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En conclusion, la méthode la plus efficace pour lutter contre les infections nosoco-miales en chirurgie est difficile à concevoir à partir des résultats de cette revue de la litté-rature. Néanmoins, sept études ont malgré tout été analysées et des évidences (preuves) satisfaisantes ont pu être identifiées.

En effet, un des résultats les plus importants et les plus simples à réaliser dans la pratique est la pause entre l’application du savon et le rinçage de ce dernier, qui améliore le taux de concentration du liquide appliqué (Edmiston et al., 2015). De plus, l’utilisation d’un flacon de 118ml à la place de 50ml pourrait aussi être entreprise (Edmiston et al., 2015). Pour les personnes avec des difficultés de mobilisation ou pour des changements rapides de programme, un nettoyage à l’aide de lingettes semble être une bonne solution (Graling & Vasaly, 2013). Finalement, le produit antiseptique importe peu, pour autant que celui-ci comporte de l’alcool à 70% (Charehbili et al., 2014). Enfin, une étude observation-nelle pourrait être entreprise afin d’analyser les différentes pratiques des services de chi-rurgie, comme celle de Riley et al. (2012) qui montre une grande réduction du taux d’infections.

En ce qui concerne la dépilation du site opératoire, il est préférable d’éviter l’utilisation du rasoir et de privilégier une tondeuse avec assistance d’aspiration de poils (Edmiston et al., 2016). Mais entre la dépilation à l’aide d’une tondeuse simple et une non-dépilation aucune différence n’est trouvée dans le taux d’infections nosocomiales (Kowalski et al., 2016). Ce résultat corrobore la méta-analyse de Lefebvre et al. (2015).

De ces paragraphes, il découle quelques propositions afin d’améliorer la pratique, la formation mais aussi la recherche dans ce domaine.

9.1 Propositions pour la pratique

Dans les milieux de soins valaisans et en particulier à l’hôpital du Valais, chaque pa-tient reçoit un flacon de 100ml composé de Chlorhexidine 40mg avec lequel il doit se dé-sinfecter avant l’opération. Une seule douche est donc effectuée et les patients ne reçoi-vent pas l’information de vider intégralement la bouteille. De plus, aucune pause n’est faite entre l’application et le rinçage du savon désinfectant. Pour l’antisepsie de la peau au bloc opératoire, le personnel peut employer une solution alcoolique à base d’iode ou de Chlorhexidine (infirmière spécialiste clinique secteur chirurgie à l’Hôpital du Valais, com-munication personnelle [courrier électronique, 22 mars 2017]). Il pourrait être judicieux de

conseiller à tous les patients opérés de vider intégralement le flacon à chaque douche ainsi que de faire une petite pause d’environ une minute avant de rincer le savon.

De plus, à l’Hôpital du Valais, les patients sont tous dépilés avec une tondeuse en préopératoire par les infirmières du service ou, pour les premiers patients opérés, dans la salle d’opération par les techniciens en salle d’opération (infirmière spécialiste clinique secteur chirurgie à l’Hôpital du Valais, communication personnelle [courrier électronique, 23 janvier 2017]). L’utilisation d’une tondeuse avec assistance d’aspiration de poils semble être un avantage pour éviter la dispersion des poils dans la salle d’opération. Il se-rait donc judicieux d’évaluer les coûts, le besoin et l’efficacité de cette nouvelle méthode. Finalement, plusieurs études (Kowalski et al., 2016 ; Lefebvre et al. en 2015) ne montrent pas de réelles diminutions de l’infection en chirurgie en épilant les patients et préfèrent laisser la pilosité naturelle, bien que la cicatrice ait plus de peine à se refermer, ce qui soulève un questionnement important : est-il donc nécessaire de procéder à la dépilation des patients en préopératoire ?

9.2 Propositions pour la formation

Pendant le cursus de la formation d’infirmière à la Haute Ecole de Santé valaisanne, un module entier est consacré aux soins périopératoires. Plusieurs cours portant notam-ment sur la surveillance des plaies ou sur la préparation préopératoire sont dispensés aux étudiants. Le professeur leur apprend alors à reconnaitre les signes d’infections d’une plaie, à procéder au rasage selon un protocole défini, à retirer le vernis à ongles, les bi-joux et les autres objets de valeurs des patients et à vérifier les signes vitaux. Ce module de formation semble complet avec une trentaine de cours et d’interventions assumées par différents intervenants et spécialistes interdisciplinaires. Malgré tout, un cours dédié à l’infection nosocomiale en chirurgie pourrait être mis en place afin d’aider les étudiants à comprendre la physiopathologie sous-jacente et les principaux facteurs de risques fon-damentaux à connaitre afin de prévenir de ce type d’infections.

Concernant les formations post-grades, un CAS (Certificate of Advanced Studies) et un DAS (Diploma of Advanced Studies) sur les soins de plaie et la cicatrisation existent. Ces deux formations sont complémentaires et permettent aux professionnels d’approfondir leurs connaissances, notamment sur la bactériologie et sur les facteurs de risques (HES-SO, s.d.). De plus, un CAS « Qualité des Soins et Conseils » propose diffé-rents modules pour améliorer la prise en charge des patients (HES-SO, 2016). Finale-ment, l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) a mis en place une formation « domaine opératoire » dans laquelle les infections nosocomiales, leurs conséquences et

« Mieux vaut prévenir que guérir »

Saugy Célie Page 46

les mesures de prévention sont abordées (ASI, 2015, p.1-2). Avec toutes ces formations post-grades, les professionnels de la santé peuvent améliorer la prise en charge des pa-tients en chirurgie tout en prévenant les infections nosocomiales.

9.3 Propositions pour la recherche

Bien qu’il existe déjà énormément d’études sur ce sujet, une recherche approfondie concernant l’ensemble de la préparation préopératoire pourrait être réalisée afin d’avoir une vision globale et d’identifier la méthode la plus efficace pour éviter la survenue des in-fections nosocomiales en chirurgie.

Une recherche mixte portant sur l’adhésion des patients à cette préparation préopé-ratoire pourrait être effectuée afin d’avoir un regard différent et de pouvoir améliorer la prise en charge. En effet, la recherche qualitative « met l’accent sur la compréhension, et […] repose sur l’interprétation des phénomènes à partir des significations fournies par les participants » (Fortin, 2010, p.602) et pourrait mettre en lumière la motivation des patients à effectuer les soins préopératoires. Tandis que la recherche quantitative « met l’accent sur la description, l’explication et la prédiction » (Fortin, 2010, p.602) et pourrait analyser le nombre de personnes qui suivent ces recommandations.

De plus, cette revue de la littérature a centré la recherche en préopératoire et en pe-ropératoire concernant le rasage, la douche et l’antisepsie. Mais, durant ces périodes, l’antibiothérapie, le fait de retirer le vernis à ongles et les bijoux sont aussi des méthodes pour lutter contre les infections et il serait judicieux d’en approfondir leur efficacité. Enfin, plusieurs techniques en postopératoire, comme la désinfection des mains et la réfection des pansements sont aussi primordiales pour réduire les infections du site opératoire.

En somme, ce travail de Bachelor a permis de mettre en avant quelques sugges-tions pour améliorer la prise en charge du patient opéré. La recherche infirmière est indis-pensable à la pratique afin qu’elle soit fondée, non seulement sur l’expertise des soi-gnants et les préférences des patients, mais également sur des preuves scientifiques. En effet l’EBP contribue fortement à l’amélioration de la qualité des soins et à la reconnais-sance de la discipline.

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