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Critère d’efficacité et compétence élémentaire

2.4 Définitions

2.4.4 Critère d’efficacité et compétence élémentaire

Nous avons présenté au chapitre 1 la définition d’une compétence élémentaire5. On rappellera ainsi que selon Perrenoud repris par Roux (Roux, 2011), « une compétence peut fonctionner

elle-même comme une ressource, mobilisable par des compétences plus larges ». Considérons

que :

P est un projet.

C est l’ensemble de toutes les compétences référencées dans le système. Remarque : Les

compétences sont identifiées au niveau métier. Elles doivent être créées manuellement dans le système par l’administrateur. Elles sont ensuite toutes instanciées dans le SMA sous la forme d’un agent compétence et disponibles dans les listes de compétence présentées à l’utilisateur dans les différentes interfaces.

CE est l’ensemble de toutes les compétences élémentaires Ce et tel que CE ⊄⊄⊄⊄ C. Une compétence élémentaire n’est généralement pas une compétence, mais nous ne

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l’excluons pas. De plus, si Ci est une compétence, alors Ci sera qualifiée de « haut niveau » si elle est composée de compétences non élémentaires.

L’un des problèmes identifié est le niveau de granularité du découpage des compétences Ci en compétences élémentaires Ce. Dans certains secteurs d’activité, ce niveau de granularité est connu et fait d’ailleurs l’objet de descriptions formalisées, au moins pour ce qui concerne les savoirs explicites (Schlick, 2009) (Gladun, 2007) (Le Blanc, 2007). C’est le cas, par exemple, pour des processus de production industriels. A l’opposé, ce n’est pas forcément vrai lorsque, à l’instant t, un utilisateur interroge le système pour la réalisation d'un projet P. Si l’utilisateur est généralement plus ou moins capable d'identifier les compétences Ci de « haut niveau » requises pour réaliser P, il n’est pas forcément capable de définir précisément toutes les compétences élémentaires Ce qui composent les compétences Ci.

Cette difficulté nous amène à discuter d’un problème complémentaire qui est celui de l’évaluation d’un projet une fois qu’il a été réalisé. Pour y répondre, nous proposons de manière relativement classique d’évaluer (à postériori) la mise en œuvre de chaque compétence Ci dans un projet P grâce à des critères notés Ce. Pris de manière unitaire, chacun des Ce:

1. Possède un poids PCe (de valeur 1 par défaut) qui traduit le niveau d’importance qu’on

accorde au critère Ce par rapport aux autres critères retenus dans CE.

2. Participe en fonction de son poids PCe à l’évaluation globale de l’instance de compétence

Ci pour le projet P.

2.4.4.2 Equivalence entre critère d’évaluation et compétence élémentaire

Dans notre système, nous avons proposé d’évaluer concrètement l’exercice d’une compétence

Ci mise en œuvre dans un projet sur la base de critères d’efficacité. Prenons un exemple dans le jeu de rugby en considérant le poste (la compétence) de demi de mêlée. Les critères de jugement de cette compétence sont typiquement :

• Pourcentage de passes réussies. • Pourcentage de plaquages réussis. • Nombre de ballons pris à l'adversaire. • Nombre de ballons touchés.

• Capacité de pénétration (nombre de mètres avancés avec le ballon en mains). • Vitesse pure (pour les trois-quarts et arrières).

• Nombre de kilomètres parcourus rapporté au temps de jeu. • Pourcentage de réussite de pénalités et drops.

A l’issu d’un match, l’entraineur de l’ASM Clermont Auvergne, par exemple, procède à l’évaluation de l’efficacité d’exercice de la compétence (du poste) en attribuant des notes (sur 4 points par exemple) à chaque critère. Or, précisément, si une compétence peut être évaluée à

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partir d’une liste de critères, pourquoi ne pas définir les compétences élémentaires comme étant équivalentes à ces critères ? C’est l’idée que nous avons retenue.

Formulons l’hypothèse d’assimiler chaque compétence élémentaire Ce à un critère

d’efficacité de jugement d’une compétence Ci dans un projet P.

Au paragraphe « 1.2.6 Compétence élémentaire », nous avons vu qu’il n’existe pas de méthode standardisée et didactique de décomposition des Ci en Ce compte tenu des spécificités de chaque secteur d’activité métier. Notre hypothèse de travail permet d’apporter une réponse, bien que partielle, à cette problématique puisque :

1. Définir des critères d’efficacité de jugement pour chaque Ci revient à définir de manière implicite une liste de Ce.

2. Définir des critères d’efficacité garantit une adéquation maximale avec le contexte métier dans lequel le système est utilisé. Quel que soit le domaine fonctionnel, toute évaluation repose concrètement sur des éléments (ici nos critères) qui « font sens », sont significatifs, utiles, représentatifs, interprétables et exploitables dans le contexte métier où ils sont déterminés.

Nous identifions cependant des limites à notre proposition parmi lesquelles :

1. Un risque potentiel de non exhaustivité de l’identification des Ce. Rien ne garantit finalement que l’ensemble des critères d’efficacité de jugement représente l’exhaustivité des Ce définissant une Ci. En reprenant notre illustration, la compétence de demi de mêlée peut nécessiter une compétence élémentaire « savoir définir la meilleure option de

jeu suite à une mêlée » qui n’est pas incluse dans la liste des critères de jugements

présentée. Nous pouvons toutefois dire que, à minima, que la liste des critères de jugement est incluse dans (ou potentiellement égale à) la liste exhaustive des Ce définissant une Ci. 2. Un risque de non atteinte du niveau optimal de granularité de la décomposition en

Ce. Les exigences du domaine métier président au niveau de granularité de la décomposition. Reprenons notre exemple sur la compétence de demi de mêlée dans le jeu de rugby :

• L’entraineur de l’ensemble de l’équipe ASM Clermont Auvergne nécessite une évaluation des 8 critères proposés pour ses prises de décision stratégiques lors de la composition de son équipe pour chaque match.

