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Contexte et particularités d'un terroir détenteur d’un fruit prometteur 1.1 - La pluralité de l’Amazonie

Loin d’être homogène, l’Amazonie est une région extrêmement complexe, diversifiée et dynamique. Pleine de contrastes, la plus grande forêt tropicale du monde a toujours suscité l'intérêt d’explorateurs et autres aventuriers de tout temps mais surtout l’intérêt de nombreux pays, d’organisations non gouvernementales, d’instituts de recherches et enfin, celui d’entreprises intéressées par l'exploitation de ses ressources naturelles. Comme le dit Amorim Filho (2007), qui remarque toujours la pluralité de la Géographie, on peut dire aussi que « l’Amazonie a toujours été plurielle ».

Tout d’abord, nous pouvons souligner qu’il y a plusieurs Amazonies. L’auteur Carlos Walter Porto Gonçalves n’a pas intitulé par hasard « Amazônia, Amazônias » (Amazonie, Amazonies) son célèbre livre publié en 2001. Dans cet ouvrage, Gonçalves décrit les divers « visages » de la plus grande forêt tropicale de la planète Terre. Pour l'auteur, la région n'est pas seulement le poumon du monde, la nature intouchable, non plus seulement une région qui regroupe des « trésors » qui réveillent la cupidité des puissances extérieures. Pour Gonçalves, l’Amazonie est hétérogène, contradictoire et inégale.

Coupée par l’équateur et avec environ 7,5 millions de km2 d’extension, l’Amazonie est située dans la portion centre-occidentale de l’Amérique du Sud. Détentrice d’une des faune et flore les plus riches et variées par hectare de la biosphère, la « Forêt Plurielle » fait partie de neuf pays, dont 73 % sont répartis entre le Brésil (60 %) et le Pérou (13 %), puis la Colombie, le Venezuela, l’Equateur, la Bolivie, le Guyana, le Suriname et la Guyane Française se partagent les 27 % restants (carte 01).

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Carte 1 : L’Amazonie, localisation.

Source : IBGE, 2019 (élaboration personnelle).

Le climat amazonien est caractérisé par des hautes températures et des taux d’humidité élevés au cours de toute l’année. En effet, des valeurs d'humidité relative (HR) de 90 % voire 99 % sont fréquemment observées et dans certaines régions, ces taux élevés de HR sont associés à des températures situées entre 30 et 35° C, ce qui implique une quantité considérable d'eau par mètre cube d'air. La température annuelle moyenne est de 28° C : les températures extrêmes comprises entre 14° C et 42° C. Dans le système de classification de Köppen, son climat est identifié comme Af (Climat Équatorial). Les précipitations sont abondantes, entre 3 500 et 6 000 mm/an, et à certaines périodes, la précipitation peut être telle que l'écoulement naturel ne peut pas empêcher l'accumulation de quantités considérables d'eau, provoquant de vastes inondations.

37 L’Amazonie correspond à 61 % du territoire du Brésil. Seule, l'Amazonie brésilienne est sept fois plus grande que la France et correspond à 32 pays d'Europe occidentale. L'île de Marajó, considérée comme la plus grande île fluvio-maritime du monde – baignée par le fleuve Amazone à l'ouest et au nord-ouest, par l'océan Atlantique au nord et par le fleuve Pará à l'est, le sud-est et le sud –, est plus grande que certains pays comme la Suisse, les Pays-Bas ou la Belgique.

L'Amazonie abrite plus de 200 espèces d'arbres par hectare, 1 400 espèces de poissons, 1.300 oiseaux et 300 de mammifères, totalisant plus de 2 millions d'espèces (INPA, 2017). La forêt amazonienne représente un tiers de la superficie totale des forêts tropicales dans le monde, elle est essentielle pour le climat et la diversité biologique de notre planète.

Dans cet immense territoire de diversité biologique et culturelle, où cohabitent des populations urbaines et rurales d'origines diverses, des peuples autochtones, des quilombolas et des communautés riveraines, se concentre l'une des plus importantes provinces minérales de la planète (avec du gaz, du pétrole, du niobium, du fer, du l’or, de la cassitérite, du nickel, du manganèse, de la bauxite, etc.), le plus grand bassin hydrographique de la planète Terre (20 % de l’ensemble du stock d'eau douce) et la plus grande réserve de biodiversité du monde (flore, faune et micro-organismes) (Bezerra, 2007).

