1.2 Contraintes subies par les noeuds
1.2.1 Contraintes 'Matérielle'
La contrainte 'Matérielle' est majeure sur les plateformes matérielles et sur les applica-
tions embarquées; elleseconcentre principalementsur laressource énergétique. Les noeudsne
disposant que d'une faible source d'énergie, il est absolument indispensable d'optimiser leur
utilisation. Pour cela, il est possible d'agir sur diérents points pour réduire la consomma-
tion énergétique. Tout d'abord, il est important de développer un noeud qui consomme peu
d'énergie en utilisant des technologiesbasse consommation CMOS (LowPower CMOS). L'ob-
jectif aujourd'huiest de produiredes plateformesne consommant quequelques micro-ampères
[Eriksson 08]. Pour cela, une telle conception demande une optimisation du fonctionnement
de l'application tant sur les traitements que sur l'utilisationdes diérents composants. Ainsi,
il doit être possible de moduler la fréquence de fonctionnement du processeur ou d'éteindre
certainespartiesinutilesdu noeuddepuiscelui-ciouàdistance.L'ajoutd'unmoduleautonome
de contrôle de l'énergie peut constituer un avantage non négligeable concernant l'autonomie
des noeuds. Son objectif premiersera de contrôlerl'activation des diérents périphériques dis-
ponibles ou de moduler les fréquences de chacun en détectant lespériodes de faiblesactivités.
Une autre solution consiste à informer l'utilisateur de l'état du noeud et à lui laisser la pos-
d'administration simple, pour envoyer des traitementsà eectuer, ou évolué, pour agir sur les
diérentsparamètresdu noeud.Encomplément,lanalitédes RCSFsétant d'êtrediusée très
largement,lataillede laplateformematérielleentre encomptedanssaconception.Unsystème
miniaturiséne consommeraque peu d'énergiece qui est unpointfort,maislacontre partieest
de limiter lesperformances du système et samodularité.
1.2.2 Contraintes 'Système'
Les contraintes 'Système' regroupent celles liées aux ressources processeur et mémoire du
noeud.Eneet, l'unitédestockage(mémoireinterneouexterne)d'unnoeudestsouventlimitée
àlamémoireincluseaveclemicrocontrôleur.L'unitédestockageregroupelesmémoiresinternes
Random Access Memory (RAM), Read-Only Memory (ROM), et Flash de type Electrically-
Erasable Programmable Read-Only Memory (EEPROM) ainsi que les modules externes de
mémoire Flash de type EEPROM par exemple. Il est donc nécessaire de porter une atten-
tion particulièresur son utilisation.Pour cela, l'empreintemémoired'uneapplication doit être
optimisée an de laisser un maximum d'espace aux données utilisateur mais aussi pour per-
mettre leurs mises à jour à distance. Il est toujours possible d'étendre cet espace de stockage
en ajoutant un modulede gestion demémoiresexternes. Lesinconvénients de cettevisionsont
d'ajouter un module consommateurd'énergie etde complexier l'accèsauxdonnées. Enoutre,
la détection des fuites de mémoireainsi que des outils ecaces de gestion de la mémoiresont
nécessaires pour répondre à cette contrainte. Diérents travaux comme [De Sousa 08]portent
surledéveloppementdesystèmedechiersembarquéetutilisantl'ensembledesnoeudscomme
un immense lieu de stockage. En eet, quelques systèmes de chiers comme LIMOS Versatile
Embedded Filesystem (LiveFile) [DeSousa 07]implémententdes méthodes de distributionde
données basées sur un stockage déporté sur diérentsnoeuds d'un même groupepar exemple.
De plus, les caractéristiques des processeurs ou unités de calcul généralement utilisées sur
lesnoeuds(ATMEL ATMega[ATMEL 09],TexasInstrumentsMSP[Texas-Instruments 09]ou
ATMEL ARM7/9 [ATMEL 05]) ne permettent pas de réaliser des calculs longs et complexes
du fait de leur architecture, de leurs fréquences de fonctionnement et bien sur de leurs mé-
moires internes. C'est pourquoi, il est courant d'intégrer un noeud plus performant dans les
réseauxpoursoutenirdes calculspluscomplexesd'organisationoude traitementsdesdonnées,
la station de base ou'sink node'. Sur ce point, ces noeuds doivent pouvoir voir l'ensembledu
réseau oudisposer de méthodes d'accès aux diérents éléments. Par ailleurs,laconsommation
énergétiquede cesmicrocontrôleursesten liendirectavec lafréquencede fonctionnementetles
périphériques utilisés. A l'aide d'une modulationde la fréquence du processeur, des économies
sont eectuées mais par contre les tempsde traitementssont plus longs. On retrouve ce mode
de fonctionnement sur les ordinateurs portables qui ralentissent le processeur lors des phases
d'inactivitéoude faiblesollicitation.Ensuite,une bonne gestiondes périphériques alluméssur
le processeur ore une meilleure durée de vie au noeud. Ici aussi, le modèle est comme les
ordinateurs portables qui en mode batterie choisissent d'éteindre des périphériques externes
1.2.3 Contraintes 'Communication'
Lescontraintesde 'Communication'regroupent touteslesperturbationsque peutsubirune
transmission de données d'un point A à un point B. Dans ce contexte, il est donc nécessaire
de faire attention autaux de pertes des données an de limiter lenombre de retransmissions.