• L’entraineur dédié spécifiquement aux lignes arrières, quand à lui, peut ne pas être intéressé par certains critères tels que « pourcentage de plaquages réussis » ou bien encore « nombre de kilomètres parcourus rapporté au temps de jeu ». Cependant, il aurait pu souhaiter un niveau de granularité différent pour le critère « pourcentage de

réussite de pénalités et drops ». En rugby, ces deux manières de marquer les points

(pénalités d’un côté, drops de l’autre) nécessitent d’exercer des gestes techniques différents. Notre entraineur aurait pu souhaiter une décomposition (ou un niveau de granularité) différent afin de pouvoir cibler son entrainement du joueur sur le point le plus faible de ce dernier.

• L’entraineur spécifique des lignes avants, de son côté, aurait pu désirer encore une autre décomposition pour entrainer le joueur sur les aspects du jeu dont il a la charge.

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Malgré les limites que nous venons de voir, en considérant les exemples fournis, nous pouvons dire que les Ce déduites de la liste des critères sont bien les plus « essentielles », les plus représentatives, ou du moins les plus importantes dans la définition d’une Ci. Notre

proposition fait sens, même si elle peut être considéré comme partielle en termes de réponse vis-à-vis des niveaux d’exhaustivité et de granularité. Toutefois, sur le terrain, on constate que les processus de production industriels, les projets et les actions attendues dans l’exercice d’une compétence (d’un poste) évoluent. Rien ne semble donc réellement « figé », ce qui place notre proposition en adéquation forte avec la réalité observée. Que ce soit dans notre système ou sur le terrain, la liste des Ce composant une Ci vari et accompagne les évolutions induites par le contexte métier et de la réalité des projets.

Ainsi, pour un projet P, nous restons cohérents lorsque nous cherchons à déterminer les poids

PCe associés aux critères d’efficacité Ce qui définissent la compétence Ci. On notera qu’un critère Ce peut être (ou non) évalué de manière systématique lorsque la compétence Ci est mise en œuvre dans P. Il n’est alors pas absurde de penser que certains critères Ce ne sont pertinents que dans le cadre de certains Pdonnés et bien identifiés. Dans ce cas, le critère Ce devient « spécifique » à P.

Finalement, nous définirons l’évaluation globale (cf. équation 3) d’un projet P, démarré à un instant t, comme étant la somme de chaque évaluation unitaire Em (cf. équation 2) d’instances de compétences élémentaires Ce (en prenant en compte chacun de leur poids PCe), pour les instances (incarnations) de chaque compétence Ci mises en œuvre dans ledit projet. On parle bien, dans le contexte de P, d’instances de compétences et de compétences élémentaires, et non des compétences et compétences élémentaires elles-mêmes.

=

×

=

' 1

)

(

n e e e e m

PC

C

valeur

PC

E

(2) et

( )

=

=

' 1 n m m

E

Evaluation P

(3) Prenons deux exemples illustratifs :

Exemple 1. Secteur d’activité du bâtiment.

Pour juger de l’efficacité de mise en œuvre de la compétence « poser des panneaux photovoltaïques » nous proposons les critères d’efficacité suivants :

1. Nombre de panneaux posés : ce critère induit une compétence élémentaire. Pour le réaliser, il est nécessaire de « savoir poser des panneaux ».

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2. Délais de réalisation, c’est à dire durée du chantier de pose. Ce critère est en lien avec l’acteur humain mettant en œuvre la compétence.

Exemple 2. Secteur d’activité sportif, jeu de rugby.

Si l’on assimile les postes des joueurs à des compétences, supposons que pour juger de l’efficacité de mise en œuvre de la compétence de demi de mêlée, nous proposions d’évaluer les critères d’efficacité suivants :

1. Nombre de pénalités réussies, nombre de transformations réussies et nombre de drops réussis. Ces 3 critères peuvent être vus comme autant de compétences élémentaires. Pour les réaliser, il est nécessaire de posséder un savoir faire de base : « savoir botter » (placer le ballon entre les perches suite à un coup de pied).

2. Nombre de matchs joués. Ce critère est en lien direct avec l’acteur humain mettant en œuvre la compétence.

Dans les deux exemples, la liste des critères proposés est bien entendu non exhaustive et purement subjective. Dans l’exemple de pose des panneaux photovoltaïques, intuitivement, on peut penser que le critère « délai de réalisation » n’est pas catégorisable, à priori, parmi les compétences élémentaires. Il semble relever simplement d’un constat, à savoir le délai de réalisation de la pose par l’acteur humain. Mais il est toujours possible d’assimiler ce critère à une compétence élémentaire sous-jacente qui serait de « savoir travailler dans les délais ». Le constat est identique pour l’exemple du jeu de rugby. On peut penser que le critère « nombre de matchs joués » n’est pas catégorisable dans les compétences élémentaires. Mais il est toujours possible d’assimiler ce critère à la notion « d’expérience », c’est-à-dire à une compétence élémentaire sous-jacente qui serait l’« acquisition de comportements appropriés en situation difficile non apprise à l'entrainement ». En conséquence, même dans le cas où les critères d’efficacité ne semblent pas vraiment être de prime abord des compétences élémentaires, ils en sont tout de même, d'une manière ou d'une autre, une abstraction.