δ∼E
1/2normale n
Ω
Fig. 1.4 – Pompage d’Ekman induit par un cyclone, ou un anticyclone.
Nous appelons moment cin´etique plan´etaire le moment cin´etique du fluide
calcul´e dans le r´eferentiel galil´een du laboratoire G. Un cyclone peut ˆetre
consi-d´er´e comme un exc`es local de moment cin´etique plan´etaire. La couche d’Ekman
r´eagit donc en y injectant du fluide qui, ´etant initialement en contact avec les
parois, poss`ede moins de moment cin´etique plan´etaire que ce cyclone. Cette
injection provoque la dissipation de la structure cyclonique, elle est ´equivalente
`a un frottement visqueux sur les parois. Inversement, un anticyclone est un
d´e-faut local de moment cin´etique plan´etaire. La couche d’Ekman le fera relaxer
en injectant du fluide de plus fort moment cin´etique plan´etaire.
Ainsi, le pompage d’Ekman traduit, `a l’int´erieur du fluide, les effets de la
viscosit´e sur les bords. S’ils ne sont pas entretenus par une source d’´energie
quelconque, le cyclone et l’anticyclone de la figure 1.4 dissiperont sous l’effet
du frottement sur les parois. Ce frottement ´equivalent au pompage d’Ekman
est appel´e frottement d’Ekman.
Le frottement d’Ekman est `a l’origine des phases de mise en rotation solide,
ou de d´ec´el`eration d’un fluide appel´ees spin-up et spin-down. Lorsque l’on met
le conteneur d’un fluide initialement au repos en rotation, des couches d’Ekman
se forment. Du fluide `a fort moment cin´etique est inject´e depuis la couche limite
vers le cœur, tandis que du fluide `a faible moment cin´etique est ´eject´e en sens
inverse. Sur une ´echelle de temps de l’ordre deE
1/2Ω
−1, appel´ee temps de
spin-up, l’int´erieur du fluide se met `a l’´equilibre, en rotation rapide `a la vitesse des
parois.
Ainsi, dans le cas d’une sph`ere mise en rotation, du fluide va ˆetre inject´e
dans le cœur pr`es de l’´equateur, et eject´e vers la couche d’Ekman au niveau
des pˆoles. On peut aussi examiner le spin-down de la tasse de th´e : alors que
le liquide se ralentit, les feuilles de th´e se rassemblent au centre de la tasse.
Du fluide immobile est en effet inject´e dans le cœur `a cet endroit, alors que
du fluide `a fort moment cin´etique est ´eject´e sur les cˆot´es. Les feuilles de th´e
sont advect´ees par la circulation de couche limite, elles se rassemblent donc au
centre du fond de la tasse.
Pour en revenir au cas de la sph`ere, une ´etude plus g´en´erale de la couche
d’Ekman peut ˆetre men´ee dans le cas de parois inclin´ees par rapport au vecteur
rotation. La vitesse de cœur calcul´ee loin de la paroi dans la direction de l’axe
de rotation s’exprime par (Gubbins et Roberts,1987) :
v
c= 1
2E
1/2e
z· ∇ ×
'
1
(
|n·e
z|(n×u−u sgn(n·e
z))
)
e
z. (1.10)
n est la normale `a la sph`ere dirig´ee vers l’ext´erieur. Cette formule poss`ede une
singularit´e lorsquenete
zsont orthogonaux. Il y a alors explosion de la couche
limite en E
1/2. Il faut alors d´evelopper les ´equations de couche limite `a l’ordre
sup´erieur. C’est alors une couche visqueuse plus ´epaisse (en E
2/5) qui prend
place, sur une distance lat´erale d’ordre E
1/5(voir Noir (2000)). Dans le cas
sph´erique qui nous int´eresse, cette singularit´e est concentr´ee `a l’equateur.
L’´equation (1.10), ´etablie en r´egime stationnaire, peut ˆetre consid´er´ee comme
valide dans des r´egimes d´ependants du temps (Duck et Foster, 2001). En
ef-fet, l’adaptation de la couche d’Ekman aux variations de vitesse `a l’int´erieur du
fluide r´esulte de l’incompressibilit´e de ce dernier. Dans un tel mod`ele, la couche
s’adapte donc instantan´ement. En fait, sur une ´echelle de temps de l’ordre de
la p´eriode de rotation, les effets inertiels ne peuvent plus ˆetre n´eglig´es comme
nous l’avons fait dans l’´equation (1.8), et la couche d’Ekman devient
d´epen-dante du temps. Pour r´esumer, nous pouvons dire que le pompage stationnaire
est valable lorsque l’´echelle de temps des variations de vitesse dans le cœur est
plus lente que Ω
−1.
