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Conclusion : distinguer l’échec de l’abandon

71 L’évolution du champ urbanistique et de ses pratiques est souvent étudiée en opposant la période des Trente Glorieuses à celle du tournant du millénaire (tableau 1). Cet article interroge le caractère linéaire de cette transition en cherchant à démontrer que les trois dimensions qui la composent — les valeurs, les outils et les politiques d’aménagement — ne progressent pas de façon parallèle. Nous testons cette hypothèse en étudiant les trajectoires de développement des villes suisses de Zurich et Winterthour depuis les années 1980 jusqu’aux années 2010.

72 L’analyse de nos deux études de cas révèle que cette transition comporte une phase intermédiaire. Plusieurs projets conçus dans les années 1980-1990 possèdent en effet des propriétés hybrides. Sur de nombreux points, ils adoptent les principes urbanistiques du tournant du millénaire, car a) ils revendiquent le statut de projet bien avant son avènement67, b) s’ancrent dans la « cité par projets » de Luc Boltanski et Eve Chiapello en promouvant la multiplicité des liens sociaux et des activités, et c) participent à la métropolisation de la Suisse en ambitionnant de transformer le cœur des grands centres urbains68. Néanmoins, ces projets s’appuient en parallèle sur l’utopie fonctionnaliste. Cette posture les mène à l’échec, car elle n’est pas suffisamment flexible et pragmatique pour accompagner la mutation post-industrielle d’un quartier de centre-ville.

73 Toutefois, la suite de notre analyse démontre que ces échecs des années 1980-1990 créent des fenêtres d’opportunité qui accélèrent considérablement la mutation de ces mêmes quartiers. Dès l’entame des années 2000, Sulzer et les CFF lancent de nouveaux projets et résolvent les contradictions des projets précédents en échelonnant la mutation. Au moyen d’un récit architectural savamment orchestré, ils parviennent à susciter l’adhésion des élus locaux et d’une majorité d’électeurs en se démarquant des échecs des décennies précédentes. Les bases légales nécessaires à la mutation sont donc élaborées en un temps record et les CFF et Sulzer ont ensuite le champ libre pour la concrétiser.

74 Résultat, Zurich dispose aujourd’hui d’un nouveau quartier d’affaires à quelques centaines de mètres de la mythique Bahnhofstrasse. Ce nouveau quartier accueille la multinationale Google, les deux plus grandes banques suisses (UBS et Crédit Suisse), ainsi que la Haute école pédagogique de Zurich. Néanmoins, depuis l’inauguration des premiers bâtiments, le quartier est sous le feu des critiques. Les riverains le trouvent ennuyeux et sans âme69 ; les architectes le qualifient de monstruosité70 (ill. 3a et 3b ).

75 Faut-il dès lors parler de nouvel échec ? Certainement pas aux yeux des CFF qui ont d’ores et déjà amorti le 1,5 milliard de francs suisses investis pour construire ce nouveau quartier. Néanmoins, le cas zurichois nous démontre que le refus de l’abandon, si valorisé dans la cité par projets, peut aussi mener à une forme d’échec. En s’obstinant à vouloir densifier les abords de la gare centrale, l’élite zurichoise a finalement trouvé un moyen pour concrétiser son projet. Cependant, Zurich et ses autorités ne se sont nullement prémunies d’un nouvel échec sur le plan urbanistique.

76 Le cas de Winterthour tend à nous démontrer l’inverse. Même s’il est fortement redouté, un abandon peut prémunir d’un échec. Jusqu’au début des années 2000, la Municipalité craint d’être abandonnée par Sulzer et lui laisse les pleins pouvoirs pour

progressive de ses biens-fonds qui la pousse inexorablement à se désinvestir du processus de mutation. Toutefois, malgré cet abandon, le renouvellement de l’aire Sulzer (ill. 4) est aujourd’hui unanimement reconnu comme une réussite, aussi bien par les architectes-urbanistes71, que par les organisations touristiques régionales et nationales qui y organisent régulièrement des visites. Grâce au départ de Sulzer, Winterthour est donc parvenue à renouveler son tissu urbain. Mais surtout, elle a réussi à en retirer un nouvel élément marketing, une nouvelle manière de se raconter.

