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Pour une sociophonétique des ethnolectes suisses allemands

3.5. Considérations comparatives

Nous avons pu constater que les ethnolectes secondaires recyclent les premiers trois traits phonétiques des ethnolectes primaires (occlusives

voisées, fricatives fortes à l'initiale du mot, substitution de l'approximante labiodentale avec une fricative), tandis que le quatrième trait (l'absence des processus de sandhi) semble posséder une saillance moins élevée, au point de ne pas être saisi par les comédiens. Par contre, "Berisha" utilise un cinquième trait "étrange", la fricative palatale [ç]; de même, la parodie de "Sputim" ajoute un sixième trait que nous n'avons pas détecté dans les données des ethnolectes primaires, à savoir la réalisation rétroflexe de /r/.

Finalement, l'ethnolecte tertiaire, dont on a pu voir un échantillon, reprend non seulement trois phénomènes typiques des éthnolectes primaires, mais il emploie aussi deux traits "ajoutés" dans les représentations médiatiques (fricative palatale et approximante rétroflexe). Ceci fournit une évidence empirique ultérieure pour la chaîne ethnolectale postulée dans le modèle de Auer (2003).

Afin de mieux saisir les mécanismes de la parodie linguistique, une étude plus approfondie des ethnolectes suisses allemands devra prendre en charge le taux de variabilité à l'intérieur des trois stades, soit du point de vue quantitatif soit du point de vue qualitatif. Passons donc à l'examen des problèmes ouverts pour la recherche sur les ethnolectes ainsi qu'à la discussion de quelques implications théoriques que les phénomènes ethnolectaux posent à la sociophonétique.

4. Discussion: vers une sociophonétique des ethnolectes

Parmi les tâches de la sociolinguistique on trouve sans doute la description – et possiblement l'explication – de la dynamique sociale des pratiques langagières et donc aussi de la gamme des "ethnolectes", d'autant plus que ce phénomène est perçu et traité par le discours public, notamment dans les médias (voir, par exemple, l'article "Le jugodütsch nouvelle culture des ados" paru dans L'Hébdo le 22 février 2007). Évidemment, les quelques observations faites dans cette contribution n'arrivent guère à combler la lacune qui existe dans ce domaine de recherche. Elles visent plutôt à fournir une première reconnaissance des variantes linguistiques en jeu, ce qui devrait permettre de jeter les bases d'une analyse plus approfondie du sujet.

Ceci vaut a fortiori pour les représentations sociales véhiculées par ces pratiques langagières. Il serait donc souhaitable que non seulement la sociophonétique, mais aussi la sociologie et la psychologie sociale prennent en charge la phénoménologie des ethnolectes. Un débat interdisciplinaire permettrait d'approfondir des notions telles que

"ethnicité" (cf. Bös, 2008) ou "multiethnolecte"; par ailleurs, ce dernier terme constitue une contradictio in adjecto. En effet, les dénominations Jugodütsch et Balkanslang relèvent d'une hétéro catégorisation qui va au-delà de l'ethnicité dans son sens traditionnel (à savoir l'autoreprésentation par une origine et langue commune). Une construction identitaire des

ethnolectes primaires – possiblement par le biais d'une dichotomie "± issu de l'immigration" – reste encore à faire.

De surcroît, il devient évident qu'une focalisation sur les traits phonétiques des ethnolectes ne peut saisir qu'une seule dimension d'un phénomène communicatif beaucoup plus vaste. Dans la section 2, nous avions déjà mentionné que les trois types d'ethnolectes se manifestent à tous les niveaux d'analyse linguistique, en particulier dans les domaines de la morphologie et de la syntaxe (cf., pour l’Allemagne, Auer, 2003: 258-259, et pour la Suisse alémanique Tissot et al., 2011: 324-327 et 330-331); aussi faudrait-il insister sur d'autres aspects comme les choix lexicaux et les marqueurs discursifs. Enfin, même dans le domaine de la phonétique, on devra élargir le champ de recherche en envisageant aussi la prosodie, étant donné que plusieurs auteurs ont identifié dans les ethnolectes un changement rythmique.

