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Mariestad est une petite ville typique du centre de la Suède, avec une bibliothèque publique ainsi qu’une bibliothèque scolaire et une annexe de la bibliothèque de l’Université de Göteborg. La biblio- thèque publique de Mariestad est engagée dans un travail perma- nent sur les questions de diversité dans beaucoup de domaines. Les valeurs démocratiques sont perçues comme permettant les services de bibliothèque en général, notamment dans les domaines de la diversité comme l’interculturalité, la diversité lin- guistique et les services aux personnes en situation de handicap physique et/ou mental. C’est un travail continu, un travail quo- tidien d’attention qui a été mis en place grâce à la formation et

de nombreux projets mais aussi grâce aux interactions avec des individus, des organisations et des institutions.

L’important travail des groupes de soutien au niveau local, régional et national a renforcé les positions des individus et des groupes, à la fois dans et hors des murs de la bibliothèque. Jusqu’à un certain point, on peut trouver une attention aux normes et aux questions de genre dans la sélection des documents et dans les recomman- dations en fonction des situations. On peut également la percevoir dans la façon de servir et d’interagir avec le public en général. Nous avons décidé de nous concentrer sur un sujet qui n’est apparu que récemment dans l’agenda de la bibliothèque publique de Mariestad, les questions de genre et LGBTQ ainsi que les normes sociales. Lorsqu’on essaye de comprendre comment ces sujets sont appréhendés et traités à un niveau stratégique, mais aussi, et c’est peut-être plus important, quotidiennement, on découvre plusieurs types de défis. Les discussions et les observa- tions ont rendu évident le fait que ce sont des sujets délicats et avec lesquels le personnel des bibliothèques n’est pas familier. Dans la perspective d’améliorer les standards des bibliothèques, nous avons donc exploré la question de savoir comment aborder ces sujets à un niveau local.

Identifier les questions qui doivent être traitées est la première étape. Dans le cas de la bibliothèque de Mariestad, c’est quelque chose qui s’est produit avec le temps par des observations de la société en général mais aussi des observations à la bibliothèque. Cela peut être de discrets commentaires subtilement péjoratifs ou un manque de livres et de documents sur les sujets LGBTQ, surtout dans les sections enfants et jeunesse.

Pendant des années, il n’y a eu qu’une poignée de livres en lien avec les questions LGBTQ disponibles pour les enfants et les jeunes, notamment en raison de la pauvreté de l’édition dans ce domaine. Dans mon travail quotidien à la tête du département

jeunesse, je réfléchis souvent à la façon dont nous nous expri- mons avec les enfants et les jeunes, disons-nous par exemple automatiquement «  ta mère et ton père  » ou choisissons-nous une formulation plus neutre comme « l’un de tes parents » ? Alors, comment identifier les problèmes ? Quelles sont les étapes adaptées pour développer une approche pertinente pour cette diversité « nouvelle » ? Ensuite, comment diffuse-t-on de nou- velles informations et de nouvelles connaissances dans les ser- vices des bibliothèques ? En partant de ces questions, de ces dis- cussions, de ces recherches et des cycles de formation et des questions LGBTQ en Suède et hors du pays, la problématique de cette recherche est la suivante : comment organise-t-on une bibliothèque qui prenne en compte et qui connaisse les ques- tions LGBTQ apparemment invisibles dans les services de biblio- thèque ? Quelles sont les étapes nécessaires au renforcement des capacités et des qualifications pour approfondir une approche critique des normes sociales ? Cette recherche devant être com- prise comme une esquisse à petite échelle, nous ne rendrons pas compte de toutes les recherches qui ont été menées en matière de questions LGBT dans les bibliothèques. Cependant, je souhai- terais rappeler deux exemples. Le premier concerne la biblio- thèque publique d’Hallonbergen en Suède. Grâce à une longue collaboration avec la Riksförbundet för homosexuellas, bisexuel-

las, transpersoners och queeras rättigheter (RFSL, Fondation

suédoise pour les droits LGBTQ), la bibliothèque publique d’Hal- lonbergen a récemment reçu la prestigieuse certification LGBT qui témoigne de la grande qualité des services et de l’implication du personnel sur les questions LGBT et d’inclusion. La « biblio- thèque arc-en-ciel » à Umeå, également en Suède, est un autre modèle de bibliothèque travaillant ces questions6.

La certification LGBT de la bibliothèque Hallonbergen, par Ragnhild K. Brandstedt7

RFSL et la bibliothèque Hallonbergen, dans la région de Stockholm, ont récemment mis en place une formation com- plète qui a permis à la bibliothèque de recevoir une «  certifi- cation LGBT  » en décembre  2012. Dans son rapport de certifi- cation, Cecilia Bengtsson revient sur cette collaboration avec RFSL : « Les exemples pris en formation et dans les discussions de groupe se sont beaucoup appuyés sur les valeurs personnelles et les idées des un·e·s et des autres. Il est à la fois courageux et important de partager ces valeurs et ces idées. Cela demande un environnement de formation à la fois ouvert et non intimi- dant mais aussi de confiance.  » La formation à la bibliothèque Hallonbergen a fait partie d’un ensemble de démarches comme la révision des chartes, des pages web et des autres documents d’orientation ainsi que des séances de formation avec l’ensemble des personnels.

Des études au Royaume-Uni et aux États-Unis ont montré que l’accès à la littérature LGBT et aux autres documents joue un rôle important pour la communauté LGBT dans son ensemble, et tout particulièrement pour les jeunes se débattant avec des questions identitaires. Elizabeth Chapman de l’université de Sheffield (Angleterre) a mené une grande enquête sur la disponi- bilité et l’importance des fictions en lien avec les questions LGBT pour les jeunes lecteurs, ainsi que sur l’importance de la for- mation et de l’ouverture d’esprit du personnel8. Ses recherches

éclairent de façon intéressante la situation dans de nombreuses bibliothèques publiques au Royaume-Uni. L’article d’Ann Curry

7. Extrait de la conférence n° 1, p. 136. 8. Voir la conférence n° 8, p. 144.

“If I ask, will they answer?” se concentre sur les services de réfé- rences des bibliothèques publiques. Les résultats de ces deux études montrent des similarités significatives et pointent le fait qu’il ne faut pas sous-estimer l’importance de la formation et de l’ouverture d’esprit du personnel.