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auprès d’un service d’archives public. Les Archives de l’État du Valais se démarquent dans leur intérêt pour les archives privées. Il y a plus de 530 fonds privés conservés au Archives de l’État du Valais et plusieurs associations actives au niveau cantonal y auraient versés leurs archives (Reynard [20??]). Le guide émis par cette institution pour aider les associations à gérer leurs archives indique par ailleurs la marche à suivre pour procéder à un don ou à un dépôt. Les archives recherchées sont celles des associations qui jouent un rôle important dans le canton, qui sont subventionnées par les autorités, qui présentent des caractéristiques rares ou des valeurs d’information importantes. Les Archives d’État de Genève sont plus concises dans la présentation des procédures de versement, celui-ci peut être fait sous forme de don, dépôt, legs ou dation en paiement. Elles recommandent aux associations de classer par ordre chronologique leurs archives (Archives d'Etat de Genève 2019).

Le Centre de Contact Suisses-Immigrés possède un fonds d’archives considérable qui complète les bases de connaissances autour des thématiques de l’immigration et du développement de la société migrante dans le canton de Genève depuis le début des années 1970. Depuis plus de 45 ans, l’association milite activement pour la défense des droits des étrangers et impacte l’évolution des politiques au niveau cantonal. Pourtant, comme il semble être souvent le cas dans les associations, il n’y a pas d’archiviste ou de documentaliste auquel sont relégués les tâches ayant trait à la gestion documentaire. Cette situation entraîne l’accumulation des documents et rend la recherche d’informations plus laborieuse.

Les archives des associations sont des archives privées au même titre que les archives des entreprises. Suivant la raison d’être d’une association, celle-ci peut se montrer plus ou moins réticente à l’idée de rendre ses archives accessibles au public. Ce n’est pas le cas du CCSI qui souhaite mettre en avant ses archives et son savoir à disposition des chercheurs, étudiants et autres personnes intéressées. Le CCSI est d’ailleurs déjà ouvert aux demandes de consultation des archives pour les chercheurs et étudiants, de nombreux travaux de mémoire effectués au CCSI prouvent qu’il y a un intérêt pour les ressources de l’association. Cependant, cette ouverture demeure opaque, on peut la comparer à de la littérature grise. De plus, les locaux ne sont pas adaptés pour les visites, les archives sont disséminées dans plusieurs bureaux et rendent la visite peu pratique pour les intéressés. L’inventaire peut sans doute apporter des améliorations pour une meilleure connaissance des archives de l’association mais la visibilité du CCSI reste restreinte à un public spécialisé. C’est pour ces raisons que le CCSI considère une possible externalisation de ses archives. On parle alors des archives physiques inactives, qui revêtent un caractère historique et qui ne contiennent pas d’informations personnelles liées aux personnes suivies dans les consultations.

Pour externaliser ses archives, le CCSI pense à plusieurs institutions actives dans le domaine des mouvements sociaux. Le regard s’est d’abord porté sur les Archives sociales suisses, une institution située à Zürich et qui se positionne comme « la référence par excellences pour tous celles et ceux qui se penchent sur l'évolution sociale, les questions sociales et les mouvements sociaux » (Archives sociales suisses 2019). Cette institution est fondée en 1906, elle collecte, conserve et met en valeur les archives. Les Archives sociales suisses sont à la fois une bibliothèque scientifique, un centre de documentation sur les thématiques actuelles et des archives historiques. Si les Archives sociales suisses se présentent comme un endroit idéal

pour le dépôt des archives du CCSI, la distance qui sépare Genève et Zürich constitue un frein important. Les archives de l’association sont très liées à la région genevoise et leur langue est majoritairement en français, une délocalisation à Zürich pourrait décourager le déplacement des chercheurs romands.2

L’idée alternative prévoit un rapprochement avec l’association Archives contestataires et la Fondation Collège du travail. Ces deux institutions récoltent des archives issues des mouvement sociaux. Les Archives contestataires s’intéressent aux « archives issues des luttes sociales de la seconde moitié du XXe siècle » (Association Archives contestataires 2019) et le Collège du travail s’intéresse à « l’histoire du mouvement ouvrier genevois » (Fondation Collège du travail 2019). Les deux organisations sont très proches l’une de l’autre et travaillent en étroite collaboration, la différence entre les thématiques qui intéressent chacune des deux organisations est parfois floue.

