II. 4.4 “Action” de G dans la carte n + 1
IV.2 Construction d’une structure de vari´et´e sur X j +
K
+(i): n
+1×n
−1×n
+i→ n
+i.
(x, y, Y) 7→ pr
n+i
e
−ad(x)e
ad(y)Y
]
K
+(i)est polynomiale et continue par l’hypoth`ese (H1) donc de classeC
∞et par suite le
noyau canonique est lisse.
Dans la partie suivante, nous allons consid´erer d’autres espaces homog`enes, d´efinis
grˆace `a des sous-groupes de U
+et U
−et adapter la d´emonstration du th´eor`eme IV.1.1
pour construire une structure de vari´et´e sur ces nouveaux espaces.
IV.2 Construction d’une structure de vari´et´e sur Xj+
De mani`ere plus g´en´erale, on peut consid´erer d’autres espaces homog`enes X
j±, d´efinis
de mani`ere analogue `a X
+et X
−. En effet, pour tout j ≥ 2, le j
i`emeespace de n
+:
n
+j=g
k⊕ · · · ⊕g
jest une sous-alg`ebre de Lie nilpotente deg. On peut donc d´efinir :
U
j+:=
Comme pr´ec´edemment, les ´el´ements de H normalisent U
+j
donc P
+j
est un sous-groupe
de G. On pose ´egalement P
k++1:= H. On d´efinit de mani`ere analogue des sous-groupes
U
j−et P
j−. Alors P
j±+1⊂P
j±et on poseX
j±:=G/P
∓, de sorte qu’on a
X
k++1=G/H =X
k−+1 p+ku
u
u
u
llllll
llllll
llll
p−k)
)))
R
R
R
R
R
R
R
R
R
R
R
R
R
R
R
R
X
k+ p+k−1X
k− p−k−1...
p+2...
p−2X
2+ p+1X
2− p−1X
+=X
+ 1X
− 1=X
−o`u p
±iest la projection de X
i±+1sur X
i±donn´ee par p
±i: gP
i∓+17→ gP
i∓. On se souvient
qu’on avait P
+∩P
−=H; plus g´en´eralement, on a de mˆeme P
j+∩P
j−=H.
Soit 2 ≤ j ≤ k+ 1. Le but de ce qui suit est, comme pour X
+, de construire une
structure de vari´et´e diff´erentielle sur X
j+, mais cette fois model´ee sur
m
+j:=n
+1×(g
−1⊕ · · · ⊕g
−j+1) = (g
k⊕ · · · ⊕g
1)×(g
−1⊕ · · · ⊕g
−j+1).Dans la suite, on noteraq
−j:=g
−1⊕ · · · ⊕g
−j+1, de sorte quem
+j=n
+1⊕q
−j. La premi`ere
´etape est de montrer qu’on peut consid´erer m
+jcomme un sous-ensemble de X
j+.
Proposition IV.2.1. L’application m
+j→ X
j+(x, w) 7→ e
ad(x)e
ad(w)P
j−est injective.
D´emonstration.
Soit (x1, x2) ∈ n
+1, (w1, w2) ∈ q
−jtels que e
ad(x1)e
ad(w1)P
j−= e
ad(x2)e
ad(w2)P
j−. En
particulier, on a e
ad(x1)P
−= e
ad(x2)P
−et donc comme n
+1s’injecte dans X
+d’apr`es
le th´eor`eme II.3.2, on a x
1= x
2=: x. On a alors e
ad(x)e
ad(w1)P
j−= e
ad(x)e
ad(w2)P
j−donc e
ad(−w2)e
ad(w1)∈ P
j−. Or w1 et w2 sont des ´el´ements de q
−jet donc n´ecessairement
w1 =w2.
Le point central pour construire la structure de vari´et´e est de comprendre l’action de
e
ad(y)surm
+j, siy ∈n
−1. Pour cela, soit (x, w)∈m
+jety∈n
−1tel quee
ad(y)·x∈n
+1⊂X
+.
On a e
ad(y)·x ∈ n
+1i.e il existe p
−= e
ad(t)h ∈ P
−tel que e
ad(y)e
ad(x)= e
ad(z)p
−avec
t∈n
−1, h∈H etz :=e
ad(y)·x∈n
+1.
On a donc e
ad(y)·(x, w) = e
ad(z)p
−e
ad(w)P
j−=e
ad(z)e
ad(t)e
ad(hw)P
j−.
