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Les conduites violentes

Polyconsommation

Les résultats de De Peretti50, concernant les liaisons entre les diverses substances psychoactives, l’avaient conduit en 1983 à identifier un groupe de polyconsommateurs parmi les lycéens pari-siens. Ainsi les jeunes consommateurs de substances psychoac-tives avaient une probabilité plus élevée d’en consommer d’autres.

Dans l’étude de 1999 auprès des lycéens parisiens, les auteurs retrouvent une liaison quasiment linéaire entre la consommation régulière de cannabis et la consommation importante de tabac. En ce qui concerne l’usage de médicaments psychotropes, une liai-son avec la consommation de cannabis existe mais uniquement chez les filles.

Selon Ballion, on peut distinguer quatre groupes de consomma-teurs : 66 % des lycéens ne consomment aucun produit ; 23 % ne consomment que du cannabis, 7 % du cannabis et d’autres drogues illicites et 3 % uniquement les autres toxiques.

Dans le Baromètre santé jeunes, il apparaît que, parmi les 15-19 ans, moins de 10 % des adolescents n’ont jamais consommé ni alcool, ni tabac, ni cannabis, et plus d’un sur quatre a consommé les trois. Les jeunes qui ont déjà consommé ne serait-ce qu’un verre d’alcool ont 6 fois plus de risque d’avoir testé le cannabis, et ce rapport est de 18 pour les fumeurs.

Le cannabis s’expérimente après l’essai de l’alcool et du tabac.

Les consommateurs réguliers de cannabis sont aussi des « gros fumeurs » de tabac.

Violence subie

Selon le Baromètre santé jeunes, 8 % des adolescents déclarent avoir été frappés ou blessés physiquement lors des derniers 12 mois, et un tiers d’entre eux à plusieurs reprises. Selon l’enquête de l’Inserm51, la proportion d’adolescents scolarisés ayant subi des violences était deux fois plus importante. Les adolescents les plus touchés sont les garçons, âgés de plus de 15 ans, les jeunes vivant dans des familles monoparentales ou reconstituées, ainsi que les jeunes dont le père de famille est inactif. Les jeunes vivant dans des villes de plus de 20 000 habitants sont plus sujets à des violences. 3 % des jeunes ont été rackettés, plus fréquemment les

50. Consommations de substances psychoactives, des concepts et du regard social aux décla-rations des lycéens des banlieues difficiles. Thèse de doctorat, université Pierre et Marie Curie.

51. Choquet M., Ledoux S., Adolescents. Enquête nationale, op. cit.

garçons et les plus de 15 ans. Les prises de risque et les consom-mations des produits sont plus fréquentes dans ce groupe.

L’étude de De Peretti sur les conduites déviantes des lycéens de 1999 montre la disparité géographique des « victimisations » et des transgressions. Parmi les académies étudiées, celles qui ont une proportion plus importante d’élèves ayant été victimes d’agression sont aussi celles dans lesquelles une plus grande part d’élèves commet des transgressions. Cependant d’autres diffé-rences existent selon les académies, les conduites addictives (alcool, tabac, cannabis) sont plus élevées dans les académies où la violence est plus faible.

Dans une étude menée auprès de 344 jeunes, de 15 à 25 ans, recrutés dans les espaces publics d’une ville ouvrière de la région parisienne52, 61,1 % des jeunes ont le sentiment d’avoir été vic-times de violences, dont 44,5 % de la part des adultes. Cette violence a été dans 13,7 % des cas vécue dans le milieu sco-laire et des 12,8 % des cas dans un milieu urbain. Il existe une nette corrélation entre l’expression d’une souffrance psychique et les antécédents de violences subies.

Dans l’enquête nationale de l’Inserm, 15 % des adolescents sco-larisés déclarent avoir subi des violences physiques et 4 % des vio-lences sexuelles. Parmi les jeunes en insertion 30 % ont subi des violences. Pour les garçons il s’agit dans 90 % des cas de violences physiques et pour les filles dans 50 % des cas de violences sexuelles.

Le milieu scolaire ne protège pas toujours de la violence. En 1995, une enquête dans les établissements de la banlieue parisienne constatait que presque un lycéen sur 10 disait avoir été victime dans l’établissement de bagarre, racket ou autre violence phy-sique53. En 1998, 10,8 % des lycéens ne se sentent pas en sécu-rité à l’intérieur du lycée et 25,8 % autour de celui-ci. Parmi les 9 919 lycéens des six académies tirées au sort, 10,9 % ont été victimes de violences physiques dans l’établissement, 4 % de rac-ket, 14 % de propos racistes, 16 % de menaces et 22 % de vol.

Les garçons sont souvent plus touchés que les filles54.

52. Ginot L., Ait-Bouali N., Besse M.et al.,Santé et violences perçues par les jeunes, une étude en région parisienne. Santé publique,4 : 379-396, 1997.

53. Consommations de substances psychoactives, des concepts et du regard social aux décla-rations des lycéens des banlieues difficiles, op. cit.

54. Ballion R., Observatoire français des drogues et des toxicomanies, Les conduites déviantes de lycéens, op. cit.

La littérature internationale souligne une forte corrélation entre les prises de risque, les violences agies et les violences subies. Ainsi l’étude de Malik en 1997 retrouve de nettes corrélations entre l’exposition à la violence intrafamiliale ou dans la communauté et la perpétuation de la violence55.

Les jeunes qui ont eu un accident dans les douze derniers mois et ceux qui déclarent prendre des risques subissent aussi plus de vio-lence56. De plus il existe des liens entre violences subies et ten-tatives de suicide. La prévalence des tenten-tatives de suicide chez des jeunes CFI-Paque passe de 8 % à 40 % s’ils ont subi des violences.

En ce qui concerne les violences sexuelles, 2,2 % des plus de 15 ans auraient subi des rapports sexuels forcés. L’enquête de l’Inserm de 1993 retrouvait une prévalence de 3,8 % chez les 11-19 ans. Plusieurs autres éléments sont retrouvés parmi ces jeunes, les prises de risque sont plus importantes, les accidents aussi. Les ivresses, l’utilisation régulière de tabac ou la consom-mation de cannabis sont plus fréquentes. Chez les filles présen-tant des troubles alimentaires une plus grande proportion aurait subi des rapports sexuels forcés.

Parmi les jeunes de la Protection judiciaire de la jeunesse ayant participé à l’enquête de M. Choquet, 41 % des garçons et 55 % des filles ont été victimes d’une agression physique au cours de leur vie, 6 % des garçons et 34 % des filles d’une agression sexuelle.

Les jeunes victimes de violences physiques ont plus souvent des conduites violentes (54 %) que ceux qui n’ont pas subi de violence (47 %) ou que ceux qui ont subi des violences sexuelles (45 %).

Les victimes de violences sexuelles font plus de passage à l’acte suicidaire (53 %) que les adolescents qui ont subi une violence phy-sique (23 %) ou pas de violence (11 %).

L’estimation de la violence subie n’est pas aisée : la subjectivité est importante dans ce domaine et les différentes études ne sont pas comparables. Cependant selon les populations étudiées les allégations de violence existent dans des proportions allant de 10 à plus de 60 % des adolescents.

Violence agie

La proportion de jeunes qui déclarent avoir été violents dans les douze derniers mois est la même que celle qui a subi des violences,

55. Malik S. Sorenson S. Aneshensel C. Community and dating violence among adolescents : perpetration and victimization. Journal of adolescents health,21 : 291-302, 1997.

56. Arènes J., Janvrin M.-P., Baudier F., Baromètre santé jeunes, op. cit.

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