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Dans notre tour d’horizon des pratiques récréatives alternatives, nous avons pu observer d’une manière générale que cet univers du loisir n’est pas un épi phénomène de la récréation classique, mais un véritable ensemble qui gagne en importance avec le temps. Bien qu’aucun chiffre précis ne puisse appuyer cela (nombre de pratiquants) , d’autres facteurs nous montrent que les pratiques récréatives alternatives gagnent en envergure. Nous pouvons par là dénombrer le nombre de pratiques nouvelles qui se développent progressivement du côté des marges récréatives. Nous l’observons par l’accroissement de la médiatisation de ces pratiques d’un nouveau genre comme par exemple le magazine internet «adrénaline» impulsé par le journal sportif français numéro un l’équipe, ou des journaux télévisuels spécialisés comme «Riding Zone» diffusé chaque semaine sur une chaine du groupe France Télévision. Nous le voyons également par le succès des objets intermédiaires qui s’exprime aujourd’hui en nombre de vues sur YouTube et qui se comptent aujourd'hui par millions. Et enfin, par la prise en compte des politiques publics dans des aménagements dédiés...

L’exercice que nous avons réalisé nous a permis de montrer dans un plan en trois parties les caractéristiques de monde récréatif alternatif.

La première partie nous a permis de justifier notre choix théorique et notamment de recontextualiser la place qu’occupe la récréation dans nos sociétés contemporaines. On a vu par là qu’elle occupe une place relativement très importante pour l’individu et que d’une manière tendancielle la place de la récréation grandit au contraire des temps occupés. Bien qu’une approche générale est légitime, nous avons vu au-delà du précédent constat que d’un bloc unique se dégageaient deux principales formes récréatives différentes. D'un côté des pratiques qui s’exécutaient dans l’espace privé et de l'autre côté des exécutions dans les espaces publics. Nous faisons le choix d’étudier principalement la deuxième forme citée qui induit des usages spatiaux et relations sociales avec le monde extérieur. En étudiant ces pratiques récréatives estimes nous avons découvert qu’elles se scindaient elles-mêmes en deux, entre des pratiques classiques, majoritaires, toutes puissantes, anciennes,traditionnelles, visibles et des pratiques alternatives, naissantes, auto-organisées, plus fragiles, ultra créatives, invisibles. Forgées par des aspirations contre-culturelles, ces pratiques alternatives réinventent les codes récréatifs classiques dans une forme beaucoup plus libre.

Les valeurs partagées entre pratiquants alternatifs ont évolué conjointement aux contre-cultures à l’image de l’émancipation de la génération beat qui forgera les itinérances, le do it yourself des punks qui fera exploser les sports de glisse et les loisirs underground, jusqu’à l’économie sociale et solidaire des altermondialistes qui remodèleront le tourisme voire même la gratuité via internet inspiré par la cyber contre-culture qui donne de nouvelles perspectives de partages entre prati- quants quel que soit leurs hobbies.

D’un regard extérieur, les relations entrent la culture récréative

classique et la contre-culture récréative sont multiples et pourraient être symbolisés par l’image du Yin Yang à savoir une relation d’opposition, d’engendrement, mais aussi d’interdépendance. En nous enfonçant progressivement dans l’univers parallèle de la récréation, nous observons que les frontières de l’univers alternatif sont floues et évolutives. En effet, le métissage entre pratiques touristiques, de loisirs, festives et sportives permet de recréer de nouvelles pratiques originales et innovantes.C’est aussi dans l’inspiration de valeurs externes à la récréation comme l’écologie ou la polique que l’alternatif va reconfigurer ses frontières. Néanmoins, les pratiques alternatives sont soumises à de nombreuses pressions faisant qu’une fin potentielle est à prévoire. Tout d’abord, le

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fait que l’alternatif est un vivier de créativité fait que les systèmes classiques tendent à attraper innovations pour les officialisés, les organisés, les rendre compétitives, les insitiutonaliser et en les intégrant à des modèles économiques plus conventionnels, faisant alors disparaitre les aspirations ou convictions alternatives. D’un autre côté, les espaces informels construits par les contre- cultures récréatives sont menacés par l’aménagement du territoire et disparaissent petit à petit. Enfin, d’un point de vue conjoncturel, les normes culturelles évoluent et transforment des pratiques autrefois marginales en pratiques bénignines aujourd’hui à l’image de l’itinérance qui est aujourd’hui d’avantage une mode qu’une pratique d’émancipation.