On a alors besoin du lemme suivant pour expliciter e
ad(z)e
ad(t)e
ad(hw)P
j−.
Lemme IV.2.1. SoitX ∈n
−1. Pour tout n ∈ {1, . . . , k+ 1−j}, il existe Z
n∈n
−jtel que
X
q∗Z
n=X+R
j+n, avec R
j+n∈n
−n+jet X
qest la projection sur q
−jde X.
Pourn =k+ 1−j, on aR
j+n∈n
−k+1= 0 et alors X
q∗Z
n=X i.ee
ad(X)=e
ad(Xq)e
ad(Zn)D´emonstration.
On ´ecrit X =
−k
X
i=−1
X
i, avec X
i∈g
i, si bien que X
q=
−
X
j+1 i=−1X
i. On pose
Z
1:=
−kX
i=−jX
i∈n
−j.
Alors, on a X
q∗Z
1= X
q+Z
1+R
j+1= X +R
j+1. Le premier terme dans R
j+1est
1
2[X
q
, Z
1]∈n
−j+1donc R
j+1∈n
−j+1.
Soit n ∈ {1, k−j} tel qu’il existe Z
n∈ n
−javec X
q∗Z
n= X+R
j+net R
j+n∈ n
−j+n.
Alors on peut ´ecrire R
j+n=
−k
X
i=−j−n
R
ji+net on pose
Z
n+1:=Z
n−R
j−+j−nn∈n
−j.
D’o`uX
q∗Z
n+1=X
q∗Z
n−R
j−+jn−n+Re
j+n+1. Le premier terme deRe
j+n+1est−1
2
X
q, R
j−+1j−ndonc Re
j+n+1∈n
−j+n+1et alors
X
q∗Z
n+1=X+R
j+n−R
j−+jn−n+Re
j+n+1=X+
−kX
i=−j−n−1R
ji+n+Re
j+n+1| {z }
Rj+n+1.
DoncR
j+n+1∈n
−j+n+1, l’hypoth`ese de r´ecurrence est v´erifi´ee au rangn+ 1 et finalement,
il existe Z :=Z
k+1−j∈n
−jtel que X
q∗Z =X.
En particulier, comme e
ad(t)e
ad(w)=e
t∗w, on poseX :=t∗w∈n
−1etX
qla projection
deX surq
−j. Alors d’apr`es le lemme pr´ec´edent, il existeZ ∈n
−jtel queX
q∗Z =X =t∗w
i.e e
ad(t)e
ad(w)= e
ad(X)= e
ad(Xq)e| {z }
ad(Z)∈Pj−
. On peut alors ´enoncer la proposition suivante,
analogue de la proposition IV.1.1
Proposition IV.2.2. L’application (n
+×n
−)
××q
−j→ m
+j((x, y), w) 7→ e
ad(y)·(x, w)
est de classe
C
∞.
D´emonstration.
Soit (x, w)∈m
+jet y∈n
−1tel que e
ad(y)·x∈n
+1. On a vu que dans ce cas, il existe
t ∈ n
−1, h ∈ H tels que e
ad(y)·(x, w) = e
ad(z)e
ad(t)e
ad(hw)P
j−. Donc par le lemme IV.2.1,
e
ad(y)· (x, w) = e
ad(z)e
ad(t∗(hw)q)P
j−= (z, t ∗ (hw)
q). D’apr`es la proposition IV.1.1,
(x, y) 7→ z est de classe C
∞. En outre, (t, w) 7→ t ∗ w est polynomiale et continue
donc de classe C
∞par l’hypoth`ese (H1). Donc il reste `a montrer que l’application
((x, y), w)7→(t, hw) est de classe C
∞.
pour tout x∈g
n, on a nhx=h[E, x] = [hE, hx] donc hE est un op´erateur d’Euler de la
d´erivation caract´eristique asoci´ee `a la graduation de g. Donc, on a
pr
n−1
(e
ad(−z)e
ad(y)e
ad(x)E) = e
ad(t)hE−hE =−
−k
X
i=−1
it
i+ψ
i(t
−1, . . . , t
i−1)
en utilisant les mˆemes notations que pour la proposition IV.1.1. Le membre de gauche est
une fonction de classe C
∞par la proposition IV.1.1 donc par un raisonnement analogue
`a celui de la proposition IV.1.1, l’application (x, y)7→t est de classeC
∞.
