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Lors de l’arrivée des colons portugais au royaume Kongo en 1491, sous le général Ruiz de Souza envoyé en ambassade auprès du Manikongo, une réception fut organisée à la cour. Elle eut lieu à Mbanza Kongo, le 30 avril 1491. Les richesses du royaume, visibles alors par les portugais au travers du faste de la cour, furent décrites par l’historien João de Barros, en 1552 :

Le souverain était assis sur une estrade de bois si haute que de partout on pouvait le voir. Son siège était fait d’ivoire et de quelques pièces de bois très bien ouvragées, à la façon du pays. Comme vêtements, pour le haut du corps il avait sa peau, très noire et luisante. Il s’était couvert le bas du corps, depuis la ceinture, d’une pièce de damas que lui avait donnée Diogo Caô (en 1486). Au bras gauche, il portait un bracelet de cuivre jaune et, à la même épaule, une queue de cheval (de zèbre en réalité) ornée, chose qui est tenue parmi ces gens pour un insigne royal. Sur la tête il avait un bonnet haut comme une mitre fait d’un tissu de palme très fin et mince, travaillé en relief à la façon dont on tisse chez nous le satin velouté99.

L’habit officiel du roi resta riche et coloré au fil des siècles. Il était un signe de richesse, et était fréquemment couvert de coquillages ou d’or :

98 Ibid. pp. 378-380.

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Le Roi était richement vêtu de jaune jusqu’à la ceinture. Il portait un riche pagne d’étoffe du pays ; à son cou pendaient de nombreuses chaînes d’or et des colliers de corail sur la peau. Il portait un manteau de damas jaune avec des bords en velours. Sur la tête, il avait un chapeau tout bordé d’or avec une couronne royale et plusieurs très beaux anneaux d’or aux doigts100.

A la cour du roi, la musique et la danse tenaient une grande place. Les nobles vivants avec le monarque dansaient pour lui exprimer respect et humilité. Les dignitaires les plus distingués dansaient aussi pour leur plaisir et celui du Manikongo.

La danse accompagnée par les musiciens de cour était effectuée par un noble nommé chilomba. Avec de grands pas, le danseur allait d’avant en arrière en deux ou trois fois, tout en agitant ses bras de haut en bas. Il tapait ensuite plusieurs fois dans ses mains, de manière très lente. Les autres gentilshommes reprenaient alors les battements. Le danseur se jetait ensuite aux pieds du roi, et roulait plusieurs fois sur lui-même en signe de soumission. Après la danse, les nobles montaient rapidement les quelques marches conduisant au trône, et posaient leurs mains sur les genoux du roi, et leur tête sur ses cuisses101.

Les cloches royales étaient parmi les instruments principaux à la cour. Elles étaient utilisées notamment lors du repas du roi. Celui-ci ne pouvait manger, parmi ses nombreuses demeures, que dans la maison consacrée à la nourriture et au vin. Il se nourrissait deux fois par jour. Le premier repas était le matin, aux alentours de dix heures.

Les plats étaient servis dans des paniers fermés. Un homme se postait devant la bâtisse avec une grande cloche ngongi. Il indiquait, par un tintement, que le repas royal avait été apporté. Le roi apparaissait alors, et tout le monde se retirait. Il était en effet strictement défendu de voir le roi manger ou boire, sous peine de mort.

Il s’installait ensuite sur son trône, orné de vannerie de feuilles et de tiges de palmier blanches et noire. A sa droite était assis un homme tenant une coupe de vin de palme, qu’il tendait au roi dès que ce dernier en faisait la demande. A sa gauche était un autre homme, détenteur de deux tiges en fer tenues verticalement.

Sitôt que le roi signifiait son désir de boire, les deux tiges étaient entrechoquées. Toutes les personnes alors présentes dans la maison ou dans la cour royale se jetaient à

100 JADIN Louis, Relation du second voyage du P. Mateus Cardoso, 14 septembre 1625, p. 427.

101 D’après HIRSCHBERG, Walter. Early historical illustrations of west and central African music. African Music Society Journal, volume 4 n°3, 1969.

terre en cachant leur visage. Ils restaient dans cette position jusqu’à entendre de nouveau le tintement des tiges en métal. Même l’homme tenant la coupe de vin gardait ses yeux fermés et tournait le dos au roi autant que possible.

Lorsque le rituel était terminé, et que les courtisans s’étaient relevés, ils frappaient dans leurs mains en l’honneur du roi. Ce geste était un acte de politesse et de respect102.

Lors de l’intronisation du roi, le Mani Vunda* spécifiait au cours de son discours que le roi devait conserver la paix et ne rien changer aux coutumes ancestrales. Il évoquait ensuite la mémoire des anciens rois, puis remettait les insignes royaux. La majorité de ceux-ci était antérieure à la conversion du royaume au christianisme. Les instruments comme les tambours, les cloches et les trompes accompagnaient la cérémonie. Il s’agissait des mêmes instruments que pour les funérailles, mais la musique qu’ils interprétaient était de nature rythmée et enjouée :

Après avoir dit beaucoup de choses à ce propos, [le duc de Batta] conclut son discours et va s’asseoir à sa place. De nouveau retentissent les instruments, mais fort différemment parce que le son est joyeux et réjouit tout le monde. […] Lorsque le roi ne l’a pas nommé, il dit que, dans le pays, il y a des princes descendants de leurs rois et qu’il faudra en choisir un pour leur roi et seigneur. Pendant qu’il retourne s’asseoir, retentissent des sonneries encore plus joyeuses103.

C / Les croyances chez les Kongo

Dans la pensée Kongo, les croyances s’articulent autour de concepts comme la « sorcellerie », les esprits, le culte des ancêtres.

Seules certaines personnes qualifiées et initiées sont capables d’entrer en contact avec les morts et leurs esprits. C’est par elles que s’effectuent les pratiques religieuses.