Si la première partie a dressé les contours de l’objet alternatif, la seconde partie a cerné les impactes sociaux et nouvelles manières de faire propres à ces nouvelles pratiques. L’auto- organisation est là une des fondamentales de l’univers alternatif et en cela, des oppositions entre culture et contre-culture s’inities. L’auto-organisation transgresse les codes classiques de la récréation qui par principe sont organisés en amont des pratiquants. Des oppositions politiques surviennent dès lors que la récréation est le support d’aspiration politique contestaires. Enfin, l’individu alternatif est diamétralement opposé aux standards sociaux puisqu’il est socialement marginal et déviant. En terme de nouvelle manière de faire, internet à trouvé une place de choix dans l’alternatif puisqu’il est le ciment des relations sociales entre pratiquants, mais aussi un objet intermédiaire entre le monde alternatif et le monde classique ce qui dès lors assure les intentions exhibitionnistes de pratiquants. Pour terminer, le pratiquant alternatif a cré une vie dont le l’objet central est la récréation dans la constitution de style de vies endémiques. Le pratiquant aura à coeur d’organiser sa vie autour de la pratique ou de l’espace de pratique pour ainsi créer une osmose entre individu, espace et pratique.

La dernière partie du travail a montré les impacts géographiques des pratiques alternatives. L’étude d’un objet singulier telle les pratiques contre-culturelles nécessite une géographie hors norme qui mêle géographie humaine, culturelle et politique . Dans l’étude des spatialités, un modèle à été dessiné pour montrer les différents types d’espaces récréatifs qui s’échelonnent entre les milieux anthropiques et les milieux naturels (indoor, aroundoor, outdoor, wildoor) et où l’alternatif (l’underdoor) recoupe toutes les aires géo-récréatives. Dans une optique dynamique, les pratiques récréatives alternatives se concrétisent par une extension sans limites des espaces de pratique que ce soit vers les milieux urbains, naturels extrêmes, les milieux souterrains ou stratosphériques et même dans des temporalités marginales et des temps plus longs. Enfin, le phénomène alternatif alternatif construit à son paroxysme des hot spots récréatifs qui deviennent des emblèmes contre-culturels. Si il est un facteur propre aux espaces des pratiques alternatives, ce serait la relation entre le monde alternatif et l’espace environnant. En somme, les dissidences spatiales forment des conflits qui s’expriment directement par des confrontations avec des forces de l’ordre ou indirectement avec des lois, arrêtés et autres aménagements dissuasifs. D’un autre côté, on voit naitre quelques symbioses qui témoignent de l’acceptation des pratiques contre- culturelles. La symbiose et les conflits sont régis par le degré de gestion et ou de protections des espaces quelque soit les aires géo-récréatives. Pour résumer les caractéristiques des espaces alternatifs, une série de chorèmes reprend les divers antagonismes présents entre les espaces, les pratiques, les valeurs exprimés, et politiques en présence.

100 En guise de conclusion, nous avons vu

que les pratiques récréatives alternatives se partagent deux visions. D’un côté, on pourrait les percevoir telle que des éléments perturbateurs à l’ordre social, transgressif des normes règlementaires, dissidentes en vers les traditions récréatives, pourvoyeurs de conflits envers les espaces et individus environnants... D’un autre côté, les pratiques alternatives seraient des objets innovants, avant-gardistes, créatifs, utopiques, puisque porteurs du rêve libertaire...

Cette controverse éthique est la question fondamentale du sujet. Quelles considérations les hommes, les politiques, les organisations traditionnelles, les conservateurs du patrimoine naturel ou anthropiques, les voisins d’espaces hors-normes doivent avoir envers ces pratiques dissidentes? Sommes-nous allés trop loin dans les dissidences récréatives où d’autres bouvards créatifs sont à inventer ? Et enfin, est-ce que les pratiques alternatives pourraient s’intégrer à un modèle de transitions récréative pour l’avenir?

Nous faisons l’hypothèse que les pratiques récréatives alternatives sont de véritables objets innovants qui redessinent les contours de la récréation telle que nous la connaissons aujourd’hui. En clair, il apparait que nous sommes dans un passage lent entre une société moderne et une société post-moderne. Si les normes sont des éléments typiquement modernes, l’alternatif est définitivement une notion post-moderne puisque les pratiques se battent contre le désenchantement du monde hérité du modernisme. De nouvelles relations à soi, à l’autre,aux espaces et aux valeurs s’initient (De Leseleuc, 2003). En suivant cette pensée, les pratiques alternatives seraient donc des éléments véritablement avant-gardistes à l’heure actuelle pour notre société. Dans cette société plus égalitaire qui se profile, l’innovation par les marges retrouverait une place de choix dans les processus créatifs. Les pratiques récréatives alternatives seraient des innovations ordinaires puisqu’elles émaneraient des marges et non de la tête du système récréatif. Elles vont se laisser approprier par un ensemble de pratiquants, ce qui induit que l’innovation ne doit pas être stable, mais évolutive. Les pratiques outsiders gagneront à l’avenir plus de crédit du fait de l’évolution de nos cultures. Néanmoins, pour que la transgression soit vectrice de transition, il faut que la relation entre monde alternatif et monde extérieur ne soit plus régie par l’opposition, mais au contre par la symbiose et le consensus. Nous pensons que c’est la condition sinéquanone du changement. Dans ces temps d’incertitudes récréatives dues aux crises diverses du secteur, les pratiques alternatives offriraient une clef d’entrée originale et innovante sur ce que sera la récréation de demain, l’avenir nous le dira.

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