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Les critères de la métropolisation à l’ère de la mondialisation

CHAPITRE 2 : LA METROPOLISATION

IV- Les critères de la métropolisation à l’ère de la mondialisation

L’internationalisation croissante des processus de production a renouvelé la question de la diversification des activités au sein des grandes métropoles. Celles-ci voient de plus en plus leur échapper certaines activités qui se délocalisent, mais ces pertes souvent compensées par des activités de services hautement spécialisés : les métropoles deviennent des lieux de concentration de l’invention, de l’innovation de la matière grise. Ceci s’accompagne d’une élévation de la qualification de la main-d’œuvre et appelle un renforcement des activités de recherche, fondamentale appliquée, de transfert de technologie et de diffusion des connaissances et des savoirs.

Donc, ces villes, entrées dans un processus de dynamique métropolitaine, sont qualifiées de villes internationales. Les facteurs d’internationalités peuvent être classés sous quatre rubriques qui répondent à des impératifs différents :

- La première regroupe tout ce qui a trait à la capacité d’insertion dans des réseaux mondiaux, les capacités relationnelles des villes, leur aptitude à établir, entretenir des liens d’interdépendances. - La seconde concerne la nature et la pratique d’activités et de fonctions. Des facteurs d’internationalité sont recensés dans l’orientation particulière des marchés et des échanges (dépassement des frontières), dans les types de structures de décision économique et politique (Etats-majors des firmes internationales, fonction de commandement et de contrôle à l’échelle internationale, etc). Et ceci dans les domaines d’activités sélectifs (banque, bourse, médias, services aux entreprises, technologie de l’information).

- La troisième rassemble des facteurs de types infrastructurel et d’équipement. L’accessibilité internationale généralisée (aéroports, ports, autoroutes, réseaux ferrés, télécommunications, etc). - La quatrième est constituée par un ensemble de facteurs de nature socioculturelle (le cosmopolitisme via l’attraction migratoire internationale, la main-d’œuvre étrangère qualifiée ou non qualifiée, le tourisme international, les mixités et les ouvertures culturelles, etc).

Par ailleurs, les autres conditions de la métropolisation, exigées par la mondialisation, peuvent être résumées dans les critères suivants :

- La métropolisation, concerne les villes de très grande taille plus d’un million d’habitants, parfois davantage deux voire trois millions d’habitants.

- L’évolution économique, les modifications dans le monde de produire, dans les communications et dans les échanges se traduisent dans ces grandes villes par le développement d’une fonction qui prend une importance croissante : les services aux entreprises (petites et moyenne entreprises). Donc, ces métropoles deviennent des villes « d’intermédiation », c’est-à-dire des villes qui exercent toutes les activités assurant la circulation des produits, de l’argent, de l’information.

- M. Polèse (in LACOUR et PUISSANT. p122) souligne que les villes sont internationales par les fonctions d’importation et d’exportation qu’elles assurent pour les producteurs et les consommateurs de leur région. Elles sont des centres fournisseurs de services et de biens pour leur région et deviennent des « gate-way » (portes d’entrées) pour l’économie internationale. Ce sont des lieux de recherche pour y localiser les établissements de commerce de gros des firmes étrangères.

Donc, ces métropoles doivent accompagner leur entreprises régionales sur les nouveaux marchés et pour cela elles ont un rôle d’intermédiaire, et développent leurs fonctions d’interface avec l’étranger c’est-à-dire qu’elles proposent des services qui permettent à leur économie régionale de se positionner à l’international en donnant accès à des ressources mobilisables au niveau régional ou en aidant à pénétrer les marchés extérieurs.

- Les métropoles regroupent les sièges sociaux des grandes banques, la bourse et les principales institutions financières.

- Les métropoles sont les lieux de l’existence et de la pratique des activités informationnelles (les télécommunications, le télé-travail, le traitement d’image et de l’information (administrative, financière, boursière, culturelle, etc), les médias-centres, les réseaux de toute nature).

