que l'unique poids de Hodge-Tate m vérie m ≤ 0. Soit h ≥ −m et d ∈ Dcris(D∗(χ)) et h ≥ 1 − m. On dénit le logarithme élargi comme le morphisme
Logε
D,1−h,d: HIw1 (D) → HA(Γ) par
LogεD,1−h,d(x) =Dx, ExpεD−1∗(χ),h( ed)ιE.
1.6 Courbes modulaires et formes modulaires
1.6.1.
Soit f une forme modulaire parabolique de poids k0, de niveau Nf et de caractère εf. La forme f admet un développement en série de Fourierf (z) =
∞
X
n=1
anqn, avec q = e2iπz
avec an= O(nk0/2)(voir de [Miy06, Corollaire 2.1.6]). Soit Q(f) le corps de nombres des coecients de f. On xe E une extension nie de Qp contenant ip(Q(f )) où ip : Q ,→ Qp. On note f∗ la forme modulaire conjuguée de f. C'est la forme de poids k0, de niveau Nf et de caractère ε−1 f dénie par f∗(z) = f (−z) = ∞ X n=0 anqn, avec q = e2iπz (1.17) où a est le complexe conjugué de a où i∞: Q ,→ C est xé.
On suppose que f soit une forme propre, c'est-à-dire un vecteur propre pour tous les opérateurs de Hecke Tn agissant sur les formes modulaires pour n ∈ N.
Soit l un nombre premier. On note El(f, X) le polynôme de Hecke de f en l El(f, X) = X2− alX + εf(l) lk0−1
.
On note αl(f ) et σl(f ) les deux racines de ce polynôme. Si αl(f ) 6= 0 on dénit aussi βl(f ) comme βl(f ) := ε 0 f(l)lk0−1 αl(f ) (1.18) où ε0
f est le caractère primitif associé à εf. On sépare alors en deux cas :
• si l - Nf on alors supposer que νl(αl(f )) ≤ νl(σl(f )) où νl est la valuation l-adique. Par les relations coecients-racines on a l'égalité σl(f ) = βl(f ). Par des résultats de Deligne, voir [Del71] et [Del74], le module des racines de Hecke vaut
Si νl(al) = 0, on dit que f est ordinaire en l, dans ce cas νl(αl(f )) = 0et νl(σl(f )) = k0− 1. Si on note (αl(f∗), σl(f∗)) les deux racines de Hecke de f∗ en l alors ce sont les racines de X2− alX + εf(l)lk0−1. On sait que les deux racines de ce polynôme sont nαl(f ), σl(f )o. En utilisant la valeur du module (1.19) on a
{αl(f∗), σl(f∗)} = lk0−1 αl(f ), lk0−1 σl(f ) .
Lorsque νl(αp(f )) < νl(σp(f )) l'ordre choisi sur les racines de Hecke implique αl(f∗) = l k0−1 σl(f ), σl(f ∗ ) = l k0−1 αl(f ). (1.20) Si νl(αl(f )) = νl(σl(f )) il n'y a pas d'ordre choisi sur les racines et on les choisit de manière à ce que l'équation précédente soit satisfaite.
• si l | Nf alors le couple (αl(f ) , σl(f )) vaut (al, 0).
Si l - Nf on dénit la l-stabilisation fαl de f par rapport à αl(f ) comme fαl(q) = f (q) − σl(f ) f ql .
C'est une forme modulaire parabolique de poids k0, de niveau lNf et de caractère εf. Alors
αl(fαl) = αl(f ), βl(fαl) = σl(f ).
1.6.2.
On dénit wNf l'opérateur d'Atkin-Lehner sur les formes modulaires de niveau k0 par wNff (z) := z−k0f 1 −Nfz . (1.21)On dit que f est une forme primitive si elle est parabolique, normalisée, propre et nouvelle. Si f est primitive alors il existe une constante notée λNf(f ) telle que
wNff = λNf(f )f∗
( [Miy06, Théorème 4.6.15]). On appelle λNf(f ) la pseudo valeur propre de Atkin-Lehner associée à f.
1.6.3.
On rappelle la dénition de certaines courbes modulaires (voir [Kat04]). Soient des entiers M, N ≥ 1 tels que M +N ≥ 5 et p ≥ 3 un nombre premier. On dénit Y (M, N) le Z[1/MN]-schéma représentant le foncteurS 7→ {Classes d'isomorphismes (E, e1, e2)}
où S est un Z[1/MN]-schéma, E/S une courbe elliptique et e1, e2 ∈ E(S) tels que e1 soit d'ordre M, e2 d'ordre N et (e1, e2)génère un groupe d'ordre MN. Pour N ≥ 4 on dénit Y1(N ) := Y (1, N ). An d'introduire les opérateurs de Hecke il faut dénir les courbes modulaires Y (M, N(A)) et Y (M(A), N). Ce sont des Z[1/AMN]-schémas. Y (M, N(A)) représente le foncteur
1.6. COURBES MODULAIRES ET FORMES MODULAIRES 37 où le triplet (E, e1, e2) ∈ Y (M, N )(S) possède les même propriétés que précédemment et C est un sous-groupe cyclique d'ordre AN tel que C contienne e2 et que l'application Z/M Z × C → E, (x, y) 7→ xe1+ y soit injective. On dit alors que C est complémentaire à e1. De la même manière, Y (M(A), N) classie les classes d'isomorphismes de (E, e1, e2, C) avec C un sous-groupe d'ordre AM contentant e1 et complémentaire à e2.
