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1.2 Origines et création du projet de recherche

1.2.1 Le contexte mahorais

1.2.1.1 Localisation géographique

Mayotte est située dans l’archipel des Comores (Océan Indien), au Nord du canal du Mozambique, entre Madagascar et le continent africain (Latitude: 12°47'5''Sud ; Longitude: 45° 10' 6'' Est) (figure 1.4) D’une superficie de 374 km², elle est ceinturée par une barrière

récifale presque continue de 157 km de circonférence, et d’une barrière immergée au Nord de 40 km, soit prés de 197 km de circonférence totale (Rolland et al., 2005). Cette barrière délimite entre elle et le littoral un des plus vastes lagons de l'Océan Indien (environ 1500 km²

de superficie). Ce complexe récifo-lagonaire (figure 1.5) est une des caractéristiques particulières de cet archipel comparé aux autres îles de l’Océan Indien (Comores, Seychelles, Réunion). Constituant la principale originalité de Mayotte, le lagon et les récifs coralliens sont un véritable réservoir de biodiversité : plus de 150 espèces de coraux, 270 espèces d’algues marines, 11 espèces d’herbes marines, près de 400 espèces de mollusques, richesse en Cténaires et Cnidaires, près de 239 espèces de poissons, 2 espèces de tortues et présence de mammifères marins (17 espèces de cétacés soit 22% des espèces mondiale, Dugong) (Gourbesville and Thomassin, 2000, Rolland et al., 2005). La création d’un parc marin de près de 70 000 km² a d’ailleurs été actée début 2010 afin de protéger l’ensemble de cet

écosystème.

Mayotte, île volcanique, est composée de deux îles principales, Grande-Terre et Petite-Terre, et d’une trentaine d’îlots d’origine volcanique ou corallienne répartis dans le lagon. Les 255 km de côtes sont particulièrement découpés et forment de multiples baies au fond desquelles se développent souvent des mangroves.

Figure 1.4 : Localisation de Mayotte dans l’archipel des Comores (Océan Indien), au Nord du canal du Mozambique, entre Madagascar et le continent africain. Mayotte et sa barrière récifale presque continue de 197 km de circonférence.

1.2.1.2 Contexte socio-économique

Le statut de Mayotte est particulier et en cours d’évolution. La loi n° 2001-616 du 11 juillet 2001 dote Mayotte du statut de Collectivité Départementale. En fin d’année 2009, après un vote consultatif auprès de la population, Mayotte prend un nouveau statut et deviendra

département (976) en 2012. Elle sera donc soumise à la même législation et réglementation

qu’en métropole notamment en matière d’environnement et d’assainissement des eaux usées.

L’île vit une véritable explosion démographique depuis les dernières années (Figure 1.6). Aujourd’hui, la population mahoraise atteint quasiment 200 000 habitants (186 452 au 31 juillet 2007, date de référence du recensement 2007 selon INSEE). La population de l’île s’est accrue d’un peu plus de 26 000 habitants en cinq ans. Le taux de croissance annuel moyen s’établit à 3,1 % sur la période 2002-2007. Il demeure largement supérieur à ce qu’il est au niveau national ou même à La Réunion (respectivement 0,6 % et 1,5 % de taux de croissance annuel moyen sur la période 1999-2006) (INSEE, 2007). La natalité élevée (indice de fécondité de 5 enfants par femme contre 1,7 enfant par femme en métropole) et l’immigration en provenance des îles voisines sont à l’origine de cette croissance démographique.

Figure 1.6 : Evolution de la population de Mayotte depuis 1960 jusqu’au dernier recensement de 2007, Source INSEE).

Mayotte détient la plus forte densité des DOM-TOM avec 511 habitants au km². Elle se

rapproche de la densité de l’île Maurice qui détient le record parmi les îles du Sud-ouest de l’océan Indien avec 587 habitants au km2

en 2001. Les communes mahoraises les plus peuplées (Mamoudzou notamment) continuent de s’accroître fortement et la densité de population dépasse les 2 000 habitants par km² dans les deux communes de Petite-Terre.

