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Conséquences de l’appareillage auditif sur la perception auditive et le développement

CHAPITRE I : L’ENFANT SOURD

D) Conséquences de l’appareillage auditif sur la perception auditive et le développement

#Avec l’appareillage conventionnel

P.Avan et al (2006) constatent que les études explorant le lien entre l’appareillage conventionnel et le développement du langage demeurent très insuffisantes dans la littérature, au profit des recherches menées sur l’implant cochléaire, depuis son apparition au début des années 1990.

Certains travaux dirigés par Diller G. (1996) ou Markides A. (1986) rapportent que l’appareillage a un réel impact sur l’intelligibilité de la parole, surtout s’il est mis en place précocement. Une autre étude plus récente de Wake M., Poulakis Z. et al, (2005) démontre cependant que les performances langagières ne seraient pas liées à l’âge de l’appareillage mais à l’importance de la perte auditive.

Il est possible aussi que le rapport entre la précocité de la réhabilitation et la qualité du langage ne soit pas significatif pour tous les degrés de surdité, notamment pour celles qui sont légères ou moyennes.

#Avec l’implant cochléaire

Comme pour l’appareillage conventionnel, l’implantation cochléaire a objectivé des améliorations importantes concernant la perception auditive de l’environnement ainsi que les performances langagières. D’après Leybaert J. (2007), il semblerait que pour le langage expressif, les gains obtenus par les enfants implantés soient proches des valeurs moyennes retrouvées chez des enfants ne présentant pas de trouble de l'audition.

Cependant, les effets de l'implant demeurent très variables et la littérature fait état de divers facteurs d'influence :

-L’âge d'implantation : la période optimale pour l'implantation cochléaire est située entre deux et cinq ans (Rapport du conseil de l'Europe cité par la HAS (2007).

Nous savons désormais qu’il existe un lien entre l’implantation précoce (dès l’âge de un an et demi) et les performances langagières (Tyler R-S et Summerfield A-Q, 1996).

Chez un enfant sourd profond congénital n’ayant pas bénéficié d’un appareillage classique, ni développé de compétences au niveau du langage oral, l’implantation au delà de l’âge de 6 ans entraînerait une perception limitée aux bruits environnementaux et l’élaboration d’un langage oral structuré difficile (Leybaert J., 2007).

-Le type de communication auquel est confronté l'enfant : Communication orale ou totale ? En post-implantation, l'acquisition de la production du langage est davantage liée au fait que l'enfant soit exposé à un milieu oraliste, plutôt qu’à un milieu utilisant un mode de communication totale (Cullington et al, 2000).

Cela s’explique par le fait que les enfants implantés utilisent naturellement moins une voie visuelle que les enfants sourds non implantés ou implantés tardivement (Marthouret M. 2011). Cependant, Selon Kos et al, cités par Leybaert J. (2011), l’exposition préalable à la LPC avant l’implantation permettrait de «mieux exploiter le signal de la parole».

-Les variations inter-individuelles, qui demeurent importantes : Certains enfants auront toujours un retard concernant leurs habiletés langagières, même après deux ans de port de l'implant, d'autres auront un retard de développement du langage moins important. Tous les enfants ne sont pas semblables et le bénéfice ne peut être identique (Leybaert J., 2007).

Dans tous les cas, l'implant ne transforme pas l'enfant sourd en enfant entendant. La discrimination de la parole dans le bruit ou par des appareils électriques (téléphone, télévision) reste inférieure à la perception dans le silence. Ensuite, dans le cas des surdités congénitales, les perceptions acquises grâce aux électrodes nécessitent un apprentissage et du temps pour que l'enfant construise «son paysage sonore {...} passant par la découverte, la

Enfin, même précoce, l'implant ne corrige pas le retard qui subsiste par rapport au développement normal de l'audition et ces enfants vont avoir besoin de l'apport des moyens de communication supplémentaires et complémentaires (LPC - Français signé), jusqu'à ce que le langage seul soit suffisamment efficace, ainsi que d'une stimulation langagière optimale, apportée par le milieu familial et la rééducation orthophonique.

De nombreuses études ont tenté de mettre en évidence les performances langagières, notamment au travers de tests standardisés. Il est donc très difficile de faire un relevé exhaustif des compétences pour chaque domaine du langage.

D'après Young A. et Killen D.H (2002), des performances ont été relevées au niveau lexical et sémantique, tandis que sur le plan grammatical, syntaxique et morphologique, des faiblesses persistent.

D'après une autre étude de Bollard et al (1999), les enfants implantés en moyenne à 3,1 ans peuvent accroître peu à peu leur niveau de vocabulaire, mais n'évolueront pas au même rythme que les enfants normo-entendants du même âge chronologique, et l'écart va persister. Pour Ouellet C., Le Normand (2006), des difficultés subsistent après trois ans d’implantation concernant la production des catégories lexicales : Un nombre réduit de mots et d’énoncés, de moins bonnes performances sur les verbes que sur les noms, ainsi que pour les mots de fonction, par opposition aux mots de contenu (concrets).

Concernant la morphosyntaxe, Spencer. J (2004) souligne que le développement morphosyntaxique est plus altéré que celui du lexique.

Le Normand, cité par Leybaert J. (2007) constate que les enfants implantés qui récupèrent le mieux ont toujours un retard important dans la production de la morphologie grammaticale (difficultés de marquage du genre des noms, et marquage de temps et d’accord dans la construction des verbes).

Bollard et al (1999) démontrent cependant qu’après trois ans d’implantation, les énoncés peuvent être composés de plusieurs mots. A nouveau, Il faut rappeler que les performances restent très variables, mais plus l’âge d’implantation est précoce, plus l’écart entre «l’âge chronologique» et «l’âge grammatical» sera réduit (Leybaert J., 2007).

Dans ce premier chapitre, nous avons tenté de poser le cadre théorique dans lequel s’inscrivait notre étude, en définissant d’abord la surdité et ses manifestations cliniques, puis en montrant quels pouvaient être les moyens mis à disposition pour aider l’enfant sourd et dans quelles mesures ils pouvaient influencer le développement et la qualité du langage oral. Nous savons que pour un enfant présentant une surdité congénitale, il est aujourd’hui indispensable, (dans l’objectif de l’oralisation), de mettre en place une réhabilitation auditive (prothèse ou implant) le plus précocement possible, couplée à d’autres moyens de communication venant appuyer la perception auditive, l’expression et la compréhension orale.

Mais qu’appelle t-on langage oral, et comment se met- il en place chez l’enfant entendant puis chez l’enfant sourd ?

CHAPITRE

II :

LE

LANGAGE

ORAL :

SON

DEVELOPPEMENT CHEZ L’ENFANT ENTENDANT ET

CHEZ L’ENFANT SOURD

I) QU’EST-CE QUE LE LANGAGE ORAL ?