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Confiance et discipline

.Je n'ôtais pus l1ost.ilf', loin de lù, am: méthodes rl'Mucation naturelle. ~lais

des classes ù effectifs surchargés ou de ville m'avaient jusqu'alors empèc)1é de les appliquer. D'autre part, j'ignorais beaucoup des qualités pédagogiques requises pour ce nouvel enseignement. J'avais, certes, co1nme bien des cama-rades, entendu parler ùe Freinet, du texte libre, et vu le filin «L'école bui sson-nière». C'est loul el c'est peu. J'avais encore essayé cle transposer à l'école les expériences Ul'IJUises pendant l'encadrement de Colonies de vacances. l\laii;

il y a loin ùe la coupe aux lèvres.

Au mois d'oclohre, le hasard nie voulut :\ trois k111 d'un gr:rnd a11i111ateul'

tl11 GJE~r (1), et ù la tè1c d'une immense salle ùe classe où se perdaient. sept

tables, <lonze élèves et le maitre.

lnslaller: établi, table de travaux manuels, atelier de peinture, inaugurer eufin le lexie /ilm> furent vite fnils. J'attendais l'occasion depuis six ans déjà C'est alors que :rnrgi1·1,11t, de nombreuses difficultés ~nrxquclles je n'avais pa,..

pensé dès l'abord. Toules se résumaient par « lliscipline n et «confiance"·

Il n'est pas si11111le de changer en un jour de 1·e11l1·ée une discipline à coups de sifflet. Tout d'abord, les e11fanls se raidirent: mon attitude devait cachel' uu piège; puis, ils «tâtèrent le terra.in" et, d'un seul élan, les grand-<

hrulalisèl'enl les petits, les filles et mê111e mes prol'l'es enfants qui n'all:\ien: pas encore ;\ l'école. Obligé. d'intervenir h·ès durement un jour, :'1 la suite dt> vél'itables brutnlités, de nouveau, les enfants se rnidircnl. .l'eus alor<:

l'idée de clioii;ÎJ· quelques lectures, de raconter quelques anecdotes au sujet de la libel'lé individuelle. Je pris l'habitude de parle!' clistinrlPtnent el cahnc 111e11t, de gronder avec un sourire cl'a111erlu111e 1wrsonnelle, el aussi de féliciter d'une u bourrade n entre houunes. C'est alors que u mes grands,, se jetèl'cnt :\

l'eau: ils osèrent enfin se libérer en p::il'lnnl, en discutant; ils osèrent contester, sach:rnl que « l'ogre n ne les wa11gcrai! pas. EL leur ton, au début, pouvail paraitre insolent à u11 observateur supel'ficiel, je n'y ai pas pris garde. El 111ainteuanl, ils p:ulenl posément, ayant 111ème mùrement réfléchi.

Pendant les récréations, ils joueut maintenant intelligcmmenl au ballon (en attendant le volley-ball), au croquet, à la col'de ü sauter, et rnème avec le maitre :·1 la pétanque! Leurs textes libres comincncent ;\ révéler des préoc-cupations personnelles, des soucis de créateurs; leur persorurnlité se dégage et se précise.

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-La plus belle confirrnation 111e ful fournie pendant les deruières semaines, pa.r leur travail et leur bonne volonté, alors qu'une molaùie m'empèthail de houger de rnon bureau el de contrôler activement le lravail. Jamais élèves n'avaient 1!'lis tant de cœw· à leur tàche.

Pour obteuir ces résultais, il m'a fallu capter la co11fianc1: el jouer le

"jeu u. Jouer à la pétanque, mais aussi prêter une ol'eille attentive à leurs

<liscussions, prendre parl à leurs conversations, ne pns )1ésiter à sacrifier une leçon de leclu1·r si un mol, un seul, µouvail nous entrainer très loin, en

\·oyage, dans l'histoire, la géographie ; ù Jeur faire confiance, partant du pri11eipe 'fu'u11e nmlntlrcsse ne sera jamais inéparn.blr.

Enfin, 'si 1111 homme ou unt: fe111mP peul facilement s'enlendre malcrnelle-rrlf'11l "ave1: l1•s i•clils" tl11 OP ou "111ù1·c111c11t" nvcc les adolescents de philo.

s1>11ls, les ndoliisr1rnts (les l'olonirs de vnc:mcrs 111r l'ont prouvé) peuvent s'e11 -tr·ntcmlre ovcc les cc grnnds,, de .12, 13, 14 nns. L'efforl du mnilre consistera donc ii se rarpeler le tcmrs où il était lui-même a<lolescent. C'est un effort dr 111é111oirc souvent pénible, parfois peu ngréahle. i\lais, les quelques heures passées à ces mérlilntions mnémoniques seront payées au centuple. Ce n'esl pa'l un sacrifice d'adulte, mais lllle trn11sposi/io11 en <lia11ilé 1l'll!lOlcscc11t tout

<lUl!Si respectable. Mais la dignité d'adolescent sera le sujet d'un nutre chapitre.

