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Résumé des objectifs et des résultats des articles de thèse.

Les PI dont l’anxiété peuvent donc se manifester très tôt dans le développement de l’enfant notamment à l’âge préscolaire comme le soulignent les taux de prévalence importants rapportés par différents auteurs (Achenbach, Edelbrock, & Howell, 1987; Bolton et al., 2006; Egger & Angold, 2006; Klein & Pine, 2002; Lavigne, LeBailly, Hopkins, Gouze, & Binns, 2009; March, 1995; Sawyer et al., 2001; Wichstrom et al., 2012; Zahn-Waxler, Klimes-Dougan, & Slattery, 2000). Il est aussi reconnu que lorsque ces difficultés sont d’apparition précoce, elles peuvent avoir des conséquences négatives sur l’adaptation ainsi que sur le développement des enfants et ce dans différents domaines de sa vie (Danzig et al., 2013; Elgar, McGrath, Waschbusch, Stewart, & Curtis, 2004; Esposito & Clum, 2003; Warren, Huston, Egeland, & Sroufe, 1997). Même si ces comportements intériorisés sont des défis pour l’évaluation et l’intervention, de par leur nature bien souvent silencieuse, il semble important que des études s’intéressent à leurs origines pour pouvoir ensuite élaborer des programmes de prévention et d’intervention afin de prendre soin des enfants qui en souffrent.

Les principales études étiologiques dont nous disposions jusqu’à aujourd’hui s’intéressaient principalement aux caractéristiques environnementales (c.-à-d. les stresseurs), à l’enfant lui-même (c.-à-d. le tempérament), aux caractéristiques parentales (c.-à-d. les pratiques parentales et stress parental), maternelles (c.-à-d. la psychopathologie maternelle), ou à la relation mère-enfant (c.-à-d. la relation d’attachement). Encore trop peu d’attention avait été portée aux caractéristiques paternelles (c.-à-d. la psychopathologie) et bien souvent les pères étaient étudiés comme les mères, sans distinction quant à leur engagement particulier (Phares, 1992; Phares, Fields, Kamboukos, & Lopez, 2005). Concernant l’attachement, qui est une notion fondamentale en psychologie du développement, peu de place avait également été laissée aux pères (Phares, 1992; Phares et al., 2005). Cette situation faisait sans doute écho aux premiers écrits de Bowlby (1969) qui ne considérait le père que comme une figure d’attachement auxiliaire, venant après la mère, puisque s’engageant principalement dans des moments de jeux avec son enfant et non lorsque celui-ci était en détresse. Or, il est actuellement reconnu de manière unanime que l’environnement familial dans son ensemble est important pour le développement de l’enfant (Thompson, 2008); tous les acteurs présents sur la scène familiale, dont le père, sont donc à considérer dans les études développementales.

Cette thèse composée de deux articles avait pour objectif d’étudier l’étiologie des PI et plus précisément de l’anxiété en lien avec la relation d’attachement père-enfant. L’originalité de cette thèse était entre autre de

s’intéresser à l’attachement père-enfant selon une conceptualisation théorique plus contemporaine et plus adaptée aux particularités paternelles; il s’agit de la relation d’activation père-enfant (Paquette, 2004b, 2004c).

L’objectif du premier article était de vérifier les liens entre la relation d’activation père-enfant et les PI à l’âge préscolaire dans un échantillon de convenance issu de la population générale et recruté grâce à des annonces dans des journaux de quartiers (n = 51). Les hypothèses basées sur la théorie de la relation d’activation (Paquette & Bigras, 2010) étaient au nombre de trois.

Première hypothèse, il était attendu que les pères fassent davantage d’activation avec les garçons qu’avec les filles (c.-à-d. score plus élevé pour les garçons). Les résultats mettent en effet en évidence une différence significative au niveau du score d’activation entre les garçons et les filles; les garçons ont significativement un score plus élevé que les filles. Des différences dans les comportements paternels en fonction du sexe de l’enfant pourraient expliquer nos résultats. En effet, lorsqu’on parle d’activation, il est question entre autres d’encouragement sensible à la prise de risque et d’ouverture au monde. Or, il est démontré que les filles reçoivent plus d’assistance et de mises en garde dans les tâches physiques avec une prise de risque que les garçons (Morrongiello & Dawber, 1999) et que les pères ont moins tendance à encourager leur fille que leur fils à l’exploration et à faire des jeux physiques (Siegal, 1987).

Seconde hypothèse, il était attendu que les enfants sous-activés présenteraient plus de PI que les enfants des autres catégories (c.-à-d. activée et sur-activée). Les résultats confirment cette hypothèse puisqu’il est mis en évidence de manière empirique une différence significative au niveau des scores de PI en fonction de la catégorie d’activation : ce sont bien les enfants sous-activés qui présentent le plus de PI, comparativement aux enfants activés. La sous-activation peut s’expliquer par un manque d’encouragement de la part du père dans l’exploration de son enfant, ou un excès de contrôle ou de surprotection. Dans l’échantillon à l’étude, la surprotection est le facteur qui semble compromettre la mise en place d’une relation d’activation père- enfant de bonne qualité. Consécutivement, l’enfant ne bénéficierait pas d’une ouverture au monde et d’une autonomisation optimale, amplifiant sans doute l’anxiété initialement et normalement présente et pouvant ainsi favoriser le développement de difficultés comme les PI.

Troisième hypothèse, l’existence d’un lien significatif entre la qualité de l’activation (c.-à-d. mesurée avec le score d’activation) et la présence de PI chez l’enfant. Les résultats confirment également cette dernière hypothèse puisqu’une association significative est trouvée entre l’activation et les PI même après avoir contrôlé pour des variables comme le sexe et le tempérament de l’enfant, ainsi que les pratiques parentales. Autrement dit, plus les enfants étaient activés dans la relation avec leur père (c.-à-d. score élevé), moins ils présentaient de PI. Ces enfants activés auraient donc

bénéficié d’encouragement sensible à la prise de risque tout en étant sécurisés par les limites claires posées par leur père. Ces enfants développent ainsi un sentiment de confiance personnelle dans des situations nouvelles et possiblement anxiogènes. La fonction d’ouverture au monde aurait donc pu s’exercer, menant ainsi l’enfant vers une autonomie, l’outillant davantage avec des habiletés de coping face à l’anxiété normalement présente et évitant ainsi toute évolution possible vers des difficultés comme les PI.

Enfin, de manière exploratoire, des liens particuliers entre la relation d’activation et l’anxiété ont été mis en évidence. En effet, des associations négatives et significatives ont été trouvées entre l’activation (c.-à-d. mesurée avec le score d’activation) et les mesures de l’anxiété (c.-à-d. la sous-échelle Anxieux/Déprimé et l’échelle orientée DSM-Problèmes d’Anxiété) : plus les enfants étaient positivement activés dans leur relation avec leur père (c.-à-d. relation de bonne qualité, score d’activation élevé correspondant à la catégorie activée), moins ils manifestaient de signes d’anxiété. S’appuyant sur un modèle proposé par Bögels et Phares (2008), il est possible de penser que les enfants ne bénéficiant pas d’une relation d’activation de bonne qualité, auraient ainsi manqué d’encouragement parental et n’auraient pas pu mettre en place leurs propres stratégies pour faire face à l’anxiété présente normalement dans leur quotidien. Consécutivement, le niveau d’anxiété de ces enfants augmenterait au-delà de ce qui est attendu normalement d’un point de vue développemental. Rappelons que le modèle évolutionniste de Bögels et Phares (2008) accorde un rôle au père dans la prévention de

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