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7 La consommation d‟alcool

7.6 La consommation d‟alcool à risque

Deux dimensions de la consommation d'alcool sont principalement2 pertinentes au regard des risques pour la santé, à savoir le volume moyen d'alcool consommé et les styles (patterns) de consommation (Babor, et al., 2010). Ces derniers font référence à la variabilité des quantités consommées par occasion. En effet, une personne qui boit 1 dl de vin chaque jour de la semaine fait courir moins de risque à sa santé (du moins pour ce qui est des accidents) qu‟une personne qui boit 7 dl de vin dans la même journée et rien les autres jours de la semaine, même si toutes deux ont bu un volume d‟alcool identique durant la semaine (World Health Organization (WHO), 2000).

Ces deux dimensions de la consommation d‟alcool correspondent à deux formes distinctes de consommation à risque, qui peuvent être cumulées chez certains individus. Il s‟agit de la

«consommation chronique excessive» et de la «consommation ponctuelle excessive».

2 La «consommation inadaptée à la situation» est une autre forme de consommation problématique. Celle-ci consiste en une consommation d‟alcool dans des situations où même de petites quantités représentent des risques élevés pour sa propre santé ou celle des autres (dans la circulation routière, sur le lieu de travail, dans le cadre d‟activités sportives, en même temps que la prise de médicaments, durant la grossesse). Cette forme de consommation n‟est pas traitée dans ce rapport.

7.6.1 La «consommation chronique excessive»

Selon les critères proposés par l‟OMS pour mesurer la «consommation chronique excessive»

dans le cadre d‟enquêtes épidémiologiques, celle-ci commence à plus de 40 grammes en moyenne par jour pour les hommes et à plus de 20 grammes d‟alcool pur en moyenne par jour pour les femmes3 (World Health Organization (WHO), 2000). Cella correspond à des risques moyens ou élevés pour le développement de maladies chroniques.

En 2007, chez les hommes de 60 ans et plus, la proportion de consommateurs à risque moyen ou élevé était de 7,9% chez les 60 - 64 ans, atteignait son maximum chez les 65 - 69 ans (8,9%), puis diminuait pour arriver à son niveau le plus bas chez les 80 ans et plus ((3,9%) (graphique 14). Ainsi, la «consommation chronique excessive» est moins répandue chez les hommes de 40 - 49 ans (4,5%) et 50 - 59 ans (6,9%) que chez les 60 ans et plus, excepté les 80 ans et plus. Chez les femmes de 60 ans et plus, la situation est différente: la proportion de consommatrices à risque «moyen» ou «élevé» reste assez stable entre les groupes d‟âge (varie entre 5-7%; pas de différences statistiquement significatives). Ainsi, la «consommation chronique excessive» est plus répandue chez les femmes de 60 ans et plus – quel que soit le groupe d‟âge – que chez les 40 - 49 ans (3,3%).

Graphique 14 Prévalence de la «consommation chronique excessive», dans la population âgée de 60 ans et plus, selon le sexe et le groupe d'âge (ESS 2007)

Remarques: seules les personnes âgées vivant dans un ménage privé sont prises en compte; proxys exclus; les pourcentages sont calculés à partir de la base de données pondérée; pour prendre connaissance des pourcentages, se référer à l‟annexe 15.

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

40-49 50-59 60-64 65-69 70-74 75-79 80 et plus

femmes hommes

7.6.2 La «consommation ponctuelle excessive»

Dans ce rapport, la «consommation ponctuelle excessive» correspond à la consommation d‟au moins 5 verres standard pour les hommes et au moins 4 verres standard pour les femmes par occasion de boire et cela au moins une fois par mois. Il s‟agit de critères souvent utilisés sur le plan international dans le cadre d‟enquêtes par questionnaire (National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAAA), 2004; Wechsler & Nelson, 2001). Compte tenu des biais méthodologiques pouvant affecter cette mesure et sachant que divers facteurs tels que le sexe, l‟âge ou le poids corporel ont une influence sur le niveau de concentration d‟alcool dans le sang pour une quantité d‟alcool donnée, cette mesure devrait plutôt être considérée comme un indicateur approximatif des excès ponctuels (pour un résumé, voir Gmel, Kuntsche, & Rehm, 2010).

