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Chapitre III. : Cadre Théorique et Méthodologie

III.1. La revue de la littérature

III.1.3. Les conditions à l’essor du collectif

D’après les études faites par G. Gueudet & L. Trouche (2010), il s’avère que les Tic peuvent amener des modifications dans le travail et contribuent à l’essor du collectif.

E. Nissen, dans son analyse sur ‘l’Autonomie du groupe restreint et performance’ fait remarquer que la mise en contact des apprenants n’est cependant pas une condition suffisante au travail de groupe et à l’apprentissage. Il faut qu’il y ait avant tout ‘un sentiment d’adhésion’ au groupe. L’apprenant doit comprendre l’importance de l’apprentissage cognitif qui « s’appuie sur les interactions sociales et constitue un apprentissage de l’écoute, du respect de ce que l’autre a à me dire et de ce en quoi par la différence qu’il représente et la contradiction qu’il m’apporte, il me fait progresser » (Meirieu, 2012). Or, tout cela n’est possible que par la participation, l’apport de chacun, cette véritable volonté de cohésion dans l’action nous rappellent A. Siméone, J. Eneau, F. Rinck et H. Godinet.

La théorie sociale cognitive de A. Bandura (2003, p16-17) met justement l’accent sur la notion d’interaction en termes de comportement-environnement qui s’influencent mutuellement. Cependant, les contributions de l’interaction sociale dans le développement cognitif de l’apprenant et dans la construction de l’intelligence d’après A-N Perret-Clermont, dépendent au préalable de certaines compétences pour pouvoir ‘’entrer en matière, avec son partenaire, saisir l’altérité du point de son partenaire.’’ En effet, si l’apprenant n’a pas les compétences transversalescomportementales, comment l’échange pourrait-il être conflictuel et bénéfique ? « Je suis une personne qui pense, qui doute » (Descartes), et le doute, nous dit M. Develay, au cœur de nos certitudes amène à la réflexion et au conflit sociocognitif.

P. Meirieu émet à juste titre l’idée qu’il peut y avoir apprentissage et socialisation. Apprendre des disciplines tout en écoutant et en parlant avec l’autre. C’est donc à travers la collaboration, l’apport de chacun qu’il peut y avoir un véritable conflit sociocognitif.

Et, s’il n’y a pas de conflit sociocognitif, pas de « déséquilibre », il n’y aura pas d’apprentissage. Il faut selon Keegan cité par A.J Deschênes (2001), pouvoir développer chez l’apprenant une plus grande conscience de son processus d’apprentissage. Et le rôle de l’enseignant est justement de l’amener à prendre graduellement en main ce processus en le planifiant, le contrôlant, le vérifiant et l’évaluant. Ce qui implique que des changements doivent s’opérer au niveau du comportement où l’apprenant doit non seulement renforcer sa capacité à raisonner qui n’est pas automatique et cela en prenant du recul et en analysant, en résistant à ces automatismes de pensée (O. Houdé, 2014) mais aussi à être capable de penser de façon systémique du fait des modifications des stratégies pédagogiques soutenues par les Tic et centrées sur l’apprenant en tant qu’être individuel et social. En effet, faute de ces « dispositions et capacités » de l’apprenant, mêmes les dispositifs techno-pédagogiques les plus sophistiqués seront inefficaces (Carré, Préface A. Jézégou, p8, 1998).

Sur la question de l’Apprentissage, la pensée de J. Loisier, pour qui c’est aussi un processus social, rejoint celle de P. Freire cité par Y. Lenoir qui voit l’acte de connaissance comme un acte collectif, l’être humain n’existant comme tel que dans ses rapports sociaux avec autrui: «le sujet pensant ne peut penser sans la coparticipation d’autres sujets ». Pour P. Freire comme pour J. Loisier, le dialogue est au centre du

dispositif pédagogique et les connaissances sont un produit social nourri à travers le dialogue car elles reflètent les préoccupations ainsi que les interrogations collectives. Ainsi, dans un tel cheminement vers la connaissance construite collectivement, donc moins « acquise marquée par la liberté et la créativité que par la soumission et la reproduction», J. Loisier fait ressortir l’avantage de la conversation médiatisée avec les Tic qui justement conforte l’approche pédagogique fondée sur la construction sociale et permet aux apprenants de faire abstraction non seulement aux problèmes de relations interpersonnelles au profit d’une attention portée sur le contenu, mais également en termes d’attitude proactive et plus participative, du travail en équipe, de ses bénéfices cognitives et du sens de responsabilité qui va au-delà du cadre scolaire (le savoir Devenir).

Pour J. Loisier, les stratégies d’apprentissage doivent de ce fait prendre le pas sur les méthodes d’enseignement, et le rôle de l’enseignant-formateur est de montrer à l’apprenant comment apprendre.

Néanmoins, le point de vue de S. Grojean (2006) apparait intéressant car selon lui, les Tic amènent ce qu’il appelle « une dynamique interactionnelle ». Cet engagement social et cognitif va faire émerger un lien social entre les apprenants63.

R. Thibert (2009) fait remarquer que le lien social est primordial dans la construction de l’intelligence collective, il amène les apprenants à partager et co-créer de façon collaborative, et que les Tic offrent justement cette possibilité de créer sinon d’améliorer ce lien.

Cela a été effectivement attesté par une équipe du CNRS lors d’un projet pilote expérimenté dans un collège de la région de Rouen. Elle témoigne par exemple que le chat est l’outil au renforcement du lien social mais qu’il faut avant tout pouvoir maitriser les Tic.

La synthèse de 10 années d’articles, soit de 2000 à 2010, publiés sur Thot réalisée par C. Vaufrey (2012) a mis également en avant la dimension sociale de l’apprentissage par les Tic. Les Tic ont incontournablement un rôle majeur à jouer dans la collaboration entre acteurs, ne serait-ce par leur « puissance en matière de communication, d’accès et de création de ressources ». Elles contribuent également à l’'autonomie grandissante des apprenants. De nombreux auteurs en Sciences de l’Education, ayant travaillé sur la pédagogie ont fait remarqué le lien entre l’intelligence individuelle et de l’interaction sociale dans la démarche d’apprentissage. Selon leurs analyses, M. Pochard nous parle de « la dynamique du collectif », Grosjean de « la dynamique interactionnelle » favorisant l’émergence d’un lien social, Dumez Féroc & Baker de l’autonomie et de l’adaptabilité, E. Nissen de l'acquisition des connaissances à travers le renforcement des liens entre apprenants.

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