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6. Discussion générale des résultats

6.1. Conclusions de l’étude

Notre hypothèse était la suivante : l’utilisation d’un programme de TNR diminuerait de façon significative la croissance des colonies du groupe TNR par rapport à celle du groupe contrôle. Aucune différence significative entre le groupe TNR et le groupe Contrôle n’a été observée un an après l’intervention (T12) lorsqu’on prend en compte uniquement le nombre d’adultes ou lorsqu’on prend en compte l’ensemble des individus (chatons et adultes). Ainsi, l’impact du programme de TNR sur la taille des colonies de chats est considéré faible et temporaire. Comme présenté dans la discussion de l’article ci-haut, certaines études réalisées sur le terrain ont obtenu de meilleurs résultats (voir p. 46). Par contre, ces études peuvent difficilement être comparées à celle décrite ici, vu qu’elles se sont intéressées à des types de colonies de chats sans propriétaire différents, ont eu lieu dans des climats distincts et sur des périodes généralement plus longues, mais aussi, simplement parce qu’elles n’ont pas été tenues au Québec.

La réalisation d’études portant sur les méthodes de contrôle de population de chats sans propriétaire est essentielle à la résolution du problème de surpopulation. Malheureusement, l’évaluation de l’impact de ces méthodes est encore un défi. La capture photographique telle qu’appliquée dans cette étude, bien qu’objective, s’est révélée extrêmement énergivore. L’identification de chaque individu était plutôt simple, mais l’analyse des images a tout de même pris un temps démesuré. Il aurait été impossible d’appliquer cette méthodologie à un échantillon plus grand. D’autres études se sont simplement fiées aux observations des responsables des colonies, ce qui n’est malheureusement pas objectif.

Comme estimer le nombre d’individus d’une population de chats errants est souvent complexe, la détermination de l’« occupancy » sera très certainement préconisée dans le futur. Cela nous permettra de mener des projets objectifs de plus grande envergure.

La capture photographique pour déduire l’absence ou la présence d’individus sur un territoire pourra s’avérer utile, bien que celle-ci comporte un risque de perdre des données. Cela est

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survenu dans la présente étude et a nuit à d’autres projets de recherche notamment, celui de Kilgour et al. 2017.

Il est intéressant de connaître l’impact des programmes de grande envergure sur les services animaliers (nombre d’admissions, de plaintes et d’euthanasies, etc.). Toutefois, il faut garder en tête que le nombre d’admissions, de plaintes et d’euthanasie dans les refuges sont influencées par de nombreux facteurs. Leur diminution ne prouve en rien la décroissance de la population de chats sans propriétaire.

Dans un autre ordre d’idées, un aspect essentiel de la lutte contre la surpopulation de chats errants dépend de la culture des gens qui peuplent le territoire. On doit aux humains la dispersion des chats domestiques à travers le monde et aujourd’hui, ce sont ces humains qui entretiennent, un peu malgré eux, le problème de la surpopulation par l’abandon, la perte et parfois la reproduction de leurs animaux. L’addition de nouveaux chatons au sein des colonies peut être empêchée ou du moins diminuée par la stérilisation; cependant, il est beaucoup plus complexe de freiner l’immigration de chats abandonnés ou perdus. Les règlements, les valeurs et les croyances des Québécois par rapport aux animaux ont une influence significative sur les programmes de stérilisation et leur impact.

« Les médecins vétérinaires sont au cœur même de la relation humain-animal et sont la référence en matière de santé animale auprès de l’ensemble de la collectivité » selon l’OMVQ. Ils ont donc un rôle essentiel dans l’éducation de la population. Bien sûr, cela implique que les vétérinaires soient eux-mêmes sensibilisés aux problématiques au cours de leur formation. La Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal a la chance d’avoir en ses murs Le Refuge de la FMV. En plus d’offrir des occasions inestimables d’expériences cliniques et d’apprentissage en communication, le Refuge montre aux médecins vétérinaires de demain à quel point il est important de s’impliquer dans sa communauté.

Par contre, l’éducation de la population ne peut être portée que par les médecins vétérinaires en clinique. En effet, la surpopulation d’animaux domestiques touche l’ensemble de la population, pas juste les propriétaires d’animaux. Par exemple, à Alachua en Floride, une portion non négligeable (43 %) des foyers qui nourrissent des chats errants n’est pas propriétaire de chat ni de chien selon une étude ayant interrogée aléatoirement des foyers. Ceci est intéressant puisque la majorité des messages de sensibilisation et d’information sont délivrés via les médecins vétérinaires et les organismes pour la protection des animaux là-bas.

Généralement, les foyers qui n’ont pas d’animaux n’ont donc pas accès à ces messages de sensibilisation (Levy, Woods, et al., 2003). En cette ère des médias sociaux, l’information peut être délivrée rapidement à un grand nombre de personnes. Le défi est maintenant de s’assurer que l’information diffusée est juste.

Si les valeurs et les croyances des Québécois par rapport aux animaux sont des facteurs importants pour l’impact des programmes de contrôle de population de chats errants, leur rapport avec la philanthropie a des conséquences sur la capacité à mettre en place des programmes de stérilisation. En effet, ces programmes demandent des actions bénévoles et sont souvent financièrement dépendants de dons. Il faut donc prendre en compte la place que le Québec donne aux organismes de bienfaisance et au bénévolat. Le Québec est la province canadienne qui enregistre le plus faible indice de générosité année après année selon l’Institut Fraser. C’est en 2016 que les Canadiens ont le moins donné à des organismes charitables en proportion de leur salaire depuis les derniers 10 ans. Les Américains donnent environ 2,5 fois à la charité plus que leurs voisins canadiens. (Lammam, MacIntyre, & Ren, 2016)

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