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PARTIE IV : Rôle du pharmacien dans l’accompagnement du patient allergique

IV. Conseils et prévention

Il est important d’expliquer au patient que ses symptômes peuvent diminuer, en fréquence et en intensité, s’il évite ou diminue la fréquence des contacts avec l’allergène. Pour cela on peut rechercher avec lui comment éviter ou réduire l’exposition aux allergènes, en modifiant son environnement et en limitant les situations à risques. Cela dépendra bien sûr du type d’allergène en cause. La prévention passe par le contrôle de l’environnement.

Dans le cadre de l’allergie aux pollens des gestes simples permettent de limiter l’exposition aux pollens. Il sera conseillé d’éviter certaines activités augmentant le contact avec les pollens telles que la tonte de la pelouse, la taille des arbres. De plus, le patient devra penser à fermer les fenêtres lors de ces activités. Le linge ne devra pas être séché à l’extérieur lorsque les taux de pollens dans l’air son importants. Les pollens se déposant sur les cheveux il sera conseillé de les laver le soir avant de se coucher. De même, le port de lunettes de soleil peut s’avérer utile pour diminuer le contact des pollens avec la conjonctive. Le patient devra être informé sur l’existence de cartes des prévisions polliniques, et avoir le réflexe de se renseigner sur le risque allergique dans sa région. Une application mobile d’alertes polliniques, développée en partenariat avec le RNSA (Réseau national de surveillance aérobiologique), permet aux personnes allergiques au pollen de connaitre le niveau d’alertes de différents pollens, département par département. Les activités sportives à l’extérieur lors des pics de pollutions devront être évitées du fait des effets irritants des polluants pouvant exacerber les symptômes allergiques. De même, les sorties dans les espaces verts ou à la campagne pendant la période pollinique, et en particulier lors des pics polliniques, seront à éviter. En voiture rouler les

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fenêtres fermées permettra de limiter la pollution du milieu intérieur. Il est également utile d’informer le patient sur les conditions météorologiques où le risque pollinique est faible (temps pluvieux, absence de vent), ou important (temps chaud, sec, présence de vent). (2, 107 314)

Pour l’allergie aux acariens les conseils vont viser à réduire les taux en acariens dans l’environnement domestique : utilisation de housses anti-acariens, aération régulière de l’habitation, limiter au maximum les "nids à acariens" (tapis, moquettes, peluches, oreillers en plumes…), laver à haute température les éléments de la literie (60°) une fois par semaine, utilisation de filtre HEPA (Haute Efficacité sur les Particules Aériennes) permettant de filtrer l’air sortant de l’aspirateur et de retenir les différentes particules et allergènes s’y trouvant (moisissures, acariens, squames de chat/chien…), l’air est ainsi filtré et débarrassé en grande partie de ses allergènes. (311, 314)

Pour les moisissures, dans le but de prévenir leur développement un déshumidificateur peut être utilisé. Il sera également conseillé de limiter le nombre de plantes d’intérieur favorisant le développement d’humidité et donc de moisissures. Les bouches d’aération et de ventilation (VMC) doivent être laissées libres et être régulièrement entretenues. (314)

Pour les personnes allergiques aux allergènes de chat, de chien ou autre animal, l’idéal reste bien-sûr l’éviction de l’animal. Dans le cas où cette option n’est pas envisageable, certaines mesures simples permettent de limiter l’exposition aux allergènes : lavage et soin de l’animal à l’extérieur de l’habitat, interdire l’accès de l’animal aux chambres à coucher, aération de l’habitat, nettoyer régulièrement l’environnement domestique pour éviter l’accumulation de poussières riches en allergènes (squames, poils…), lavage des mains après avoir caressé l’animal. (2, 314)

Ces mesures préventives visent à limiter l’exposition aux allergènes permettant ainsi de diminuer le risque de manifestations allergiques et par là même l’aggravation de la maladie. Dans le cadre d’allergies aux allergènes du milieu intérieur (acariens, moisissures…) le pharmacien pourra informer le patient de la possibilité de faire appel à un conseiller médical en environnement intérieur (CMEI). L’intervention du CMEI chez le patient se fera à la demande du médecin sur prescription. Les CMEI vont se rendre chez le patient afin de réaliser un diagnostic de l’habitat, d’effectuer des mesures et d’identifier les allergènes et les

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polluants présents. Ce diagnostic permettra de mettre en œuvre des mesures pour l’éviction des polluants domestiques et d’adapter l’habitat. (2)

Pour ce qui est de l’allergie alimentaire, une lecture attentive des étiquettes pour rechercher l’éventuelle présence de l’allergène est indispensable. Il sera rappelé au patient de veiller à toujours avoir à portée de main la trousse d’urgence contenant l’adrénaline auto-injectable. Pour les enfants scolarisés ou en collectivité, un plan d’accueil individualisé indiquant la procédure à suivre en cas de réaction allergique est généralement remis au personnel scolaire. (2)

Pour la dermatite atopique des gestes quotidiens simples et quelques mesures préventives peuvent s’avérer très bénéfiques pour le contrôle de la maladie et l’amélioration de la qualité de vie. Pour ne pas aggraver le desséchement de la peau une douche de courte durée avec une eau pas trop chaude sera privilégiée au bain. L’utilisation de savons asséchants, produits d’hygiène irritants (à base de parabènes, parfum, conservateurs, huiles essentielles…) susceptibles d’aggraver l’irritation cutanée est à proscrire. Le nettoyage de la peau doit se faire délicatement sans frotter, de même que le séchage qui doit être réalisé par tamponnement de la peau. Le frottement de la peau et son desséchement réactive le prurit. L’utilisation d’émollients appliqués quotidiennement après la douche sur une peau légèrement humide, permet d’hydrater la peau mais également de réduire et d’espacer les poussées. En restaurant la fonction barrière de la peau les émollients contribuent à réduire la sensation de grattage et d’irritation. Un des messages clés à transmettre au patient atteint de dermatite atopique est l’importance de continuer l’application de l’émollient même lorsque l’état cutané est satisfaisant. Il est également important d’expliquer aux patients que plus ils vont se gratter plus ils auront envie de se gratter et donc un cercle vicieux se met en place : démangeaisons → grattage → surinfection → inflammation → démangeaisons → grattage… Autres conseils pratiques : se couper les ongles régulièrement pour éviter les excoriations lors du grattage, privilégier le port de vêtements en coton moins irritants pour la peau atopique très sensible. (315)