Or, notre analyse démontre que ce narratif est un élément tout aussi crucial pour qu’une ville puisse achever sa transition vers la cité par projets.

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NOTES

1. Jean-Pierre Boutinet, Anthropologie du projet, Paris, PUF, 2010 [1990].

2. Luc Boltanski, Eve Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 1999.

3. François Ascher, Les nouveaux principes de l’urbanisme, Paris, Éditions de l’Aube, 2004 ; Laurent Devisme, La ville décentrée, Paris, L’Harmattan, 2005 ; Gérard Pinson, Gouverner la ville par projet, Paris, Les Presses de SciencesPo, 2009 ; Muriel Delabarre, Benoît Dugua,Faire la ville par le projet, Lausanne, PPUR, 2017.

4. Luc Boltanski, Eve Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, op. cit.

5. Mureil Delabarre et Benoît Dugua, Faire la ville par le projet, op. cit.

6. Gérard Pinson, « Projets de ville et gouvernance urbaine », Revue française de science politique, 56 (4), 2006, pp. 619-51.

7. Christophe Mager, Laurent Matthey, « Le nouveau récit du paysage », Articulo, no spécial 4, 2013, pp. 1-6. ; Antonio Da Cunha, Muriel Delabarre, Imène Zaâfrane-Zhioua, « Paysage, urbanisme et projet  », Urbia, no 22, 2019, pp. 10-28.

8. Laurent Devisme, La ville décentrée, op. cit.

9. François Ascher, Les nouveaux principes de l’urbanisme, op. cit., 18ss et 80ss ; Gérard Pinson, Gouverner la ville par projet, op. cit., « Introduction ».

10. Luc Boltanski et Eve Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, op. cit.

11. Laurent Devisme, La ville décentrée, op. cit.

12. Albert Levy, « Quel urbanisme face aux mutations de la société postindustrielle ? », Esprit, no 11, 2006, pp. 61‑75.

13. Gérard Pinson, Gouverner la ville par projet, op.cit.

14. En sus des auteurs précités, voir également Martin Schuler, Régionalisation et urbanisation : des concepts convergents ?, thèse de l’EPFL, 1999 ; Michel Bassand, La métropolisation de la Suisse, Lausanne, PPUR, 2004.

15. Carl Fingerhuth, « Stadtplanung auf der Kippe zwischen Hoffnung, Nostalgie und Verzweiflung », disP, 26 (103), 1990, pp. 8‑13 ; Gérard Pinson, « Projets de ville et gouvernance urbaine », op. cit.

16. Bruno Latour, Aramis ou l’amour des techniques, Paris, La Découverte, 1993.

17. Bent Flyvbjerg, Nils Bruzelius, Werner Rothengatter, Megaprojects and risk, Cambridge, Cambridge University Press, 2003.

18. Laurent Devisme, « Apprendre des projets qui se déréalisent », Place publique, no 66, 2018, pp. 15‑18.

19. La ville de Zurich compte 422 000 habitants, celle de Winterthour 114 000, cf. OFS,

« Population résidante permanente et non permanente », 2020.

20. Laurent Devisme, La ville décentrée, op. cit.

21. Werner Huber, Hauptbahnhof Zürich, Zürich, Scheidegger & Spiess, 2015, 130 ss.

22. Armin Kühne, Regimewandel durch Grossprojekte, Amsterdam, Verlag Fakultas, 1997, pp. 19-21.

23. Kenneth Angst, Zür(e)ich brennt, Zürich, Europa, 2010.

24. Sandro Cattacin, Stadtentwicklungspolitik zwischen Demokratie und Komplexität, Frankfurt am Main, Campus-Verlag, 1994, p. 126. L’acronyme BZO provient du nom allemand (Bau- und Zonenordnung).

25. L’initiative populaire est l’un des trois instruments de démocratie directe existant en Suisse (art. 138, Cst).

26. La rente de superficie, ou rente emphytéotique, est versée par le titulaire d’un droit de superficie, ou bail emphytéotique, au propriétaire foncier en échange de l’occupation pleine et entière des terrains concernés.

