L’idée de ce travail est de pouvoir confronter notre étude à des cas concrets. Nous avons souhaité axer notre étude sur l’échelle locale car les projets menés localement ont un bénéfice marginal élevé sur le plan social mais aussi économique. La mobilisation des ressources dans un rayon proche permet une gestion durable de celles-ci et des retombées économiques et sociales sur le développement du territoire.
La dynamique d’appel à projets Territoires à Energie Positive pour la Croissance Verte (TEPCV) initiée par Ségolène Royal a fait émerger beaucoup de projets. Cependant, il est assez complexe d’avoir des informations détaillées sur les objectifs des porteurs de projets (réduction des consommations énergétiques, développement de l’éolien, du solaire, de la méthanisation, du bois énergie…).
Le réseau Territoires à Energies POSitives (TEPOS) rassemble depuis 2011 les territoires qui ont pour objectif la réduction de leurs besoins énergétiques et le développement des EnR. Ce réseau fournit des informations plus complètes sur les objectifs des territoires et ses membres ont souvent répondu à l’appel à candidature du MEDDE. Les données sur les productions et consommations d’énergie des territoires proviennent de ce site et sont souvent des estimations.
Nous avons retenus quelques cas concrets sur des territoires qui se sont engagés dans des démarches TEPOS et TEPCV et qui ont des caractéristiques différentes que ce soit en termes de taille, de composition de la demande énergétique, d’objectifs etc…
Pour chaque cas, nous définirons précisément pourquoi nous l’avons retenu comme exemple, ses objectifs pour devenir TEPOS/TEPCV, sa situation actuelle en termes de production d’EnR. Nous le soumettrons ensuite à nos estimation afin d’analyser son potentiel de développement des bioénergies.
Chaque étude de cas suit la trame suivante :
Nom du territoire Nombre d’habitants : Région : Département : Critères de sélection : Objectifs du territoire :
32 Analyse de la demande :
Analyse de l’offre :
Demande énergétique estimée : Potentiel en BE :
Potentiel méthanisation : Potentiel global bioénergies :
Part du potentiel de bioénergie dans la demande estimée : Utilisation actuelle des ressources :
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1. CC Maremne Adour Côte Sud
Nombre d’habitants : 57 808 Région : Aquitaine
Département : Landes
Critères de sélection : Cette communauté de commune se situe dans les Landes, en région
Aquitaine qui est la 1ère région productrice de BIBE. Nous supposons donc des ressources importantes en BE.
Objectifs : produire 100% de l’énergie via les EnR pour tous les usages (électricité, chaleur et
mobilité) à l’horizon 2050 avec également un objectif de 30% d’économies d’énergie. Situation actuelle pour la production d’EnR :
o capacité en chaleur issue de la biomasse de 120 000 MWh, soit 10 320 tep, ce qui couvre 29% des besoins
o capacité de 5 600 MWh (482 tep) de photovoltaïque (3% des besoins en électricité).
Figure 9 : Mix EnR CC Marmne Adout Côte Sud, en tep, source TEPOS
Analyse de la demande :
La CC appuyé par l’Observatoire Régional Energie Changement Climatique Air en Aquitaine (ORRECA) a réalisé un diagnostic des consommations énergétiques du territoire.
La consommation globale s’élève à 116 100 tep en 2010 d’après ce diagnostic. Notre estimation est très légèrement supérieure car on obtient 123 362 tep de consommation énergétique estimée sur l’année 2012.
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Figure 10 : Consommation CC MACS, source ORECCA 2010 & CC MACS
Figure 11 : Estimation de la consommation énergétique de la CC MACS, en tep en 2012
Dans le détail, on peut constater cependant que les consommations par secteur diffèrent entre les résultats du diagnostic de 2010 et nos estimations pour 2012, surtout pour l’industrie.
Analyse de l’offre :
Le critère de choix de ce territoire était notamment sa potentialité en BE possible du fait d’être dans la première région productrice de BIBE. Le potentiel de BE estimé est de 16 418 tep ce qui est peu par rapport à la consommation énergétique. Cependant, cela représente quand même un potentiel important par rapport à d’autres territoires.
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Figure 12 : ressources méthanisables CC MACS, en tep en 2010
Nous pouvons remarquer que les ressources méthanisables sont largement inférieures aux ressources en BE, ce qui appuie le fait que ces dernières ne sont pas négligeables.
