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CHAPITRE 1 REVUE DE LA LITTÉRATURE

1.3 La rupture du ligament croisé crânial

1.3.4 Conclusion

Le LCCR et ses lésions continuent d’être un défi de taille pour les vétérinaires. Cependant, une connaissance approfondie de l’anatomie, de la physiologie, de la fonction et des mécanismes de cette structure permet de faire évoluer les traitements pour corriger cette pathologie. Alors que les techniques chirurgicales se multiplient, le principe reste le même : Stabiliser l’articulation, restaurer une bonne fonction du genou déficient et freiner la propagation de l’OA pour améliorer la qualité de vie du chien. Et l’objectif reste le même : Éliminer la subluxation crâniale tibiale et limiter la rotation interne tibiale durant tout le cycle de mouvement (Apelt, Kowaleski et al. 2007).

Au cours des 50 dernières années, une pléthore de techniques chirurgicales a été rapportée pour le traitement de cette condition. L’évolution des procédures reflète la controverse concernant la correction optimale de la RLCCr. Certains prônent cette évolution : « Quiconque se considère comme un chirurgien orthopédique se doit de développer ou de modifier une technique de traitement de la RLCCr. (Olsson S.E.)»; et d’autres la déplorent : « Nous n’avons nul besoin de nouvelles méthodes de reconstruction, nous avons plutôt besoin de savoir si les méthodes que nous préconisons sont bonnes ou mauvaises. (Gillquist J.)».

Alors que les avis s’opposent, les choix diffèrent. Un sondage auprès de cent-onze praticiens du Collège Américain de Chirurgie Vétérinaire révèle la divergence d’opinons des chirurgiens vétérinaires quant à la reconstruction optimale du LCCr. Pour opérer les chiens de petite race, 78% des chirurgiens préfèrent la TMIR. Pour les moyennes et grandes races, les préférences des chirurgiens sont partagées, essentiellement, entre la TMIR, avec 32% des votes et la TPLO, avec 22% des votes (Leighton 1999). Ces données diffèrent pourtant des recommandations dans les ouvrages vétérinaires qui préconisent les procédures intra- capsulaires pour les chiens de grande race (Shires 1993; Korvick, Johnson et al. 1994).

Selon la technique chirurgicale employée, environ 85% des chiens montrent une amélioration basée sur l’appréciation du propriétaire et les tests cliniques. Cependant, les symptômes reliés aux douleurs et à la boiterie ne disparaissent pas (Harari 1995; Moore and Read 1996; Johnson AL 2002; Vasseur 2003).

Actuellement, aucune technique chirurgicale pour le traitement de la RLCCr n’a démontré de manière non équivoque une efficacité clinique supérieure et aucune n’est universellement acceptée (Aragon and Budsberg 2005; Conzemius, Evans et al. 2005). Le choix du protocole chirurgical repose vraisemblablement sur la formation clinique du chirurgien, son expérience et ses préférences personnelles (Korvick, Johnson et al. 1994). Les questions les plus urgentes que se posent les vétérinaires sont quelle procédure permettrait le meilleur rétablissement de la fonction clinique du membre atteint, les récentes techniques sont-elles meilleures et quel patient en bénéficierait le mieux.

Plusieurs études scientifiques comparent les corrections chirurgicales de la RLCCr entre- elles. Cependant, les protocoles comparatifs diffèrent et le taux de réussite rapporté pour une même chirurgie varie d’une étude à une autre. Par exemple, Conzemius (2005) a comparé la TPLO aux techniques intra et extra-capsulaires en utilisant une plate-forme de forces. Ses résultats démontrent que seulement 10.9% des patients traités par TPLO ont obtenu une fonction comparable aux chiens cliniquement sains, contre 14.9% des chiens traités par la technique extra-capsulaire et 15% des chiens traités par la technique intra-capsulaire. Une amélioration a été notée chez 15% des patients traités par la technique intra-capsulaire, 34% de ceux traités par TPLO et 40% de ceux traités par la technique extra-capsulaire (Conzemius, Evans et al. 2005). Ces données ne sont pas tout à fait en accord avec l’étude de Millis (2008). Ce dernier a plutôt conclu que la TPLO et la MRIT ont des résultats similaires et acceptables pour la stabilisation de genoux déficients (Millis, Durant et al. 2008). Son étude est basée sur des données cinétiques et cinématiques. D’autres études rapportent des taux de réussite de la TPLO de 93%, en se basant sur la perception des propriétaires (Kergosien, Barnhart et al. 2004).

Il est clair que le manque de consensus décelé dans la littérature sur les traitements chirurgicaux de la RLCCr est lié à la difficulté d’évaluer ces traitements selon des méthodes fiables, objectives, représentatives de la récupération des patients après la chirurgie et praticables d’une étude à une autre.

Aussi, il est important de définir la notion de restauration de la fonction normale du genou. L’évaluation clinique de la fonction du genou est truffée d’erreurs (Vasseur 1984). Graduer la démarche du patient selon une échelle de notation clinique est une évaluation subjective de la boiterie, laquelle peut être influencée par l’humeur du chien, le lieu de l’examen et la température affectant la douleur arthritique et d’autres désordres orthopédiques et médicaux. Certaines études évaluent le patient selon des signes cliniques subjectifs, selon l’avis du propriétaire et/ou selon une analyse cinétique non fondée sur une comparaison valide. D’autres suggèrent que l’amélioration de la fonction du genou peut être atteinte malgré l’instabilité détectée par le test du tiroir et que l’instabilité n’est pas un critère déterminant pour le succès clinique d’une reconstruction (Arnoczky 1979; Smith and Torg 1985). Le

manque d’uniformisation des critères d’évaluation limite ainsi la portée des études, dont les conclusions précipitées sont généralement basées sur des observations subjectives.

La section suivante présente les outils et méthodes développés et utilisés en milieu clinique et en milieu de recherche pour évaluer la fonction du genou et les divers traitements chirurgicaux de la correction de la RLCCr. Cette section justifiera le choix méthodologique de notre étude.