1.3 Convection. 37
1.3 Convection.
Nous disposons d’une ´equation dynamique pour les mouvements dans un
fluide en rotation. Pour clore notre mod`ele de convection, nous devons
main-tenant nous int´eresser `a l’´equation d’´energie, et `a l’expression de la force
vo-lumique d’Archim`ede. Nous rappelons que nous consid´erons pour mod´eliser le
noyau un fluide incompressible, homog`ene, isotrope et Newtonien.
1.3.1 Approximation de Boussinesq.
L’approximation la plus utilis´ee pour les mod`eles de convection est
l’ap-proximation de Boussinesq. Malgr´e la simplicit´e apparente des ´equations qui
en r´esultent, les conditions de cette approximation sont assez complexes. Nous
ne les ´etudierons pas toutes ici, le lecteur pourra consulter Gubbins et Roberts
(1987); Tritton (1988) pour une d´emonstration compl`ete.
Le principe de l’approximation est simple : un fluide purement
incompres-sible tel que celui que nous avons pris pour mod`ele ne peut pas convecter. En
effet, dire que le fluide est incompressible revient, par l’´equation de continuit´e,
`a dire que sa densit´e reste invariablement la mˆeme. Or, ce sont les changements
de densit´e li´es aux changements de temp´erature qui permettent de cr´eer des
mouvements convectifs. L’approximation de Boussinesq cherche `a ´etablir dans
quelles circonstances on peut consid´erer le fluide comme incompressible,!!sauf
en ce qui concerne les effets li´es `a la gravit´e"", comme l’a ´ecrit Rayleigh.
Pour r´esumer, cette approximation est valable si les changements de densit´e
et de viscosit´e li´es aux variations de temp´erature sont faibles, et si
l’´echauffe-ment du fluide par frottel’´echauffe-ment visqueux est n´egligeable. En fait, la plus grande
limitation que rencontre cette approximation provient du gradient adiabatique,
ce qui nous renvoie `a la discussion de l’introduction. Nous avons alors vu que
l’approximation de Boussinesq d´ecrit bien les mouvements engendr´es par les
´ecarts thermiques au gradient adiabatique.
1.3.2 Équation d’énergie.
Nous ´etablissons ici l’´equation r´egissant l’´evolution de l’´energie interne du
fluide. Soitel’´energie interne massique du fluide. Nous pouvons ´ecrire (Tritton,
1988) :
ρde
q est le flux de chaleur, qui s’exprime par (loi de Fourier) q = −k∇T o`u
k est le coefficient de conductivit´e thermique et T le champ de temp´erature
locale. ǫ est le taux de production d’´energie li´e aux sources internes de chaleur
(radioactivit´e...). L’approximation de Boussinesq stipule que ǫ ne contient pas
de termes li´es `a l’´echauffement li´e au frottement visqueux.
Si nous choisissons la pression et la temp´erature pour d´ecrire l’´etat
ther-modynamique du fluide, l’approximation de Boussinesq permet de dire que
l’´energie interne ne d´epend pas de la pression :
e=C
pT.
Ceci donne, pour l’´equation (1.11) :
dT
dt =κ∇
2T + ǫ
ρC
p. (1.12)
κ = k/ρC
pest la diffusivit´e thermique du fluide. Le plus souvent, nous
consi-d´ererons pour cette ´equation des conditions aux limites de temp´erature fix´ee,
en l’absence de chauffage interne. L’´equation s’exprime donc :
dT
dt =κ∇
2T. (1.13)
1.3.3 Force d’Archimède.
L’approximation de Boussinesq n´eglige la compressibilit´e du fluide, sauf
dans l’expression de la force d’Archim`ede. On lin´earise la densit´eρ(T) du fluide
autour d’un ´etat de densit´e uniformeρ
0, `a la temp´erature de r´ef´erenceT =T
0:
ρ(T) =ρ
0(1−α(T −T
0)).
α est le coefficient de compressibilit´e isotherme du fluide. La densit´e ρ
0n’a
aucun effet dynamique, puisqu’elle est compens´ee hydrostatiquement par un
gradient de pression. Ce n’est donc que la variation de densit´e qui induit une
force d’Archim`ede s’exprimant par :
f
v= (ρ−ρ
0)g =−ρ
0α(T −T
0)g, (1.14)
g ´etant le champ de gravit´e.
1.3.4 Bilan
Nous d´ecrirons un fluide en rotation et en convection en utilisant l’ensemble
des ´equations (1.5), (1.14) et (1.13) :
1.4 Modèle quasigéotrophique de la convection dans une sphère en rotation.39
∂u
∂t + (u· ∇)u+ 2Ω×u =−∇Π
"−α(T −T
0)g+ν∇
2u.
Dans le document
Modèles expérimentaux et numériques de la convection dans le noyau de la Terre.
(Page 36-40)