27. Sandro Cattacin, Stadtentwicklungspolitik zwischen Demokratie und Komplexität, op. cit., pp. 127‑30.

28. En termes de périmètre d’implantation et de procédure politico-administrative, le plan de quartier suisse s’apparente aux orientations d’aménagement et de programmation (OAP) françaises.

29. Richard T.Meier, « Ursachen und Folgen der Immobilienkrisen in der Schweiz, in Japan und in den USA und deren Vergleich », Zürich, Institut für schweizerisches Bankwesen der Universität Zurich, chap. 1, 2009.

30. Richard Wolff, « The Five Lives of HB Südwest », op. cit., p. 98.

31. Ibid., 99 ss.

32. En 1991, il ne représente plus qu’un bon tiers (36 %) des emplois de la ville, en 2001 moins d’un cinquième (19 %), cf. OFS, 202, op. cit.

33. Comprenez « la nouvelle Winterthour ».

34. Hermann-Josef Krug, Möglichkeitsräume gestalten, Bielefeld, Transcript Verlag, 2012, 79ss.

35. Ville de Winterthour, « Ergebnis der Werkstatt’90 », Stadt Winterthur, Abteilung Stadtentwicklung, 1991.

36. Andreas Hofer, « The Sulzer/SLM Site in Winterthur », in par H. Oevermann et H. Mieg, Industrial Heritage Sites in Transformation, New York, Routledge, 2015, p. 90.

37. Conseil municipal de Winterthour, « Protokoll der 14./15. Sitzung des Grossen Gemeinderates (GGR) », Winterthur, Stadt Winterthur, 2000.

38. Ville de Winterthour, « Das Sulzer-Areal », Winterthur, Stadt Winterthur, Departement Bau, Denkmalpflege, 2004.

39. Martina Koll-Schretzenmayr, Valentin Müller, « Projektentwicklung und Vermarktung auf Industriebrachen », disP, 38 (150), 2002, p. 24.

40. Cf. Richard Meier, « Ursachen und Folgen der Immobilienkrisen », op. cit.

41. Cf. Laurent Devisme, La ville décentrée ; op. cit., chap. 1.3 & 2.3, ainsi que Levy, « Quel urbanisme face aux mutations de la société postindustrielle ? », op. cit.

42. Cf. Jean-Pierre Boutinet, Anthropologie du projet, op. cit., 94ss ; Devisme, La ville décentrée, op. cit., 239 ss.

43. Cf. Carl Fingerhuth, « Stadtplanung auf der Kippe zwischen Hoffnung, Nostalgie und Verzweiflung », op. cit.

44. Cf. Sandro Cattacin, Stadtentwicklungspolitik zwischen Demokratie und Komplexität ; op. cit. ; Martin Schuler, « Régionalisation et urbanisation » op. cit. ; Laurent Devisme, La ville décentrée, op. cit.

45. Martin Schuler, « Régionalisation et urbanisation », op. cit.

46. Le Corbusier, La Charte d’Athènes, op. cit. Concernant son universalité, voir la préface de Jean Giraudoux.

47. Werner Huber, Hauptbahnhof Zürich, op. cit., 196 ss.

48. Le MEP est un processus coopératif et non-anonyme qui rassemble un nombre restreint d’architectes.

49.Architekturforum Zürich, « Die Neue Dichte – Bauen an der Europaallee », 31 janvier 2013.

50. Conseil municipal de Zurich, « Protokoll der 168. Sitzung des Gemeinderates von Zürich vom 18. Januar 2006 », Zürich, Stadt Zürich, 2006.

Ibid, p. 3177.

53. Martina Koll-Schretzenmayr, Valentin Müller, « Projektentwicklung und Vermarktung auf Industriebrachen », op. cit., pp. 29‑30.

54. Conseil municipal de Winterthour, « Protokoll der 8. und 9. Sitzung des Grossen Gemeinderates », Winterthur, Stadt Winterthur, 2014, pp. 9-28.