Ensuite, hw =e
−ad(t)e
−ad(z)e
ad(y)e
ad(x)w donc d’apr`es ce qui pr´ec`ede, l’application qui `a
((x, y), w) associe le membre de droite est de classe C
∞car polynomiale et continue en
(x, y, z, t, w) et donc l’application ((x, y), w) 7→ hw est de classe C
∞. Donc finalement,
l’application
(n
+×n
−)
××q
−j→ m
+j((x, y), w) 7→ e
ad(y)·(x, w)
est de classe C
∞.
Nous avons `a pr´esent tous les outils n´ecessaires pour construire la structure de vari´et´e
diff´erentielle sur X
j+.
Th´eor`eme IV.2.1 (Structure de vari´et´e diff´erentielle sur X
j+).
Il existe sur X
j+une structure de vari´et´e diff´erentielle model´ee sur m
+j, d´efinie par le
fait que A
j={(g(m
+j), ϕ
jg
), g ∈G} est un atlas de X
j+, o`u
ϕ
jg:g(m
+j)→m
+j, g·(x, w)7→(x, w), pour g ∈G.
D´emonstration.
La d´emonstration est assez semblable `a celle pourX
+. En effet,X
j+est recouvert par
{g(m
+j), g ∈G}et pour g ∈G, on consid`ere
ϕ
jg:g(m
+j)→m
+j, g·(x, w)7→(x, w).
On munit alors X
j+de la topologie finale pour les applications
Ψ
jg:m
+j→X
j+, (x, w)7→g·(x, w) = ge
ad(x)e
ad(w)P
j−i.e O ⊂ X
j+est un ouvert si et seulement si pour tout g ∈G, Ψ
jg
−1(O) est un ouvert
dem
+j, c’est-`a-direg
−1(O)∩m
+jest un ouvert dem
+jpour toutg ∈G. Par d´efinition de
la topologie, les applications Ψ
jg
sont continues et donc Gagit par hom´eomorphismes sur
X
j+.
L’´etape suivante, comme dans le cas de X
+, est de montrer que la topologie induite sur
m
+jpar celle de X
j+est en fait la topologie de d´epart de m
+j. Si O est un ouvert de X
j+,
alors O ⊂m
+jest un ouvert de m
+jpour la topologie de d´epart.
R´eciproquement, si U est un ouvert de m
+j, il suffit de montrer que pour tout g ∈ G,
g
−1(U)∩m
+jest un ouvert dem
+j; le point important ici est la proposition IV.2.2 (comme
dans le cas deX
+, la propri´et´e cl´e ´etait la proposition IV.1.1.) Sig
−1(U)∩m
+j=∅, alors le
r´esultat est vrai. Sinon, soit (x, w)∈g
−1(U)∩m
+j. Alors,ge
ad(x)e
ad(w)P
−j
∈ U ⊂m
+j, donc
en particulier, ge
ad(x)o
+∈ n
+1; donc quitte `a remplacer g par ge
ad(x), on peut supposer
quex= 0. Alorsg ∈Ω
+et donc d’apr`es le point iv) du th´eor`eme II.3.2, g =e
ad(v)he
ad(y),
avec v ∈n
+1, h∈H et y∈n
−1. Or
e
ad(v)·(x, w) =e
ad(v)e
ad(x)e
ad(w)P
j−=e
ad(v∗x)e
ad(w)P
j−= (v∗x, w)∈m
+jdonc l’action de e
ad(v)sur m
+jest de classe C
∞donc en particulier continue et par suite
e
−ad(v)(U) est un ouvert dem
+j.
Ensuite h·(x, w) =he
ad(x)e
ad(w)P
j−=e
ad(hx)he
ad(w)P
j−=e
ad(hx)e
ad(hw)P
j−. Donc
h·(x, w) = (hx, hw) = (d
h−1(0)1x, c
h(0)1w)∈m
+j.
Or par la proposition IV.1.2, l’action de d
g(z)1 est continue sur n
+1pour tout g ∈ G et
z ∈n
+1et de mani`ere duale, l’action de c
g(u)1 surn
−1est aussi continue donc finalement,
l’action de h sur m
+jest continue et donc h
−1e
−ad(v)(U) est un ouvert de m
+j. Enfin,
on a vu dans la proposition IV.2.2 que l’action de e
ad(y)sur m
+jest de classe C
∞donc
finalementg
−1(U)∩m
+jest bien un ouvert de m
+jpour toutg ∈G i.eU est un ouvert de
X
j+. Donc la topologie induite par celle deX
j+sur m
+jest la topologie de d´epart de m
+j.
