• Aucun résultat trouvé

5.   TRAITEMENT DE LA FIBROSE KYSTIQUE EN PHYSIOTHÉRAPIE : PRATIQUES INTERNATIONALES

6.2.   P RESCRIPTION D ’ EXERCICE PHYSIQUE CHEZ LE SUJET ATTEINT DE FIBROSE KYSTIQUE 41

6.2.1.   Considérations spécifiques 41

6.2.1.1. Nutrition

Dans leur revue narrative, Rand et Prasad (114) rapportent que les sujets atteints de FK ont une dépense énergétique plus élevée que les sujets sains au repos et lors d’une activité physique donnée, possiblement secondaire à leur respiration plus énergivore et leur inflammation systémique constante. Ils ont donc des besoins énergétiques spécifiques, d’où la nécessité d’adapter leur alimentation lors de l’entreprise d’un programme d’entraînement ou de l’ajustement du volume ou de l’intensité de l’entraînement, pour assurer un apport calorique adéquat et une croissance normale chez la clientèle pédiatrique. Il ne faut pas hésiter à les référer en nutrition au besoin. Dans l’étude de Gulmans et coll. (103), les enfants buvaient une boisson énergétique après leur entraînement pour pallier à l’augmentation de la dépense énergétique. Pendant la durée du programme, ils ont eu une croissance normale.

L’augmentation de la dépense énergétique reliée à l’entraînement n’aurait donc pas d’effet négatif sur la croissance quand un apport calorique supplémentaire adéquat est apporté.

6.2.1.2. Diabète

Comme mentionné dans l’introduction (section 3.3), les patients atteints de FK sont sujets à faire du diabète. Il faut donc vérifier si le sujet est atteint de diabète avant d’entreprendre un programme d’entraînement. Si c’est le cas, il faudra alors particulièrement s’assurer d’un apport optimal de glucose pendant l’entraînement pour avoir assez de glycogène musculaire disponible (114, 115) et aussi ajuster la dose d’insuline pour ainsi éviter l’hypoglycémie reliée à l’effort. Il est prudent de prendre la glycémie avant l’exercice, immédiatement après, puis dans les heures qui suivent, surtout lorsque le sujet s’entraîne à une nouvelle intensité (22), car il n’est pas rare d’observer une hypoglycémie plusieurs heures après l’entraînement.

6.2.1.3. Hydratation

Tel que mentionné dans l’introduction (section 3.3), l’excrétion exagérée d’ions chlore (Cl-) et sodium (Na+) au niveau des glandes sudoripares chez les sujets atteints de FK diminue leur concentration dans le plasma et favorise ainsi la déshydratation. Il est donc important de s’assurer d’une bonne prise liquidienne et de veiller au remplacement électrolytique chez les sujets atteints de fibrose kystique qui font de l’exercice, surtout lorsque la température est élevée (114).

6.2.1.4. Densité osseuse

Les individus atteints de FK sont plus sujets à souffrir d’ostéoporose par rapport aux individus sains, tel que mentionné dans l’introduction (section 3.3), ce qui peut augmenter le risque de fractures. Par contre, l’exercice physique en mise en charge en position verticale diminue le risque d’ostéopénie, qui est accru chez ces patients (116). De plus, la pratique d’exercice physique ne semble pas augmenter le risque de fractures chez les patients atteints de FK, car le taux de blessures reliées à l’entraînement rapporté par ceux-ci était de 0,9 % lors d’un sondage informatisé qui a été envoyé à des patients FK en Allemagne en 2008 (117). Par contre, les auteurs de ce sondage rapportent qu’il se peut que les sujets atteints de FK participent à des activités avec moins d’impact que les sujets sains. Ils mentionnent également que les sujets ont souvent de la difficulté à se rappeler les incidents qui sont

arrivés dans la dernière année. Somme toute, la prescription d’exercice à faible impact est recommandée pour les sujets atteints de FK, mais il faut s’assurer d’augmenter progressivement les activités à fort impact pour éviter des fractures ostéoporotiques.

6.2.1.5. Muscles squelettiques

Il est fréquent d’observer de la faiblesse musculaire chez les patients atteints d’une maladie pulmonaire chronique. Ceci est causé par la diminution de capillarisation, le changement de fibre musculaire de type I vers le type IIa, la diminution des enzymes oxydatives et l’augmentation des enzymes glycolytiques. Ces éléments font que le seuil anaérobie est atteint à un travail de pointe plus faible chez ces patients (118). Comme les sujets FK ont des voies bioénergétiques anormales au niveau de leurs muscles striés, Wells et coll. (119) ont observé que leur phosphocréatine prend plus de temps à se régénérer suite à un effort à intensité élevée par rapport aux sujets sains. Les auteurs suggèrent une atteinte du métabolisme aérobie oxydatif, qui est prédominant dans cette phase de récupération. Ceci peut être causé par l’inflammation systémique chronique et le stress oxydatif. Il est donc nécessaire d’allonger les temps de repos lors d’un entraînement par intervalles à haute intensité afin de permettre une récupération optimale de la phosphocréatine entre les séries, d’où l’importance de bien évaluer la tolérance à l’exercice et la récupération du patient.

6.2.1.6. Infection pulmonaire active

Tel que mentionné dans l’introduction (section 3.2), les sujets FK sont sujets à faire des infections pulmonaires fréquentes. Il est donc important d’éviter le contact entre les patients lorsqu’ils ont une infection pulmonaire active. En effet, la présence de P. cepacia est un facteur prédictif majeur de mortalité sur huit ans (92). Aussi, la présence de Pseudomonas

aeruginosa est corrélée avec la détérioration du VO2 de pointe par kilogramme à l’adolescence chez les sujets FK (93). Il est donc préférable que les patients infectés ne prennent pas part à des entraînements en groupe pendant la période d’infection, afin d’éviter la contamination du matériel et des autres patients. De plus, dans les centres où plusieurs patients vont s’entraîner, il faut s’assurer de bien désinfecter le matériel après chaque utilisation (115). Il faut aussi tenir compte du fait que lors d’une période d’infection, les sujets peuvent être hospitalisés, ce qui diminue leur niveau d’activité physique quotidien (93).

Documents relatifs