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Connaissances et utilisation des NTIC par les parents et les adolescents

CHAPITRE 4 : PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

4.3. Connaissances et utilisation des NTIC par les parents et les adolescents

Nous avons souligné précédemment que les progrès techniques et scientifiques sont rapides et parfois drastiques. Aussi, dans une période relativement courte, on peut voir se succéder plusieurs générations de technologie. Il suffit de penser à ce que pouvait réaliser comme tâche ou loisir un ordinateur il y a 15 ans comparativement à ce que peut faire aujourd’hui une tablette numérique tactile pour comprendre à quel point les choses changent vite et en profondeur. Par conséquent, un point particulièrement important est la différence qui existe entre les parents et les adolescents en ce qui a trait aux connaissances relatives aux NTIC et à leur utilisation du matériel permettant d’y accéder.

35% 40% 24% Ordinateurs Cellulaire Tablette

80 En comparant l’utilisation faite par chacun, on constate que la différence entre parents et adolescents est grande. Notamment, les premiers utilisent le téléphone cellulaire très peu de temps comparativement aux autres appareils (8%) tandis que les adolescents y ont recours massivement (41%). Les parents n’ont pas changé leurs habitudes en regard de la manière d’accéder à internet, ils restent des utilisateurs de l’ordinateur, de bureau ou portable, dans une proportion massive de 85%, les jeunes y passant quant à eux 35% de leur temps d’utilisation des NTIC. Finalement, les parents utilisent la tablette numérique tactile de manière marginale (7%) tandis que leurs enfants l’utilisent pour le quart du total des heures hebdomadaires durant lesquelles ils accèdent aux NTIC.

Cet usage peu élevé de la génération récente des NTIC par les parents se traduit par une méconnaissance de ces nouveaux médiums qui s’est dite de manière franche lors de certains entretiens.

« Oh, moi je connais juste mon petit ordinateur, je vais sur Facebook et Ebay et des

affaires de même, les affaires de base. » (Entretien 1)

« Je ne suis pas très technologie à part mon usage au bureau. » (Entretien 3)

« On a un téléphone intelligent (…), mais on s’en sert plus ou moins. Je ne connais

pas grand-chose là-dedans. » (Entretien 6)

Lorsqu’ils comparent leurs connaissances des NTIC à celles de leurs enfants, incluant leur côté technique et matériel ainsi que l’usage potentiel de celles-ci, les parents ont une

81 opinion partagée. Si certains indiquent clairement le retard qu’ils accusent sur les adolescents qui se trouvent à la maison, d’autres se disent plus en mesure de suivre. Certains commentaires illustrent cette variable importante de la perception des parents du niveau de leur compétence, réelle ou perçue, en ce qui a trait à l’utilisation des NTIC. Un parent a une réaction révélatrice lorsqu’il évalue son savoir général sur les NTIC en fonction des connaissances de son jeune en la matière : « Hey non, non, non! Je ne connais même pas le (…) huitième [de ce qu’il connait] (parent 1) ». Un autre parent va un peu plus loin en soulignant que ses enfants font partie d’une génération qui a grandi avec la technologie, étant donné le rythme effréné de son développement. Selon lui, c’est une génération connectée en permanence, et ce, depuis longtemps.

« Mes enfants m'en montrent encore, quand y’a des choses que je connais pas (…)

Eux autres, c'est quasiment inné là. Je regarde ma fille, elle a commencé à trois ans sur l'ordinateur et elle me montrait déjà des choses que je ne savais pas encore. (…) C’est un groupe d'âge qui a été élevé là-dedans et ils en connaissent plus que nous autre, en tout cas avec mes enfants, c'est ça! » (Entrevue 2)

La moitié des parents (n=5) ont estimé leur niveau de connaissances et de compétences en lien avec les NTIC comme étant inférieur, parfois de façon notable, à celui des adolescents qu’ils élèvent tandis que trois se voient, au mieux, comme leurs égaux. Deux parents se sont dits plus connaisseurs que leurs jeunes. Ces derniers précisent que c’est dans des aspects précis des NTIC, comme la recherche d’information, qu’ils ne parviennent pas à suivre les développements récents de la technologie (entrevue 6). Seulement trois parents sur

82 dix se sont dits mieux outillés que leurs jeunes sur un point précis, tel la réseautique (entrevue 5) ou les médias sociaux (entrevue 8).

En regardant le portrait de ces trois parents, il ressort quelques caractéristiques communes. Tout d’abord, les trois sont des hommes et ce sont les seuls parents qui utilisent les NTIC pour autre chose que le travail. C’est une différence importante puisque l’usage pour le plaisir est presque absent des utilisations des autres parents rencontrés. À l’instar de ce répondant, les pères interrogés mentionnent qu’ils ont introduit les nouvelles technologies dans leur quotidien par plaisir plus que par obligation.

« Pour les loisirs, par exemple la musique, j'ai toute ma musique sur le nuage, sur

le Cloud donc (…) J'ai accès à ma musique et c'est le genre de chose que j'adore. Les loisirs, ça commence par la musique, les films, le cinéma, même le cinéma, évidemment quand je pars en voyage. [Quand] c'est un long voyage, j'ai cinq ou six films sur ma tablette, alors, si je m'ennuie un peu ou si les films qu'on me propose ne me plaisent pas, j'ai mes films et j'ai ma musique. Je ne suis pas un gros joueur, mais je joue quelques petits jeux pour passer le temps. J'ai un tas d'application, j'aime les sports, alors je lis beaucoup de journaux. Avant j'étais abonné à des journaux papiers, journaux que j'ai maintenant sur ma tablette. » (Entrevue 5)

Si cette utilisation ouverte au loisir et au plaisir permet aux parents de se sentir beaucoup moins déconcertés par les NTIC, cela ne signifie pas pour autant qu’ils ont plus de facilité dans l’encadrement de leurs adolescents en lien avec cet usage. Par contre, il appert que ces parents se sentent plus confiants envers les NTIC que les autres. Et, plutôt que de les percevoir comme « étrangères » et « nuisibles », cette confiance dans leurs connaissances

83 des technologies et le fait qu’ils les utilisent à d’autres fins que professionnelles semblent les renforcer positivement dans leurs interventions auprès des jeunes qu’ils encadrent. Ce point est appuyé par un parent qui parle de sa capacité à intervenir sur les NTIC, en soulignant que : « ouais, je n'ai pas peur de ça » (entretien 8) ou un autre qui met l’accent sur le fait que : « quand tu connais tes affaires, ben, tu n’as pas de problème » (entretien 1).