En particulier, m
+jest un ouvert deX
j+.
Enfin, montrons que les changements de cartes sont de classeC
∞. D’abord, par d´efinition
de la topologie de X
j+, les cartes sont des hom´eomorphismes. Soitg1, g2 ∈G. On pose
Ψ
jg1,g2:= Ψ
jg2−1◦Ψ
jg1: Ψ
jg1−1Ψ
jg2(m
+j)
∩m
+j→ Ψ
jg2−1Ψ
jg1(m
+j)
∩m
+jet on suppose que Ψ
j g1(m
+j)∩Ψ
jg2
(m
+j) 6= ∅. On pose alors g := g
2−1◦g1 et on consid`ere
(x, w) ∈ Ψ
jg1
−1Ψ
jg2
(m
+j)
; comme pr´ec´edemment, on peut supposer x = 0 et alors,
on ´ecrit g = e
ad(v)he
ad(y)avec v ∈ n
+1, h ∈ H et y ∈ n
−1. Or on a vu que e
ad(v)et e
ad(y)agissent de mani`ere C
∞sur m
+jet h agit par (d
h−1(0)1, c
h(0)1) sur m
+jdonc ´egalement
de mani`ere lisse. Donc Ψ
jg1,g2
est bien de classe C
∞.
Donc pour tout j, X
j+(et de mani`ere duale X
j−) poss`ede une structure de vari´et´e
diff´erentielle model´ee sur m
+j. Il reste alors `a montrer que p
j: X
j++1→ X
j+est une
submersion. Mais grˆace au lemme IV.2.1, dans une carte, p
+js’´ecrit comme la projection
m
+j+1=n
+1×q
−j+1→ m
+j=n
+1×q
−j(x, y
−1+· · ·+y
−j) 7→ (x, y
−1+· · ·+y
−j+1).
Donc pour tout j, l’application p
+jest bien une submersion.
Conclusion
Nous allons pr´esenter ici quelques probl`emes ouverts li´es `a cette th`ese.
Une approche axiomatique des g´eom´etries de drapeaux g´en´eralis´ees.Une
axio-matique des g´eom´etries projectives g´en´eralis´ees (i.e dans le cadre des 3-graduations) a ´et´e
d´evelopp´ee dans [Ber02b]. On peut se demander si on peut faire de mˆeme dans le cas des
(2k+ 1)-graduations, aveck > 1. Voici quelques structures qui pourraient nous permettre
de d´efinir une telle axiomatique. Si on consid`ere g une alg`ebre de Lie(2k + 1)-gradu´ee,
(X
+, X
−,⊤) sa g´eom´etrie de drapeaux g´en´eralis´ee, et si on fixe a∈X
+ety ∈a
⊤, alors
pour tout (x, z)∈a
⊤, on peut ´ecrire
x=e
ad(u)y et z =e
ad(v)y, avec (u, v)∈a1
car d’apr`es le th´eor`eme II.3.1, e
ad(a1)agit simplement transitivement sur a
⊤. On peut
donc poser
x·
yz :=e
ad(u)e
ad(v)y=e
ad(u∗v)y∈a
⊤,
o`uu∗v est donn´e par la formule de Campbell-Hausdorff. Alors ce produit munita
⊤d’une
structure de groupe de neutre y. On obtient donc une application
a
⊤×a
⊤×a
⊤→ a
⊤.
(x, y, z) 7→ (xyz)
a:=x·
yz
Cette application v´erifie pour tout (x, y, z, u, v)∈a
⊤,
(G1) (xy(zuv)
a)
a= ((xyz)
auv)
a,
(G2) (xxy)
a=y= (yxx)
a.