Globalement, le potentiel en bioénergie estimé est de 19 632 tep, ce qui est assez faible par rapport à la demande estimée sur le territoire (15,9%).
Demande énergétique estimée : 123 362 tep Potentiel en BE : 16 418 tep
Potentiel méthanisation : 3 214 tep Potentiel global bioénergies : 19 632 tep
Part du potentiel de bioénergie dans la demande estimée : 15,9%
Utilisation actuelle des ressources : avec une capacité de 60 MW pour le chauffage bois, la
communauté de commune produit 10 320 tep à partir du BE. Il n’y a pas de valorisation du biogaz pour le moment.
Potentiel de développement des bioénergies : avec 10 320 tep utilisées sur les 16 418
potentiellement estimées, la marge de développement du BE n’est pas très grande. Une exploitation des ressources méthanisables est envisageable car un potentiel existe. Mais le territoire doit également développer d’autres sources d’EnR pour augmenter la part de celles-ci dans son mix-énergétique.
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2. CC des Crêtes Préardennaises
Nombre d’habitants : 21 939
Région : Champagne-Ardenne Département : Ardennes
Critères de sélection : La communauté de 93 communes se base déjà sur une production de
biogaz et surtout sur une utilisation de biomasse (qui représente plus d’un quart de la production d’EnR) pour de l’énergie thermique. Ce territoire produit déjà plus de 100% de sa consommation énergétique à partir d’EnR, surtout via l’éolien.
Objectifs du territoire : atteindre 100% d’EnR pour l’ensemble des usages (électricité, chaleur
et transports). En 2015, 65% des besoins hors transport sont couverts par les EnR. L’objectif retenu est de 80% pour 2020. Un plan de réduction des consommations énergétiques dans tous les secteurs est également à l’étude.
Situation actuelle pour la production d’EnR :
o 2 198 MWh soit 189 tep pour le biogaz ce qui représente une production assez faibles
o 29 370 MWh soit 2 526 tep de biomasse pour la chaleur o 83 600 MWh soit 7 189 tep d’électricité issue de l’éolien o 142 MWh soit 12 tep d’énergie solaire
Figure 13 : Mix EnR CC des Crêtes Préardennaises, en tep, source TEPOS
Analyse de la demande :
La consommation énergétique de la CC renseignée sur le site TEPOS est de 52 887 tep (électricité, chaleur et mobilité).
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Notre modèle estime une demande énergétique de 32 310 ce qui représente un gap assez important.
Figure 14 : Demande énergétique estimée CC des Crêtes Préardennaises, en tep en 2012
Analyse de l’offre :
L’analyse de l’offre potentielle en BE nous donne 10 220 tep mobilisables.
En ce qui concerne les ressources méthanisables, nous les estimons à 9 414 tep aux deux tiers issus des résidus de l’agriculture et des pailles de céréales.
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On a donc un potentiel de ressources équilibré entre BE et ressources méthanisables. Sur ce territoire, le potentiel des bioénergies par rapport à la consommation énergétique estimée est important, de l’ordre de 60% ce qui en fait un territoire d’étude d’autant plus intéressant.
Cependant, ce résultat est à nuancer car la demande estimée semble sous-estimée. Si on rapporte le même potentiel en bioénergie à la consommation énergétique déclarée, nous tombons à une part maximale de 37% de bioénergie dans le mix énergétique avec les ressources issues du territoire.
Demande énergétique estimée : 32 310 tep Potentiel en BE : 10 220 tep
Potentiel méthanisation : 9 414 tep Potentiel global bioénergies : 19 634 tep
Part du potentiel de bioénergie dans la demande estimée : 60,8% (37,1% dans la demande
déclarée)
Utilisation actuelle des ressources :
- 189 tep de biogaz sont produite ce qui représente une part minime du potentiel de 9 304 tep
- 2 526 tep de biomasse pour la chaleur sont produites sur les 10 220 tep potentiel pour le BE.
Potentiel de développement des bioénergies : D’après les chiffre précédents, il existe un
potentiel important de développement des bioénergies sur ce territoire aussi bien pour le BE que pour le biogaz. Il est intéressant de noter également que la part de ces bioénergies dans le mix-énergétique local peut être importante (entre 40 et 60% selon la demande énergétique prise en compte).
