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4. 2. Connaissances des femmes sur le gain de poids gestationnel approprié

Dans le document Gain de poids au cours de la grossesse (Page 165-169)

CHAPITRE III. GAIN DE POIDS AU COURS DE LA GROSSESSE

II. 4. 2. Connaissances des femmes sur le gain de poids gestationnel approprié

Dans notre étude, 78,7 % des femmes enceintes déclaraient n’avoir reçu aucune information sur le gain pondéral pendant la grossesse. Ainsi, dans notre population, les connaissances des femmes en matière de prise pondérale au cours de la grossesse sont donc insuffisantes. Plusieurs travaux sur les femmes enceintes ont montré que les femmes ont reçu des informations insuffisantes et limitées sur le gain de poids gestationnel recommandé (BROWN et al. 2012, MCDONALD et al. 2011). Dans son étude, STENGEL et al (2012), ont rapporté qu'entre un tiers à la moitié des femmes enceintes n'ont eu aucune information sur le gain de poids gestationnel approprié. D’autres études rapportent que beaucoup de femmes ont déclaré recevoir des informations erronées sur le gain de poids à prendre ; les professionnels de santé ont conseillé la même prise pondérale quel que soit l’état pondéral pré-grossesse. De plus, les femmes ont déclaré que les professionnels de santé n'ont pas insisté sur l'importance du gain de poids gestationnel et ses conséquences et ne se sont pas inquiétés lorsqu’une

163 femme avait une prise excessive (LEIFERMAN et al. 2014, STENGEL et al. 2012, WILKINSON et al. 2012, OLANDER et al. 2011).

Nos résultats montrent que, en fonction du gain de poids gestationnel, les femmes à gain normal (29,3 %) sont plus nombreuses à déclarer connaître le gain pondéral gestationnel approprié, alors que celles à gain insuffisant (85,2 %) et à gain excessif (76,0 %) sont plus nombreuses à déclarer ignorer le gain idéal (p = 0,03). Ces résultats confirment les résultats d’autres études ayant montré que les femmes enceintes qui ont reçu des informations et des conseils sur le gain de poids idéal au cours de la grossesse ont eu un gain pondéral conforme aux recommandations de l’IOM (WILLCOX et al. 2015, TOVAR et al. 2011). Le risque de gain de poids inadéquat (excessif ou insuffisant) est plus élevé chez les femmes qui ne reçoivent pas une éducation adéquate et / ou des conseils liés au gain de poids au cours de la grossesse (BAGHERI et al. 2013). De plus, les conseils sur le gain de poids semblent être donnés tardivement pendant la grossesse, ou ne sont pas délivrés du tout. Ne recevoir aucun conseil de la part des professionnels de santé sur le gain de poids gestationnel au cours de la grossesse, une situation assez répandue, était associé à des gains de poids gestationnels excessifs ou insuffisants (IOM 2009, COGSWELL et al. 1999). Le Collège Américain des Obstétriciens et Gynécologues (ACOG) recommande fortement le conseil préconceptionnel et/ou l'éducation sur le gain de poids idéal lors de la première visite prénatale (ACOG 2003).

Comme sources d’informations, les médias (internet, télévision, radio et presses) sont les plus citées chez 50,7 % des femmes enceintes de notre étude. Un pourcentage de 35,8 % des femmes de notre étude considère le gain gestationnel idéal celui acquis lors des grossesses précédentes. Aussi, 10,4 % des femmes ont été renseignées par leur entourage et seules 6,0 % ont été renseignées par un professionnel de santé (gynécologue, médecin général ou sage femme). Ceci est en accord avec les données de l’enquête sanitaire « Baromètre Santé Nutrition », qui retrouve toujours le même ordre d’apparition des sources dans les enquêtes de 1996, 2002 et 2008 (INPES 2008, GUILBERT et al. 2003, INPES 2002). En effet, la grossesse est un moment propice où la femme enceinte est en demande d’informations, notamment sur le gain pondéral idéal. Cependant, la majorité des femmes préfèrent l’information qu’elles trouvent par l’intermédiaire des médias et que leur transmet leur entourage. Ce qui peut s’expliquer par le besoin de compléter les informations reçues du

164 consultant et par l’influence de l’entourage qui peut être prépondérant. De plus, le gain de poids est abordé par les professionnels de santé seulement pour les femmes présentant des complications ou demandant des conseils. SZWAJCER et al. (2005), ont révélé que certaines femmes enceintes utilisent comme source d’information leur propre expérience lors de grossesses ultérieures.

Le personnel de santé (gynécologue, sage-femme, …) est la source d’information la plus fréquente chez les femmes à gain de poids normal (p = 0,05). Nos résultats sont en accord avec des études ayant rapporté que les informations fournies par les professionnels de santé sur le gain pondéral gestationnel approprié ont été associées à un gain de poids conforme aux recommandations de l’IOM (TOVAR et al. 2011, COGSWELL et al. 1999). MICHIE et al. (2011), ont indiqué que l'acquisition d'informations sur le gain de poids par le professionnel de santé est un premier pas important vers l'obtention d'un poids normal pendant la grossesse. Ces résultats mettent en évidence l'importance pour les professionnels de santé d'identifier et de comprendre les objectifs de prise de poids au cours de la grossesse. Cependant, si l’information est donnée tardivement et accompagnée par une méconnaissance des risques encourus, certaines femmes risquent une prise de poids dépassant les recommandations (CHENAIS 2007). De plus, des études ont trouvé qu’une grande proportion de personnels de santé manque de connaissances sur les recommandations de gain de poids durant la grossesse (WILKINSON et al. 2013).