Ces conditions enrichissent la région car en plus d’être vue comme le « poumon du monde », elle est aussi le laboratoire naturel le plus exubérant et prometteur pour l'avancement des connaissances scientifiques sur les processus évolutifs qui génèrent et maintiennent la diversité des gènes, des espèces et des écosystèmes. Cette région est également un centre pour le développement d'expériences révolutionnaires dans les domaines de la chimie, de la biochimie, de la microbiologie et de l’ingénierie génétique, avec des possibilités notoires d'innovation dans des segments d'intérêt croissant du marché (pharmaceutiques, phytothérapiques, cosmétiques, parfums, aliments, produits agrochimiques, etc.). Enfin tout ceci démontre qu’avec tout son potentiel, elle est une économie potentielle pour le futur (Mello, 2015).

Dans un paysage de grandes rivières et de grands lacs, entrecoupés d'igapos, várzeas et igarapés, faisant un total de 25 000 kilomètres de voies navigables, la pêche et l'aquaculture sont mises en évidence dans la chaîne régionale de production alimentaire, avec d'énormes possibilités d'expansion des entreprises de projets dans ce secteur. En plus, grâce à la force des eaux, la région offre, en complément, le plus grand potentiel de

38 production d'énergie verte de l'Amérique Latine, et qui deviendra bientôt le fournisseur stratégique d'environ un tiers de toute l'énergie consommée au Brésil (Mello, 2015).

L'alimentation principale de la population de la région (estimée à environ 16,5 millions de personnes, dont 62 % vivent dans les zones urbaines et 38% dans la campagne) est le poisson. Selon les études de la pêche du INPA (l’Institut National de Recherche de l’Amazonie), il y a environ 3 000 espèces de poissons catalogués mais selon les sondages, seulement 36 espèces sont vraiment exploitées, soit moins de 2 % du total. Cette faible relation entre quantité cataloguée et quantité exploitée ne se produit pas seulement avec la faune aquatique amazonienne mais aussi avec presque toutes les ressources disponibles dans la forêt ; sans compter que, selon plusieurs études, de nombreuses plantes et animaux existants en Amazonie sont encore totalement inconnus.

L'Amazonie n'est pas seulement plurielle dans son contexte environnemental, cette pluralité se retrouve également dans ses régionalisations et ses cultures. Selon Beaufort (2017), il existe au moins quatre Amazonies distinctes. Tout d’abord, il y a l’Amazonie

biogéographique qui comprend le bouclier des Guyanes au Nord et les fleuves qui ne font

pas partie de son bassin, car ils se déversent dans l’Atlantique ; elle a une superficie de 7 millions de km². Celle-ci est partagée par 9 pays : la Guyane française, le Suriname, le Guyana, le Venezuela, la Colombie, l’Équateur, le Pérou, la Bolivie et le Brésil. Pour certains d’entre eux l’Amazonie représente les 2/3 du territoire (Colombie, Équateur et Pérou), pour d’autres la moitié ou un peu plus (Bolivie, Brésil et Vénézuéla), enfin pour le bouclier des Guyanes, l’intégralité (Guyana, Suriname et Guyane française).

Puis l’on distingue l’Amazonie hydrographique, qui exclut le bouclier des Guyanes mais comprend toute la partie orientale des Andes, qui s’étend vers l’Amazonie et que l’on appelle le Piémont andin. Cette définition pose la frontière de l’Amazonie aux sources des fleuves qui alimentent sa plaine : elle se trouve alors au coeur de la Vallée Sacrée des Incas, autour de la ville de Cuzco et le fleuve Urubamba au Pérou. Cette délimitation déborde l’Amazonie biogéographique vers sa limite occidentale et mesure environ 6 millions de km².

Nous pouvons également parler d’Amazonie culturelle ou Grande Amazonie, qui comprendrait les zones d’influence des 6 grandes familles linguistiques de la région (Tupi-Guarani, Tukano, Arawak, Gê, Pano, Karib, matrices de près de 500 langues amérindiennes) et la zone navigable en période de crue : les Caraïbes, la Colombie et sa

39 forêt du Chocó5, le Piémont andin, mais aussi une partie du Paraná et de la Forêt Atlantique, soit toute la région tropicale des basses-terres de l’Amérique du sud. Cela représente une superficie de 10 millions de km² qui place l’Amazonie en son centre : c’est le modèle cardiaque du géographe Donald Lathrap (1970, p. 73-89, voir aussi Neves 2012, p. 13-20 et Erickson 2008).