Cette véritable explosion démographique entraîne un développement urbain important. Essentiellement répartie sur le littoral, la population et les activités qui en découlent entraînent inévitablement des problèmes environnementaux. La question du rejet des eaux usées domestiques est un des problèmes majeurs à traiter.

1.2.1.3 L’assainissement à Mayotte

La consommation moyenne d’eau par habitant demeure relativement stable durant les 15 dernières années : 152 m3

par habitants et par an (tableau 1.2). En revanche, compte tenu de l’important accroissement démographique, la consommation totale, et donc les rejets connaissent une forte augmentation. En 2002, il y a 27 966 abonnés pour 186 000 habitants (soit une personne sur 7). Il est vrai que les familles sont nombreuses mais aussi, certains villages de Mayotte ne possèdent toujours pas l’eau potable courante. Un système de bornes à eau potable est alors mise en place par le SIEAM à la disposition des villageois (ex : Kwalé). Lorsque tous les villages et foyers seront raccordés, le débit d’eaux usées à traiter augmentera encore.

1995 1998 1999 2000 2001 2002 Moyenne Abonnés 13129 19956 22232 24642 26330 27966 22376 Consommation (m3) 1858214 2995322 3363876 3596519 4006584 4281000 3350253

m3/abonné 162 150 150 146 152 153 152

Tableau 1.2 : Consommation d’eau à Mayotte : nombre d’abonnés, consommation totale et par habitants (Source INSEE Mayotte 2004)

Depuis 1998, les communes ont confié la compétence de l’assainissement au SIEAM (article 2 de ses statuts, cf annexe A). Actuellement seule la commune de Mamoudzou est équipée d’une station d’épuration classique (STEP) fonctionnelle, mais cela représente environ 10 000 habitants sur une population de 200 000 Mahorais. C’est en 1999, que la collectivité a entrepris de réaliser des travaux d'envergure sur la commune de Mamoudzou (station d'épuration, collecteur). L'année 2001 aura été marquée par la mise en service de la station

d'épuration du Baobab et la pose d'environ 30 km de réseau d'assainissement. En 2010, elle vient d’être agrandie pour faire face à l’augmentation du volume des rejets à traiter.

Cependant, de nombreux villages restent à assainir car le système de traitement présent aujourd’hui connaît de nombreuses difficultés : manque de stations d’épuration, dysfonctionnement des stations existantes, problèmes de raccordement des habitants au réseau existant. De plus, les méthodes conventionnelles de traitement des eaux usées sont coûteuses à la mise en place et à l’entretien. Le problème des rejets des stations d’épuration se pose notamment à cause des dysfonctionnements importants des 120 "mini-stations" construites dans le cadre de lotissements, d'opérations de résorption de l'habitat insalubre ou de bâtiments scolaires en mauvais état, et anciennement gérées par des sociétés sous contrats privés. Aujourd’hui, la gestion semi-collective de ces assainissements est envisagée par le SIEAM.

Aujourd’hui la plus grande partie des eaux usées s’écoule donc librement dans le lagon sans réel traitement préalable. La première démarche de protection de l’île et de son lagon est donc de traiter ces eaux usées de manière efficace afin de préserver durablement la qualité des eaux du lagon et de l’écosystème dans sa globalité. En effet, les rejets en lagon sont difficiles à mettre en place en raison de la vulnérabilité environnementale forte de ce milieu et des coûts induits par la pose d’émissaires marins (obligatoire pour des rejets en bord de mer dans le domaine public maritime). De la même façon, les débits à infiltrer dans le sous-sol à l’échelle d’infrastructures collectives sont trop importants et nécessitent des surfaces d’infiltration non disponibles. Enfin, le réseau hydrographique de Mayotte est peu développé, les débits des rivières sont faibles, particulièrement dans le sud de l’île. En outre, celles-ci se jettent rapidement soit dans la mangrove, soit dans le lagon, compte tenu du caractère littoral des villages mahorais.

Pour remédier aux difficultés de traitement des eaux usées et aux problèmes sanitaires et environnementaux engendrés, des solutions doivent être proposées et des alternatives explorées pour les zones tropicales et notamment à Mayotte.