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2. LE CONTEXTE GENERAL

2.1. Contexte socio-économique de la zone d’étude

2.1. Contexte socio-économique de la zone d’étude

2.1.1. Le poids de la région dans les économies nationales

L’eau et sa valorisation sont un facteur primordial de développement, et la stratégie de son exploitation et de sa gestion doit absolument s’intégrer de façon cohérente au développement global de la région.

La zone d’étude est située dans la zone intermédiaire entre la partie sahélienne et les pays côtiers. Elle se caractérise par une occupation de l’espace plutôt lâche avec une dotation naturelle relativement plus riche que le reste des deux pays.

Cette différence de potentiel entre cette zone intermédiaire et l’espace central et sahélien de la région explique les mouvements de populations agricoles et pastorales en direction de ce pôle de concentration par un comblement progressif des espaces sous-occupés.

L’économie de la région repose principalement sur les activités agricoles et les activités urbaines situées en amont et en aval de l’agriculture.

Dans l’histoire des peuplements dans la région, l’eau a joué un rôle décisif lors de la fondation ou à des étapes importantes du développement desdites localités.

Les villes se sont établies à proximité de sources superficielles ou souterraines facilement accessibles pour répondre à leurs besoins courants comme l’atteste cette citation tirée de l’étude ECOLOC (PDM-CSAO-OCDE, 2002) « migrer pour aller à la recherche de nourriture et d’eau… quand le puits, premier facteur de bien-être, ne remplissait plus sa fonction, le village se déplaçait pour se reconstituer autour d’un autre point d’eau. Quand la nourriture venait à manquer, la situation était encore plus dramatique… »

Au Burkina

La superficie aménagée et actuellement mise en valeur totalise environ 5 360 ha dont 3 315 ha pour les aménagements divers au Sourou mais aussi la Vallée du Kou et Banzon.

Aujourd’hui environ 80 % de la production cotonnière est localisée dans les trois provinces du Houet, de la Kossi et du Mouhoun.

La région contribue fortement à la création de la richesse nationale. Elle dégage 53 % des revenus agricoles à travers principalement les productions fruitières, les cultures de rentes et de tubercules et dans une moindre mesure dans les productions de céréales et de légumes (Bro-DHI-IWACO, 2001). Les industries les plus importantes du pays se trouvent dans ce bassin, plus particulièrement à Bobo-Dioulasso où on comptait 23 entreprises industrielles en 1997 dont 7 sont dans la sous-branche agroalimentaire et 7 dans l’industrie chimique.

28 Au Mali

La partie Malienne appartient à la zone dite « triangle de prospérité ». Ce triangle dont la superficie est d’environ 100.000 km2 est peuplé par 5.3 millions d’habitants. Autrement dit presque 60% de la population malienne est rassemblé dans 8% de la superficie du pays. Le triangle de prospérité rassemble près de 75% de la population urbaine du Mali car y sont localisées outre la capitale Bamako, les quatre plus importants chefs-lieux de régions (Koulikoro, Mopti, Ségou et Sikasso) sur les huit que comprend le pays.

La région a une vocation essentiellement agro-pastorale. Les sécheresses répétées et les famines d’origine climatique et historique et la recherche d’horizons plus favorables à l’activité et à la vie humaine, sont à l’origine de différentes formes de mouvements migratoires affectant la région.

2.1.2. Un décuplement de la population totale de la région en moins de cent ans.

Après avoir longtemps stagné autour de 30 millions d'habitants, la population de la région s'est mise à doubler tous le 25 à 30 ans : de 40 millions d'habitants en 1930, cette population est passée à 87 millions en 1960, 194 millions en 1990 et près de 220 millions aujourd'hui. Les projections les plus récentes indiquent que la population totale de la région devrait atteindre quelque 430 millions d'habitants en 2020. En moins d'un siècle (1930-2020), c'est-à-dire en l'espace de quatre générations, la région aura donc vu sa population totale décupler.

2.1.2.1. La dynamique urbaine - la région est en voie d'urbanisation rapide

La dynamique urbaine est résumée à travers l’image suivante extraite d’un rapport de l’Académie de l’eau (Anonyme, 1997) : « l’émergence des métropoles que nous connaissons aujourd’hui s’inscrit dans une échelle de temps relativement réduite et, de plus en plus réduite. Bordeaux a aujourd’hui à peu près le même nombre d’habitants que Ouagadougou, mais la capitale burkinabé n’a que quelques décennies d’existence et risque de devenir une métropole encore plus importante dans les années à venir. Les délais de prise de conscience des problèmes et de réaction sont donc aujourd’hui beaucoup plus courts et nécessitent une action plus rapide que par le passé. »

Certaines villes aujourd’hui en transition - démographique et économique - sont en train de devenir les très grandes villes de demain.