Ces nouvelles technologies de l’information, « les autoroutes de l’information », développent des réseaux de communication moins lisibles mais tout à fait efficaces, permettent de structurer une grande souplesse et sont le moteur de l’innovation dans l’activité humaine.

- Les métropoles sont des espaces d’attraction des activités et des hommes, et de diffusion des innovations et des informations. Ce rôle essentiel de captation, de filtrage et de distribution des

flux s’exerce à travers tout un ensemble de réseaux dont les métropoles constituent les points d’articulation et l’interface. On peut en identifier plusieurs :

 Des réseaux d’entreprises, fonctionnant selon des modes variés : la sous-traitance, le district industriel, la filiale de société multinationale, le complexe d’activités.

L’accélération des rythmes de la production en flux tendus a renforcé l’émergence de ces réseaux d’entreprises qui fonctionnent le plus souvent en étoile à partir du donneur d’ordres. L’évolution de ces réseaux, leur recomposition est relativement rapide, les temporalités sont brèves, de l’ordre de la décennie ou plus.

 Des réseaux de transport, de communication, d’information, d’innovation : la multiplicité des canaux de communication, la transmission rapide des informations et des innovations.

En ce qui concerne les transports, les grandes agglomérations, sont de mieux en mieux desservies par tous les modes de transport. Ces lieux deviennent des nœuds d’interconnexion entre divers types de réseaux d’infrastructures permettant des mises en réseau au sein d’un même mode de transport et entre différents modes.

* Les réseaux routiers et autoroutiers sont interconnectés avec une continuité des circulations.

* Les réseaux ferroviaires sont connectés dans les gares avec des correspondances permettant des relations entre réseau de banlieue, réseau régional et réseaux grandes lignes ou TGV (train à grande vitesse).

* Des interconnections se développent grâce à des pôles multimodaux (avion-TGV-autoroute-port), de même, des plates-formes d’échanges multimodales se développent pour les marchandises.

 Des réseaux de socialisation, d’affinités, de pouvoirs qui ont un rôle plus symbolique, façonnant l’image de la ville, renforçant son attractivité et étendant son pouvoir de commandement.

Donc, les grandes métropoles fonctionnent comme un pôle central commun à tous ces réseaux, attirant et dispersant tour à tour les flux de personnes, de biens, de services, de capitaux. Elles amplifient les externalités des réseaux qui émergent : entre les entreprises par la fidélisation des clients de la marque, entre les usagers des services publics métropolitains par des effets de clubs

(le téléphone), d’assortissement ou de gamme. Ces métropoles sont vues, par les experts, comme des gigantesques « hubs*».

- Les métropoles attirent et concentrent le potentiel de formation et de recherche : université, centres de recherche, centres de formation, etc. De ce fait, un certain nombre d’activités demandant la main d’œuvre qualifiée seront attirées par une localisation sur ces grandes agglomérations par les synergies capables de se développer avec les autres entreprises, par les possibilités rapides de transmission de l’information et des connaissances.

Donc, la concentration du savoir scientifique et technique, d’institutions, d’entreprises et de main d’œuvre très qualifiée forme le creuset de l’innovation à l’ère de l’informatique.

- Elles regroupent les activités de création artistique et médiatique (studios de radio et de télévision, maisons d’édition, production de multimédia, presse, théâtre, musée, etc) et fonctionnent sur un rayonnement international tout en conservant leur influence régionale de proximité.

- Les métropoles se caractérisent par une capacité d’accueil hôtelière très importante et doivent être le centre d’organisation des grandes manifestations mondiales (scientifiques, culturelles, sportives).

- Il faut aussi tenir compte des temporalités urbaines : la nécessité d’un temps longs : « la métropolisation ne se décrète pas, elle nécessite un temps de maturation et d’épanouissement »20, et des normes de modes comportementaux crées par la métropolisation.