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Pour résumer, les conférences internationales de l’ONU en général et du PNUE ont dif- dif-férentes fonctions : elles constituent un forum de discussion et permettent l’échange

d’information, elles font un bilan de l’état de l’art dans certains domaines liés à

l’environnement, elles servent d’incubateurs d’idées et elles fournissent de l’information aux

élites (Encyclopaedia Universalis, 2017). Au fil du temps, ces conférences ont pris une

tour-nure politique importante alors que certains observateurs estiment qu’elles sont inefficaces en

raison notamment de la divergence des intérêts des parties prenantes. Les conférences

interna-tionales organisées par l’ONU sont « prestigieuses », c’est-à-dire qu’elles rassemblent des

figures politiques et même parfois des célébrités du milieu cinématographique. Elles se

dérou-lent très souvent dans des environnements luxueux et elles incluent une réception et des

pres-tations culturelles. Bien que les participants œuvrent pour le bien commun, il se peut que leurs

intérêts personnels s’entremêlent aux intérêts collectifs ce qui peut altérer leur engagement

lors des négociations internationales et par conséquent les résultats de ces dernières. Cette

dichotomie entre les intérêts personnels et généraux et les différences culturelles entre les

par-ticipants peuvent faire obstacle à la convergence des buts et au pilotage des décisions.

2.1.1.2 Autres dispositifs traditionnels : accountability, leadership, design

institutionnel

2.1.1.2.1 Accountability

Balint et al. (2009) se sont intéressés à l’accountability au sein du Secrétariat des

Na-tions Unies dont le PNUE fait partie. L’accountability serait une pierre angulaire de

l’administration publique. Comme le souligne Habegger (2010) les organisations

internatio-nales comme l’ONU n’ont pas de système démocratique d’accountability ce qui leur vaut de

nombreuses critiques. On déplorerait le manque de participation du public notamment dans

les délibérations de l’ONU et du PNUE ainsi que dans les prises de décisions qui mèneraient à

des abus de pouvoir. En outre, comme le souligne Balint et al., (2009) les pays membres, les

principaux contributeurs de l’ONU, souhaitent s’assurer que leurs ressources sont utilisées

efficacement. Cette efficacité doit être mesurée pour assurer une confiance mutuelle et une

coopération efficace. Actuellement, il y aurait une culture de la méfiance entre les pays

membres ainsi qu’entre les pays membres et le Secrétariat de l’ONU. Cette méfiance

résulte-rait parfois en une suspension des fonds destinés au Secrétariat. Cette pratique aurésulte-rait pour but

d’influencer les décisions de l’ONU comme nous l’avons précédemment évoqué.

L’accountability est souvent associé à la performance d’une organisation (Behn, 2001).

Selon Balint et al. (2009), l’accountability en termes de performance, les organisations

inter-nationales comme l’ONU ont de la difficulté à atteindre leurs objectifs en raison de la

multi-plicité des acteurs, qui complexifie la convergence des buts et objectifs à l’externe. De plus,

les règles au sein de l’ONU sont plus rigides que dans le secteur privé, ce qui peut affecter

l’efficacité de l’Organisation. Enfin, même si le budget de l’ONU est fondé sur les résultats

depuis 2000, ce système budgétaire n’est pas accompagné d’un système de

sanc-tion/récompense. Par conséquent, le non accomplissement des résultats escomptés d’un

pro-gramme n’exerce aucun impact sur l’allocation des ressources comme le rapportent Balint et

al. (2009). Il n’y a donc pas de boucle de rétroactioncomme dans les dispositifs de contrôle.

Pourtant, : « pour établir un système d’accountability de la performance efficace, la

méthodo-logie de surveillance doit être capable de révéler les impacts des programmes de

l’Organisation » (T. Balint et al., 2009, p. 357). De plus, traditionnellement comme le

souli-gnent Legault-Mercier et St-Pierre (2010) sont développés des indicateurs d’évaluation

quan-titatifs dont se sert le PNUE pour démontrer aux donateurs (pays membres, donateur

indivi-duel, etc.) que leurs contributions sont gérées efficacement dans le cadre de ses différents

pro-jets. Cependant le besoin de « compter » constamment, diluerait le « sens de la mesure ».