Dès la fin de la deuxième guerre mondiale et jusqu'en 1975, la région a connu une phase d'urbanisation intense, sous l'effet combiné d'une ouverture de la région à l'économie de marché, du quadrillage administratif et de l'équipement du territoire, et d'une croissance démographique en accélération. En 1960, le nombre des centres de plus de 5 000 habitants atteignait 600 et la population urbaine totalisait près de 13 millions d'habitants, soit un niveau d'urbanisation moyen de

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14 %. En 1980, on dénombrait quelque 2 300 centres de plus de 5 000 habitants et une population urbaine totale de 51 millions, soit un niveau moyen d'urbanisation de 34 %.

Ce processus d'urbanisation est un trait majeur des évolutions des trente dernières années dans la région. Ce passage d'une société essentiellement rurale à une société qui sera prochainement à dominante urbaine est probablement la transformation principale des sociétés ouest-africaines dans cette deuxième moitié du XXème siècle. Il modifie profondément la nature des enjeux de l'avenir de la région.

2.1.2.2. Quelle image du peuplement à l'horizon 2020 ?

Les chiffres de la démographie urbaine situent le défi qui se présente aux responsables africains : d'une civilisation essentielle rurale au moment des indépendances, ils doivent faire face à des concentrations urbaines qui rattrapent les métropoles mondiales. Avec un rythme global de croissance urbaine estimé à 5%, les études de prospective à long terme pour l'Afrique de l'Ouest annoncent que les 80 millions d'urbains actuels seront aux alentours de 250 millions dans les vingt-cinq prochaines années (COUR, 1993). La figure 4 illustre l’évolution de la démographie pour le Burkina Faso et le Mali.

Selon l’esquisse du peuplement, la région compterait en 2020 une trentaine de villes millionnaires, contre 6 en 1990.

Les villes de 500 000 à un million d'habitants, qui étaient 2 en 1960 et 11 en 1990, seraient sans doute 25 en 2020. La cinquantaine de grandes villes de plus de 500 000 habitants rassemblerait donc alors près de 100 millions d'habitants, soit près du quart de la population totale régionale. Le niveau intermédiaire du système urbain régional comprendrait un millier de villes d'une certaine importance numérique - de 50 000 à 500 000 habitants -. Ces "centres sous-régionaux" abriteraient également au total environ 100 millions de personnes en 2020. Enfin, la base du réseau urbain serait constituée d'un semis de quelque six mille centres de 5 000 à 50 000 habitants, dont la localisation a été déterminée en tenant compte de la densité de la population rurale desservie, du niveau d'urbanisation du pays et de son niveau de développement.

Jean M. Cour (COUR, 2000) dans une note intitulée « Population dynamics, urban-rural linkages and local development in west Africa : a demo-economic and spatial conceptual framework » attirait l’attention en ces termes :

- la transition démographique étant pratiquement achevée dans les pays classés comme

développés, c'est dans les pays en voie de développement, que l'on devrait plutôt appeler pays en voie de peuplement, que se concentre plus de 95 % de la croissance démographique actuelle ;

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- dans ces pays en voie de peuplement, le milieu urbain accueille plus de 80 % de la croissance

démographique totale. La population urbaine de ces pays est aujourd’hui dix fois plus nombreuse que dans les années 1940, et elle doublera encore d’ici 2020.

Ces données suffisent à mettre en évidence l’importance et la rapidité des changements structurels dans ces pays en voie de peuplement et l’importance fondamentale de la variable démographique, ou plutôt des dynamiques de peuplement.

Evolution de la population 0 2 000 000 4 000 000 6 000 000 8 000 000 10 000 000 12 000 000 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1999 P o p u la ti o n Pop-tot-BF Pop-tot-ML Pop-Urb-BF Pop-Urb-ML

Figure 4 : Evolution de la population totale et urbaine du Burkina et du Mali 2.1.2.3. Les conséquences de cette urbanisation galopante !

« L'urbanisation entraînera une augmentation spectaculaire de l'emploi de l'eau. Par exemple, en 1900, le ménage américain moyen utilisait à peine 10 mètres cubes d'eau par an, contre plus de 200 aujourd'hui. Pourquoi ? Il y a un siècle, la plupart des américains tiraient l'eau de puits ou de bornes-fontaines publiques. La plupart des ménages ne disposaient pas d'eau courante, sauf dans les villes, et la plupart des habitants vivaient dans les zones rurales. Par contre, la quasi-totalité des ménages américains d'aujourd'hui ont l'eau courante et cette eau est très bon marché » (extrait de « la prochaine crise de l’eau », (HINRICHSEN, 1998).

Cette image avec un siècle de décalage peut être comparée à la situation actuelle de notre zone étude !

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La préoccupation la plus évidente est : quelles ressources en eau pour ces villes en 2030 ? Et plus généralement, quelles ressources en eau pour les prochaines générations urbaines dont les lieux d'agglomération sont perceptibles ?