Autrement dit,a
⊤poss`ede une structure d’espace homog`ene principal outorseur [Cer43],
[Sch79] ou [BK09a]. Donc finalement, on a une application
Σ : D → X
−,
(a, x, y, z) 7→ (xyz)
ao`uD:={(a, x, y, z), a∈X
+,(x, y, z)∈a
⊤} ⊂X
+×X
−×X
−×X
−. On peut se demander
s’il est possible de prolonger Σ `a F
4tout entier et caract´eriser la g´eom´etrie de drapeaux
g´en´eralis´ee (X
+, X
−,⊤) grˆace aux propri´et´es de Σ. Ceci nous permettrait de d´efinir de
mani`ere plus axiomatique ce qu’est une telle g´eom´etrie, sans qu’il n’y ait une alg`ebre de
Lie gradu´ee associ´ee. On peut citer les travaux de W. Bertram et M. Kinyon [BK09a]
et [BK09b], o`u ils donnent la d´efinition d’une g´eom´etrie associative, qui correspond `a
une g´eom´etrie de drapeaux g´en´eralis´ee de type 1-gradu´e, autrement dit une g´eom´etrie
projective g´en´eralis´ee, associ´ee `a une alg`ebre de Lie 3-gradu´ee, de type A
n, B
n, C
nou
D
n.
Une d´efinition axiomatique d’une g´eom´etrie de drapeaux g´en´eralis´ee permettrait d’avoir
une approche cat´egorielle de ces objets et il serait alors l´egitime de se demander si on
a une ´equivalence de cat´egories entre les g´eom´etries de drapeaux g´en´eralis´ees de type
k-gradu´e et l’objet infinit´esimal associ´e.
Objet infinit´esimal ou tangent d’une g´eom´etrie de drapeaux g´en´eralis´ee.Ce
probl`eme est la version “infinit´esimal” de la question pr´ec´edente. On sait que dans le cas
3-gradu´e, les g´eom´etries projectives g´en´eralis´ees sont essentiellement en bijection avec les
paires de Jordan. Mais quel sera l’objet correspondant dans le cas des graduations plus
longues ? Dans le cas g´en´eral d’une alg`ebre de Lie (2k+ 1)-gradu´ee, g=g
k⊕ · · · ⊕g
−k,
on obtient une g´eom´etrie de drapeaux g´en´eralis´ee de typek-gradu´e et si o
−eto
+sont les
filtrations positive et n´egative associ´ee `a la graduation deg, (T
o−X
−, T
o+X
+) va poss´eder
une structure de ce qu’on pourrait appeler, par exemple, unepaire de Jordan g´en´eralis´ee
de type k-gradu´e. Mais la d´efinition axiomatique d’un tel objet n’est pas si claire. Dans le
chapitre IV, nous avons introduits dans l’hypoth`ese (H1) plusieurs applicationsR
±i,j, F
±m,n
et T
±p,q,r
, mais nous ne nous sommes pas int´eress´es aux diff´erentes propri´et´es qu’elles
peuvent avoir. Par exemple, (g
1,g
−1) poss`ede une structure de paire de Jordan g´en´eralis´ee
(de typek) doncT
1±,1,1v´erifient (PJ2), qui traduit l’identit´e de Jacobi mais aussi d’autres
identit´es plus difficiles `a d´eterminer. Ensuite (g
k,g
−k) poss`ede une structure de paire de
Jordan ; de mˆeme que les paires (g
j,g
−j) lorsque [g
j,g
j] ⊂ g
2j= 0, autrement dit pour
2j > k. En revanche, les structures des autres paires, “au milieu”, sont plus difficiles `a
d´eterminer. Par exemple, dans le cas o`u g est 5-gradu´ee, (g
1,g
−1) poss`ede une structurede paire de Freudenthal-Kantor et (g
2,g
−2) est une paire de Jordan. De mˆeme, sigest
7-gradu´ee, alors (g
3,g
−3) et (g
2,g
−2) sont des paires de Jordan et (g
1,g
−1) est une paire deJordan g´en´eralis´ee de type 3 doncT
1±,1,1v´erifient une propri´et´e analogue de (PJ1) pour les
paires de Jordan ou (PFK1) pour les paires de Freudenthal-Kantor, et qui caract´erise le
fait que [g
2,g
1]6= 0 mais [g
2,g
2] = 0. Par ailleurs, il faut aussi s’int´eresser aux propri´et´esqui peuvent lier les diff´erents op´erateurs R
±, F
±et T
±entre eux.
Une fois pos´ee la d´efinition d’un tel objet, on pourra se demander si on a une ´equivalence
de cat´egories entre les g´eom´etries de drapeaux g´en´eralis´ees de typek-gradu´e et les paires
de Jordan g´en´eralis´ees de type k-gradu´e. Autrement dit, la question est de savoir si une
g´eom´etrie de drapeaux g´en´eralis´ee est caract´eris´ee par sa paire de Jordan g´en´eralis´ee de
type k-gradu´e associ´ee.