Selon Patrick Auderset, coordinateur du Collège du travail, les sujets liés à la migration suscitent un fort intérêt :

« Régulièrement, des chercheurs et des étudiants, notamment par le biais de professeurs et d’enseignants des Universités de Genève, de Lausanne et de Fribourg font appel à nous (Collège du travail). Certaines thématiques sont particulièrement en vogue, comme la question de la migration. Depuis peu, nous accueillons également des artistes qui s’intéressent aux questions de circulations ou de luttes sociales. Dans une démarche différente des chercheurs, ils viennent ici pour prospecter les fonds et pour

alimenter leurs questionnement d’artistes. » (Héritier et Yang 2017)

Pour le Collège du travail la collaboration se situe surtout au niveau régional, avec des institutions diverses et pour les thématiques qui lui sont chères.

« Le Collège du Travail est inséré dans un réseau d’archives et d’institutions liées à l’histoire sociale et aux thématiques similaires, qui réunit notamment les archives

contestataires ou encore le CIRA. » (Héritier et Yang 2017)

À l’international, le collège du travail fait partie de l’Association internationale de l’inspection du travail.

Le CCSI souhaite améliorer l’accès à ses archives historiques et les mettre en valeur, il voit dans l’externalisation une solution pour confier son histoire à des professionnels dans l’espoir de donner une deuxième vie aux documents. Le chapitre ci-dessous apporte des précisions sur les réflexions menées à ce sujet.

6.1 Discussion ouverte à propos de l’externalisation des archives

et exploitation des archives pour une exposition

Au début du mois de juillet 2019, le Centre a accueilli simultanément Patrick Auderset du Collège du Travail et Frédéric Deshusses des Archives contestataires. La rencontre a permis d’éclaircir les conditions pour un éventuel dépôt d’archives et a vu le début d’une exploration des archives en vue du montage d’une exposition sur les saisonniers. Il a aussi été l’occasion de recevoir un premier retour sur l’inventaire réalisé.

Le versement concernerait les archives inactives, les idées allant dans ce sens prévoient soit un versement par thématiques soit de fixer une date pour laquelle les documents qui la

2 Entretien avec Mme. Halle, Communication et relations extérieures du CCSI, Genève, 9 mai 2019.

précèdent seraient externalisés. Il ressort de la réunion qu’une évaluation des archives est importante pour estimer les coûts d’un dépôt, le relevé de la volumétrie s’est montré utile pour établir une première appréciation. L’inventaire a quant à lui servi de base pour prouver l’intérêt du fonds.

Le Collège du travail et les Archives contestataires travaillent avec le logiciel open source AtoM (Access to Memory) pour la description archivistique. Les documents audiovisuels et iconographiques sont numérisés en priorité en raison de leur fragilité et sont ensuite disponibles en ligne. Le CCSI valorise aussi le fait que ces deux organisations étudient les fonds pour notamment les présenter lors d’expositions thématiques.

La réunion a d’ailleurs été l’occasion de débuter une collaboration sous forme de prêt de documents pour l’élaboration d’une exposition sur les travailleurs saisonniers. L’exposition s’adresse au grand public et s’intéresse à documenter le statut de saisonnier (1931-2002), l’exposition se penchera sur la question du travail, du logement, de la famille, des sans-papiers et des échos contemporains à propos de cette thématique. L’exposition est organisée en particulier par l’association Archives contestataires, la fondation Collège du travail et le collectif Rosa Brux, elle est prévue pour octobre 2019 (albinfo 2019). Dans ce sens, M. Auderset recherche dans les archives du CCSI des documents témoignant de cette histoire. L’inventaire sert de support privilégié pour cette démarche, la recherche par mots-clés a donné des résultats pertinents et l’identification des contenants s’est avérée facile. Un fantôme est glissé lorsqu’un document est emprunté et la colonne Remarques de l’inventaire permet de préciser le nombre de pièces sorties dans chaque contenant exploité. On peut donc conclure sur un bilan positif pour l’inventaire créé dans le cadre de ce travail.

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