que dans ses caractéristiques individuelles en tant que telles. Les travaux de Rutter et al (1985; 1996) en prenant en compte

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les capacités pour le sujet résilient de trouver des ressources en liaison avec le réseau social vont dans le sens de l‟importance accordée à l‟adaptation et à l‟autonomie dans le processus de résilience (Anaut. M, 2003, p 54).

3.2 Profils, facteurs et traits de personnalité aidant à la mise en place de la résilience :

Les critères permettant d‟explorer la résilience sont multiples et variés. Selon Masten, Best& Garmazy, les principaux facteurs de protection chez l‟enfant propres à la résilience dépendent du développement des six caractéristiques suivantes :

- Stabilité de l‟attention ;

- Capacité à résoudre les problèmes ;

- Séduction (attrait) envers les pairs et les adultes ;

- Compétence manifeste et perception de l‟efficacité (auto-efficacité) ; - Identifications à des modèles et rôles compétents ;

- Projet et aspirations.

D‟autres chercheurs Wolin et Wolin ont porté sur la mise en évidence d‟un ensemble de traits susceptibles d‟avoir un rôle protecteur face aux événements difficiles et favorisant le processus de résilience. Wolin et Wolin ont ainsi retenu sept caractéristiques qui seraient présentes, à des degrés divers, dans le fonctionnement résilient. Ce sont: la perspicacité, l‟Independence, l‟aptitude aux relations, l‟initiative, la créativité, l‟humour et la moralité. Par la suite, le psychanalyste P. Bessoles a proposé de mettre en liaison ces traits de personnalité avec les organisateurs psychiques correspondants, pouvant être mobilisés dans le traitement des états traumatiques.

Cela donne :

- Perspicacité : capacité d‟analyse, de repérage, de discrimination, - Independence : capacité à être seul, autonomisation,

- Aptitude aux relations : facteurs de socialisations,

- Initiative : capacité d‟élaboration et de représentation des inhibitions et des phobies, - Créativité : capacité à créer des formations réactionnelles et substitutives,

- Humour : capacité de sublimation, - Moralité : capacité à interroger les valeurs

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Ces quelques traits de personnalité sont considérés comme des facteurs de la résilience. C‟est-à- dire que s‟ils peuvent contribuer à la mise en place de la résilience, ils ne suffisent pas à eux seuls à développer ce processus. (Jacob. S, Moutouh. C, 2004, p 16-17).

Profil de l’individu résilient

Selon Cyrulnik, l‟individu résilient (quel que soit son âge) serait un sujet présentant les caractéristiques suivantes

- Un quotient intellectuel Q.I. élevé,

- Capable d‟être autonome et efficace dans ses rapports à l‟environnement, - Ayant le sentiment de sa propre valeur,

- De bonnes capacités d‟adaptation relationnelles et d‟empathie, - Capable d‟anticiper et de planifier,

- Et ayant le sens de l‟humour (Anaut. M, 2003, p 51).

Ces caractéristiques ne sont pas la garantie d‟un fonctionnement résilient. Mais ces différents éléments se trouvent chez un bon nombre de sujets résilients et sont considérés comme contribuant au fonctionnement de la résilience.

Indicateur de résilience L‟enfant résilient possède :

 des soutiens et des ressources externes : « j‟ai… ».

 des ressources internes : « je suis … ».

 des aptitudes sociales et interpersonnelles : « je peux … ». « J‟ai… ».

 des relations de confiance avec mes proches.

 Des modèles à suivre.

 Un entourage qui m‟encourage à devenir autonome et indépendant. « Je suis … ».

 Sympathique et son caractère est attrayant.

 Entrain de devenir autonome et indépendant.

 Fier de moi-même.

 Rempli d‟espoir, de foi et de confiance. « Je peux … ».

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 Communiquer.

 Résoudre des problèmes.

 Controles mes émotions et mes envies.

 Trouver des relations de confiance. (Denis. Ph, 2007,154) 3.3 Méthodes d’évaluation de la résilience :

Quelles sont les éléments qui permettent de conclure qu'un enfant est reconnu comme résilient ? La résilience est évaluée à travers la variabilité apparaissant dans différents domaines : Ces éléments sont nombreux, tout d‟abord, le fait que l‟enfant ne présente pas de pathologie importante et surtout persistante l'absence de symptômes psychiatriques (en particulier état dépressif et troubles anxieux) et de troubles du comportement, l‟état de la santé physique. Un état dépressif peut apparaitre mais aussi disparaitre dès que la situation est maitrisée plus aisément. Ensuite, le fait que l‟enfant se projette, en dépit des difficultés actuelles, dans un avenir meilleur, qu‟il témoigne d‟une envie de grandir, ici ou ailleurs : qu‟il fasse preuve d‟une curiosité du monde qui l‟entoure et, enfin qu‟il se sache aimer et soutenu par au moins une personne de son entourage (Bouteyre. E, 2004, p 106).

Les efforts fait pour étudier la résilience utilisent des échelles basées sur des listes de trait de caractère, comprenant l‟efficacité personnelle, l‟autonomie, la combativité, l‟optimisme, le sens de l‟humour, la stabilité émotionnelle et l‟endurance (Szwec. G et al, 2006, p 51).

Différentes échelles sont utilisées ou construites pour déterminer les critères de fonctionnement résilient et de tenter d‟évaluer la résilience. Et parmi les critères le plus souvent retenus par les chercheurs, nous pouvons citer les échelles permettant d‟évaluer : -Le niveau d‟anxiété et de dépression,

- le niveau de compétence sociale. - la réussite scolaire et intellectuelle, - la symptomatologie clinique.

Les méthodes d‟évaluation prennent en compte un ou plusieurs critères dits de résilience (ou facteurs de résilience) qui seront l‟objet de cette évaluation. Les protocoles évaluatifs se fondent soit sur l‟utilisation de tests ou d‟échelles existantes, soit sur des questionnaires et des échelles construits spécifiquement. La méthodologie d‟investigation de la résilience peut comprendre des évaluations comportementales, cognitives, ou encore se centrer sur l‟évaluation de traits de personnalité ou de troubles psychologiques et/ou psychiatriques. Suivant le cas et les facteurs retenus, l‟évaluation pourra porter sur

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l‟appréciation de capacités ou de compétences (adaptation sociale, estime de soi, Q.I) relevant de l‟utilisation de tests psychologiques ou d‟échelles de comportement. Alors que dans certains cas, l‟investigation pourra tenter de vérifier l‟absence de troubles comportementaux ou psychopathologiques pour attester de la résilience des sujets. Pour les très jeunes enfants un bilan pédopsychiatrique est parfois utilisé.

Du point de vue méthodologique, plusieurs types de médiations ou d‟instruments d‟évaluation peuvent être utilisés, de manière complémentaire dans le cadre d‟une même investigation. De même la passation peut concerner essentiellement les sujets examinés. Eventuellement soumis à des questionnaires en auto-évaluations, ou bien prendre en compte les évaluations faites par l‟entourage (famille, réseau social, éducatif, les pairs…) et s‟appuyer sur des observations croisées. Nous trouvons également des observations directes sur des terrains cliniques des milieux dites naturels (par exemple l‟école) qui peuvent participer à l‟évaluation des compétences réputées résilientes. (Anaut. M, 2003, p 54)