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Le crawl, technique de nage issue de plus d’un siècle d’évolutions, est à l’heure actuelle la nage la plus efficace et la plus utilisée lors des épreuves de nage libre. Elle est utilisée aussi bien dans les épreuves de sprint (50 m et 100 m), que de demi-fond (200 m et 400 m) et de fond (800 m et 1500 m). Elle s’inscrit dans le cadre plus large de la natation sportive, discipline olympique depuis les premiers jeux de l’ère moderne. Codifiée par la Fédération Internationale de la Natation Amateur (FINA), la natation sportive est une discipline jeune dans les rapports qu’entretiennent les hommes à l’eau. Elle était en effet essentiellement une pratique hygiéniste et utilitaire de ses origines jusqu’à la fin du XIXèmesiècle. Elle n’a véritablement acquis le statut

de sport qu’au début du XXème siècle pour atteindre le niveau de professionnalisme que l’on

connaît aujourd’hui.

2.1 La natation sportive : évolution et définition

La natation inscrit ses racines dans une histoire très ancienne. De multiples dessins, peintures, gravures attestent d’une relation ancestrale entre l’élément fluide et les hommes (Figure 2.1).

Aux quatre coins du monde, du début de l’humanité jusqu’à aujourd’hui, la natation fait partie intégrante de la vie des hommes.

2.1.1 Evolution historique de la natation sportive

(a) (b)

(c) (d)

(e) (f)

FIGURE 2.1 – Représentation de la natation à différentes époques et dans différents pays : (a)

peintures dans la "grotte des nageurs" à Gilf al-Kabir (Egypte), datée d’environ 10 000 ans ; (b) Hiéroglyphe signifiant nage, Egypte, 5000 ans av. JC ; (c) Fresque de la Tombe du Plongeur, Italie, 480-470 av. JC ; (d) Nageurs de la grotte de Kizil, Chine, 300 ap. JC, (e) Peinture d’une scène de natation au Moyen Âge, France, Xème siècle ; (f) [Digby, 1567] : dessin de nageurs,

Angleterre.

La natation sportive est un élément particulier de la natation. Elle se définit comme une activité aquatique de compétition pratiquée dans un cadre réglementé. Pelayo et al. [1999] la définissent comme franchir dans l’eau une distance délimitée à sa surface plus rapidement que les autres et/ou le plus rapidement possible tout en respectant la réglementation imposée par la FINA. Sa logique interne se caractérise donc par la recherche d’une performance évaluée par des critères de temps et de distance dans un cadre réglementé. La maîtrise des techniques de nage et la gestion de la performance constituent la base de cette culture sportive.

(a) (b)

FIGURE2.2 – (a) Départ de la finale du 100 yards, Jeux Olympiques de Saint-Louis, 1904, image

CIO ; (b) Bassin de compétition des Jeux Olympiques de Londres, 2012.

Les épreuves ont évolué, essentiellement sous l’impulsion du règlement, de la modernisation des équipements (Figure 2.2) et des innovations des techniques gestuelles des nageurs. A partir de 1953, les distances et les techniques de nage ont été codifiées par la FINA1. Quatre nages ont

été instituées : la brasse, le dos, la nage libre et le papillon.

1. FINA règlement 2015 - 2017 – SW 12 Records du monde

– SW 12.1 Distances et styles de nage reconnus : – Nage libre 50, 100, 200, 400, 800 and 1500 mètres – Dos 50, 100 and 200 mètres

– Brasse 50, 100 and 200 mètres – Papillon 50, 100 and 200 mètres – Quatre-nage 200 and 400 mètres

2.2 La nage libre : nage la moins codifiée

La nage libre est l’épreuve la plus ancienne et la moins codifiée par la FINA2. Les épreuves

au XIXèmesiècle, puis les premières épreuves Olympiques en 1896 à Athènes n’imposent pas de

style de nage mais uniquement des distances (100 m, 500 m, 1200 m).

Cette nage dispose, dès ses origines, d’un espace réglementaire peu contraignant dans lequel les nageurs ont pu évoluer et innover. Elle représente en quelque sorte la relation “primaire” entre l’eau et l’homme, dans une optique de performance, sans utilisation de matériel et avec le minimum de codification technique autre que de rester à la surface de l’eau. Le crawl, fruit de cette interaction, est l’adaptation technique la plus aboutie, après plus de cent ans d’innovations (Figure2.3,Pelayo[2010]). Elle représente actuellement la technique de surface la plus efficace en terme de recherche de performance lors des épreuves de nage libre (et la seule utilisée à haut niveau), sur les épreuves de sprint (50 m et 100 m), de demi-fond (200 m et 400 m) et de fond (800 m et 1500 m).

2.3 Le crawl : nage de surface la plus rapide

2.3.1 La lente construction du crawl : un siècle d’innovation

Les premières épreuves de nage libre s’effectuent avec différentes techniques de nage [Pe- layo,2010]. Puis peu à peu le crawl s’impose comme la technique la plus efficace. Il se construit avec l’essor de la natation sportive au début du XXèmesiècle et la recherche constante de vitesse.