Lien avec les structures de (multi-)contact de [CDMKR05]. La diff´erence
fondamentale entre le cas 3-gradu´e et le cas des graduations plus longues r´eside dans le
fait que, dans le cas g´en´eral,n
+1etn
−1ne sont plus ab´eliennes. Ceci se traduit d’une part,
par la non-commutativit´e des groupesU
+etU
−(qui sont les noyaux des repr´esentations
d’isotropie lin´eaire de G sur X
+et X
−), et d’autre part, par l’existence d’une structure
(multi-)contact invariante sur X
±(voir [CDMKR05] pour le cas semi-simple r´eel de
dimension finie). Consid´eronsgune alg`ebre de Lie (2k+1)-gradu´ee ainsi que sa g´eom´etrie
de drapeaux g´en´eralis´ee associ´ee (X
+, X
−,⊤). Par d´efinition,T
o+X
+∼=g
k
⊕· · ·⊕g
1=n
+1.
En outre, n
+1est filtr´e par
et cette filtration de n
+1est invariante sous l’action de P
−i.e invariante sous l’action
du stabilisateur de o
+. On peut donc identifier chaque sous-espace g
1⊕ · · · ⊕g
iavec un
sous-espace f
i,o+de T
o+X
+. On obtient donc une filtration de T
o+X
+qui se prolonge
en une distribution G-invariante sur X
+. Autrement dit, par l’action de G, on peut
identifier tous les T
go+X
+, pour go
+∈ X
+, avec n
+1et donc pour chaque point go
+∈
X
+, g
1⊕ · · · ⊕g
is’identifie avec un sous-espace f
i,go+de T
go+X
+. On obtient ainsi une
filtration de T
go+X
+. Autrement dit, on a une filtration de distributions sur X
+(et
de mˆeme sur X
−, o`u T
o−X
−∼= n
−1
) i.e X
+(et donc X
−) est muni d’une structure
contact g´en´eralis´ee [CDMKR05]. Il est alors naturel de consid´erer les applications qui
pr´eservent cette structure, appel´ees applications contact et ensuite de se demander si
on a un analogue du th´eor`eme de Liouville dans ce cas tr`es g´en´eral ; `a savoir qu’une
application contact f, de classe C
2d’un ouvert U ⊂ X
±dans son image f(U) ⊂ X
±est la restriction `a U de l’action d’un ´el´ement g ∈ G sur X
±. M. Cowling, F. De Mari,
A. Kor´anyi et H. M. Reimann ont montr´e dans [CDMKR05] un tel r´esultat dans le cas
o`u un groupe de Lie G semi-simple r´eel et de dimension finie agit sur l’espace quotient
G/P, o`u P est un sous-groupe parabolique minimal de G. Mais qu’en est-il dans le cas
g´en´eral ?
Annexe A
Construction de Chevalley
On a d´ej`a dit qu’`a un groupe de Lie, on associe une alg`ebre de Lie. Mais qu’en est-il
de la r´eciproque ? A une alg`ebre de Lie quelconque, peut-on associer un groupe “de Lie” ?
C’est le troisi`eme th´eor`eme de Lie qui r´epond `a cette question pour une alg`ebre de Lie
r´eelle ou complexe de dimension finie. Dans ce cas, il existe un unique groupe de Lie
connexe et simplement connexe, `a isomorphisme pr`es, dont l’alg`ebre de Lie associ´ee est
celle de d´epart. Dans le cas o`u l’alg`ebre de Lie g est r´eelle ou complexe et semi-simple, il
suffit de consid´erer le groupes des automorphismes de g, not´e Aut(g). En effet, dans ce
cas, l’alg`ebre de Lie de Aut(g) est Der(g) = g. Nous allons voir dans la suite comment
on construit certains sous-groupes de Aut(g) lorsque g est une alg`ebre de Lie simple et
de dimension finie, `a l’aide des syst`emes de racines dont il a ´et´e question pr´ec´edemment.
Nous allons pr´esenter la construction de Chevalley, qui utilise des bases particuli`eres
de g, appel´ees bases de Chevalley, pour construire certains automorphismes de g. Cette
construction permet d’´elargir l’´etude des alg`ebres de Lie `a d’autres corps que R ou C
[Car72], [Hum78], [Ste68].