Nos résultats mettent en évidence que les médias sont un facteur de risque de gain de poids excessif au cours de la grossesse. Les médias sont la source d’information la plus fréquente chez les femmes à gain pondéral excessif (80,0 % ; p = 0,02). Ceci est concordant avec d’autres études qui ont montré que, de nombreuses femmes enceintes cherchent des informations sur le gain pondéral sur Internet ce qui peut conduire à des informations non fiables et à des messages contradictoires entraînant un gain pondéral gestationnel excessif (LEIFERMAN et al. 2014, STENGEL et al. 2012). En outre, les conseils que les femmes reçoivent pendant la grossesse sur le gain de poids gestationnel approprié sont généralement insuffisants et brefs. Le manque d'informations détaillées et personnalisées de la part des professionnels de santé conduit les femmes à rechercher des informations auprès de sources potentiellement peu fiables telles que les média, les magazines et les blogs en ligne ; les

165 rendant souvent plus confuses (BROWN et al. 2012, GIRARD et al. 2012, MCDONALD et al. 2011). Pour les femmes enceintes, les médias sont un moyen rapide d’obtenir des informations et des réponses directes à des interrogations (CHENAIS 2007).

Le professionnel de santé, les médias, la famille et l’entourage jouent un rôle fondamental dans l’élaboration des informations sur le gain de poids durant la grossesse et les comportements alimentaires qui perdureront tout le long de la vie. Face à ces différentes sources disponibles, il est fondamental que la femme enceinte puisse trouver ses repères.

II. 4. 3. Signes sympathiques de la grossesse

Les signes sympathiques de la grossesse sont plus fréquents durant le 1er trimestre (T1) de grossesse. Un pourcentage de 86,6 % des femmes enceintes de notre population déclare avoir des signes sympathiques au T1, 44,7 % au T2 et 49,2 % au T3. Les signes sympathiques les plus fréquents sont les nausées et les vomissements pour les trois trimestres de grossesse. Ces signes sont retrouvés dans nombreuses études (KOREN et al. 2014, CHORTATOS et al. 2013, JEWELL et al. 2003). Une méta-analyse, qui comprenait 23 études ; a montré que les nausées et vomissements de la grossesse affectent près de 70,0 % des femmes dans le monde (EINARSON et al. 2013). Dans une enquête de cohorte norvégienne, le taux de nausées et de vomissements de grossesse était de 33,0 % chez 51 675 femmes (CHORTATOS et al. 2015). Les causes sous-jacentes des nausées et des vomissements de la grossesse restent peu claires, mais les changements hormonaux sont supposés être une cause potentielle. L’augmentation rapide de l’hormone gonadotrophine chorionique humaine (HCG) et de l'œstrogène en début de grossesse ont été associées à ces troubles. La progestérone, qui est libéré pendant la grossesse, a été suggérée de causer la motilité gastrique retardée et peut donc provoquer des nausées (DAVIS 2004).

Dans notre étude, les signes sympathiques de la grossesse sont un facteur de risque de gain pondéral gestationnel insuffisant. Quel que soit le trimestre de grossesse, les femmes enceintes ayant un gain de poids trimestriel et total insuffisant sont plus nombreuses à présenter des signes sympathiques (p < 0,05). Plusieurs études ont trouvé des résultats similaires aux nôtres. Les vomissements fréquents surtout au début de grossesse étaient associés à une faible prise de poids (HEUDE et al. 2011, FOULHY 2007, KARI 2007,

166 DODDS et al. 2006, KINNUNEN et al. 2003). Dans l’étude de HASTOY et al (2015), les femmes souffrant de nausées et vomissements avaient un gain de poids insuffisant pendant leur grossesse plus important que les femmes sans nausées et vomissements. Les recherches montrent que les causes de nausées et vomissements ainsi que ses conséquences maternelles et fœtales ne sont pas clairement établies (GOODWIN 2008, EINARSON et al. 2007, JEWELL et al. 2003). L'hypothèse la plus commune proposée pour expliquer les nausées et vomissements est basée sur le fait qu’ils conduisent à une fonction digestive anormale, qui se traduit par un apport insuffisant en nutriments des femmes enceintes, expliquant ainsi le gain pondéral insuffisant (BIRKELAND et al. 2015, FOULHY 2007). Des études ont rapporté que les femmes atteintes de nausées et de vomissements fréquents avaient un gain pondéral gestationnel insuffisant et un faible poids de bébé à la naissance, en comparaison avec un groupe témoin (TEMMING et al. 2014, ROSEBOOM et al. 2011, BAILIT 2005).

D’après nos résultats, nous avons également trouvé que les femmes ayant un gain pondéral gestationnel excessif ont, comme signe sympathique, une augmentation de l’appétit au cours de la grossesse (p < 0,05). En accord avec nos résultats, OLAFSDOTTIR et al (2006), ont montré que les femmes qui mangeaient de grandes quantités de nourriture en raison d’une augmentation de leur appétit au cours de la grossesse étaient plus susceptibles de rapporter un gain de poids excessif que les femmes qui ne signalaient pas ces comportements (OLAFSDOTTIR et al. 2006).

II. 5. Comportement alimentaire

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