SelonOppenheim[1977], “l’évolution des techniques employées en natation provient essentiel- lement de la recherche constante de l’amélioration de la vitesse. La partie la plus importante de cette évolution est celle qu’amène la nage libre de la brasse au crawl”. Cette transformation de la brasse en crawl s’effectue en quelques décennies pour prendre différentes formes : ainsi la technique de la "coupe" évolue vers la "Marinière", puis vers l’"English side stroke", l’"over arm stroke", le "trudgeon", le "double over arm stroke", pour déboucher sur le crawl (Figure2.3,

Pelayo[2010]).

Cette transformation de la technique traduit en définitive la diminution des résistances à l’avancement et l’augmentation de la durée des phases propulsives par une meilleure continuité des actions des bras et des jambes. Le nageur se positionne davantage à l’horizontal sur l’eau, en adoptant un retour aérien des bras. Cela a permis une évolution significative des performances

2. FINA SWIMMING nage libre – SW 5 NAGE LIBRE

– SW 5.1 La nage libre signifie que, dans une épreuve ainsi désignée, le nageur peut nager n’importe quel style de nage, sauf dans les épreuves de 4 nages individuelles ou de relais 4 nages, où la nage libre signifie tout style de nage autre que le dos, la brasse ou le papillon.

– SW 5.3 Une partie quelconque du corps du nageur doit couper la surface de l’eau pendant toute la course, sous réserve qu’il est permis au nageur d’être complètement submergé pendant le virage et sur une distance de 15 mètres au plus après le départ et chaque virage. A partir de ce moment-là, la tête doit avoir coupé la surface de l’eau.

FIGURE 2.3 – Évolution de la brasse en crawl dans les épreuves de nage libre, d’aprèsPelayo et al.[1999].

tout au long du XXèmesiècle. De toutes les techniques de nage, le crawl est à la fois la plus rapide

et celle qui offre le meilleur rendement [Barbosa et al.,2006;Costill et al.,1992].

2.3.2 Définition du crawl

Il n’y a donc à l’heure actuelle pas de définition officielle du crawl (contrairement à la brasse, au papillon et au dos) puisque c’est une technique construite longuement au fil du temps par les nageurs. Une définition est alors proposée.

FIGURE2.4 – Photo subaquatique d’un nageur en crawl, source photo l’Equipe.

Le crawl peut se définir comme une nage ventrale de surface avec des mouvements alternés des bras et des jambes, avec la tête le plus souvent immergée. L’inspiration se fait latéralement et l’expiration est aquatique. La fréquence et l’amplitude de nage des bras (deux paramètres dont le produit définit la vitesse de nage) varient en fonction de la distance de course : la fréquence

des bras (et des jambes) diminue et l’amplitude augmente lorsque la distance augmente [Pelayo et al.,1996].

2.3.3 Les bras : éléments propulseurs principaux en crawl

Il ressort des différentes recherches scientifiques, que les bras, et notamment la main et l’avant-bras, sont les éléments principaux de la propulsion. [Lecrivain et al., 2008;Maglischo,

2003; Nakashima et al., 2012;Takagi et Sanders, 2002]. En outre, Berger et al.[1995], Tous-

saint et al.[2002] et Kudo et al.[2012] soulignent le rôle prépondérant des mains. Les jambes

participent également à la propulsion mais dans une moindre mesure. Deschodt et al. [1999] ont montré, par une mesure de vitesse de nage comparée (avec et sans les jambes), à l’allure du sprint, que les jambes contribuaient à hauteur de 10 % dans la propulsion. Par ailleurs,Morouço

et al.[2011] ont montré, par des mesures de forces en nage attachée, que les jambes pouvaient

participer à hauteur de 30 % dans la propulsion totale. Au-delà de leur contribution propulsive, les jambes ont un rôle important dans l’équilibre horizontal du nageur.

2.4 Conclusion

Le crawl est la technique de nage de surface la plus rapide à l’heure actuelle. Elle est le fruit d’une longue maturation technique dans un cadre réglementaire très peu contraint. Ainsi la co- ordination gestuelle du crawl représente ce que les nageurs peuvent, à l’heure actuelle, faire de mieux pour se propulser à la surface de l’eau. Cette propulsion est assurée essentiellement par la coordination des bras qui est modifiée lorsque la distance de nage évolue. Une étude bibliogra- phique est alors proposée afin de faire l’état de l’art sur les connaissances biomécaniques en crawl aux différentes allures de nage. Les connaissances liées au rôle des bras ainsi qu’à l’écoulement généré par les déplacements des segments dans l’eau seront plus particulièrement étudiées.

Sommaire

3.1 Etude biomécanique du crawl . . . 40

3.1.1 La biomécanique et la natation . . . 40

3.1.2 La performance en natation sportive . . . 42

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