très différentes, au sujet du gouvernement en place. Les Occidentaux ont très tôt joué
la carte de l’opposition au régime, adoptant ce que les « réalistes » considèrent
comme une position « idéologique », tandis que la Russie soutenait M. Bachar
el-Assad. Ce dernier est parvenu à se maintenir avec l’appui de Moscou et 2017 montre
qu’il est en passe de gagner la guerre. Faisant un fort contraste avec la politique de
désengagement des États-Unis, la Russie, alors qu’elle a beaucoup moins de moyens,
n’a pas hésité à s’engager en Syrie, y compris au sol, avec succès puisque l’on est
passé d’une solution russo-américaine, appuyée par le Conseil de sécurité fin
décembre 2015 (rés. 2254 [2015]) à un appui, un an après, aux efforts de la Russie et
de la Turquie (rés. 2336 [2016]). En 2017 on voit les résultats sur le terrain. La
guerre « civile » de Syrie interfère fortement avec le clivage Sunnite/Chiites et elle a
favorisé le rapprochement de la Russie et de l’Iran, renforçant la crédibilité de
l’« alliance » CHIRAN (Chine, Russie, Iran). La dernière dimension du conflit est
nationale, il s’agit de la question kurde. La guerre a permis aux Kurdes du pays de se
renforcer sensiblement, comme ont pu le faire les Kurdes d’Irak, et d’aller même
jusqu’à proclamer, en mars 2016, une entité « fédérale démocratique » au nord de la
Syrie. Mais le problème kurde est une priorité pour Ankara, dont l’intervention, a
pour but de peser sur l’avenir syrien et d’éviter le développement de l’entité kurde le
long de sa frontière. Un grand Kurdistan ne fait pas encore partie des perspectives
géopolitiques crédibles et il n’est pas certain que la guerre de Syrie baisse nettement
en intensité dans le proche avenir.
La guerre du Yémen, autre guerre « sale », est à la fois une guerre opposant deux
présidents MM. Hadi et Saleh et deux puissances régionales l’Arabie Saoudite et
l’Iran, avec les interférences d’Al-Qaida et de l’État islamique. L’intervention armée
d’une coalition arabe sunnite sous la direction saoudienne, avec l’appui des
États-Unis et de la Turquie, n’avait en 2015, pas donné de résultat militaire décisif et les
efforts de paix faits à l’époque n’avaient pas non plus abouti. Il en est allé de même
en 2016 et après. Commencés en avril les pourparlers de paix se sont arrêtés en août.
Outre son enlisement et son coût énorme pour le Yémen, ce qui caractérise ce conflit,
c’est - dans un contexte de retrait américain : la venue en première ligne des
monarchies du Golfe, sauf Oman ; l’escalade Saoudienne face à l’Iran et un début de
débordement du conflit sur un lieu stratégique, le détroit de Bab-el-Mandeb et le
golfe d’Aden.
VIII. Efforts de prévention, gestion, règlement et
solution. Réactions de la communauté internationale
face à la violence.
VIII.1. Efforts de prévention, gestion, règlement et solution
des conflits.
Repères
(43) Il s’agit là d’un des points les plus faibles, de l’étude des conflits. Le travail
qui est fait actuellement à cet égard, consiste à présenter les opérations de paix en
cours, de manière plus ou moins détaillée (voir le Réseau de recherche sur les
opérations de paix (ROP, www.operationspaix.net), le SIPRI Yearbook, voir aussi la
chronique pertinente dans PSEI n°). Cependant, il n’existe pas de base de données
ou de publication donnant, pour chaque opération, une vue d’ensemble permettant
de la suivre dans le temps, de sa création à sa fin, ou au moment présent, si elle
dure, et plus encore évaluant ses effets sur le conflit. Pour les opérations qui relèvent
des Nations unies, on dispose d’éléments dans les rapports du Secrétaire général au
Conseil de sécurité, mais ils restent en général inexploités. D’autre part, les
opérations de paix ne représentent qu’une partie des efforts de paix (bons offices,
médiation, enquête, conciliation) relevant de la diplomatie, dont il est fort peu
question. Il y a, certes, des points où la documentation fait défaut, mais une grande
partie de ce qui est disponible aux Nations unies, reste inexploité. Il en va de même
pour l’activité juridictionnelle. On dispose ici d’une documentation importante que
les juristes exploitent, du point de vue du droit, de son interprétation, de son
évolution, mais sauf exception, on n’en tire pas partie au titre de l’analyse des
conflits. Au-delà des aspects juridictionnels, qui correspondent au règlement des
conflits, il y a également, ce qui touche à sa solution - un conflit peut être réglé mais
demeurer sans solution, parce que le règlement, décision politique ou
juridictionnelle, n’est pas accepté ou pas adapté. La solution du conflit, un retour à
la paix demande du temps, ses termes sont acceptés. Cela passe aussi par la
reconstruction, la révélation de la vérité et la réconciliation des parties.
