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6. Conclusion de l’étude et préconisations associées

6.3. Conséquences par rapport au suivi de l’ODE

Le dispositif de suivi de la qualité des cours d’eau mis en place par l’ODE971, qui s’appuie sur des directives nationales peut être analysé au vu des connaissances complémentaires acquises dans le cadre de ce projet dans les conditions agropédoclimatiques spécifiques aux Antilles.

6.3.1.Rappel de la méthode de prélèvement de l’ODE

Les prélèvements ODE en rivière sont réalisés manuellement par une entreprise prestataire de l’ODE971 (HYGITECH), qui peut contrôler la prestation de façon ponctuelle en accompagnant les agents sur le terrain (respect des conditions de prélèvement et du conditionnement des échantillons définis dans la DCE).

Un seul prélèvement représente environ 10 litres d’eau brute et une dizaine de « bouteilles » de différentes natures et formats en fonction du nombre de paramètres/substances actives à suivre.

Concernant la CLD, les prélèvements sont généralement réalisés tous les deux mois au niveau de chaque « station » suivie, soient 6 prélèvements/an/station. Les prélèvements sont donc réalisés à des dates programmées à l’avance sans prendre en considération les variables hydrologiques (débit, turbidité) au moment du prélèvement. Ils sont généralement réalisés à des faibles débits permettant l’accès à la rivière : débit de base, tarissement, fin de décrue, crues de faibles ampleurs avec débit de pointes < 5 m3/s.

Le suivi de la contamination en CLD est effectué sur 20 stations de rivière (DCE-Qualité RCS contrôle de Surveillance) en Basse-Terre. La Grande Rivière de Capesterre, voisine de la rivière Pérou, possède une station dans ce réseau, la rivière Pérou est suivie par rapport à d’autres paramètres (RCO contrôle opérationnel).

6.3.2.Interprétations des suivis ODE et ajustements possibles au regard des nouvelles références

L’ODE définit la qualité des eaux de surface en comparant la concentration de chaque substance active de la rivière à leur norme environnementale DCE qui représente soit une concentration moyenne, soit une concentration maximale admissible sur l’année ou les deux dernières années selon les substances actives pesticides. L’état global de la masse d’eau est ensuite défini en prenant en compte des groupes de paramètres selon des arbres de décision : si un groupe est en « mauvais état » alors la masse d’eau est déclassée.

Sur la base des nouvelles références de contamination acquises sur la rivière Pérou dans le cadre de ce projet nous soulignons les principaux éléments contextuels qui peuvent servir à une amélioration des interprétations des données de suivi ODE :

Signification des prélèvements effectués vis-à-vis de la dynamique de contamination des eaux de rivière

- La contamination en CLD de la rivière par les eaux souterraines est dominante par rapport à celle par les eaux de surface et représente l’essentiel de la contamination annuelle par la voie dissoute. Cette forte contamination est caractéristique des situations d’étiage (débits faibles) qui représentent donc des périodes critiques pour le biote au niveau quantitatif et qualitatif.

- Les résultats obtenus mettent en avant la forte dépendance entre dynamique hydrologique et concentration en CLD. Le schéma d’interprétation proposé (Figure 42) explicite les évolutions de concentration en CLD en fonction du débit, et les processus associés. Ainsi il en résulte qu’une connaissance à minima du débit au moment du prélèvement s’avère importante pour resituer l’échantillonnage effectué en termes de situation d’écoulement. Notons que cette interprétation ne s’applique pas aux molécules actuellement utilisées, principalement à cause du lien avec les eaux souterraines qui dans le cas de la CLD constitue un stock important tandis que pour les molécules actuelles cela représente une source de dilution.

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- A priori, les prélèvements de l’ODE sont majoritairement réalisés pour des faibles débits et teneurs en MES qui correspondent à une situation d’écoulement de base. Pour ces situations hydrologiques, nous avons montré une forte concentration en CLD, essentiellement sous forme dissoute. Les prélèvements ODE fournissent donc une caractérisation de l’état qualitatif de la rivière en ciblant la fenêtre d’écoulement la plus contaminée en CLD.

- Pour des échantillons de suivi ODE prélevés dans une situation plus éloignée du débit de base, ou bien encore difficile à situer hydrologiquement, une détermination de la teneur en MES en (mg/l) pourrait servir d’indicateur de situation hydrologique. En effet nous avons pu montrer une forte dépendance entre contexte hydrologique, origine des écoulements, teneur en MES et concentration en CLD.

- En conséquence des points précédents, le calcul d’une concentration moyenne annuelle en CLD basé uniquement sur des prélèvements en situation de débit de base peut engendrer une surestimation de la concentration moyenne annuelle en CLD.

Signification des prélèvements vis à vis de l’exposition du biote

- Les prélèvements ODE ne permettent pas de caractériser les périodes d’exposition du biote aux pics de CLD particulaire qui peuvent être ponctuellement aussi élevés que les concentrations maximales en CLD dissout de l’écoulement de base.

- Pour une situation de rivière avec peu de sédimentation, il serait souhaitable de caractériser l’exposition du biote à la CLD en situation de crue en ciblant l’analyse sur la phase particulaire (CLD particulaire).

Implication des résultats en termes de transport particulaire et de contamination des estuaires Le transport particulaire de CLD est négligeable à l’échelle annuelle (~2 % du transport total de CLD) mais équivalent au transport par voie dissoute dans l’écoulement en crue. Pour autant, l’impact du transport de CLD particulaire ne peut être considéré comme négligeable en termes de dépôts sur les sédiments marins aux estuaires par exemple. Il représente une quantité de l’ordre d’un kilogramme de CLD par an pour la rivière Pérou.

Impact potentiel du changement climatique sur la contamination en CLD de l’eau de rivière Les dernières prédictions du changement climatique montreraient une augmentation des périodes sèches avec une diminution de la saison cyclonique mais une intensification des précipitations et évènements extrêmes (cyclones de catégories 4 et 5) (Projet C3AF - Météo France). Ces prédictions pourraient entrainer par effet piston une exfiltration renforcée des eaux de nappes les plus contaminées et une augmentation du ruissellement de surface sur les parcelles. Cela provoquerait une augmentation globale de la contamination en rivière. Les mesures de réduction de l’érosion hydrique comme la mise en place de plantes de couverture dans les inter-rangs en bananeraie, pourraient limiter les flux de ruissellement et de transport particulaire mais ne permettraient pas nécessairement de compenser l’augmentation du transfert de CLD lié au surcroît probable de percolation.

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