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Pour que l’implantation et l’utilisation d’un écocentre soient optimales, l’équipe responsable du projet se doit d’être prudente afin que la population et toutes les parties prenantes de la gestion des matières résiduelles accueillent de façon positive son déploiement sur le territoire. Pour cela, une des stratégies à utiliser réside dans le respect des principes du développement durable avec ses sphères économique, environnementale et socioculturelle. L’écocentre se doit donc : de présenter une perspective de rentabilité afin d’assurer sa pérennité, de protéger l’environnement en diminuant les quantités de matières dirigées vers les sites d’enfouissement et, enfin, d’offrir à la communauté et aux organismes à mission sociale l’accès à des matériaux, objets et équipements à prix modiques.

6.1 Emplacement des écocentres, dimension et aménagement

Il est important de localiser les écocentres dans des zones industrielles ou du moins conserver une zone tampon pour limiter les nuisances possibles à savoir le bruit, la poussière, l’alourdissement de la circulation (Leblanc, 2007). Par exemple, l’écocentre à la ville de Beloeil est situé dans une zone semi- résidentielle et commerciale, un quartier avec une circulation déjà abondante. Les écocentres de petites à moyennes superficies favorisent l’acceptabilité et permettent ainsi une plus grande prise de conscience et une plus grande responsabilisation des générateurs de déchets.

La présence de cours d’eau à proximité est à éviter afin de prévenir toute contamination. Le choix du terrain devrait aussi prendre en considération la distance par rapport au service d’incendie de la municipalité pour permettre la surveillance. Les pompiers sont formés pour réagir aux incidents impliquant des produits dangereux et peuvent réagir rapidement s’ils sont à proximité. Cela rassure la population et plus des gestionnaires de sites. (Idem)

Par contre, pour ne pas diminuer le taux de participation, la distance séparant l’écocentre au bassin de la clientèle ne doit pas dépasser 10 km ou être à moins d’une quinzaine de minutes de voiture (S.M. Inc., 2013). Pour faciliter les déplacements, des indications routières claires grâce au pictogramme reconnu par le ministère des Transports du Québec (figure 6.1a) et un affichage efficace pour indiquer son entrée sont essentiels afin d’orienter les utilisateurs (figure 6.1b).

6.2 Réseautage coopératif avec les acteurs du milieu

Les administrateurs doivent prioriser les organismes et entreprises locaux utilisant une ou des matières circulant sur le territoire et ainsi éviter toutes formes de compétition qui risque d’affaiblir ses acteurs et engendrer une opposition exaltée contre l’implantation d’un écocentre dans la région. Certains partenaires récupérateurs fournissent le transport, les contenants, les absorbants granulaires ou bien la formation afin de prendre en charge les RDD à faible coût (Recyc-Québec, 2009b).

Par exemple, à l’écocentre Neuville, un collecteur vient chercher gratuitement les bouteilles de propane,

afin de les sabler, les peindre et les revendre (Mercure, 2014). Les partenaires peuvent également

fournir les contenants pour les matières à récupérer. Par exemple, l’organisme qui récupère les vêtements à l’écocentre LaSalle fournit gratuitement les cloches et la collecte des textiles. La ville de Sherbrooke mise sur une entente avec un organisme communautaire local, Sport Transaction, pour la prise en charge des vêtements et des articles de sports récupérés. Cet organisme vient chercher

gratuitement le matériel et complète le tri dans ses installations. Le linge trop usé pour le réemploi est

acheminé vers Récupex pour en faire des linges industriels. Pour les vélos, la maison des jeunes fait la réparation et l’organisme Vélo Nord-Sud les revend à prix modiques (Charbonneau, 2014).

Pour augmenter le taux de réutilisation des matières et objets réutilisables, il faut nécessairement créer des occasions et des lieux de rencontre pour mettre en contact un nouvel utilisateur potentiel avec les produits qui sont désuets pour certains, mais toujours fonctionnels. Les boutiques de l’Armée du Salut et Figure 6.1 : Exemples de signalisation et d’affichage pour indiquer les écocentres

A) Pictogramme reconnu par le MTQ pour les indications routières (tiré de : MTQ, 2014). B) Affiche de l’entrée de l’écocentre de Petite-Patrie à Montréal (tiré de : Novae, 2008)

A

Renaissances, les antiquaires, librairies et disquaires, les collectionneurs d’objets authentiques, les friperies et marchés aux puces, les magasins d’articles de sports, d’appareils ménagers, d’instrument de musique, jouets et jeux électroniques usagés sont tous des exemples de centres ou des échanges peuvent être réalisés.