Plus précisément, on a avancé l'hypothèse que des langues considérées habituellement comme iso-accentuelles relèveraient dans leurs variétés ethnolectales de l'influence rythmique des langues de l'immigration. La sociolinguiste Quist (2008: 48) parle à ce propos d'une possible isochronie syllabique dans les ethnolectes danois à l'instar des observations de Auer (2003: 258) sur les ethnolectes parlés en Allemagne; nous-mêmes avons soutenu cette hypothèse pour les ethnolectes suisses allemands (Tissot et al., 2011: 290-291). À l'opposé, on a postulé que le rythme iso-accentuel de l'arabe pourrait avoir une influence sur le français parlé dans la banlieue parisienne. Néanmoins, la vérification empirique de cette hypothèse n'a pas abouti aux résultats attendus: en appliquant des mesures acoustiques au français ethnolectal on ne constate qu'un léger éloignement du patron foncièrement iso-syllabique du français standard; l'influence de l'arabe se manifeste plutôt dans d'autres détails phonétiques, par exemple dans l'intrusion d'occlusives glottales ou dans une forte tendance au dévoisement des voyelles (Fagyal, 2010b, cf. aussi Fagyal, 2010a: 103-169).

Cette dernière étude peut quand même servir de modèle pour de futures recherches, surtout à cause de la démarche quantitative qui jusqu'à présent a été un peu négligée dans la recherche sur les ethnolectes européens – à l'exception de l'enquête de Kerswill et al. (2008) sur les innovations dans la réalisation des diphtongues dans l'anglais de Londres.

Dans le cas des ethnolectes suisses allemands, il serait souhaitable de recueillir de larges corpus dans des écoles avec une forte présence d'enfants immigrés: de telles données permettraient de documenter les ethnolectes primaires (et leur variabilité interne) sur la base d'analyses acoustiques. Aussi serait-il convenable de disposer de corpus analogues recueillis dans des écoles avec une faible présence d'immigrés. Une telle comparaison permettrait d'identifier spécifiquement les caractéristiques des ethnolectes primaires et de recueillir éventuellement aussi des échantillons des ethnolectes tertiaires. Finalement, on devrait passer de

l'analyse de la production du multiethnolecte balkanique à celle de la perception, en réalisant des expériences sur son évaluation à partir de traits phonétiques (cf. Jannedy et al., 2011).

En somme, nous venons de formuler le desideratum d'une véritable

"sociophonétique" des ethnolectes, ce qui nous amène enfin, non seulement à souligner l'utilité de ce champ de recherche, mais aussi à nous interroger sur son statut à l'intérieur des sciences du langage. La sociophonétique est-elle une partie de la sociolinguistique, de la phonétique ou simplement une discipline-pont entre les deux? La sociophonétique peut-elle offrir une valeur adjointe ou un propre programme de recherche qui dépasse la juxtaposition des deux champs d'expertise?

On pourrait objecter qu'au fond la sociolinguistique "classique" a toujours abordé des questions d'ordre phonétique en adoptant même des méthodes d'analyse acoustique (cf., par exemple, Labov et al., 1972). D'autre part, une section "Sociophonétique" existe depuis 1979 dans le Congrès international des sciences phonétiques (ICPhS) et, ces dernières années, la sociophonétique a gagné en autonomie et en présence. Toute une série de publications scientifiques en témoignent: l'article "Sociophonetics" dans la deuxième édition de l’Encyclopedia of Language and Linguistics (Foulkes, 2006), un numéro thématique du Journal of Phonetics consacré à la modélisation de la variation sociophonétique (Jannedy & Hay, 2006), l'ajout d'un chapitre "Sociophonetics" dans la deuxième édition du Handbook of Phonetic Sciences (Foulkes et al., 2010) et, surtout, la publication de deux volumes récents qui représentent l'état actuel de la discipline (Preston &

Niedzielski, 2010a; Di Paolo & Yaeger-Dror, 2010). Ajoutons comme dernier évènement l'organisation – en décembre 2010 – de deux journées d'étude dédiées à la sociophonétique5.

