• Aucun résultat trouvé

3. Croissance

3.4. Interactions avec l’Homme

3.4.2. Contention du poulain

Souvent, le poulain doit être contraint de rester immobile ou de suivre l’éleveur durant les six premiers mois de sa vie, par exemple pour aller au pré avec sa mère, sa vermifugation, sa vaccination... Ainsi, plusieurs moyens sont utilisés.

Pour maintenir le poulain à l’arrêt, l’éleveur peut le tenir avec un bras autour de son encolure pour l’empêcher d’avancer, et l’autre bras derrière la croupe pour éviter qu’il ne recule (Photo 10).

Photo 10: Contention adéquate du poulain (http://sauve-qui-peut.fr/orphelins.php)

Le contact doit être assuré et doux à la fois. Lorsque le poulain cherche à fuir, le manipulateur doit être ferme. Mais dès lors que le poulain cesse sa tentative de dégagement, la pression des bras de l’Homme doit instantanément cesser. En effet, la

cession à la pression est un comportement acquis par apprentissage. Instinctivement, le poulain cherche plutôt à résister.

Il existe aussi des harnais de contention qui permettent de maitriser le poulain, c’est aussi un bon moyen lorsque l’éleveur est seul face au poulain (photo 11).

Photo 11: Harnais de contention du poulain (http://www.yourhorse.co.uk/Gear-reviews/Search-Results/For-Your- Horse/Search-Results/Training-aids/Lungeing/Zilco-Europe-Ltds-Control-A-Foal/)

Une autre méthode permet de mener le poulain tout en l’encadrant correctement : une longe passe derrière sa croupe est maintenue par le manipulateur à l’avant par une seconde longe, comme illustré dans les photos 12a et 12b.

Photo 12a et 12b : Contention du poulain et marche en main à l'aide de longes (http://www.equestriannow.co.uk/?p=155)

La longe autour du cou du poulain permet de retenir le poulain s’il avance trop vite, alors que la longe qui passe derrière la croupe stimule la marche en avant.

Enfin, le traditionnel licol permet de maintenir et de mener le poulain, par exemple lorsqu’il est mis au pré avec sa mère. L’accoutumance au licol se fait progressivement.

Dans un premier temps, il convient de toucher le poulain sur son poitrail, franchement mais sans mouvements brusques. Une alternance de toucher puis retrait permet au poulain de prendre progressivement confiance sans être pour autant envahi. Il réalise aussi que le contact avec l’éleveur n’est pas nocif ni douloureux. Lorsque le toucher du poitrail est acquis sans fuite de la part du poulain, les autres parties du corps peuvent être abordées, sur le même principe de l’approche-retrait qui consiste à revenir fréquemment à une zone de confort, pour aller à nouveau vers une zone plus délicate. En restant trop longtemps sur une zone sensible, le poulain risque de fuir le contact. Il apprend alors que la fuite résout ses problèmes d’inconfort ou de crainte. Ainsi, toutes les parties du corps vont être progressivement manipulées : l’encolure, le dos, le ventre, la tête.

Lorsque la tête est caressée sans fuite de la part du poulain, on peut lui frotter le licol sur ses ganaches, sur la nuque et autour du museau pour qu’il s’habitue à son contact. Puis le licol est alternativement approché et éloigné de son bout du nez plusieurs fois comme s’il allait être mis. C’est la répétition de chaque portion qui crée l’apprentissage. N’oublions pas qu’il existe un angle mort dans la vision du cheval juste en face de lui, donc bien souvent il ne voit pas arriver le licol et se retrouve vite surpris par son contact sur son bout du nez. Enfin, lorsque cette étape est complètement tolérée, le licol peut lui être enfilé. Les séances d’apprentissage ne doivent pas durer trop longtemps pour ne pas blaser le poulain, dix à vingt minutes semble raisonnable. De même que la fréquence des séances ne doit pas être trop intense : une séance par jour est généralement effectuée et semble satisfaire les éleveurs. Aucun auteur n’a étudié l’efficacité des séances selon leur fréquence.

Sur tous les chevaux, la tête est une partie du corps délicate, facilement fuyante et craintive : elle est le siège des émotions, de l’attention et c’est à son niveau que l’instinct de fuite prend naissance (avant de bouger les pieds, le cheval s’enfuit avec sa tête). Un soin particulier doit être apporté au niveau de la tête, et avant d’apprendre au poulain le déplacement, il faut lui apprendre à céder à la pression. La cession à la pression s’obtient bien plus facilement sur le côté plutôt que tout droit.

Traditionnellement, tous les hommes de chevaux se placent à la gauche de l’animal pour les mener en licol, filet et monter dessus. Historiquement, les chevaliers portaient leur

fourreau à gauche de leur ceinture pour pouvoir dégainer leur épée de leur main droite. Ainsi, il était plus simple de monter à cheval par le côté gauche, puisque c’est la jambe droite qui passe au-dessus de la croupe de l’animal.

Lorsque le poulain accepte le licol, la cession s’obtient par une légère traction de la main sur la muserolle du licol dans le but de faire tourner la tête du poulain. Une fois la cession acquise, il faut désensibiliser le poulain à la longe : il faut la lui passer sur le corps, lui faire pendre devant le museau afin qu’il réalise qu’elle peut faire des mouvements et le toucher. Ensuite, la longe peut être accrochée au licol afin de le conduire en main. Attention à bien ajuster le licol, pour ne pas qu’il se retourne sur son œil en cas de réaction défensive excessive.

Pour mener le poulain, le manipulateur se place à sa gauche, au niveau de son épaule. Une légère tension de la longe dans la direction dans laquelle le manipulateur veut mener le poulain est exercée jusqu’à ce que le poulain amorce un mouvement dans cette direction. La mise en place d’une longe de croupe est une aide précieuse pour mettre en avant le poulain, à condition d’avoir correctement désensibilisé l’arrière main du poulain jusqu’aux jarrets, sous peine de provoquer ruades et coups de pieds au contact de la longe (photo 13).

Photo 13a et 13b : Poulain portant une longe de croupe (d’après De Corbigny, 2011)

Sur la photo 14, cette dame se place en face du poulain, ce qui l’incite à reculer. Plus la personne tire sur la longe, plus le poulain a tendance à résister. En effet, la résistance à la contrainte est une réaction innée chez le poulain. C’est pourquoi, relâcher la tension de la longe pourrait stopper le recul du poulain. Maintenir l’encolure droite et tirer en avant sur la

longe est une erreur souvent commise, qui provoque de nombreuses défenses, alors qu’il suffit de commencer par apprendre au poulain à céder sur le côté. La manipulatrice devrait donc se placer à côté du poulain et non devant, pour ne pas qu’il ait tendance à fuir un contact qu’il juge angoissant.

Photo 14: Lutte du poulain en licol (http://chloerola.com/2011/02/07/la-dominance-chez-le-cheval/)

L’acceptation du licol et de la marche en main pour le poulain est très utile pour assurer son entretien correct.