2.1.1.2.2 Leadership

Au sein du PNUE, le leadership est toujours de type hiérarchique et personnifié

princi-palement par le Directeur exécutif. Comme le mentionne Ivanova (2010), le statut du PNUE

en tant que programme sous l’égide du Secrétariat de l’ONU et sa localisation géographique

sont deux facteurs qui exercent une influence sur son leadership. À l’externe, le Directeur

exécutif est chargé de mobiliser des fonds et à l’interne, il est chargé d’établir une vision et

une direction globale du Programme. Selon Ivanova, la structure du PNUE chargerait la haute

direction de lourds fardeaux ; les directeurs doivent à la fois incarner le rôle d’experts

tech-niques, de visionnaires et de politiciens. Ce serait sous la direction de Mostafa Tolba de 1976

à 1992 que le leadership du PNUE devint un catalyseur de changements. Selon Helmer

(1999), comme le rapporte Ivanova (2010), Tolba a gagné de nouvelles responsabilités

cepen-dant l’organisation n’a pas su les gérer.

2.1.1.2.3 Design institutionnel

Ivanova (2010) explique que ce sont les États lors des AG qui décident du design

insti-tutionnel du PNUE incluant ses fonctions, sa forme et son financement. Ce sont les pays

membres qui ont décidé que le PNUE serait un programme sous l’égide du Secrétariat des

Nations Unies et non une agence spécialisée qui bénéficierait d’une plus grande autonomie de

décisions et d’actions. Le but était de faire du PNUE un catalyseur et un coordonnateur des

questions environnementales au sein du système des Nations Unies. Le fait d’être une agence

spécialisée aurait mis le PNUE à l’écart et ne lui aurait pas permis d’accomplir son mandat.

Avant la création du PNUE, les questions environnementales avaient déjà été intégrées à la

constitution de certains organes onusiens mais de manière cloisonnée et sans lien avec le reste

de l’organisation. Ainsi, le design institutionnel du PNUE affecte l’efficacité du Programme

de deux manières : il ne bénéficie pas d’un pouvoir d’autorité sur les autres agences

spéciali-sées de l’ONU et son mode de financement sur une base volontaire crée un stress financier au

sein de l’Organisation. Comparativement aux agences spécialisées, le PNUE est soumis aux

règles et procédures du Secrétariat des Nations Unies et par conséquent, il bénéficie de moins

de latitude et de pouvoir d’autorité qu’une agence spécialisée.

La question de la transformation du PNUE en agence spécialisée a fait l’objet d’une

re-lativement vaste littérature (Amin, 2005 ; Biermann, 2005, 2016 ; Ivanova, 2005a ; Najam,

2003) tel que nous l’avons déjà évoqué au Chapitre 1. Certains auteurs comme Najam pensent

que le PNUE n’a pas besoin d’être transformé, il faut plutôt se concentrer sur la

restructura-tion de sa gouvernance externe et interne pour assurer une meilleure articularestructura-tion. Selon

Iva-nova, son financement de nature volontaire serait minuscule à la lumière des tâches requises

et l’impact de ce stress financier sur la performance du PNUE serait sous-estimé notamment

au niveau de la gestion du personnel et de sa performance. Nous avons vu au chapitre

précé-dent que l’ONU et le PNUE ont recours de manière excessive aux contractuels dans une

pers-pective logico-économique et ce en raison des difficultés financières auxquelles fait face le

PNUE, ce qui l’empêche d’adopter une planification stratégique à plus long terme

(actuelle-ment les contributions des pays membres sont déterminées sur une base biannuelle).

2.1.2 Dispositifs éclectiques nouveaux face aux parties prenantes

ex-ternes

Les dispositifs mis en œuvre par le PNUE sont considérés comme éclectiques. Tel que

nous l’avons vu dans le Chapitre 1, certains auteurs comme Janicot (2007) ont évoqué le

ca-ractère illusoire des indicateurs de performance environnementale en raison de la diversité et

de la complexité de ces derniers ainsi que de leur interprétation parfois subjective. Certains de

ces indicateurs servent à mesurer l’état de l’environnement et l’efficacité de certains projets

mais certains outils de contrôle sont utilisés sans qu’une distinction claire soit faite entre la

performance des actions du PNUE (l’efficacité de son gouvernement interne) et la

perfor-mance de sa gouvernance externe (actions collectives externes).

Pour gérer des systèmes adaptatifs dans lesquels émergent les EEM de manière

appro-priée, nous avons vu qu’une approche traditionnelle s’avérait inefficace. Il ne suffit pas

d’étudier les composantes d’un système de manière individuelle. Pour gérer ces enjeux

perni-cieux, Stoett (2016) fait une comparaison avec des individus qui ont une dépendance à

l’alcool et explique que la seule façon de résoudre des problèmes pernicieux est d’adopter une

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