On rejoint ici l’autre grande lacune déjà signalée concernant l’étude des conflits.
Ceux-ci ne font pas l’objet d’un suivi qui permette d‘avoir à tout moment, pour
chacun d’eux, une vue d’ensemble, pour tous les paramètres pertinents.
Actualité
(44) A partir des repérages faits par ROP, le SIPRI et PSEI, il est possible au
moins de voir la mesure dans laquelle des « opérations de paix » (1) couvrent les
conflits actifs et ceux qui présentent un risque élevé de retour ou de basculement
dans la violence.
Asie
Corée 1948�
Début Tendance ONU Organisations
régionales Autre Conflits à potentiel d’aggravation Europe Arménie/Azebaïdjan Nagorny-Karabakh Kh Stable -OSCE Groupe de Minsk Et PRCIO Géorgie (Abkhazie, Ossétie du Sud) 1989 Stable UE MS Géorgie
Transnistrie 1989 Stable -OSCE
Mission -EUBAM Mission assistance Moldavie Comté Etats indépts PKE
Espagne (Catalogne) 1979 Aggrav. France (Corse) 1975 Aggrav.* Royaume-Uni (Ecosse) 2007 Aggrav. Royaume-Uni (Ulster) 1968 Aggrav.* Afrique sud du Érythrée/Éthiopie 1998 Amél. Maghreb Moyen-Orient
Israël/Palestiniens 1948 Aggrav.* FNUOD, ONUST -EUBAM Rafah -EUPOL COPPS FMO Amélior.*
Chine Inde 1954 Stable
Sri Lanka 1983 Amél.
Taiwan 1949 Stable
Conflits actifs
Europe
Ukraine (Donbass) 2014 (1991) Stable -EUBAM
Mission assistance Moldavie Afrique du Nord Moyen-Orient Daech
(contre Irak, Syrie, Coalition et al) 2014 (2006) Aggrav.* (4) UNAMI en Irak En Syrie, FNUOD, EUAM Irak UA MISAHEL au -Inherent Resolve -FC-G5 Sahel
Libye 2011 Stable MANUL
Syrie (guerre civile) 2011 Amélior.* UNLOS
Turquie (PKK) 1992 Amél.
Yémen (Al-Houthi) 2004 Stable Coalition
arabe
Afrique
RCA 2012 Aggrav. MINUSCA ECR/LRA
EUMAM
Ethiopie (rivalités interethniques) 1991 Aggrav. Nigeria (Boko Haram) 2003 Stable MNJTF Nigeria (fermiers/pasteurs) Stable Somalie (Al-Shaabab) 2006 Stable MASOM UA AMISOM EUTM Somalie
Soudan 2003 Stable MINUAD
FISNUA
Sud Soudan 2011 Stable FISNUA
MINUSS
ICR/LRA Mission vérif. de l’IGAD Amériques
Mexique (cartels) 2006 Stable
Asie-Pacifique
Afghanistan 1994 (1979) Aggrav.* MANUA OTAN (Resolute Support) Birmanie
(Rohingya)
2012 Aggrav
Pakistan Islamistes 2011 Stable
Philippines Islamistes
1991 Aggrav. EIS
Chypre 1963 Stable UNFICYP
Malouines 1833 Stable
Sahara occidental 1975 Stable MINURSO
Kouriles 1945 Stable
Tableau 23 Les opérations de paix, fin 2017