Soit g une alg`ebre de Lie simple sur C et de dimension finie, h une sous-alg`ebre de
Cartan et ∆ ⊂ h
∗le syst`eme de racines associ´e. Alors on a la d´ecomposition de g en
espaces radiciels :
g=h⊕M
α∈∆
g
α.
Par la forme de Killing, not´ee B, on identifie h et h
∗, de sorte que ∆ ⊂ h. Pour α ∈∆,
on note
h
α:= 2α
B(α, α) ∈h,
appel´ee la co-racine correspondant `a α. Soit e
αun ´el´ement non-nul de g
α. Donc pour
tout h∈h, on a [h, e
α] =α(h)e
α. On note ´egalement Π une base de ∆ et ∆
+l’ensemble
des racines positives pour l’ordre d´efini par Π. On suppose choisis les ´el´ements e
αpour
α ∈∆
+. Alors il existe un unique e
−α∈g
−αtel que [e
α, e
−α] =h
α. Par suite, la famille
{h
α, α ∈ Π} ∪ {e
α, α ∈ ∆} forme une base de g. On peut en fait choisir les e
α∈ g
αde
mani`ere un peu plus pr´ecise, de sorte que
o`uN
α,β=p+ 1 avec ple plus grand entier tel que β−pα est une racine [Car72], [Ste68].
Dans ce cas, on a les relations suivantes :
[h
α, h
β] = 0,
[h
α, e
β] = 2B(α, β)
B(α, α) e
β,
[e
α, e
−α] =h
αet [e
α, e
β] =
0 si α+β /∈∆
±N
α,βe
α+βsinon.
D´efinition A.0.1. Cette base de g est appel´ee une base de Chevalley.
Attardons nous quelques instants sur la question de l’unicit´e d’une telle base. Une
alg`ebre de Lie simple de dimension finie poss`ede plusieurs bases de Chevalley. Tout
d’abord, chaque base de Chevalley est d´efinie relativement `a une sous-alg`ebre de Cartan.
On rapelle que deux sous-alg`ebres de Cartan degsont conjugu´ees par un automorphisme
deg. Si une sous-alg`ebre de Cartanh est fix´ee, alors les espaces radiciels sont d´etermin´es
et la base deh d´epend du choix d’un syst`eme fondamental Π du syst`eme de racines ∆ de
g. Une fois fix´ee une base Π de ∆, les ´el´ementsh
αsont d´etermin´es. Les diff´erents syst`emes
fondamentaux de ∆ sont conjugu´es sous le groupe de Weyl de ∆. Ensuite, une fois Π fix´e,
on peut choisir les ´el´ements e
β, β ∈ Π de mani`ere arbitraire. Les autres e
β, β ∈ ∆
+\Π
sont alors d´etermin´es au signe pr`es, par la relation [e
α, e
β] =±(p+1)e
α+β, puis la relation
[e
α, e
β] =h
αd´etermine les e
β, β ∈∆
−.
Nous allons maintenant consid´erer des automorphismes particuliers de g.
L’applica-tion ad (e
α) est une d´erivation de g qui est nilpotente. En effet, on a ad (e
α)h ⊂ g
αet
ad (e
α)g
α= 0 donc (ad (e
α))
2h = 0. On a aussi ad (e
α)g
−α⊂h donc (ad (e
α))
3g
−α= 0.
Enfin, siα etβ sont deux racines lin´eairement ind´ependantes, comme ∆ est un ensemble
fini, il existe un entier q maximal, tel que β +qα ∈ ∆. Donc (ad (e
α))
q+1g
β= 0 donc
(ad (e
α))
n= 0 pour n suffisamment grand i.e ad (e
α) est bien nilpotent. On peut donc
consid´erer
e
ad(eα):=X
n≥0
(ad (e
α))
nn! ∈Aut(g).
Comme on vient de le voir, ad (e
α) est nilpotent donc la somme est en fait finie. Ensuite,
pourζ ∈C, on note
x
α(ζ) := e
ζad(eα).
Alors on a les relations suivantes :
x
α(ζ)e
α=e
α, x
α(ζ)e
−α=e
−α+ζh
α−ζ
2e
αetx
α(ζ)h
α=h
α−2ζe
α.
Par ailleurs, si α et β sont deux racines lin´eairement ind´ependantes, on a
x
α(ζ)h
β=h
β−2ζB(α, β)
B(β, β)e
αetx
α(ζ)e
β=
qX
n=0M
α,β,nζ
ne
β+nα, o`u
M
α,β,n= 1
n!N
α,βN
α,β+α. . . N
α,β+(n−1)α.