Toutes les courbes modulaires Y considérées précédemment sont équipées d'une courbe elliptique universelle π : E → Y . Pour r ≥ 1 on dénit
Hr := R1π∗(Z/prZ(1)) qui est un Z/pr
Z-faisceau lisse, étale et de rang 2 sur Y [1/p]. On note aussi HZp := lim←−
r
Hr, HQp := HZp⊗ZpQp
qui sont des Zp et Qp faisceaux respectivement.
Pour H un groupe abélien et k ≥ 0, on dénit le module des tenseurs symétriques TSymkH à valeurs dans H comme étant les Sk invariants du produit tensoriel H⊗k (voir Paragraphe 2.2 de [Kin15]). Ces modules forment une algèbre graduée
TSym H =M
k≥0
TSymkH
et pour tout h ∈ H et k ∈ N on note h[k] = h⊗k ∈ TSymk
H. L'addition et la multiplica-tions sont données par les formules
(h + g)[k] = k X j=0 h[j]g[k−j], h[m]h[n]=(m + n)! m!n! h [m+n]. (1.22)
Pour X un Z[1/p]-schéma régulier et F un faisceau étale localement constant de (Z/pn
Z)-modules sur X cela permet de dénir les faisceaux étales TSymkF pour tout k ≥ 0. On dénit ainsi les faisceaux TSymkHr pour r ≥ 1, TSymkHZp et TSymkHQp pour tout k ≥ 0.
On peut construire plusieurs morphismes entre les diérentes courbes modulaires dé-nies précédemment. Soient A, M, N des entiers tels que M + N ≥ 5. On note pr1 et pr2
les morphismes de Y (M, NA) → Y (M, N) dénis par
pr1(E, e1, e2) = (E, e1, Ae2), pr2(E, e1, e2) = (E/hN e2i, e1 mod Ne2, e2 mod Ne2). (1.23) On a des morphismes de projection
pr : Y (M, N (A)) → Y (M, N )
(E, e1, e2, C) 7→ (E, e1, e2) pr :b Y (M (A), N ) → Y (M, N )
On a un isomorphisme entre les deux courbes Y (M, N(A)) et Y (M(A), N) déni par ϕA: Y (M, N (A)) → Y (M (A), N )
(E, e1, e2, C) 7→ (E0, e01, e02, C0) où E0 := E/N C, e0
1 l'image de e1 et e0
2 l'image de [A]−1(e2) ∩ C dans E0 (réduite à un point) et C0 est l'image de [A]−1
Ze1 dans E.
Soient E1 et E2 les courbes elliptiques universelles au-dessus de Y (M, N(A)) et Y (M (A), N ) respectivement, il existe une isogénie canonique
λ :E1 → ϕ∗ A(E2).
Soit F := (Fr)r≥1 un pro-système de faisceaux étales sur un schéma S. On dénit la cohomologie étale continue dans le sens de Jannsen [Jan88] : Pour tout i on note Hi
´
et(S,F ) le i-ième rang du foncteur dérivé de
F 7→ lim
←−
r
H´et0(S,Fr).
Dénition 1.6.1. Pour l un nombre premier, et pour tout i, j, k avec k, i ≥ 0 on dénit l'opérateur de Hecke T0
l si l - MN (ou U0
l sinon) agissant sur Hi ´
et(Y (M, N ), TSymkHZp(j)) comme la composition
Tl0 = (pr)∗◦ (λ)∗◦ (ϕl)∗◦ (pr)b ∗.
1.6.4.
On garde les notations du Paragraphe 1.6.1, en particulier p est un nombre premier xé, f est une forme modulaire de poids k0et niveau Nf. On note E une extension nie de Qp contenant les coecients de la q-extension de f. On note S l'ensemble des nombres premiers divisant pNf. Soit Q(S) l'extension maximale de Q non-ramiée hors de S ∪ {∞}. On note GS := Gal(Q(S)/Q). Dans [Del71], Deligne a associé à toute forme parabolique une représentation Vf p-adique de GS := GalQ(S)/Q. Pour nous, il sera souvent plus commode de travailler avec la représentation duale V∗f := HomE(Vf, E)dont on rappelle la dénition.
Dénition 1.6.2. Soit N ∈ N tel que N | Nf. On note V∗
f le plus grand quotient de H´et1(Y1(N )Q, TSymk0−2
(HQp)(1)) ⊗QpE sur lequel les opérateurs de Hecke T0
l agissent comme al et on note πf la projection sur le quotient.
Alors Vf∗ est un E-espace vectoriel de dimension 2 au-dessus de E et possède une action galoisienne de GQ,S := Gal(Q(S)/Q) induite par l'action du groupe de galois sur la courbe modulaire Y1(N )
Q.
Pour tout N ∈ N tel que Nf | N le morphisme (pr1)∗ déni en (1.23) induit un morphisme
(pr1)∗ : H´et1(Y1(N )Q, TSymk0−2
(HQp)(1)) → H´et1(Y1(Nf)Q, TSymk0−2
1.7. INTERPOLATION P -ADIQUE DES FORMES MODULAIRES 39