Enfin, il existe une Amazonie Légale qui est considérée comme une régionalisation majeure de l’Amazonie brésilienne. Elle a comme objectifs principaux, les structures économiques, écologiques, sociales et culturelles.

L’Amazonie légale est une zone qui représente un total de 5 millions de kilomètres carrés et correspondant à 59 % du territoire brésilien. Elle englobe tous les 7 États de la région nord du Brésil (Acre, Amapá, Amazonas, Pará, Rondônia, Roraima et Tocantins), l’État du Mato Grosso (région Centre-Ouest) et la partie ouest de l’État du Maranhão (à l'ouest de 44e méridien – région Nord-Est) (carte 2).Dans cette région résident 56 % de la totalité de la population indigène du Brésil.

5 Région considérée comme la plus humide au monde, la forêt du Chocó est un morceau de la plaine amazonienne qui fut séparé de l’Amazonie lors de la subduction des Andes.

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Carte 2 : l’Amazonie biogéographique, hydrographique, administrative et culturelle. Source : Élaboration personnelle, à partir de Beaufort, 2017, p. 40.

Le concept de l'Amazonie légale a été créé en 1953 et ses limites territoriales découlent de la nécessité de planifier le développement économique et régional et, par conséquent, ceux-ci ne sont pas limités à l'écosystème de la forêt humide. Les limites de l'Amazonie Légale ont été modifiées à plusieurs reprises en raison de changements dans la division politique du pays.

Les principales activités économiques de la région sont : l'extraction végétale, l'élevage et l'agriculture. Dans certaines régions de l'Amazonie Légale, on observe aussi le développement d'activités industrielles, telles que l'activité de transformation et l’extraction des minéraux (surtout dans l’État du Pará) et aussi la Zona Franca de Manaus (dans l’État du Manaus), une zone où l'économie est basée sur les activités des industries lourdes et électroélectroniques en raison de la politique d'exonération fiscale.

41 Culturellement, plusieurs peuples cohabitent dans la région. Initialement occupée par des populations autochtones, la région a reçu un premier flux migratoire en provenance du nord-est du Brésil entre la seconde moitié du XIXe siècle et les premières années du siècle suivant, attirée par l'expansion des plantations de caoutchouc. C'était le sommet du soi-disant « premier cycle de caoutchouc ». Il y a eu un deuxième cycle pendant les années de la Seconde Guerre Mondiale. Par la suite, d’autres mouvements de population importants ont eu lieu, en particulier depuis les années 1970, au début avec de nouvelles vagues de migrants nordestinos, attirés par l’exploitation de l’or et des pierres précieuses. Les mouvements migratoires les plus récents ont eu lieu dans les années 1980 en direction de l'État de Rondônia et du nord-ouest du Mato Grosso, notamment avec l'arrivée de producteurs ruraux à la recherche de terres, qui ont avancé au nord du Mato Grosso. Dans cette région est née ainsi l’un des plus importants pôles de production de soja au Brésil.

Il semble toutefois indéniable que cette diversité est particulièrement marquée par les différents peuples indigènes vivant dans la région. Ce sont des peuples vivant sur des terres collectives, officiellement déclarées comme usufruit exclusif par le biais de ce qu'on appelle les « terres indigènes » (TI). Actuellement, ces zones sont au nombre de 655 et occupent 13 % du territoire brésilien. La reconnaissance juridique de ces zones a été rapide entre 1995 et 2010 où 229 TIs ont été ratifiées, sur une superficie totale de près de 60 millions d'hectares. La plupart des TIs sont situées dans l'Amazonie légale (409 régions), où elles occupent 22 % de la superficie totale de la région. Selon les estimations, 60 % de la population indigène brésilienne vit dans l’Amazonie Légale. Il est également important de mentionner que la croissance des populations indigènes devrait devenir encore plus visible car le taux de croissance démographique de ces peuples est estimé à environ 3,5 % par an, ce qui est beaucoup plus élevé que le taux estimé de la population brésilienne, actuellement proche de 1 %, selon les dernières données du recensement (EMBRAPA, 2011).

