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Chapitre I. État des lieux dans la mise en œuvre des politiques publiques Jeunesseœuvre des politiques publiques Jeunesse

IV. Conclusion partielle sur l’état des lieux

Les pays considérés dans cette revue ont donc accompli des progrès importants dans l’adoption de politiques jeunesse conformément aux mesures et recommandations du PAMJ. Les progrès sont particulièrement notables dans les domaines de l’éducation et de l’emploi, où on recense plusieurs dispositifs d’accompagnement des jeunes en formation et en emploi. Ces dispositifs intègrent aussi certaines approches et certains principes directeurs du PAMJ tels l’inclusion, la participation, le genre, les droits humains. La faiblesse majeure demeure le manque de cohérence et de transversalité des nombreuses mesures et initiatives prises en faveur des jeunes. En effet, les rapports et documents d’évaluation montrent que les politiques et les programmes se chevauchent souvent, sans cohérence d’ensemble. Chaque secteur gouvernemental semble avoir sa propre approche et ses propres objectifs envers sa clientèle de jeunes, de sorte que la politique nationale de la jeunesse est considérée simplement comme celle du ministère de la Jeunesse avec le même statut (sinon moins) que celle du ministère de l’Éducation, de la Santé ou de l’Emploi.

Cette situation limite grandement l’impact des politiques et programmes qui n’arrivent que dans peu de cas à s’inscrire de manière transversale dans la continuité de l’action gouvernementale. Bien évidemment, quelques pays cités plus haut font exception par leur approche holistique des besoins de leur jeunesse qui donne à leur politique une dimension plus transversale.

La politique jeunesse est, dans ce cas, une politique intersectorielle (ou transversale) que tous les ministères doivent appliquer dans leur secteur de compétence, en se soumettant à des exercices réguliers d’évaluation et de reddition de comptes.

L’entité gouvernementale responsable de cette politique a alors principalement pour mandat de s’assurer de la prise en compte des orientations gouvernementales en matière de jeunesse par les ministères et les sociétés d’État dans le cadre de leur mission publique. Au Québec, c’est le rôle que joue le Secrétariat à la jeunesse cité plus haut et dont le principal mandat consiste à s’assurer de la prise en compte de la politique nationale de la jeunesse dans l’ensemble des mesures et programmes des différentes entités gouvernementales du Québec.

Outre la cohérence que cette approche transversale introduit, les rapports et documents consultés ne soulignent pas cependant si elle accroît l’efficacité des politiques comparativement aux approches sectorielles. Bien qu’on soit tenté d’émettre une hypothèse positive, il conviendrait de mieux documenter

la question par des évaluations comparatives entre pays ayant adopté l’une ou l’autre des deux approches. Les résultats d’une telle étude pourraient non seulement enrichir les connaissances sur les politiques jeunesse, mais également servir d’argumentaire pour un plaidoyer en faveur d’une approche plus holistique des besoins des jeunes s’il s’avère que l’approche transversale qui en découle accroît l’efficacité des politiques.

En dépit de ces limites, les analyses ont permis de constater que la plupart des États et gouvernements membres de la francophonie adoptent de plus en plus des approches participatives dans le renouvellement de leur politique jeunesse. Par contre, les capacités sont encore limitées pour tout ce qui a trait à l’utilisation de ces mêmes démarches participatives dans l’évaluation des impacts de ces politiques.

Ainsi, le point de vue des utilisateurs finaux des services que sont les jeunes, tout comme celui des services de première ligne qui les accompagne (collectivités locales, associations et organisations jeunesse, ONG) est très peu représenté dans les rapports. Ceci est en contradiction avec les recommandations du guide d’évaluation des politiques jeunesse du PAMJ qui suggère de faire évaluer les politiques nationales par les jeunes eux-mêmes.

L’expérience européenne a montré que « la formulation d’une politique de jeunesse efficace exige invariablement d’établir des relations intelligentes entre les pouvoirs politiques, l’administration publique, les acteurs de terrain et les jeunes eux-mêmes » (Howard Williamson. L’évaluation internationale des politiques jeunesse, 2008; page 41).

Toute analyse efficiente doit tenir compte de ces liens entre les différents paliers politiques, administratifs et le terrain qui font face à des défis distincts.

Une synthèse de ces structures gouvernementales à l’échelle de la Francophonie permet de dégager le schéma suivant, qui reprend sommairement les organigrammes des ministères de la Jeunesse des différents pays retenus pour cette étude.

Tableau 2. Répartition des structures gouvernementales de mise en œuvre des politiques publiques jeunesse

Palier Organisme Exemples

1 Organes centraux des ministères ayant la mission d’élaboration, de coordination des politiques jeunesse au niveau national

Bureau du ministre et secrétariat général, direction de la planification, direction de la coopération, direction financière

2 Organes décentralisés ou déconcentrés ayant la mission de coordination et de suivi des politiques jeunesse au niveau régional

Direction régionale et départementale, programmes et projet spécifique

3 Organes d’exécution ayant pour mission la mise

en œuvre des politiques au niveau local Mairie, maison des jeunes, associations de jeunes (Source : Schéma élaboré à partir des exemples du Bénin, du Gabon, du Maroc, de la Mauritanie, du Sénégal, de la France, de la Suisse)

Les analyses qui suivent portent donc sur les forces et faiblesses propres à chacun de ces paliers gouvernementaux qui font partie de la chaîne de mise en œuvre des politiques jeunesse. Ces analyses demeurent cependant limitées par le fait que ces différents niveaux n’étaient pas explicitement identifiés dans les rapports et documents nationaux et internationaux consultés.

I. Capacités et limites des organes centraux dans la coordination des politiques jeunesse

Les organes centraux des ministères sont composés de l’appareil politique et des directions centrales qui, normalement, travaillent en étroite collaboration (ministère et cabinet, secrétariat général, direction centrale chargée de la planification et de la coordination). Ils ont pour mission de concevoir et de coordonner la mise en œuvre des politiques jeunesse au niveau national. Cette mission de coordination est déterminante dans l’efficacité des politiques jeunesse.

En effet, « sans un plan de coordination efficace, on s’expose forcément au risque de mettre en compétition, ou en contradiction, les différents éléments constitutifs de la politique de jeunesse » (Conseil de l’Europe. Évaluation internationale des politiques de jeunesse, 2008 : 39).

Chapitre II. Analyse des capacités des