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CHAPITRE 5. RECHERCHE DE SENSATIONS, ATTACHEMENT AUX PARENTS ET

1. I NTRODUCTION

3.3 Corrélations entre la prise de risque, l’attachement et la recherche de sensations

Les coefficients de corrélation non paramétriques (rho de Spearman bivarié) entre la prise de risque et les variables psychologiques étudiées ont été calculés pour chaque sexe séparément.

Tableau 3 : Corrélations entre les variables : recherche de sensation, attachement aux parents et la variable prise de risque chez les filles et chez les garçons.

variable Prise de risque chez les filles Prise de risque chez les garçons Recherche nouveauté 0,12 -0,03 Recherche intensité 0,26** 0,16* Recherche Sensation 0,25* 0,11 Confiance mère -0,25* -0,09 Communication mère -0,18* 0,03 Aliénation mère 0,28** 0,21** Confiance père -0,27 -0,20** Communication père -0,08 -0.06 Aliénation père 0,23* 0,18** Attachement mère -0,27** - 0,12 Attachement père -0,19 -0,16*

Le tableau 3 des corrélations réalisées pour chaque sexe, concernant les comportements à risque, permet de constater que le besoin de recherche de sensations intenses est davantage relié au comportement à risque chez les filles que chez les garçons (Гs=0.26, N=145, p<.001 et Гs=0,16, N=231, p<.05, respectivement).

En ce qui concerne l’attachement aux parents, pour les filles, l’attachement à la mère a un effet sur la prise de risque (Гs = -0.27, N=145, p<.001). Plus l’adolescente a confiance en sa mère et communique avec elle, moins elle déclare prendre des risques (Гs=-0.25, N=145, p<.05 et Гs=-0.18, N=145, p<.05 respectivement). En ce qui concerne la variable aliénation, on observe cette fois pour les deux parents une corrélation positive avec la prise de risque (Гs=0.28, N=145, p<.001 et Гs=0.23, N=145, p<.05 pour la mère et le père respectivement).

En ce qui concerne les garçons, seul l’attachement global du père a un effet sur la prise de risque (Гs=-0.16, N=231, p<. 05). On observe une corrélation négative entre la variable « confiance au père » et la prise de risque (Гs=-.20, N=231, p<.001). Plus l’adolescent a confiance en son père moins il déclare prendre des risques dans l’espace routier. Dans le même sens, on observe une corrélation positive entre « l’aliénation » au père et à la mère et la prise de risque (Гs=0.18, N=231, p<.001 et Гs=0.21, N=231, p<.001 respectivement). Plus l’aliénation au père et à la mère est forte plus l’adolescent déclare prendre des risques.

Tableau 4 : Corrélations entre les variables recherche de sensation, attachement aux parents et la variable précautions planifiées chez les filles et les garçons.

variable Précautions chez les filles Précautions Chez les garçons Recherche nouveauté -0,14 -0,04 Recherche intensité -0,17* 0,04 Recherche Sensation -0,19* 0,01 Confiance mère 0,23** 0,10 Communication mère 0,20* 0,15* Aliénation mère -0,20* -0,04 Confiance père 0,29** 0,10 Communication père 0,22** 0,16** Aliénation père -0,26** -0,03 Attachement mère 0,24** 0,12 Attachement père 0,30** 0,13*

Le tableau 4 des corrélations réalisées pour chaque sexe concernant les comportements de

protection planifiés nous permet de constater que la variable « protection planifiée » est corrélée négativement à la recherche de sensation globale pour les filles. Plus les filles recherchent des

sensations et moins elles ont des comportements de protection planifiés. On observe également une corrélation positive entre l’attachement global avec les deux parents et les comportements de précautions chez les filles (Гs=0.24, N=145, p<.001 et Гs=0..30, N=145, p<.001 pour la mère et le père respectivement). Plus l’adolescente communique avec ses parents et a confiance en eux, et plus elle prend des précautions. Par contre, pour les garçons, seul l’attachement global du père a un effet sur les comportements de précautions (Г=0.13, N=231, p<.05). Plus l’adolescent communique avec son père, plus il déclare prendre des précautions (Гs=0.16, N=231, p<.001). En ce qui concerne la variable aliénation, on observe une corrélation négative entre l’aliénation aux parents et les comportements de précaution chez les adolescentes uniquement (Гs=-0.20, N=145, p<.05 et Гs=-.26, N=145, p<.001 pour la mère et le père respectivement). Plus l’aliénation au père et à la mère est forte et moins les adolescentes ont des comportements de protection planifiés.