55. Comprenez « la ville des locomotives ».

56. Cf. Luc Boltanski et Eve Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, op. cit.

57.Cf. Christophe Mager, Laurent Matthey, « Le nouveau récit du paysage », op. cit.. ; Laurent Matthey, « L’urbanisme qui vient », Cybergeo, 2014.

58. Thierry Maeder, « Hybrider pour mieux projeter ? », thèse de l’Université de Genève, 2020.

59. Cf. Bruno Latour, Aramis ou l’amour des techniques, op. cit.

60. Luc Boltanski et Eve Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, op. cit., 69 ss et 589 ss.

61. Laurent Matthey, « Urbanisme fictionnel : l’action urbaine à l’heure de la société du spectacle », Métropolitiques, 2011 ; Laurent Matthey, « L’urbanisme qui vient », op. cit.

62. Ville de Winterthour, « Das Sulzer-Areal », op. cit., pp. 17-18.

63. Jean-Pierre Boutinet, Anthropologie du projet, op. cit, pp. 7-9.

64. Thierry Maeder, « Hybrider pour mieux projeter ? », op. cit.

65. Luc Boltanski et Eve Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, op. cit.

66. Cette idée d’une nouvelle forme de justification fondée sur l’expérience urbaine est empruntée à la conclusion de Thierry Maeder, « Hybrider pour mieux projeter ? », op. cit., p. 390.

67.Cf. Jean-Pierre Boutinet, Anthropologie du projet, op. cit. ; Pinson, Gouverner la ville par projet, op. cit.

68. Cf. Martin Schuler, « Régionalisation et urbanisation », op. cit. ; Michel Bassand, La métropolisation de la Suisse, op. cit.

69. NZZ, 12 octobre 2016, « Quartier ohne Gesicht ».

70. NZZ am Sonntag, 29 juin 2019, « Die Europaallee in Zürich ist ein Baumonster ».

71. Hofer, « The Sulzer/SLM Site in Winterthur » op. cit.

RÉSUMÉS

Plusieurs études opèrent une distinction nette entre l’urbanisme des Trente Glorieuses et l’urbanisme du tournant du millénaire. En s’appuyant sur les trajectoires de développement des villes suisses de Zurich et Winterthour, cet article montre que la transition entre ces deux ères urbanistiques n’est pas linéaire. Ce processus se compose également d’échecs retentissants dus au caractère hybride des projets de centres-villes conçus durant les années 1980-1990.

Néanmoins, dès l’entame des années 2000, de nouveaux projets fort similaires se concrétisent en tirant les leçons des échecs précédents. Nous analysons ce basculement et démontrons que les projets en échec peuvent considérablement accélérer la transformation des centres urbains.

Numerous studies operate a clear distinction between two urbanistic periods, the one from the Trente Glorieuses and the one from the turn of the millennium. Drawing on the development paths of the Swiss cities of Zurich and Winterthur, this article shows that the transition between these two periods of time is not linear. This process is also made of major failures caused by the hybrid character of downtown projects elaborated through the 1980s and 1990s. However, from the very beginning of the 2000s, fairly similar projects materialize by learning from previous failures. We

analyse this tipping point and show that failed projects can also considerably accelerate the transformation of central urban areas.

INDEX

Mots-clés : Projets en échec, Mutation urbaine, Récit urbain, Zurich, Winterthour Keywords : Failed Projects, Urban Renewal, Urban Narrative, Zurich, Winterthur

AUTEUR

SÉBASTIEN LAMBELET

Sébastien Lambelet est maître-assistant et postdoctorant à l’Université de Genève (UNIGE). Il est titulaire d’une thèse de doctorat en science politique qui analyse les modes de gouvernance des villes suisses à l’aune des coopérations public-privé sous-tendant la mise en œuvre des grands projets de renouvellement urbain. Ses recherches postdoctorales élargissent cette thématique aux agglomérations transfrontalières, une échelle où les rapports de pouvoir qui s’articulent autour de la fabrique de la ville et du territoire sont encore plus prégnants.

sebastien.lambelet@unige.ch

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