Les organismes œuvrant dans le domaine de la gestion des matières résiduelles sont nombreux. Afin de développer un réseau d’échange dynamique, local et durable, les gestionnaires d’écocentre peuvent se tourner vers différents réseaux : le réseau des ressourceries du Québec, le réseau québécois des centres de formation en entreprise et récupération (CFER), le réseau communautaire de récupération du textile (Cortex), le Conseil québécois des entreprises adaptées (CQEA) pour ne nommer que ceux-ci.

6.3 Affiliation et soutien aux entreprises d’économie sociale

Les entreprises d’économie sociale (EÉS) occupent une part active des activités de récupération, du réemploi et du recyclage. Elles créent des emplois durables et de qualité, produisent des biens et services et contribuent à valoriser des matières résiduelles des communautés.

Ces entreprises, d’une richesse inestimable, doivent occuper une place de choix dans la gestion durable des matières résiduelles. Il existe actuellement une portion d’utilisateurs habitués à visiter les friperies et les centres de biens usagés existants sur le territoire. Il est essentiel de nourrir ces comptoirs d’entraide ou entreprises d’économie sociale au lieu d’ajouter de nouveaux endroits pour étaler des biens réutilisables. De plus, en mettant de l’avant ces organismes et en invitant les citoyens à déposer leurs objets réutilisables directement dans ces lieux, les risques de bris ou détérioration en sont aussi réduits. Les municipalités peuvent encourager ces entreprises à mission sociale de plusieurs façons : en leur offrant des contrats de service; par une exemption de frais de gestion des matières résiduelles ou de taxes foncières; par une location ou le don de locaux à titre gracieux; par de la publicité auprès des citoyens; par le don des matières reçues à leur écocentre ou toutes autres ententes mutuelles. Un exemple de contrat de service dans le secteur du réemploi et de réinsertion sociale est vécu à la municipalité de Salaberry-de-Valleyfield. Elle compte sur les membres de l’entreprise d’économie sociale la Recyclerie pour faire la gestion d’un dépôt de RDD sous la supervision d’un technicien spécialisé en la matière. Les usagers du centre de dépôts sont satisfaits du service obtenu par les préposés provenant de milieux défavorisés ou ayant un diagnostic de santé mentale. (B@C, 2014).

6.4 Éducation et sensibilisation de la population

La dimension sociobioculturelle est fondamentale pour effectuer un changement de paradigme en terme de gestion des matières résiduelles. L’individu doit être placé au centre de cette dimension puisque les perceptions et les croyances mènent aux attitudes face aux problèmes environnementaux (Olivier, 2010). Les écocentres se doivent donc d’être actifs dans le milieu et leurs vocations doivent s’étendre jusqu’à l’éducation et la sensibilisation. Il faut non seulement viser les résidents, mais aussi les ICI, les entrepreneurs des CRD et autres métiers, puisqu’un volume substantiel de matières résiduelles transige dans ces secteurs économiques.

La sensibilisation doit donc favoriser l’augmentation de la collecte et récupération des matières, mais aussi réduire, voire faire disparaître, les freins actuels au réemploi et faciliter le retour des matières sur le marché. Une des difficultés actuelles se retrouve dans l’absence de garantie et l’obsolescence des produits, ce qui effraie les consommateurs. Ajoutons à ces difficultés le faible coût des produits neufs et la perception du consommateur. Un travail important est à réaliser afin de changer les mentalités afin que les gens de toutes les classes sociales aient le réflexe de se procurer des produits usagés (Lanoie, 2007).

Afin de prévenir le ralentissement et la régression de projets en faveur des 3RV, il faut prévoir les inquiétudes et préoccupations des citoyens. Conséquemment, la communication doit être faite dans les deux sens, soit de la gouvernance vers la population et vice-versa. De plus, des campagnes publicitaires et d’informations récurrentes doivent être exécutées afin d’attirer et de fidéliser un maximum de citoyens. Tout ajustement ou modification du fonctionnement doit être communiqué à tant à l’interne qu’à l’externe afin d’assurer le fonctionnement optimal de l’écocentre et, ainsi, éviter les malentendus. Le bottin environnemental, document où les organisations et entreprises sont identifiées selon les groupes de matières résiduelles prises en charge, est un outil très performant pour supporter la récupération, le réemploi, le recyclage et la valorisation. L’élaboration et la mise à jour de ce type de document ne sont pas de minces tâches, mais l’effort de communication est un des indicateurs phares de toute réussite de projet de développement social.

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