4. Discussion

L’objectif de cette étude était de préciser, chez les adolescents français en classe de 5ème, 3ème et

2de, d’une part comment évolue la propension à prendre des risques dans l’espace routier en tant que

piéton au cours de l’adolescence et d’autre part les rapports entre les comportements à risque ou de précaution et différentes caractéristiques individuelles théoriquement susceptibles de contribuer à ces comportements : la recherche de sensations et l’attachement aux parents. Conformément à notre hypothèse, un effet de l’âge a été observé sur la variable protection : les cinquièmes déclarent prendre plus de précautions que les troisièmes et secondes. On peut penser que les plus grands prennent moins de précautions parce qu’ils ont acquis plus de compétences vis-à vis du risque que les plus jeunes. Ils ont davantage confiance en eux et par conséquent, ils font moins attention au danger (Tolmie, Thomson, O'Connor, Foot, Karagiannidou, Banks, O'Donnell, & Sarvary, 2006).

Les résultats de cette étude ont permis de confirmer l’hypothèse selon laquelle le comportement à risque dans l’espace routier est associé au niveau de recherche de sensations. Les résultats de la présente recherche permettent aussi de confirmer notre hypothèse que les comportements routiers à risque sont liés, non pas à la recherche de nouveauté, mais spécifiquement à la recherche d’intensité. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que le comportement à risque dans l’espace routier fournit au sujet des stimulations intenses plutôt que des sensations nouvelles (par exemple traverser la rue en courant). On observe également que la recherche de sensations intenses a davantage d’effet sur la prise de risque chez les filles que chez les garçons. On sait que la recherche de sensations intenses est une caractéristique plutôt masculine (Mallet et Carrère, 2004). On peut faire l’hypothèse que les filles qui recherchent des sensations intenses, adhèrent davantage que celles qui n’en prennent pas à des stéréotypes masculins et par conséquent ont des comportements plus masculins comme ceux de prendre des risques. Cette observation mérite d’être approfondie notamment en étudiant l’effet de l’adhésion aux stéréotypes de sexe sur la prise de risque.

Les résultats de cette étude ont aussi permis de confirmer l’hypothèse d’un lien direct entre l’attachement aux parents et la prise de risque dans l’espace routier à l’adolescence. Ils confirment en cela les résultats de recherches précédentes (Parker et Benson, 2004) en montrant que l’effet de l’attachement sur le comportement à risque de l’adolescent existe également dans le cas du risque routier. L’existence d’un lien affectif permet à l’adolescent de se sentir exister. Il se sent considéré et aimé par ses parents, ce qui lui permet d’avoir suffisamment d’estime de soi pour se protéger du danger. On observe chez les filles, que l’attachement à la mère a un effet sur la prise de risque et l’attachement aux deux parents sur la précaution. Plus précisément, on constate que plus les filles ont confiance en leur mère et communique avec elle, moins elles prennent des risques et plus elles ont confiance en leur deux parents et communiquent avec eux plus elles se protègent dans l’espace routier. Nous pouvons donc penser que les deux parents jouent un rôle dans le comportement piéton des filles. En ce qui concerne les garçons, l’attachement à la mère n’a pas d’effet sur la prise de risque ou le comportement de précaution. Seul l’attachement au père joue un rôle. Plus précisément, plus l’adolescent a confiance en son père et communique avec lui moins il prend des risques et plus il se protège dans l’espace routier. La variable confiance est reliée à la prise de risque et la variable communication est reliée à la précaution. Ces résultats peuvent s’expliquer par le fait que les garçons à l’adolescence s’identifient davantage à un modèle masculin, en l’occurrence le père, et donc se reconnaissent en lui et souhaitent être reconnus par lui. On peut s’interroger sur la question des familles monoparentales au sein desquelles en général seules les mères élèvent leurs garçons. Peut- être faudrait-il être plus vigilant sur le comportement routier de ces enfants.

On constate aussi que l’aliénation au père et à la mère est reliée positivement à la prise de risque pour les deux sexes. Si le parent n’est pas disponible pour son enfant, s’il ne répond pas à ses attentes et à ses besoins, on peut penser que l’adolescent(e) se sentira négligé et développera une faible estime de soi. Il/elle prendra des risques pour se sentir exister et exister auprès des autres et accordera peu d’importance à sa sécurité. Ces résultats nous amènent à penser que le fait de se sentir fille ou garçon pourrait jouer un rôle important dans la prise de risque chez l’adolescent piéton. Une nouvelle étude, prenant en compte l’identité sexuée permettrait sans doute d’améliorer nos connaissances dans ce domaine.

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