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CRITÈRE CONDITIONS PROPICES À L’ADOPTION DES DIFFÉRENTS RÉGIMES SYLVICOLES Futaie jardinée Futaie irrégulière Futaie régulière

FICHE TECHNIQUE Diversification des régimes sylvicoles

CRITÈRE CONDITIONS PROPICES À L’ADOPTION DES DIFFÉRENTS RÉGIMES SYLVICOLES Futaie jardinée Futaie irrégulière Futaie régulière

Structure du

peuplement Jardinée ou irrégulière Irrégulière, étagée, ou régulière avec présence suffisante d’essences

Tous sauf pionnier et essences de lumière (stades stable, faciès et intermédiaire). Convient particulièrement aux peuplements mélangés, puisqu’il permet de s’ajuster aux exigences des diverses essences

développement Mûr et vieux, ou jeune si irrégulier Tous

Composition Essences tolérantes et

longévives abondantes Présence d’essences longévives (au moins 25 %, à titre indicatif);

peuplements comportant un mélange d’essences de tolérance et de longévité diverses

Absence ou rareté d’essences tolérantes et longévives

Vigueur Bonne dans les étages inférieurs (les arbres résiduels ont au

moins 1/3 de cime vivante)

-Végétation

compétitrice Risque d’envahissement faible à élevé Risque d’envahissement faible CRITÈRE CONDITIONS LIMITANTES POUR L’ADOPTION DES DIFFÉRENTS RÉGIMES SYLVICOLES Conditions de site Terrain dénudé en amont, exposé aux vents dominants (risque de

chablis); dépôts minces, sommets, hauts de pente et autres sites exposés aux vents dominants (risque de chablis)

Terrain dénudé en amont,

peuplement Régulière avec présence d’essences longévives insuffisante Jardinée ou irrégulière (risque d’aggraver les problèmes de

Vigueur Faible ou insuffisante dans les étages inférieurs

-Régénération

préétablie Absente ou rare (alors que le couvert n’est pas complètement fermé)

- Rare ou éparse (à maturité)

Accessibilité Nécessité d’un accès

permanent À prévoir en fonction du scénario

sylvicole élaboré Nécessité d’un ou de quelques

accès ponctuel(s) (intégrer la prise en compte de l’éclaircie précommerciale, le cas échéant)

FICHE TECHNIQUE Diversification des régimes sylvicoles

Diversification des régimes sylvicoles, complément d’information... 1

complément

les arbres sont issus de graines et forment des fûts à maturité, on distingue la futaie régulière, la futaie irrégulière et la futaie jardinée, selon la structure d’âge du peuplement. Ces différents régimes se caractérisent par une séquence planifiée des interventions déterminant la conduite du peuplement. Ils permettent de préciser le scénario sylvicole à suivre, c’est-à-dire la planification de l’ensemble des interventions nécessaires, notamment, pour les soins culturaux, la récolte et l’établissement d’un nouveau peuplement (OIFQ, 2003).

Un certain flou terminologique entoure le régime irrégulier (Comité d’experts sur les solutions, en prép.); toutefois, un article récent* préparé par des chercheurs de la Direction de la recherche forestière (DRF) du MRNF (Raymond et al., 2009) permet de le dissiper. En tenant compte de cet article, on considère que les peuplements bisétagés pourraient être associés aux peuplements irréguliers. La coupe progressive à régénération lente conviendrait pour amorcer une certaine irrégularité de la structure du nouveau peuplement. Elle pourrait également être conçue de manière à assurer le maintien d’un couvert forestier permanent répondant à un seuil de hauteur prédéterminé en fonction de besoins biologiques.

Il serait cependant judicieux de se pencher sur la question de la « coupe finale », relativement à l’objectif de maintien d’une structure irrégulière, et d’explorer de nouvelles avenues permettant de répondre à cet objectif au besoin (ex. : coupe progressive irrégulière à couvert permanent sensus Raymond et al., 2009).

Ces nouvelles avenues appartiennent à la portion du spectre où l’éventail des âges couvre plus de 50 % de la révolution sans que toutes les classes d’âge soient nécessairement représentées (Comité d’experts sur les solutions, en prép.). Elles devraient être explorées, car elles pourraient fournir le contexte pour la mise en application de scénarios sylvicoles qui permettraient de favoriser le plus possible l’augmentation de la complexité structurale, et ce, grâce à une intervention qui s’inscrit dans la philosophie du jardinage, mais où les exigences relatives à la régularisation de la structure seraient plus flexibles. Toutefois, les variations possibles, tant sur le plan de l’intensité de prélèvement que celui des rotations, font en sorte que la modélisation de tels scénarios pose de nouveaux défis (Raymond et al., 2009).

Étant donné que les régimes irrégulier et jardiné permettent le maintien d’un couvert (au moins partiel, avec sous-couvert dense dans le cas de l’irrégulier), la diversification des régimes constitue une mesure qui répond, dès maintenant, au problème d’inversion de la matrice forestière. La diversification représente donc une avenue à privilégier dans le cadre de la restauration écosystémique.

Une bonne intégration de la diversification des régimes dans la planification permet d’éviter que des portions entières du paysage ne soient rajeunies d’un bloc; elle favorise plutôt un mélange de peuplements parvenus à différents stades de développement et minimise ainsi les effets négatifs, tant sur la qualité de l’habitat que sur celle du paysage.

S’inspirer des perturbations naturelles

À l’époque préindustrielle, près de 60 % des forêts de la réserve faunique des Laurentides étaient de structure équienne, alors que le reste présentait une structure surtout irrégulière (39 %) et rarement jardinée (2 %) (Leblanc et Bélanger, 2000). Afin d’être en mesure de reproduire cette variabilité, l’aménagement écosystémique devrait donc favoriser une diversification des régimes sylvicoles.

