Ce
balcon est orné de trois statues d'anges toutes modernes.Au-dessus de la galerie des Rois s'élève le fron-ton du portail, érigé dans les premières années du xve siècle et reconstruitrécemment.
Chacune
des tours, en son étage supérieur, est flanqué de quatre tourelles, dontl'une sert de cageà un escalier, donnant accès aux plates-formes.
Ces tours sont complètement à jour et d'une sur-prenantelégèreté, tout en offrant une construction solide et bien comprise. D'après les plans
primi-98 LA CATHÉDRALE DE REIMS
tifs, elles devaient être couronnées de flèches en pierre, dont les amorces ont été établies lors des dernières restaurations.
Nef.
—
Les façades latérales de la nef sont de purs chefs-d'œuvre. C'estlà peut-être que l'archi-tecture de la cathédrale atteint la plus grande per-fection etcommande une
admiration sans réserve.Aucun
autre édifice n'offre des contreforts aussi bien proportionnés et d'un effet aussi décoratif.Cescontreforts, au
nombre
deseptde chaque côté, sont amortis parde beaux pinacles octogonesflan-qués de quatre petites pyramides triangulaires, et
soutenus en avant par deux colonnes détachées, très sveltes et très élégantes. Les niches formées par ces colonnes et par les dais imposants qui les
surmontent sontoccupées par des anges aux ailes éployées portant les instruments de la Passion et divers autres
emblèmes. Deux
arcs-boutants super-posés s'appuient surles contreforts pourétayerlesmurs
de la nef.A
la base des fenêtres hautes de lanef règne un
chemin
de ronde qui circule tout autour de l'édifice, en pénétrant à l'intérieur lelong de la façade du grand portail et de celles des croisillons du transept.
A
la naissance des combles de la nefs'étendun passage qui avaitnaguèrepour balustradeune
galerie refaitevers i5oG, pour rem-placer celle qui avait été détruite parl'incendie de1481. Cette galerie n'a pas trouvé grâce devant nos
modernes
restaurateurs.En
1878, M. Millet, archi-tecte diocésain, lui a substitué, du coté du midi.NEI
!)()
une galerie touteneuve, fort peu satisfaisante avec ses éléments étrangers au style de la cathédrale de Reims, ses gables massifs et ses pinacles abri-tant des glacis garnis d'écaillés. Les critiques 1res vives, élevées à ce sujet, ont décidé son
Photo lesMonumentsliistoriqui
Saint Louis (Slatuc d'un contrefort.)
successeur, M. Ruprich-Robert à adopter un autre parti pour la restauration de la galerie du nord.
11 s'est inspiré avec plus de raison d'une arca-ture qui subsiste encore contre la tour, cl qui se reliait à la claire-voie primitive, construite vers
la lindu xiv° siècle, et offrait probablementle
même
dessin. C'était un
modèle
que l'on pouvait suivre; il eût été toutefois préférablede conserver la gale-rie de îaoG, en se bornant aux travaux nécessairesIOO LA. CATHÉDRALE DE REIMS
pour en assurerla consolidation.
On
a eu d'ailleurs la très louable attention d'en garder un fragment quia été remonté parterre, entredeux
contreforts,du
côté septentrional, dans la cinquième travée de la nef à partir de la tour.En
voyant ces gra-cieux et délicats arceaux, on regrettera sans doute que l'on ait jugé à propos de sacrifier une œuvre, qui, pour êtredune
époque assez avancée, n'en avait pasmoins un
réel mérite.En
la première travée de la nef, au sud, une petite portedonne
accès dans le bas côté.Son
lin-teau offreun
bas-relief représentant saintRémi
chassant des
démons
qui avaient provoqué un incendie en la ville deReims
; lemôme
sujet se retrouve au portail nord.Transept.
—
Les quatre tours qui flanquentles croisillons du transept, sont restées inachevées etne s'élèvent pas au-dessus
du
premier étage. Cet étage est percé de larges baies dont le remplage, semblable à celui de toutes les fenêtres de l'édi-fice,consiste en deuxarcsjumeaux
surmontéd'une rose à six lobes. Les niches des contreforts abri-tent des statues de rois, qui seraient, d'après l'opi-nioncommune
des archéologues rémois,non
des rois de Juda, mais des rois de France.A
l'angle dela tour du sud-ouest, un personnage
monté
surun
lion serait Pépin le Bref; près de lui on croit voir
Charlemagne
; quant aux autres, lesnoms
qu'on avoulu leur
donner
sont fort arbitraires. Toutefoisla statue qui se trouve sur la face occidentale de
THANSKI'T IOI la tour du nord-ouest, dans le contrefort voisin de l'angle de la nef, a tous les caractères d'un
por-PhotodesMonumentshistoriques.