En général, entre les 60 - 64 ans (7,7%) et les 80 ans et plus ((1,1)%), nous pouvons observer une diminution constante de la proportion de personnes ayant une «consommation ponctuelle excessive» à risque (graphique 15). Cette diminution entre les groupes d‟âge se retrouve auprès des deux sexes.

Graphique 15 Prévalence de la «consommation ponctuelle excessive», dans la population âgée de 60 ans et plus, selon le sexe et le groupe d'âge (ESS 2007)

Remarques: seules les personnes âgées vivant dans un ménage privé sont prises en compte; proxys exclus; les pourcentages sont calculés à partir de la base de données pondérée. Pour prendre connaissance des pourcentages, se référer à l‟annexe 16.

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

40-49 50-59 60-64 65-69 70-74 75-79 80 et plus

femmes hommes

Graphique 16 Etat de santé autoévalué, dans la population suisse âgée de 60 ans et plus, selon la consommation d’alcool (en fonction du degré de risque lié au volume moyen consommé) et selon le groupe d'âge (ESS 2007)

Remarques: seules les personnes âgées vivant dans un ménage privé sont prises en compte; proxys exclus; les pourcentages sont calculés à partir de la base de données pondérée; les pourcentages correspondant à n <30 sont mis entre parenthèses; les pourcentages correspondant à n<10 ne sont pas indiqués.

Le graphique 16 montre l‟évaluation de l‟état de santé en fonction de la catégorie de

consommateurs d‟alcool. Globalement, les abstinents «à vie» et les ex-consommateurs (ou abstinents «actuels») se sentent, en moyenne, moins bien que les consommateurs d‟alcool, que ce soit chez les 60 - 74 ans ou chez les 75 ans et plus. Plus précisément, les personnes qui boivent en moyenne par jour un volume modéré d‟alcool paraissent un peu en meilleure santé que celles ayant une «consommation chronique excessive», et les personnes

appartenant à ces deux catégories de consommateurs sont proportionnellement plus

nombreuses à se sentir en bonne/très bonne santé que les ex-consommateurs et les abstinents

«à vie». Enfin, mais seulement chez les 75 ans et plus, les abstinents «à vie» sont, en moyenne, en meilleure santé que les ex-consommateurs.

12.8 (12.8)

3.3 (5.3) (6.3)

(11.4)

4.4

-23.4 23.7

14.0 13.9

38.9

38.6

22.9 (21.3)

63.8 63.5

82.7 80.9

54.8 50.0

72.8 70.7

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

abstinence à vie

abstinence actuelle

cons. à faible risque

cons.

chronique excessive

abstinence à vie

abstinence actuelle

cons. à faible risque

cons.

chronique excessive

60-74 75+

mauvais à très mauvais moyen bon à très bon

S‟il est bien possible qu‟une partie des abstinents «actuels» aient dû arrêter de consommer de l‟alcool précisément pour des raisons de santé – ce qui expliquerait pourquoi leur état de santé est moins bon que celui des personnes qui boivent de l‟alcool –, il est plus difficile de

comprendre pourquoi les abstinents «à vie» s‟estiment en moins bonne santé que les consommateurs d‟alcool, surtout par rapport aux personnes présentant une «consommation chronique excessive». Ceci va en effet à l'encontre de ce que l'on pouvait attendre compte tenu des risques de la consommation d‟alcool pour la santé. Ce résultat, qui va dans le sens d‟autres recherches menées dans la population générale (Poikolainen, Vartiainen, & Korhonen, 1996) ou auprès des personnes âgées (Chan, von Muhlen, Kritz-Silverstein, & Barrett-Connor, 2009;

Lang, Wallace, Huppert, & Melzer, 2007; Byles, Young, Furuya, & Parkinson, 2006), laisse supposer que les abstinents évaluent leur santé de manière plus négative que les

consommateurs d‟alcool. Le débat sur ce sujet reste cependant ouvert: pour certains l‟explication serait à rechercher dans les effets bénéfiques de la consommation modérée d‟alcool (Byles, et al., 2006; Poikolainen, et al., 1996), mais le fait que cette différence soit observable indépendamment de l‟état de santé physique (Chan, et al., 2009) laisse supposer que l‟effet est à rechercher ailleurs, par exemple dans une meilleure intégration sociale et, donc, un plus grand bien-être des consommateurs d‟alcool (pour une review, Anderson &

Scafato, 2010).

8 L’usage de médicaments comportant un potentiel

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