Ce chapitre traitera de la problématique générale de l’attractivité touristique en
1.2 CONTEXTE DE L’ATTRACTIVITÉ TOURISTIQUE
Dans son Plan d’action local pour l’économie et l’emploi (PALÉE) 2003‐2005, le Centre local de développement (CLD) Papineau précisait que les études et recherches étaient un de ses axes de développement majeur afin de permettre une meilleure connaissance du milieu.
« Les études et les recherches font partie intégrante d’une meilleure connaissance d’un territoire. On connaît nos réalités mais souvent on les connaît mal, de façon imprécise qui nous entraîne souvent vers de fausses avenues. La connaissance claire d’un but visé nous permet de l’atteindre de façon plus rapide et sans ambigüité. Des chiffres précis nous démontrent que notre cheminement est bon ou au contraire, il a besoin d’un réalignement. La connaissance de tous ces phénomènes commence par de bonnes études et de bonnes recherches. » (Plan d’action du CLD Papineau 2003‐2005, p.41)
L’objectif de ce mémoire s’oriente dans cette perspective : présenter une analyse scientifique de l’attractivité touristique de la Petite‐Nation avec appui cartographique. La présentation de cette analyse se concrétisera avec l’aide du cadre théorique de la géographie structurale appliquée au tourisme, élaboré par Serge Gagnon (2003) et d’un système d’information géographique (SIG).
1.2 CONTEXTE DE L’ATTRACTIVITÉ TOURISTIQUE
Certains lieux sont plus fréquentés que d'autres. C'est le cas des plans d'eau, des montagnes, des sites historiques, par exemple. Comment se fait‐il que ces lieux soient
plus attractifs que d'autres? Ce sont des questionnements soulevés, entre autres, par Serge Gagnon et Philippe Duhamel:
« Vous est‐il arrivé de visiter fréquemment des régions telles que Charlevoix, les Laurentides ou le Saguenay? Vous êtes‐vous déjà demandé pourquoi certains territoires attirent plus que d’autres? » (Gagnon, 2007, p.3)
« Comment ce bourg de montagne [Saint‐Gervais‐les‐Bains] est‐il devenu l’une des principales stations touristiques des Alpes françaises? » (Duhamel, 2003, p.37).
L’attractivité touristique est un phénomène complexe mais fondamental dans une ère où le tourisme prend une part importante du marché économique au Québec comme à l’international1. Spécialement dans les territoires ruraux où le tourisme est souvent un pôle de développement majeur comme c’est le cas de la Petite‐Nation en Outaouais (www.papineau.ca). Les élus locaux identifient souvent le tourisme comme l’activité économique clé de leur région. On s’attend trop souvent à ce que l’activité touristique soit salvatrice des régions en déclin économique. Or, Olivier Lazzaroti le mentionne, « tout ne sera jamais touristique » (2003, p.266). Il évoque l’idée que si tout peut être touristique, il n’y aurait plus d’avantage à l’être. Les lieux deviennent touristiques parce qu’ils possèdent des singularités et parce que la société leur porte un regard particulier. Alors comment définir cette singularité?
1En 2007, le tourisme est l’activité économique la plus lucrative mais aussi la plus importante de la planète.
En atteignant 12% du PIB mondial et 8% de l’emploi (soit 200 millions de personnes concernées), le tourisme est devenu une activité incontournable de l’économie mondiale et ne cesse d’augmenter. En effet, le nombre de touristes est passé de 25 millions en 1950 à 700 millions en 2002, et l’Office Mondial du Tourisme prévoit 1.6 milliard de voyageurs en 2020. (OCDE)
François de Grandpré soutient que la signification que nous donnons aux concepts d’attrait, de produit et d’attraction touristiques peut avoir des conséquences sur la façon dont nous percevons l’activité touristique et la façon dont nous mettons en valeur nos territoires (2007, p.12). Voilà pourquoi il est important de les distinguer et de les comprendre. La clé de compréhension de l’attractivité d’un lieu se trouve‐t‐elle dans la signification profonde des singularités d’un territoire ? De quelle manière, le fait de comprendre ce phénomène peut‐il influencer sur le développement touristique d’un lieu?