Statues de la pokte de gauche, au portail septentrionai
trait. M. l'abbé Cerf y a reconnu saint Louis, et cette conjecture s'accorde assez bien avec ce que nous savons de l'iconographie de ce prince. Les
traits
du
visage ressemblentbeaucoup
à ceux deLA CATHEDRALE DE REIMS
l'iK.loHotllK
Les Damnés
(Portail du Jugement dernier.
la statue du pieux
monarque,
qui se voit au portailde l'église Saint-Vincentde Carcassonne.
La porte centrale qui s'ouvre dans la façade sep-tentrionale du transept, offre,
comme
le grandportail, une riche décoration sculpturale, mais plus sobre et
moins
surchargée. Contrele trumeau se dresse la statue d'un pontife coiffé d'une tiare.On
le considère généralementcomme
saint Sixte,premier évoque de Reims, bien que son costume
lui
donne
plutôt l'apparence d'un pape.Le
piédes-tal est orné de figurines symboliques : saint
Mar-tin partageant son
manteau
avec un pauvre, un chevalier luttant contre un dragon, unhomme
à cheval sur un lion, etc. Surl'ébrasement, à gauche, sont trois grandes statues : saint Nicaise, déca-pité, portant sa tête entre ses mains, ayant à sa gauche sasœur
Entropie,compagne
de sonmar-TRANSEPT io3
PhotoRothier.
Abraham recevant les âmes Portail du Jugement dernier.
type, et à sa droite un ange qui l'encense. Sur la paroi de droite est saint
Rémi
recevant la SainteAmpoule
; à sa droite, Clovis revêtu d'une longue tunique (lenimbe
placé derrière sa tète rend cette attribution un peucontestable); à gauche,un
ange.Le tympan, partagé en cinq registres, présente des scènes de la vie de saint
Rémi
et de saint Ni-caise. Sur le premier, encommençant
par en bas, on voit, d'un côté, le massacre de saint Nicaise par les Vandales, et de l'autre, saintRémi
bapti-sant Clovis; surle second, saint Rémi, enfant, ren-dant la vue à Montan, saintRémi
expulsant de la ville deReims
les diables qui l'avaient incendiée ;sur le troisième, l'histoire de Job ; sur le qua-trième, la résurrection d'une jeune fille de Tou-louse, opérée par saint Rémi, et l'épisode d'un tonneau qu'il a miraculeusement rempli de vin ;
I04 LA CATHEDRALE DE REIMS
enfin, tout au
sommet,
le Christentre deux anges.Dans
la voussure sont disposés sur trois rangs des évoques, des patriarches et des papes.La porte de gauche est depuis longtemps bou-chée. Le trumeau est occupé par une admirable statue deJésus bénissant de la
main
droite et por-tant de la gauche laboule du inonde.Elle rappelle leBeau
Dieu de la cathédrale d'Amiens, et occupe sans contredit l'un des premiers rangs parmi les chefs-d'œuvre de lasculpture duxm
e siècle. Sur le socle, des petites figures d'une extrêmedélicatesse etgroupées avec beaucoup d'art, paraissent repré-senter unmarchand
de drap arrêté pour avoirvendu
à faussemesure
et conduit aux pieds de la Sainte Vierge pour yfaireamende
honorable.On
a prétendu dès le xviiic siècle, d'après une tradi-tion dontnous ne garantissons pas l'authenticité,
que le coupable, en réparation de sa faute, aurait élevé la statue à ses frais. Contre les parois sont rangées six statues d'apôtres : à gauche, saint
An-dré, saint Pierre, saint Barthélémy; à droite, saint Jean, saint Jacques et saint Paul.
Le tympan
est consacré à la représentation duJugement
dernier.Au sommet
est le Christ assis entre la Sainte Vierge et saintJean-Baptiste ; der-rière ceux-ci, deux anges portent des instruments de la Passion. Au-dessous, sur deux rangs, on voit les morts ressuscitantdeleurs tombeaux. Plus bas sont, d'un côté, les vertus, sous la figure defemmes
assises, près desquelles onremarque
un évêque et un ange encenseur, de l'autre, les vicesTRANSEPT IOJ impurs, qui ont été mutilés en 1780, à cause de leur réalisme choquant. Sur le registre inférieur, à gauche, des anges apportent des
âmes
dans lePhoto Martin-Sabon.