Pour cela, une attention particulière doit être portée au choix du médium de communication
sans l ainsi qu'au choix de son antenne et de son emplacement. Les portées des médiumsde
communication sans l sont directement associées aux conditions d'utilisation et à l'environ-
nement. La dispersion des ondes dans un milieu peut être calculée dans un cas idéal mais en
pratique, les échanges ne répondent pas aux mêmes règles à cause des perturbations externes
ou des infrastructures proches. En agissant sur la portée ou sur la puissance d'émission, il est
possibledegarantirunebonneréceptiondesinformationspourlesnoeudslesplusproches,ceux
enlimitede portéeserontsujetsàuntauxdepertesimportantsdufaitde lafaibleréceptiondu
signal. C'est pourquoi, des mécanismes de détection d'erreurs sont intégrés à chaque message
an de contrôler facilement leur intégrité. Par ailleurs, avec certaines applications à risques, il
devient nécessaire de garantir la réception des messages par le destinataire. Ainsi, le principe
d'accusés de réception est le minimum à employer dans ces cas. La sécurisation des données
est alors àune couche supérieure dans la diusion des données. Cependant, ce point constitue
de nos joursun dé énormesur lequel iln'existe pas de réponse générique. Les algorithmesde
cryptagesquiserontdéveloppésdevrontêtrelégeretavoirunimpacttrèsfaiblesurleséchanges
de données. Sur un noeud, le gros consommateur d'énergie est le médium de communication
[Feeney 01]. Ilfautsavoirquesur un RCSF,laprincipalecontrainteestl'énergieetleplus gros
consommateurestlacommunicationsansl.C'estpourquoi,diérentesrecherchesdéveloppent
et proposent des méthodes de communication minimisant les données contenues dans chaque
message. Pour cela, les techniques de compression classiques sont employées pour accélérer les
échanges et ainsi diminuer les temps d'émission. Enn, la mobilité des noeuds constitue une
importantecontrainteà lacommunication.Les délaisde transmissionainsi que lavariationde
l'environnemententraînentplus de perturbations et plus d'erreurs ce qui demande d'avoirdes
procédures de validation des messages ecaces mais aussi un meilleur contrôle des transmis-
sions. Un noeud mobileest sujetàun nombre importantde paramètreschangeant ce quipeut
induireunetrèsmauvaiseréception.L'exempleleplusparlantest celuidestéléphonesportables
quiconsommentbeaucoup plus d'énergie lorsqu'onsedéplacepour resterassociéàune station
relais.
1.2.4 Contraintes 'Environnement'
Les contraintes 'Environnement' rassemblent celles subies par le noeud dans son contexte
d'utilisation. Ceci setraduit par des méthodes de fabrication évoluées pour résisteraux agres-
sionsdu milieusurveillépar exemple,ouparunemeilleuretoléranceauxpannesan deréduire
les interventions humaines.Le noeud doit donc pouvoir fonctionner même en cas de panne en
exécutant des opérations simples an de garantir un fonctionnement minimal le temps pour
l'utilisateurd'intervenir surcelui-ci.Traditionnellement,latolérance auxpannessetraduitpar
navettes spatiales, deux processeurs eectuent la même tâche, pour qu'ensuite leurs résultats
soientcomparés eten cas de diérences, le troisièmeprocesseur est activé pour arbitrer (tech-
niquede votingprocessor[Rooks07]).Ici,lesRCSFsnepeuventsepermettredetelle structure
an de minimiser les pannes et autres erreurs. Certaines techniques de tolérance aux pannes
dans ces réseaux setraduisentpar une coopérationentre noeuds an de garantir unevaleuren
un point donné. Il est alors possible d'estimer la valeur d'un autre noeud en cas de panne de
ce dernier. La tolérance aux pannes peut se traduire aussi par des traitements redondants à
l'intérieur même du noeud. S'iln'est pas possible de disposer d'une architecture multi proces-
seurs, il est cependant possible de vérier la mesure à plusieurs reprises sur le noeud ou avec
ses voisins.Dece fait,leprincipede calculcollaboratifprend touteson importanceetimplique
d'intégrer cette possibilité au niveau du système d'exploitation et de l'application embarquée.