Parmi les arguments soutenant la spécificité de la sociophonétique – par rapport à la sociolinguistique "traditionnelle" – on réclame une approche plus complète du processus de communication phonique tout comme l'emploi de techniques sophistiquées dans les domaines de l'articulation et, plus encore, de la perception (cf. Foulkes et al., 2010: 723-727, et surtout les nombreuses recherches présentées dans le volume de Preston

& Niedzielski, 2010a: 191-409). Mis à part ces apports des sciences phonétiques à la sociolinguistique, on insiste par contre sur la prise en charge des divers facteurs et dimensions de la variation linguistique dont la phonétique "traditionnelle" n'a pas toujours tenu compte suffisamment.

Du point de vue de la théorie sociolinguistique, on doit aussi se poser la question de la spécificité de la phonétique et de la phonologie par rapport aux autres niveaux d'analyse de la langue (cf. Gadet, 2007: 71-72). Serait-ce un hasard qu'on n'ait pas encore assisté à la naissanSerait-ce d'une

5 http://linguistica.sns.it/Sociophonetics/home.htm (disponible le 14 décembre 2011)

morphologie" ou d'une "socio-syntaxe" à l'instar de la sociophonétique? Il se peut que le plan phonique de la langue soit en quelque sorte le plus riche en informations "indexicales", voire sociales; notons, par exemple, que parmi les catégories sociales envisagées en sociophonétique on trouve aussi l'orientation sexuelle (cf. Mack, 2010).

Pour conclure, les ethnolectes posent à la sociophonétique – et d'une certaine manière à la théorie sociolinguistique tout court – des problèmes d'ordre plus général. Par exemple: quel est le statut des traits phonétiques des ethnolectes suisses allemands en tant que variables socio-linguistiques? S'agit-il, dans le cas des ethnolectes primaires, de simples

"indicateurs", relevant de la seule variation diastratique (donc d'une variable linguistique que le locuteur n'arrive pas à contrôler consciemment) ou bien de "marqueurs", relevant aussi de la variation diaphasique ou stylistique (ce qui impliquerait un certain choix de la part du locuteur)? Et encore: qu'en est-il du troisième type parmi les variables laboviennes, les stéréotypes? Sont-ils toujours connotés négativement ou peuvent-ils assumer au moins un certain prestige "couvert"? On pourrait par exemple argumenter que les mêmes traits phonétiques passent d'un statut de marqueur dans l'ethnolecte primaire à un statut de stéréotype dans les ethnolectes secondaires et tertiaires; il serait toutefois prématuré de qualifier d'emblée leur valeur stylistique comme négative.

Si l'on peut donc concevoir une certaine analogie entre les trois types d'ethnolectes et la typologie labovienne des variables sociolinguistiques (Labov, 1994: 78; Labov, 2001: 196), en l'état actuel, un doute persiste quant au fait qu’il s'agisse d'un véritable processus de changement linguistique provenant du bas. D'une part, le degré de conscience des locuteurs – facteur problématique, mais fort important pour la théorie socio-linguistique (cf. Kristiansen, 2011: 268-269) – semble empêcher une diffusion à large échelle des traits ethnolectaux, censés opérer au niveau diaphasique plutôt qu'en diastratie. C'est alors qu'intervient la notion de

"style" qui a gagné ces dernières années en importance en socio-linguistique (cf. Auer, 2007 et Coupland, 2007). Cela dit, il devient évident qu'une démarche purement quantitative ne pourra pas donner une réponse satisfaisante aux questions que nous venons de soulever. La recherche variationniste doit mettre à profit, aussi pour le plan phonique, les méthodes de la sociolinguistique "interprétative" qui bénéficie, par ailleurs depuis plusieurs décennies, des acquis de l'analyse conversationnelle (cf., par exemple, Auer & Di Luzio, 1984). Par ce biais, la sociophonétique parviendra à appréhender non seulement la variation selon l'usager, mais aussi la variation selon l'usage (Gadet, 2007: 23); à la longue, même la ligne de séparation entre ces dimensions de variation devient floue.

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Methodological issues for the study of phonetic