Tympan roman de la. porte de droite, au portail septentrional
sein
d'Abraham;
à droite, Satan entraine vers l'en-feravec une chaînedesdamnés
de toute condition, parmilesquels, dans uneintention morale, et peut-être un peu satirique, on a placé unroi, un évêque,et un religieux.
La voussure offre trois cordons, dont les
deux
premiers sont ornés de figures d'anges, les uns tenant des livres,lesautresjouant de la trompette.Le
cordon intérieur est occupé par les Vierges sages et les Vierges folles, avec leurs attributs habituels.La petiteporte de droite s'ouvre sur un passage
IOG L.V CATHÉDRALE DE REIMS
voûté qui faisait
communiquer
la cathédrale avec les bâtiments claustraux. Elle est surmontée d'un beautympan roman
dont l'arc en plein cintre,décoré de gracieuses figures d'anges, encadre une Vierge assise sous un dais en forme d'édicule.
Ce morceau
de sculpture, qui paraît dater de 1180 environ, n'estpas à sa place primitive ; il a été rap-porté ici et utilisé dans les constructions faites au siècle suivant. Il provient sans doute de l'ancienne cathédrale, et a servi à l'origine d'enfeu à une sépulture.Un
remarquera, en effet, qu'ausommet
de l'arc est la figure d'uneâme
portée par des anges, et que les pieds-droits nous montrent des clercs olïîciant dans une cérémonie funèbre.Le
portail de gauche et le portail central doi-vent avoir été, ainsi que nous l'avons déjà dit, ajoutés après coup, vers 1240. Au-dessus de ce dernier, on aperçoit lessommets
de trois fenêtresà lancettes, dont il bouche la partie inférieure.
L'étage intermédiaire entre ces fenêtres etla rose est percé de trois œils-de-bœuf, formés de rosaces
à six lobes et encadrés pardes arcs enplein cintre qui reposent sur des colonnes adossées à la
mu-raille.
A
lanaissance de ces arcs sontlesemblèmes
des quatre évangélistes.La
rose estinscrite dans une voussure en tiers-point, dont les pieds-droits offrent, d'un côté, lastatue d'Adam, etde l'autre, celle d'Eve, tous deux revêtus de longues tuniques. Cette voussure est ornée de vingt-deux groupes de petites figures, retraçant, à gauche, l'histoire
d'Adam
et d'Eve etTKANSEl'T
de leur chute, et à droite, l'histoire de Caïn et d'Abel.
En
remontant vers lesommet
de l'arc, ou distingue la représentation des divers travauxaux-PhotoSeurdein.
Adam et Eté, voussuke de l*. kose septentrionale quels ont été assujettis nos premiers parents et leur postérité.
Une
galerie à jour, garnie de sept statues de prophètes, surmonte la rose. Ces statues datent duioS LA CATHEDRALE DE REIMS
l'IiotoLajoyi
La Synagogue (Façade méridionale
du transept.j
xiiie siècle, mais des res-taurations ont été faites, à la galerie en 184b. Celle-ci est couronnée d'une balustrade que
domine
un grand pignon triangulaire, flanqué de pinacles élan-cés, construit aucommen-cement
du xvic siècle et remis à neuf de nos jours.Le
sujet figuré sur cepi-gnon
est l'Annonciation ;la Sainte Vierge et l'Ar-change, deproportions co-lossales, sontplacés sous d'amples daisde style flam-boyant.
Lafaçade méridionaledu transept est dépourvue de
portail, et son étage infé-rieur est ajouré par trois hautesfenêtresà lancettes.
Au-dessus, l'architecture estidentique à celle de la
façade
du
nord :mêmes
œils-de-bœuf sous desarcs cintrés,
même
encadrement de la rose,même
galerie de prophètes,même
pi-gnon
flamboyant, flanqué de deux pinacles.THANSECT I0()
Au
bas dela rose, contre les pieds-droitsdel'are qui l'encadre, sontdeux
re-marquables statues : à
gauche, l'Église sous les traits d'une
femme
cou-ronnée, tenant un calice et un étendard ; à droite, laSvnagogue
avec un ban-deau sur les yeux et une couronne inclinée sur sa tète.Les statuettes qui dé-corent la voussure repré-sententles apôtres,du
côté del'Eglise, et lesprophètes de l'ancienne loi,du
côté de la Svnao'oo'iie.Ce
sontaussiseptprophè-tes, tenant en leurs mains des banderoles, qui sont rangésle longde lagalerie supérieure. Ces grandes statuesrcssembientacelles dela galerie du nord, dont
elles paraissent être