Cette contrainteest très présentesur les réseaux utilisantdes noeudsévolués, néanmoinspour
des applications utilisant des noeuds de type poussière, elle devient inutile car il y a su-
samment de noeuds déployés pour obtenir l'information redondante. La perte d'un noeud est
considérée comme acceptable car il y en a assez pour pallier cette perte. Par ailleurs, dans ce
groupe de contraintes, l'impact environnemental du noeud doit être pris en compte. Dans le
cas d'utilisation de piles ou de matériaux dangereux pour l'environnement, une démarche de
recyclage et/ou de récupération des noeuds doit être prévue. Lesnoeuds évolués pouvant être
facilement récupérés, il n'en est pas de même pour ceux de type poussière. Les matériaux les
constituantdevrontpouvoirêtreabsorbésparlemilieuobservéàmoinsdeprévoiruneméthode
de ramassage àl'aide d'un aimantbalayant la zone observée par exemple.
1.2.5 Contraintes 'Capteurs'
Enn, ladernière catégorie, 'Capteurs', centralise toutes les contraintes liées à l'utilisation
d'un capteur. Les coecients de calibration et autres paramètres sont déterminés et transmis
par l'utilisateur au noeud. Bien souvent, ceci se traduit par l'envoi d'une fonction de trans-
fert an d'exploiter les données issues du capteur. La phase de calibration est donc laissée à
l'utilisateur avec leserreursque celapeut inclure.Toutefois, pour des capteurs simples(course
d'un chariot, roue codeuse), il est possible de lescalibrer automatiquement. Par ailleurs,pour
certains cas d'utilisations des mesures, le noeud et l'utilisateur doivent garantir un niveau de
qualité élevée. Par exemple, le suivi de la radioactivité d'une zone contaminée demande une
qualité irréprochable des mesures an de permettre à des personnes de se rendre sur place
pour fairedes étudesentoutesécurité. Ainsi,l'applicationembarquéedevraemployerdestech-
niques de détection etde abilisationdes données issues du capteur an d'obtenir la précision
demandée [Tourancheau 09]. Par ailleurs, l'immense variété de capteurs existants, l'interface
système capteur doit être le plus générique possible an de limiter le développement de nou-
veaux blocs logiciels. Si l'on cherche cette généricité sur les ordinateurs personnels, on trouve
alors l'exemple du port série disponible sur toute machine. Grâce à seulement deux lignes de
données, une pour la réception, l'autre pour la transmission, le port série dans sa version la
plus simple permet de communiquer avec tout périphérique très simplement. Cependant, des
interfaces connues commeInter Integrated CircuitBus(I
2
Controller Area Network (CAN) ou Analog to Digital Controller (ADC) sont à prévoir pour
1.3 Conclusion
Pour conclure ce chapitre d'introduction aux RCSFs, il est important de noter l'immense
variété d'applications actuelles ou futures où chacune génère des contraintes plus ou moins
spéciques. Une réponse à chacune d'elles demande d'étudier en profondeur les diérentes
parties d'un capteur, d'un noeud, et d'un RCSF an de proposer des techniques innovantes
et optimales. Pour formaliser un capteur en reprenant le premier schéma de la gure 1.3,
la représentation 1.6 détaille les diérentes parties essentielles des OIC avec les interactions
possibles.
Figure 1.6 Modélisationd'un noeud capteur
Le coeur du noeudreste bien entendu l'unitéde calcul quidéploiera un systèmed'exploita-
tion pour traiter, envoyer et stocker les données via l'unité de stockage associée. Les capteurs
seront utilisés par une interface générique acceptant une liaison de type série par exemple.