C’est donc cette diversité sociale et culturelle qui introduit de nouveaux défis pour le développement de la région. Les situations existantes opposent différents « styles d’agricultures », fondés sur des dizaines d’années et résultant de pratiques sociales mêlant traditions autochtones et traditions introduites par les migrants du passé. Alors que d’autres sont représentatifs d’une sociabilité plus moderne et plus avancée sur le plan technologique, en particulier dans les parties du territoire consacrées à la production de céréales ou à l’élevage plus intensif.

42 Toutes ces caractéristiques mettent en évidence la pluralité de l'Amazonie. Cette pluralité s’explique par l’existence d’éléments contradictoires au sein d’un même espace, ici l’espace amazonien. Par conséquent, on pourrait dire qu’il existe plusieurs « Amazonies » en Amazonie, c'est-à-dire que cette région est le résultat de nombreux ensembles qui existent et coexistent : le connu et l'inconnu, l’utilisé et l'inutilisé, le vaste et le restreint, le trop et le peu, le riche et le pauvre. En ce qui concerne « le connu et l’inconnu », nous pouvons rappeler des exemples de faune et de flore : nous découvrons chaque année de nouvelles espèces végétales ou animales. Pour ce qui est du « vaste et restreint », celui-ci nous renvoie, par exemple, à la relation entre la taille de la forêt et ses nombreuses subdivisions telles que les terres indigènes qui sont de plus en plus menacées et réduites. Enfin, « le trop et le peu » correspondraient à l’abondance des ressources naturelles et le faible impact socio-économique de leur exploitation. Ceci se traduit par une répartition inégale des revenus, le nombre restreint de riches mais aussi les milliers de pauvres qui, depuis des générations, se battent pour une portion de terre.

Cependant, ce sont toutes ces traditions et contradictions qui font de l’Amazonie une région étroitement liée à son passé et prometteuse en ce qui concerne son avenir. Toutefois, pour penser à l’avenir, nous savons qu’il est fondamental d’avoir des stratégies qui puissent donner des bases solides pour assurer sa continuité. Dans ce cas, il existe des plans et des directives fondamentaux liés à la durabilité, en particulier, et à un écosystème diversifié, fragile et vulnérable tel que la Forêt amazonienne.

1.2 – Le développement durable en Amazonie

L'Amazonie abrite une des dernières forêts tropicales continues du monde. Avec un quart de la biodiversité de la planète Terre, la région joue encore un rôle important dans le maintien du climat régional et mondial, et malgré une déforestation alarmante (environ 2,4 millions d'hectares par an), 85 % de ses forêts sont encore debout (Moutinho, 2005). Si l'on considère le destin des autres forêts du monde ou même au Brésil, comme la forêt Atlantique, l'Amazonie représente la dernière chance de mettre en œuvre un développement capable de concilier croissance socioéconomique et conservation des ressources naturelles. Selon le dictionnaire Larousse, « durable » signifie « de nature à durer longtemps ; qui présente une certaine stabilité. Si nous prenons une partie de cette définition en rajoutant la question du « développement », nous pouvons essayer de dire que le « développement

43 durable » est « le processus qui présente une certaine stabilité » ou pour aller un peu plus loin, « le processus qui présente une certaine harmonie ». Littérairement, le concept de développement durable est beaucoup moins complexe que le concept pratique, surtout si l’on considère l’application de ce concept dans les différents domaines de la science et de la connaissance. Après plusieurs lectures sur ce sujet, nous croyons que Droulers et Le Tourneau (2010) contextualisent et appliquent très bien ce concept, surtout quand il s’agit de l’Amazonie :

« […] Celui-ci [le développement durable] pose un redoutable défi à la recherche, qui doit saisir et expliciter, au travers d’observation localisées, toute la complexité de ce terme polysémique et multidimensionnel sans en réduire la signification. Il faut donc analyser les composants d’un système de croissance économique, écologique et sociale. La difficulté est grande car le développement durable, largement chargé de valeurs (Benetti, 2006), semble se trouver dans un éternel processus de transition paradigmatique (Kuhn, 1962). Certains éléments sont néanmoins stabilisés, tout au moins dans les pratiques développés sous cette bannière » (Droulers et Le Tourneau, 2010, p. 9-10).