Mais on a suppos´e que N
α,β=±(p+ 1), donc
M
α,β,n=±(p+ 1). . .(p+n)
n! =±
p+n
n
∈Z.
Donc x
α(ζ) transforme un ´el´ement de la base de Chevalley en une combinaison lin´eaire
surZdes ´el´ements de cette base ; les coefficients ´etant des monˆomes `a coefficients entiers
enζ. Cette propri´et´e va nous permettre de d´efinir de tels automorphismes d’une alg`ebre
de Lie sur un autre corps que R ou C. On note g
Zle sous-ensemble de g constitu´e des
combinaisons lin´eaires `a coefficents entiers de la base de Chevalley deg. Par construction,
g
Zest stable par le crochet ; c’est donc une alg`ebre de Lie sur Z. On consid`ere alors un
corps K quelconque et on pose
g
K:=K⊗g
Z.Les ´el´ements de g
Ks’´ecrivent alors
X
α∈Π
λ
α(1⊗h
α) +X
β∈∆
µ
β(1⊗e
β), avecλ
α, µ
β∈K.
Donc g
Kest un espace vectoriel sur K, de base
{fh
α:= 1⊗h
α, α ∈Π} ∪ {ee
β:= 1⊗e
β, β ∈∆}.
On peut alors d´efinir surg
Kun crochet de Lie en posant, pour (x, y) deux ´el´ements de la
base de Chevalley de g,
[1⊗x,1⊗y] = 1⊗[x, y],
puis en ´etendant par bilin´earit´e. Cette d´efinition a un sens car [x, y] est un multiple
entier d’un ´el´ement de la base de Chevalley donc on peut consid´erer le repr´esentant de ce
coefficient dans le corps premier de K. Alors g
Kest une K-alg`ebre de Lie simple associ´ee
au syst`eme de racines ∆.
On consid`ere `a pr´esentA
α(ζ) la matrice dex
α(ζ) dans la base de Chevalley deg. On a vu
que les coefficients deA
α(ζ) sont de la formekζ
iaveck∈Zeti≥0. Soit t∈KetAf
α(t)
la matrice obtenue `a partir de A
α(ζ) en rempla¸cant kζ
ipar kt
i, o`u k est l’´el´ement du
corps premier deK correspondant `ak ∈Z. On consid`ere alorsxf
α(t) l’endomorphisme de
g
Kayant la matrice Af
α(t) dans la base{hf
α, α∈Π} ∪ {ee
β, β ∈∆}. Alors d’apr`es [Car72],
f
x
α(t) est un automorphisme de g
Kpour toutα ∈∆ et t∈K.
D´efinition A.0.2. On d´efinit alors legroupe de Chevalley de type g sur le corps K, not´e
G(K), comme ´etant le sous-groupe des automorphismes de g
Kengendr´e par les ´el´ements
f
x
α(t), pour tout α ∈∆, t∈K.
On montre que G(K) est, `a isomorphisme pr`es, ind´ependant de la base de Chevalley
choisie. Autrement dit, G(K) ne d´epend que de g etK [Car72].
Int´eressons-nous `a pr´esent `a certains sous-groupes de G(K). Soit α ∈ ∆ et X
αle
sous-groupe engendr´e par les ´el´ements xf
α(t), pour t ∈ K. Alors xf
α(t1)fx
α(t2) = xf
α(t1 +t2)
donc X
αest un sous-groupe deG(K) isomorphe `a (K,+).
D´efinition A.0.3. Les sous-groupes X
α, pour α ∈ ∆, sont appel´es les sous-groupes de
racines de G(K).
On consid`ere ´egalement U
+et U
−les sous-groupes engendr´es par les ´el´ements xf
α(t),
α ∈ ∆
+, respectivement α ∈ ∆
−:= −∆
+et t ∈ K. Alors U
+est engendr´e par les X
α,
α ∈∆
+, U
−est engendr´e par les X
α,α ∈∆
−et G(K) est engendr´e par U
+et U
−.
On remarque bien sˆur que la construction des groupes U
+, U
−et G de la d´efinition
II.1.1 est analogue `a cette construction de Chevalley.
Dans le document
Structures géométriques liées aux algèbres de Lie graduées
(Page 91-112)