Cette interface ne selimitera pas seulementà ce typede liaison, d'autres viendront lacomplé-
ter (I2C, SPI, CAN, ADC). Les données brutes ou pré-traitées seront manipulées par l'unité
de calcul à travers les applications embarquées et/ou stocker par l'unité de stockage. Chaque
application devra être conçue pour minimiser son empreinte mémoire et son impact sur les
ressources matérielles. Ensuite, les échanges de données seront eectués en passant par une
couche de communication qui sera en charge de mettre en oeuvre les diérents mécanismes
pour transmettre etgarantirladonnée vers le noeuddestinataire. Cettecouche sera l'interface
entre les applications et le médium de communication sans l embarquée. Elle sera en charge
de manager les périodes de veille du médiumainsi que de gérer et de mettre à disposition les
donnéesreçues. Tout cesystèmesera sousladirectiond'ungestionnaired'énergiedédiéoulogi-
cielquipourraagirsur tousles paramètresinuençant laconsommationénergétique du noeud
comme lafréquence de fonctionnement et les périodes de veille du médium. On constate alors
qu'en dehorsdes panneslogicielles,l'ensembledescontraintes est liéàlasourced'alimentation
à ces deux points, le déploiement des RCSFs ne peut être envisagé sans les organiser et sans
moyen d'administration.C'estpourquoi, chaque partiedu noeudaun besoinspécique oùune
réponse ecace et optimale est attendue. Pour résumer et en se basant sur la représentation
de la gure 1.6, lesnoeuds ont des besoins spéciques concernant :
L'énergie :Ungestionnairedesressources doitêtre embarquépour optimiserl'autonomie
du noeud;il pourraêtre intégréau systèmed'exploitationouêtre externe viaun module
externe.
La communication :Ilest importantd'échangerdes informationspourmaintenirlacohé-
rencedu réseau;lecontrôle del'intégritéainsi quelecontrôledes échangessontaucoeur
de ce besoin.
L'organisation:Unréseauorganiséestunréseauquiseraéconomeénergétiquement,c'est-
à-direqu'ilyauramoinsdenoeudsparticipantàladiusiondesmessages;latransmission
des messages est alors plus rapide grâce àla réduction des sauts des messages.
L'interaction avec l'utilisateur : Lenoeud n'est pas seul àprendre des décisions, certains
paramètres demandent une intervention humaine; l'utilisateur doit pouvoir facilement
contrôlerson réseau àdistance.
L'objet de ce mémoire est de présenter une solution permettant à un utilisateur de gérer les
noeuds d'un RCSFdistantet de proposer une solutionsimple de visualisation.Cependant, les
autresbesoinsnepeuventêtrelaisséspourcompteetdemandentàêtreintégrédanslestravaux.
Le contrôle de l'énergie est un élément quine peut être tenuà l'écart en raison de son impact
important sur l'administration et la durée de vie d'un noeud. De même, les communications
et l'organisation du réseau sont des éléments nécessaires pour améliorer la gestion du RCSF.
C'est pourquoi, dans le chapitre suivant, nous établirons un état de l'art pour chacun de ces
besoins tout en gardant en tête que l'objectif premier est de présenter une solution viable
d'administration àdistance pour la supervision d'Objets Intelligents Communicants sans l.
Analyse des besoins et état de l'art
Dans le chapitre précédent, nous avons pu voir la grande diversité des applications et des
contraintes que subissent les noeuds d'un RCSF. Il est dicile de concevoir une implantation
d'un réseau sans avoir des méthodes et outils permettant de prendre en compteles diérentes
perturbations externes et internes. Lesrecherches portent donc sur un moyen ecace de com-
prendre le fonctionnement des noeuds an de fournir les mécanismes nécessaire au bon fonc-
tionnementdu réseau. De nombreuses solutions existent pour répondre auxdiérents besoins,
dontles solutionsd'administration à distance.
Ce chapitre présentera un ensemble de méthodes qui ont été conçues pour répondre à ces
besoins. On commencera par étudier les solutions permettant à l'utilisateur d'opérer sur les
noeuds pour continuer ensuite sur les méthodes complémentaires permettant d'améliorer la
diusion des données dans lesréseaux. Leroutage etles méthodes d'auto-conguration seront
traités dans cette partiecomme techniques aidant à l'administration.
2.1 Introduction à l'administration
L'administrationd'un RCSFrépondàplusieursobjectifsvisàvisde l'utilisateurmais aussi
des noeuds. Pour le premier, elle doit faciliter l'accès aux informations des éléments du ré-
seau (réseau/noeud/capteur) pour agir rapidement en cas de problème ou pour modier des
paramètres de fonctionnement. Le second intérêt est de limiter les déplacements humains sur
le terrain pour agir sur les diérents noeuds. En eet, les RCSFs peuvent être constitués de
plusieurs milliers de noeuds ce qui limite fortement les interventions humaines. Enn, l'admi-
nistration dans un réseau qu'il soit laire ou non, intègre des mécanismes permettant l'ordre
des noeuds ainsi que leur bon fonctionnement. Cette sectionprésente lescaractéristiques d'un
protocole d'administration, les diérentes couches de réseau pour terminer sur un exemple