En complément, les auteurs disent :

« […] D’une manière générale, les projets de développement durable ont pour objectif de valoriser le long terme et le bien commun contre le court terme et le productivisme étroit, ils vont à l’encontre des conduites prédatrices et accordent une grande importance à la durabilité des systèmes de production ainsi qu’au bien-être des générations présentes et à venir » (Droulers et Le Tourneau, 2010, p. 10).

Après autres commentaires, Droulers et Le Tourneau expliquent qu'en raison de la complexité, il y a des côtés positifs et négatifs dans le concept et, néanmoins, dans s’application :

« […] Comme nous l’avons souligné, la notion de développement durable est complexe et fait l’objet d’un nombre toujours plus grand de définitions et d’interprétations. Sa polysémie est à la fois l’un de ses points faibles, puisqu’il n’est pas certain que tous les interlocuteurs se réfèrent à la même signification, et l’un de ses points forts, puisqu’elle peut grâce à cela devenir un point de rapprochement entre des univers très opposé, comme celui des supporters de la protection de l’environnement et celui des grands agriculteurs » (Droulers et Le Tourneau, 2010, p. 12).

44 Dans le cas spécifique de la durabilité dans l’Amazonie, depuis 2008, il y a un projet dénommé PAS - Plano Amazônia Sustentável (en français, Plan d’Amazonie Durable). Dans ce projet de 114 pages, il y a 16 engagements mis en avant que le gouvernement brésilien a proposé de mettre en œuvre de manière plus particulière. Parmi ces engagements, l’un des plus importants est lié au développement durable et la valorisation de la diversité socio-culturelle et écologique de la région.

Comme on le sait, la région amazonienne est extrêmement riche en ressources naturelles mais, en raison de la grande diversité socio-culturelle, ces ressources sont perçues et exploitées de différentes manières par les divers groupes ethniques et économiques qui cohabitent dans la région. En ce sens, les grandes inégalités régionales font que l'Amazonie ne prospère pas de manière homogène et démocratique.

Dans ce contexte, le PAS cherche à élargir la présence démocratique de l'État, avec l'intégration des actions des trois niveaux que sont le gouvernement, la société civile et les secteurs d'activités privés. Car seulement de cette façon la région pourra assurer des politiques publiques pour soutenir le développement rural en mettant l'accent sur les dimensions de la durabilité économique, sociale, politique, culturelle, environnementale et territoriale.

Malgré le fait que de nombreux projets du gouvernement fédéral brésilien, avec d’autres nomenclatures, concepts et directives, ont déjà essayé d’améliorer « l’harmonie » entre les différents acteurs, les différents agents et la forêt depuis les années 1990, ce n’est que récemment, avec le Plan d’Amazonie Durable (PAS), que la durabilité est devenue le concept clé. En effet, les initiatives se sont multipliées en Amazonie, scandées par de grands événements, comme le Projet Pilote de Protection des Forêts Tropicales (PPG7), à Houston en 1990 et, entre autres, la Conférence du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), à Rio de Janeiro en 1992, le fameux « Rio 92 ».

Cependant, la grande différence entre le PAS et les autres projets (en particulier ceux du gouvernement brésilien) est que celui-ci possède au centre de ses discussions, l’Amazonie et la question de la durabilité. Toutefois, même s’il est formellement bien structuré, dans la pratique, le PAS a besoin de démontrer beaucoup plus d’efficacité.

Pendant quatre années de travail (entre 2007 et 2010), un groupe de chercheurs franco-brésilien a développé ses recherches sur la question de la durabilité en Amazonie. Le programme avait pour nom « DURAMAZ » (Déterminants du Développement durable en Amazonie brésilienne), le groupe a décidé de s’intéresser aux impacts géographiques, démographiques et socio-économiques des expériences de développement durable menées

45 en Amazonie brésilienne. Il a aussi décidé de rechercher, à travers la comparaison de 13 sites, à identifier des récurrences ou des répétitions qui configureraient autant de facteurs-clés à prendre en compte dans l’application de ces projets (Droulers et Le Touneau, 2010). Il est important de souligner que les discussions soulevées et les résultats présentés par le