Dans les sapinières, cette diversification devrait principalement s’orienter vers la mise en place – sur une portion du territoire – d’une structure qui ne soit pas régulière, par l’utilisation des régimes irrégulier et jardiné.

Le régime des perturbations naturelles produit une variabilité structurale dont les caractéristiques dépendent des agents de perturbation en cause.

Le régime régulier

Les perturbations à l’origine d’un nouveau peuplement – que sont les feux intenses, les épidémies sévères et chablis total, peuvent servir d’inspiration pour l’élaboration de scénarios sylvicoles du régime régulier.

Les feux provoquent généralement l’apparition d’un nouveau peuplement sur d’importantes superficies. Toutefois, quelques individus peuvent résister et certaines portions du territoire ne seront affectées que partiellement, d’autres seront épargnées, et l’étendue de ces portions sera fort variable (Bouchard, 2005).

Lorsqu’elles sont sévères, les épidémies de TBE peuvent être à l’origine d’un nouveau peuplement (Bouchard, 2005). Toutefois, même dans ce cas, elles ne provoquent pas toujours la mort de tous les arbres (Déry et al., 2000; Bouchard, 2005). Par ailleurs, la sévérité des épidémies n’est pas toujours élevée et la mortalité

* Au moment d’écrire ces lignes, la version « acceptée » du manuscrit a pu être consultée.

qui s’ensuit dépend d’une foule d’autres facteurs, notamment ceux influençant la vulnérabilité du peuplement comme son âge, sa composition et les conditions de site (Dupont et al., 1991). Les épidémies de TBE influencent aussi la dynamique des pessières entre les feux (Collectif sous la direction de S. Gauthier et al., 2008;

Tremblay, travaux en cours).

Par conséquent, les coupes finales du régime régulier devraient s’accompagner d’une certaine rétention de tiges vivantes et de bois mort, dont l’intensité devrait être variable (voir la fiche sur la coupe à rétention variable).

De plus, la mortalité par pied d’arbre résultant de la compétition entre les perturbations peut inspirer la réalisation d’éclaircies commerciales (voir la fiche sur l’éclaircie commerciale), intermédiaires ou précommerciales (voir la fiche sur les traitements d’éducation).

Le régime irrégulier

Les perturbations qui provoquent une mortalité partielle – comme le font les épidémies légères d’insectes, les chablis partiels ainsi que certains feux – sont des processus dont on peut s’inspirer pour élaborer des scénarios sylvicoles du régime irrégulier.

Dans les peuplements immatures, les épidémies de TBE provoquent généralement une mortalité partielle du couvert évaluée à 30 à 70 % du nombre de tiges (MacLean, 1980). Cette mortalité atteint surtout les tiges de sapin. Elle affecte, dans un premier temps, les arbres de moindre vigueur (Lussier et al.

2002) lesquels correspondent souvent aux tiges intermédiaires et opprimées (Baskerville et MacLean, 1979; Blais, 1985). La progression de la mortalité, qui suit un patron de distribution contagieuse (Baskerville et MacLean, 1979), produit des trouées dans le couvert qui favorisent le développement de la végétation présente en sous-étage, incluant la régénération préétablie là où il y en a. Il en résulte souvent des peuplements irréguliers (Bouchard, 2005). La forêt préindustrielle constituait une fine mosaïque de très petits peuplements (Leblanc et Bélanger, 2000).

Encore aujourd’hui, on constate souvent l’existence d’une grande variabilité des conditions à l’intérieur des peuplements. L’adoption d’un régime irrégulier permet d’aborder cette variabilité de manière à la conserver, et même l’augmenter.

Dans certains cas, une mortalité partielle distribuée de manière diffuse au sein du couvert, combinée à une banque de semis résineux préétablie bien pourvue, donne naissance à un peuplement bisétagé (Roberge, 1964). Lorsque cette mortalité progresse selon une distribution contagieuse, elle forme plutôt des peuplements présentant une structure irrégulière par bouquets résultant d’une dynamique par trouées (Bouchard, 2005)

Ainsi, les scénarios du régime irrégulier pourraient varier selon que la période de régénération est inférieure ou supérieure à 50 % de la révolution de l’essence principale. Les scénarios dont la période de régénération est inférieure à 50 % de la révolution seraient alors classés dans la coupe à régénération lente (voir la fiche correspondante) et comporteraient une coupe finale accompagnée préférablement d’un maintien de legs biologiques.

D’autres scénarios, à explorer, pourraient utiliser une période de régénération supérieure à 50 % de la révolution et prévoir le maintien d’un couvert irrégulier (ex. : coupe progressive irrégulière à couvert permanent (Raymond et al.,2009)).

Le régime jardiné

Les perturbations récurrentes qui entraînent une mortalité partielle – comme le font les épidémies légères d’insectes – ou la mortalité par pied d’arbre – comme l’autoéclaircie et la sénescence d’arbres dans un peuplement présentant déjà une structure irrégulière ou jardinée – peuvent servir de modèles pour l’utilisation de scénarios sylvicoles du régime jardiné.

Toutefois, dans la réserve faunique des Laurentides, la sapinière préindustrielle présentait rarement une structure verticale développée sur une unité de surface réduite, comme l’indique le portrait (les peuplements de structure jardinée occupaient seulement 2 % du territoire). Dans ce cas, l’utilisation du régime jardiné constitue plutôt un moyen pour assurer le maintien d’un couvert forestier mature permanent.

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