L’activité touristique structure le développement, change le paysage et l’environnement, et affecte de façon positive ou négative la population en place. Bref, le tourisme touche autant aux sphères naturelles et physiques qu’à celles culturelles. Des sciences telles la géographie, l’histoire, la sociologie, l’économie et l’écologie s’y intéressent sans toutefois le (tourisme) comprendre entièrement, écrit‐on dans plusieurs articles portant sur l'évolution du tourisme dans les sciences (Beaudet et Gagnon, 1999, pp. 135‐136).
Il semble exister un lien direct entre attractivité touristique et développement territorial. En effet, lorsqu’un lieu est qualifié d’attraction, d’attrait, de noyau ou de centre touristique, il est commun d’observer toute une gamme de services développés autour de l’attrait, c’est le cas entre autres de la région de Montebello. Certains mentionnent que c’est à partir de la valeur attractive fondamentale d'un lieu que le développement local ou régional suivrait tandis que d'autres affirment qu’un lieu attractif
résulterait d’un développement touristique voulu et planifié. Philippe Duhamel écrit que l’apparition d’un lieu touristique relève de deux processus précis soit : le lieu existait avant le développement touristique avec ses services, sa population, ses activités (lieu investi par le tourisme) où le tourisme se développe dans des lieux moins valorisés par la société ce qui produit une « mise au monde » du lieu (lieu créé par le tourisme) (2003, p.41). Est‐
ce qu’un lieu devient attractif par son développement ou l'est‐il a priori et il s'en suit un développement? Voilà le dilemme.
Chose certaine, le tourisme évolue, met en scène des paysages et des cultures et offre un podium à des endroits nouveaux mais aussi à des lieux populaires depuis longtemps. C’est le cas, par exemple, de plusieurs lieux de villégiature au Québec. Déjà au
XIXe siècle, les stations de villégiature de Charlevoix, du Bas‐Saint‐Laurent (Kamouraska, Tadoussac, Métis‐sur‐Mer) et plus tard des Cantons‐de‐l’Est ou de l’Outaouais (Montebello) étaient forts populaires et mis en valeur par le tourisme aristocrate et bourgeois (Gagnon, 2003, p.135). Nous réalisons maintenant, que ces stations de villégiature sont toutes aussi populaires sinon qu’elles reflètent toujours cette notoriété passée. Mais comment et pourquoi ces lieux convoités, il y a plus d’un siècle, le sont toujours aujourd’hui? Serge Gagnon avance que l’attractivité est un objet antécédent à la prise en charge par les acteurs d’un lieu, qui sera mis en valeur à posteriori par ces derniers.
Gagnon précise que la signification profonde d’un lieu serait chargée de valeurs véhiculées par les artistes. Les paysages appartiendraient à des espaces investis d’une émotion qui capte les regards. Le touriste serait poussé par cette pulsion et le désir de vivre ses émotions. Ces paysages représenteraient l’histoire, la beauté, les valeurs identitaires des communautés. Une des notions de la charte du paysage tel que défini par le Conseil québécois des paysages met justement le doigt sur cette problématique :
« Le paysage est source de création et d’expression. Il sert de lieu de mémoire et de lien avec notre passé dont il importe de préserver les éléments les plus fondamentaux. Un paysage peut être emblématique pour tous les Québécois ou unique à chaque communauté sans qu’il prétende nécessairement être exceptionnel. Le paysage traduit nos préoccupations relatives à la qualité de vie et notre résistance à la banalisation des spécificités territoriales » (charte du paysage québécois, 2000).
Voyons maintenant comment cela se traduit dans les principaux enjeux de l’aménagement et du développement touristique de notre territoire d’étude.