J. SERVELLE, Abergement-Saint-Jean (Jura).

(Extrait du Bulletin de Ufliso11 du Groupe Jura~sien.)

fi) G.J.E..M. Groupe Jurassien de l'Ecole Moderne.

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-Epilogue... provisoire à la

J'ai \'Il Ir film : " Un conda1uné ü mort s'est échappé ...

Entre autre C'lrnsrs, j'Hi appris qu'il était interdit aux détenus de parler

<mlre eux en descendant les escaliers. A la Sa11lé, en l9~2. on pouvait parler . .l'ai cherché et ùemru1dé autour de moi : «Quels sont les liem;: où il esl interdit de pader dans les escaliers?,, Les gens 1·ienL : " A l'école !.. . - El pula?"

L'un 111'a dit: "A Fresnes, en 19i3 u.

Je pense que les Trappistes so11L aussi astreints au silence, mais eux ool choisi leur vie.

Monlluc -Fresnes et notre admirable école concentrationnaire quaud elle fonclionne bien 1

Je coutinue mon enquôle ...

VEV/l / ER fj?

Le collèlguc 1h~ FEP mène consciencieuserncnt, deux fois par jour, .11ea grnnds u faire pipi 111 ru rangs, el surveille J'opérulion.

C'est un collègue qui a travaillé ;\ la carnpagnc et qui peul encore 'l'étonner el rire de son nouveau métier. Il 1ue dit : u Ça me rappelle les c.onvois de prisonniers en Alle1nagne. li était interdit de s'arrêter rnais, toutes les heures, le soldat qui nous surveillait criait: «Pisse 111 et tout le monde s'exécutait, sur ordre. Quand je leur fais meltre les mains sur la tête, ça me rappelle toujours que j'ai été p1·iso11nier. li n'a pns ajouté: 11 Moi aussi"·

Mais, que faire d'autre?

MARS 57

Une note de

"l.

le Dit·ecleur nous informe que !J portes neuves (magnifique&, en contreplaqué verni) ont été enfoncées ù coups de pied.

Elle nous rappelle que les enfants doivent èlre conduits aux w.-c. H>us suneillance, el que les w.-c. sont interdits pendant les récréations.

Ces d63'àls viennent après bien d'autres (rol.Jinels arrachés, chaines et r•oignées cassées). Régulièrement, les ouvriers de la ville viennent remplacer les carreatLx en verre armé, enfoncés à coupii de pierre de l'extérieur. Ce n'est pas la pre1oière fois que les w.-c. des maitres se trouvent... barbouillés arlislemc11l.

-

~R-L'enfant enfermé se· venge comme il peut.

L'Association des Parents d'Elèves peut accuser les maîtres cc d'impéritie,, (17 février 57). Le Directeur peut punir. Les ouvriers peuvent réparer; les contribuables peuvent. payer.

Les palais scolaires demeureront des cc enfers nickelés n tant. qu'on ne se sera pas occupé sérieusement de la situation vécue par les enfants .

.Je s11is certain que les mêmes saboteurs, les mêmes héros ùc la Résistance

:·1 l'oppression se transformeraient vite en éléments actifs d'w1e vraie coopé-rative.

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IL faudra mtlre c/1ose que des millions cl des di.~cours pour change1·

la caserne en école. Je pense qu'il faudra 1w chanyernenl radical dans la législation qui régit notre responsabilité. Dans· toutes rnrs activit.és, je suis dans L'illégalilé. Lis le règlement: ln verras qite si Lu envoies des (JOSses prendre de l'ean dans le couloir, lu c01nmets deux infractions (art. 4 cl cirt. 8), à moins d'avoir L'autorisation du DirecteLLr, seul responsable léynl. E-11i<lemme11t, d!L11s· la 7irntiqnc ... mnis il faut 71e11ser ffU tléhiitrwt.

Séc1Lrité, resp<msabililé, liberté d'action des enfants et clcs maitres.

[,à est peut-êl te le problème de busc, les pnsi/Lrwimcs se retranchant 1oujo11,rs derrière rl!lte co1nmode 11otwn de responsabilité légale!

Il fa11t "su.rveillcr » les enfants et " leur interrliî·e clP faire"• comme ça 011 est cc dégagé», on est coiwerl. ll vaut mieux voir un enfant se tuer que cle ne pas voir 1111 enfa111 lombPr. Ln péclayogie rs/ SO'!LS lf.

signe t/u patapluie.

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