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Conclusion sur les forces et faiblesses du label, ancien et nouveau

2. Le bilan de l’ancien label « Opéra national en région »

2.4 Conclusion sur les forces et faiblesses du label, ancien et nouveau

2.4.1 Les forces

Une reconnaissance symbolique

Le label a sans conteste constitué un encouragement symbolique important pour les attributaires, et il ne faut pas sous-estimer la légitime fierté de villes qui ont fait, dans la durée, le choix de défendre un genre réputé coûteux et élitiste. Le label est un appui politique pour des maires engagés dans des choix culturels ambitieux, parfois contestés par leur opposition, et parfois mal compris par leurs concitoyens.

Un rôle d’aménagement culturel du territoire

Le cahier des missions et des charges du label annexé à la circulaire du 31 août 2010, a, malgré son caractère juridiquement non contraignant, incontestablement favorisé l’irrigation de territoires parfois pauvrement dotés en matière de spectacle vivant.

Les moyens financiers octroyés aux maisons labellisées leur ont permis de pratiquer une politique tarifaire relativement abordable au regard du coût réel d’un opéra.

Outre la politique tarifaire, de nombreuses initiatives sont prises par les maisons d’opéra pour favoriser l’accès du genre au jeune public ainsi qu’aux publics dits « éloignés de la culture » pour des raisons diverses.

Enfin, les orchestres et les chœurs permanents dont sont dotées les maisons (ou avec lesquels elles ont un partenariat durable, selon les cas) constituent des atouts non négligeables en matière d’irrigation du territoire : les musiciens se produisent dans de petites villes éventuellement en petite formation, ils donnent des cours, aident des chorales amateurs et s’associent à des projets très divers.

Un outil d’excellence artistique

L’obligation faite aux maisons labellisées, dans le cahier des missions et des charges de 2010, de disposer d’un orchestre et d’un cadre de chœur, soit à titre exclusif, soit au terme d’un accord de partenariat privilégié avec des structures permanentes n’est pas uniquement la traduction du socle commun « constaté » ex post en 2010, mais une condition de l’excellence artistique.

Pour les orchestres, la permanence permet en particulier, grâce à travail régulier et dans la durée avec un chef, de constituer une équipe dotée d’une « identité » sonore.

Si le même argument pourrait être invoqué pour le ballet, le CMC de 2010 ne l’a pas repris, puisqu’il a retenu, en ce domaine, comme alternative au ballet propre, « l’association à la programmation d’un CCN »

2.4.2 Les faiblesses

Un cercle nécessairement limité à un petit nombre de bénéficiaires, en raison des contraintes budgétaires

L’absence de moyens financiers supplémentaires limite nécessairement le périmètre du label à un petit nombre de bénéficiaires, dans la mesure où l’aide de l’Etat doit atteindre un effet de seuil pour être efficace : à moyens constants, l’Etat est contraint de maintenir des conditions fortes, et un réseau limité.

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Une politique de label lyrique peu lisible

L’hétérogénéité des cinq attributaires de l’ancien label constitue une de ses faiblesses, dans la mesure où elle ouvre la porte aux critiques des maisons qui ne bénéficient pas du label alors qu’elles pourraient légitimement y prétendre.

Or, si le label constitue en principe une reconnaissance en termes de qualité artistique, force est de constater que la qualité ne faisait pas partie des critères retenus par le cahier des missions et des charges de 2010, et ne figure pas davantage dans la liste limitative des sept conditions d’octroi d’un label fixées par l’article 2 du décret du 28 mars 2017. Du reste, on peut s’interroger sur la légitimité de l’Etat à porter un jugement d’ordre esthétique sur le travail de ces maisons, sauf à mettre en place une procédure d’évaluation collégiale confiée à un comité de professionnels dont l’expertise et l’indépendance soient incontestable.

En outre, si le label ONR représente un modèle d’excellence, reconnu dans les années 90 et 200, il ne constitue plus aujourd’hui un modèle unique

Le modèle traditionnel d’une maison d’opéra avec un orchestre, un chœur et un ballet permanents n’est plus unique : de nouvelles pratiques se sont développées. Certaines maisons fonctionnent ainsi avec des ensembles en résidence, d’autres font appel, pour le chœur, à des intermittents fidélisés. D’autres manières de produire ont émergé, et beaucoup de maisons travaillent en réseau, sur des formes plus légères et des répertoires plus rares. Le conventionnement « Théâtres lyrique d’intérêt national » a d’ailleurs entendu reconnaître l’intérêt de ces nouveaux modèles, mais a maintenu la hiérarchie label/conventionnement.

De ce point de vue, il n’est pas illégitime de s’interroger sur ce qui justifie l’écart considérable du montant des subventions de l’Etat octroyées aux maisons selon qu’elles sont ou non labellisées.

Si le nouveau conventionnement « Théâtre lyrique d’intérêt national » permet d’augmenter les subventions de quelques maisons répondant aux conditions d’attribution et aux critères du cahier des missions et des charges, le niveau très élevé de ces exigences ne permet pas à toutes les maisons bénéficiant à ce jour d’un financement durable d’y prétendre.

Enfin, le nouveau dispositif (label et conventionnement) maintient sept maisons hors de tout financement de l’Etat, alors que certaines, comme Toulon ou Nice, par exemple, disposent des trois forces permanentes requises.

On peut donc considérer que le dispositif de financement n’est équitablement réparti, ni entre les maisons, ni l’ensemble du territoire, limitant de ce fait la capacité du label à structurer une politique nationale en faveur du lyrique, et ce d’autant plus qu’à l’ouest d’une ligne Bordeaux/Nancy, aucune maison n’a jusqu’alors obtenu le label d’opéra national en région.

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3. La transition entre ancien et nouveau label « Opéra national en