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3. CC du Mené
Nombre d’habitants : 6 538 Région : Bretagne
Département : Côtes-d’Armor
Critères de sélection : La Bretagne est une région agricole importante, avec notamment une
activité d’élevage qui pourrait laisser penser à un gisement de ressources méthanisables conséquent. Cette Communauté de Commune a en effet une production de biogaz qui lui permet, couplé à un projet éolien participatif, d’être auto-suffisant au niveau de sa production d’électricité. D’autres installations comme une huilerie qui permet de produire du biocarburant, des chaufferies bois et des panneaux solaires permettent de développer un mix énergétique large. Cela en fait un territoire d’étude intéressant.
Objectifs du territoire : L’objectif du territoire est de produire 100% de son énergie de
manière renouvelable à l’échéance 2025 avec un objectif intermédiaire de 75% en 2020 et cela en partant d’une situation initiale de 25% en 2013.
L’objectif d’économie d’énergie est fixé à 20%, essentiellement sur le bâtiment.
Situation actuelle pour la production d’EnR :
Le territoire couvre 125% de ses besoins en électricité grâce :
o à sa production importante de biogaz. 13 800 MWh pour l’électricité et 14 400 MWh pour l’énergie thermique et, soit un total de 2 425 tep de biogaz. Celle-ci se fait sur l’unité de méthanisation de Géotexia sur la commune de St Gilles du Mené.
o mais aussi à son parc éolien qui produit 13 090 MWh soit 1 126 tep.
o et enfin aux 276 000L de biocarburant, soit 2 760 MWh ou 237 tep, produits grâce à l’huilerie qui transforme le colza en carburant pour les véhicules agricoles.
La CC dispose également d’une chaufferie bois pour une production de chaleur de 1 080 MWh donc 93 tep, et elle exploite l’énergie solaire pour 308 MWh (26,5 tep) dans le PV et 17 MWh (1,5 tep) dans le thermique.
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Figure 16 : Mix énergies renouvelables CC du Mené, en tep, source TEPOS
Analyse de la demande :
La consommation déclarée sur le site des TEPOS (qui est une estimation) est de 126 720 MWh soit 10 898 tep.
Notre modèle nous donne une estimation de la demande énergétique de 20 606 tep soit le double de la première estimation. La présence d’un gros industriel de l’agroalimentaire pesant lourd dans l’activité économique de la CC fausse surement les chiffres. On voit que la consommation énergétique industrielle représente les 2 tiers de la demande énergétique globale. Nos estimations étant réalisées avec des chiffres régionaux, il se peut que cette entreprise soit particulièrement économe en énergie dans sa production ce qui pourrait expliquer en partie la surestimation.
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Figure 17 : Demande énergétique estimée CC du Mené, en tep en 2012
Analyse de l’offre :
Les ressources en BE issues des forêts présentes sur le territoire de la CC donnent 1 338 tep potentiellement valorisables.
Pour ce qui est de la méthanisation, on estime un potentiel de 2 547 tep décomposé selon le schéma suivant :
Figure 18 : Ressources potentielles pour la méthanisation CC du Mené, en tep en 2010
Ces ressources méthanisables sont sous-estimées car l’unité de méthanisation traite également des déchets issus de l’IAA grâce à cette entreprise importante mentionnée précédemment. Or, ces ressources ne sont pas prises en compte dans notre estimation.
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Les effluents d’élevage ne sont pas si importants que ce que l’on aurait pu imaginer lors de la sélection de ce territoire, mais représentent tout de même 30% des ressources ce qui est plus que sur les autres territoires étudiés.
Demande énergétique estimée : 20 606 tep Potentiel en BE : 1 338 tep
Potentiel méthanisation : 2 547 tep Potentiel global bioénergies : 3 885 tep
Part du potentiel de bioénergie dans la demande estimée : 18,8% ou 35,6% avec l’estimation
basse fournie par le site TEPOS. Notre estimation étant surévaluée et notre potentiel en bioénergie sous-évalué, il est difficile de fournir des indicateurs précis.
Utilisation actuelle des ressources et potentiel de développement des bioénergies :
2 662 tep de biogaz sont produites ce qui dépasse le potentiel estimé. Certes, notre potentiel est sous-estimé car il convient de prendre ne compte les déchets des IAA mais il se peut également que l’unité de méthanisation mobilise des ressources extraterritoriales. En ce qui concerne le BE, la chaufferie bois produit une 100aine de tep d’énergie thermique ce qui laisse une marge de développement à la vue du potentiel estimé de 1 338 tep.
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