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De profonds changements sociétaux ont amené le monde agricole à évoluer. Les bâtiments de la ferme en sont les témoins.

Les rencontres avec les agriculteurs m’ont permis de me rendre compte que l’artificialisation était une préoccupation centrale. Ils sont nombreux à avoir fait le choix de construire au sein de la ferme, lorsque c’était possible, afin de ne pas grignotter leurs terres agricoles. On pointe sans cesse du doigt l’artificialisation des terre dûes à l’urbanisation, mais les abords des exploitations, les circulations, les espaces de manœuvres, ne sont pas à négliger non plus.

Grâce aux visites sur les fermes et aux promenades sur le terrain d’étude sud vendéen, on a aussi pu dégager des grandes lignes pour une « intégration » réussie dans les paysages. Ainsi, les masses végétales sont de bonnes aides pour s’accrocher dans la zone du bocage tandis qu’il semble plus pertinent de positionner les bâtiments de la plaine en fond de valon ou au sein de la ferme afin d’aboutir à un projet en cohérence avec le site. Les rapports entre paysage et construction sont souvent direct, ce qui a fait émerger des relations simplifiées entre architecture et espaces de culture. Il est nécessaire de penser l’architecture agricole en lui donnant une identité forte plutôt que de tenter une pseudo intégration paysagère qui se résume souvent à des haies végétales plantées aux abords du bâtiment. Cela passe par des réponses architecturales s’intégrant naturellement dans les espaces ruraux ou sensibles, des formes simples, inspirées des principes constructifs des bâtiments agricoles. Cette étude a aussi abordé la question du patrimoine. Les générations précédentes ont laissé

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avec l’exemple de Blandine Houssais. Avec une agence « généraliste », elle commence à se positionner sur des commandes agricoles et se faire connaître par des commanditaires du domaine. Le projet de la ferme des Hautes-Terre en est l’exemple parfait. Généralement, les bâtiments sont dessinés par des entreprises spécialisés comme la Sica qui adopte une réflexion moins poussé sur l’implantation du bâtiment, se résumant trop souvent à placer la construction au milieu d’une parcelle en dégageant des espaces de manœuvres suffisants tout autour. Mais cette posture est en constante évolution comme l’a expliqué Jeremy Bossard. En poussant la réflexions sur les couleurs de bardage, les matériaux et l’implantation, ces spécialistes vont dans le bon sens

.

Dans tous les cas, pour faire appel à un architecte, il faut que les exploitants agricoles soient en demande d’architecture. Si c’est le cas, le bâtiment peut se positionner comme une vitrine de l’exploitation et de ses pratiques. Même avec des matériaux utilisés de manière classique par les constructeurs (béton brut, bardage métallique ou bois,...) il est possible de créer une relation juste avec les paysages en sortant des stéréotypes. Cependant les agriculteurs rencontrés se tournent plus facilement vers des constructeurs du secteurs par crainte des coûts supérieurs ou tout simplement par manque d’habitude de travailler avec un architecte. Peut-être que les deux parties gagneraient à travailler ensemble. Pour cela, faut il changer de posture pour s’adapter ?

m’a rapproché du monde agricole et m’a fait beaucoup réfléchir sur les choix qui s’offraient à moi pour l’avenir. J’ai aussi découvert que ce sujet est connecté à des champs plus vastes comme la sociologie, la gestion du territoire, le patrimoine ou la philosophie. La recherche n’est finalement jamais finie, à la manière d’un projet d’architecture, le sujet peut toujours être développé et approfondi. Cependant, j’espère avoir soulevé quelques questionnements qui semblent être intéressants autant pour les architectes que pour les agriculteurs.trices. Même si je crois que ce mémoire peut aider à avoir un premier aperçu de ce que donne à voir les bâtiments agricoles dans nos campagnes. La difficulté majeure à laquelle j’ai fait face est sans doute la période de confinement due à l’épisode Covid-19 qui a bouleversé notre quotidien à tous. Ce temps hors de l’ordinaire m’a freiné dans l’écriture. Mais cette période a été l’occasion de travailler à mon rythme et de me réjouir de l’inattendu, face aux sollicitations incéssantes du monde contemporain. L’enquête de terrain a été pour moi une façon de ralentir, de me poser un peu pour soulever des questions simples, mais qui me paraissent pertinentes. J’ai même eu la chance de travailler dans une exploitation agricole en tant que planteur de menthe et autres aromates. Je pense aussi aux agriculteurs. Grâce à eux, j’ai pu enquêter sur le terrain et voir la réalité sans filtre. J’aurais aimé faire d’avantage d’entretiens, mais la période de confinement m’a limité de ce point de vue. J’aurais aussi aimé enquêter auprès d’organismes qui gèrent le territoire comme le CAUE du

structures qui, je pense, m’aurais apporté des avis techniques. Pour finir, on peut se questionner sur ce qu’aurait été cette étude sur un autre territoire. L’étude n’aurait certainement pas été la même dans la région de la Beauce dont les exploitations sont principalement tournées vers une agriculture productiviste. Elle aurait encore été autre chose au sein de régions montagneuses avec des aléas climatiques particuliers.

Mais finalement, ce mémoire ouvre plus de pistes de réflexions qu’il ne répond à une problématique unique. Quelles qu’en soient les raisons, le bâtiment agricole est amené à évoluer, à l’image de notre société et de son agriculture. Ce travail a été l’occasion de rendre compte des évolutions passées, de l’état des lieux actuel et des pistes pour l’avenir.

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